Fin de vie : que notre volonté soit faite

Euthanasie active et suicide assisté : la nécessité d’un modèle français de la fin de vie.

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Fin de vie : que notre volonté soit faite

Publié le 7 avril 2023
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En 2018 déjà, les deux tiers du comité citoyen organisé dans le cadre des états généraux de la bioéthique s’étaient déclarés favorables à l’euthanasie active et au suicide assisté : « La situation actuelle nous paraît à la fois hypocrite et inadaptée. Nous souhaitons donc que la loi s’ouvre. » Mais le gouvernement avait préféré éluder la question, tout comme il était resté sourd aux suppliques d’Anne Bert, contrainte d’aller se faire euthanasier en Belgique pour se libérer de cette maladie de Charcot qui l’emmurait vivante, disait-elle. De même, les propositions visant à faire évoluer la loi furent soit balayées d’un revers de main, soit bloquées par un tsunami d’amendements émanant de la frange la plus rétrograde d’une droite que l’on pensait garante des libertés individuelles.

Après un quinquennat de pusillanimité sur le sujet, Emmanuel Macron s’est soudain montré beaucoup plus résolu lors de la dernière présidentielle : « Je suis favorable à ce qu’on évolue vers le modèle belge ». Fichtre. On se prend à rêver qu’il tienne sa promesse, d’autant que la convention citoyenne sur la fin de vie s’est prononcée sans surprises, à 76 % des voix, en faveur de l’ouverture de l’aide active à mourir. Certes, elle y met les formes et reste prudente, privilégiant (à 40 % des voix) le suicide assisté qui ne laisse aucun doute sur le choix libre et éclairé du patient, demeurant plus nuancée sur l’euthanasie active et plaidant pour un encadrement strict afin d’éviter les dérives. Une crainte légitime qui risque toutefois de transformer la loi en véritable usine à gaz dont la France a le secret, à grand renfort de procédures collégiales, où des malades à bout de forces devront se livrer à un impossible parcours du combattant pour faire valoir leur droit à en finir. Nous n’avons pas échappé au couplet habituel sur l’indispensable développement des soins palliatifs qu’on nous agite sous le museau comme une carotte depuis des lustres, mais qui ne peuvent en aucun cas répondre à la détresse des patients ne supportant plus leur interminable agonie au fin fond d’un lit d’hôpital. Quant aux réserves d’une partie des professionnels de santé, elles existeront toujours, comme pour l’IVG, d’où la nécessité d’une clause de conscience.

« Cette expression de la convention porte en elle une exigence et une attente, c’est celle d’un modèle français de la fin de vie. Nous y répondrons », a réagi le président de la République, suscitant, comme de bien entendu, l’ire de tout ce que la France compte d’obscurantistes, de complotistes, de néoréacs, de pseudo-intellos s’ébrouant dans le dolorisme et trouvant peut-être la décrépitude romanesque. Il serait peine perdue de leur rétorquer que les pays qui ont légalisé l’aide active à mourir ne sont pas des tueurs de masse, que les malades qui y ont recours représentent une portion infinitésimale de la population (2,5 % de la totalité des décès en Belgique en 2022 et entre 1 % et 2 % du nombre total de décès en moyenne en Suisse), qu’ils sont pour la plupart âgés de plus de 70 ans et dont le décès était prévisible à brève échéance. Et tandis que neuf Français sur dix se disent invariablement favorables à l’aide active à mourir au fil des sondages, quelques dizaines de militants antichoix s’agitent dans la rue pour nous faire gober que la légalisation de l’euthanasie permettrait d’assassiner n’importe et provoquerait une véritable hécatombe. Excusez du peu. Inhumaine, l’euthanasie ? « Quand quelqu’un est incurable, c’est inhumain de ne pas abréger ses souffrances », estimait en 2021 Françoise Hardy, qui sait de quoi elle parle.

Dans un souci permanent d’infantiliser le citoyen, d’aucuns remettent en cause la fiabilité des sondages dont ils jugent l’intitulé biaisé. Or, ces sondages ne traduisent en réalité qu’un seul souhait : celui d’avoir le choix. Y compris celui d’hésiter jusqu’au bout, de changer d’avis, d’avoir le réconfort d’une échappatoire si la douleur se fait trop vive. Mais avoir le choix. Le choix que n’a pas eu Vincent Humbert, 21 ans, rendu tétraplégique, aveugle et muet par un accident, mais parfaitement lucide, ne communiquant plus qu’avec son pouce, qui avait dû être euthanasié par sa mère après avoir demandé en vain le droit de mourir à Jacques Chirac. Le choix que n’a pas eu Vincent Lambert, victime de lésions cérébrales irréversibles, maintenu en état végétatif durant quinze ans du fait de l’acharnement thérapeutique voulu par des parents traditionnalistes, lui qui, jeune infirmier, avait toujours dit à ses proches qu’il ne voudrait jamais vivre ainsi. Le choix que n’a pas eu Alain Cocq, qui souffrait depuis 35 ans d’une maladie très éprouvante sans issue et qui médiatisa son combat pour l’euthanasie.

La loi Claeys-Leonetti actuelle, qui n’autorise qu’à laisser mourir lentement des malades en fin de vie en les privant d’alimentation, d’hydratation et en leur octroyant une sédation profonde, apparaît, osons le dire, comme une méthode barbare nous invitant à crever à petit feu, et n’est pas adaptée à un certain nombre de cas tels que celui d’Anne Bert, de Vincent Humbert, d’Alain Cocq et de tant d’autres.

Le débat est désormais entre les mains des parlementaires dont certains ont d’ailleurs, à l’instar des artistes, signé des tribunes appelant à la légalisation de l’aide active à mourir. Dans une société où l’espérance de vie n’a cessé de progresser jusqu’à la pandémie de covid, avec son lot de pathologies lourdes liées à l’âge, d’accidents, de coups du sort, chacun devrait pouvoir exercer son libre arbitre. « Grande est en effet la différence entre une longue vie et une mort prolongée », disait Sénèque.

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  • Je ne comprends pas la coloration militante de l’article. L’extension du droit à l’euthanasie ne fera que renforcer le pouvoir de l’état qui est déjà trop présent. Un militant libéral prone moins d’état. Que l’état laisse les familles gérer la fin de vie sans l’intervention de cerfa bureaucratiques.
    Vous faites faux chemin, vous augmentez l’emprise de l’état qui est déjà bien trop envahissant.

    • Avatar
      Eloise Lenesley
      7 avril 2023 at 10 h 07 min

      C’est justement l’Etat qui nous empêche actuellement de choisir notre fin de vie en nous interdisant le recours à l’euthanasie et au suicide assisté. Le libéralisme serait de les légaliser et non de les proscrire.

      • La réponse du liberal est de laisser en vente libre les médicaments ad hoc, barbituriques et autres et de laisser les gens prendre ces médicaments.
        Là vous demandez l’autorisation de l’état que les médecins vous prescrive des médicaments avec l’AMM qui va bien (Suicide assisté).
        Vous êtes en fait pris au piège de l’état. L’état n’a pas à décider de l’usage d’un médicament.
        On est bien dans l’extension de la surface de pouvoir de l’état.
        Quant à l’euthanasie, les problèmes resteraient entiers ce qui prouve que la loi ne résout rien. En effet dans l’affaire Lambert, que vous citez, la famille se déchirait et j’imagine que dans ce cas les soignant s’abstiennent.
        On est bien dans la vision constructiviste étatique. Un probleme, une solution, étatique bien sûr.
        En tant que praticien, je n’ai pas des certitudes comme vous et je pense que tout le monde à y perdre dans cette affaire, avec les procureurs qui vont farfouiller dans les dossiers. Que les procureurs s’occupent des soignants déviants et laisse les autres travailler en concert avec la famille.
        Et oui mourrir/souffrir c’est inquiétant, mais ce n’est pas une loi qui va soulager les malades.
        En autorisant l’homicide, on déplace le curseur du tabou. La demande suivante risque d’être encore plus glaçante.

        • Avatar
          Eloise Lenesley
          7 avril 2023 at 13 h 55 min

          Puisque vous vous dites praticien, j’ai vraiment beaucoup de mal à croire qu’un praticien préconise la vente libre de médicaments dangereux qui pourraient provoquer des accidents en cas de surdosage ou être utilisés pour nuire à autrui (puisque vous prétendez craindre les homicides). C’est au contraire le rôle de l’Etat de s’assurer qu’un médicament est utile, efficace, sans danger et employé à bon escient. Le libéralisme, ce n’est pas faire n’importe quoi.
          Concernant l’affaire Vincent Lambert, seuls les parents s’obstinaient dans l’acharnement judiciaire et thérapeutique contre tout le reste de la famille. Le problème était que le patient avait fait connaître ses opinions verbalement mais ne les avait jamais formulées par écrit. S’il avait rédigé des directives anticipées, la situation eût été moins complexe. Il était incurable et en état végétatif.
          Légaliser l’euthanasie active ne serait pas davantage un homicide que la loi Claeys-Leonetti actuelle qui autorise la sédation profonde et qui revient à laisser agoniser un malade avant de lui accorder enfin le droit de mourir.
          Vos arguments sont hélas typiques des sophismes des antichoix.

          • Ce n’est pas le role de l’état de s’assurer qu’un médicament est utile; L’état n’a pas à entraver la liberté du commerce, médicaments, stupéfiants etc.. Les gens sont assez grand pour décider et l’état n’a aucune compétence la dedans.
            En cas de suicide par mort violente, pendaison défénestration, la police fait une enquète alors qu’on lui demande rien. Bien entendu si quelqu’un de la famille ou le médecin peut appeler la police ou le médecin peut mettre dans le certificat de déces un obstacle médico-légal.
            En fait votre demande est un droit créance et non pas un droit naturel. J’ai droit à une mort digne, j’ai droit au choix de ma mort.
            Mais ce n’est pas cela le libéralisme. Le libéralisme, c’est un état qui se limite dans ses interventions et le respect des autres.
            Que l’état n’intervienne pas, parce que c’est cela que vous demandez, une liberté surveillée, comme les médicaments qui sont controlés par l’état, alors que tout le monde devrait pouvoir acheter les médicaments qu’il souhaite.
            Il y a eu des hurlements quand le livre « Suicide, mode d’emploi », alors que c’était une bonne chose d’apporter aux citoyens des informations pertinentes sur les méthodes de suicide.
            Mais de grace ne confiez pas à l’état bureaucratique de gerer la fin de vie.

            • Avatar
              Eloise Lenesley
              7 avril 2023 at 15 h 39 min

              Il y a plusieurs degrés dans le libéralisme et votre définition n’est en rien universelle. Le libéralisme n’est pas un caprice d’enfant-roi. Les médicaments ne sont pas de vulgaires produits. A vous entendre, chacun devrait pouvoir acheter et utiliser n’importe quoi, y compris des produits toxiques, en toute quiétude. Ce n’est pas sérieux.

              • Avatar
                jacques lemiere
                8 avril 2023 at 7 h 09 min

                les médicaments sont de « vulgaires » produits, bien sur que si… sauf à préciser le sens ici de vulgaires..
                enfant roi…? caprice…

                ça se vend…

                tous les médicaments sont toxiques ou presque!!! et on achète tous les jours des produits toxiques librement!!! c’ets vous qui n’etes pas sérieuse..

                et on tue aussi en stoppant une médication ..ou débranchanant..
                l’euthanasie existe déjà..
                on voit LE problème…

                des gens qui tuent, sans doute par interet.. une personne qi ne peut plus décider par elle même..

                ce qui relève du meurtre..

                eh bien on a des lois contre le meurtre..

                Sinon c’est toujours un cas de conscience..
                les règlements qui se disent humains ne cherchent qu’en fait
                à renderer les responsabilités et culpabilité plus faciles à trancher..

                en fait il est fou de penser qu’un technicien peut trancher…
                c’est affaire de souffrance et d’empathie… et un tribunal de gens « normaux peut trancher »..ils se mettent à votre place..
                de façon assez similaire d’ailleurs avec des accusations d’abus de mineurs..entre deux gamins amoureux dont l’un a franchi la barrière des 18 ans.
                ou un avortement passé date légale..

                penser qu’on peut contourner le cas de conscience avec des règles arbitraires et des cerfas a quelque chose de glaçant..

                il ne faut pas confondre le jugement de la société..et le jugement de la loi..

                au final on mettre des gens en taules car il s n’ont pas rempli le bon cerfa… pas parce qu’ils ont commis un meurtre..

                En toute rigueur même la question de la nécessité de lavis médical se pose aussi!!!

                l’eutahnaise existe déjà!!!

              • C’est avec ce genre de raisonnement que la liberté est restreinte de plus en plus. Des produits sont interdits à la vente, car ils peuvent être potentiellement utilisés à mauvais escient.
                On parle des médicaments, et il y a là une mauvaise fois incroyable: il y a nombre de médicaments en vente libre qui sont notablement plus dangereux que d’autres sous ordonnance. Un exemple édifiant: 7 comprimés de paracétamol est une dose mortelle, moins d’une boite. Un tube de 1g de crème EMLA (crème anesthésiante) est sous ordonnance.
                D’un point de vue personnel, si j’en arrive là, je préférerais l’euthanasie à mon domicile, et non médicalisé. Ce n’est pas ce qui sera proposé.

          • Avatar
            jacques lemiere
            8 avril 2023 at 8 h 37 min

            « C’est au contraire le rôle de l’Etat de s’assurer qu’un médicament est utile, efficace, sans danger et employé à bon escient. »
            vraiment?

            vous voulez plutôt dire ‘produit soit autorisé a des fins thérapeutiques’

            employé à bon escient signifie quoi au juste..
            que l’exercice de la médecine soit soumise à l’aval de l’état??
            donc interdiction des » rebouteux médecine chinoise? ou homéopathie..

            je crois à la supériorité de la medicine dite scientifique en fait testée par l’experience..et je fais confiance dans la jugeotte des gens pour le réaliser..

            non contrôler la santé ça finit en vaccination obligatoire..ça signifie bel et bien aves un pistolet sur la temps..

            si je ne ferais pas une révolution pour cet abus tyrannique pour autant je ne l’approuve pas..
            c’est pour ça que je rappelle toujours les limites de la médecine moderne…fondée sur les correlations pourrait on dire..et donc qui commet des erreurs..quis ont corrigées quand on a vu des problèmes..

  • Quel que soit mon dégoût des censures, je crois que cet article empli d’injures envers des gens parfaitement respectables mais n’ayant pas les opinions de l’auteur n’aurait jamais dû être accepté.
    Sur le fond de la question, il est très à craindre que l’euthanasie ne devienne une variable d’ajustement des comptes de la SS, avec des campagnes récurrentes de culpabilisation de vieux, égoïstes et pusillanimes, qui auraient déjà assez vécu et seraient meilleurs citoyens en se faisant piquer. Ne sommes-nous pas au délicieux pays de l’apartheid vaxxinal ? Je demande seulement à l’état-nounou de ne pas interdire le suicide privé.

    • Avatar
      Eloise Lenesley
      7 avril 2023 at 10 h 14 min

      Les arguments complotistes consistent notamment à faire croire que l’euthanasie serait une variable d’ajustement, ce qui relève du fantasme et ne vise qu’à faire peur. L’euthanasie n’est accordée qu’au terme de décisions collégiales, pour des cas très précis (il suffit de voir les statistiques) , et les directives anticipées permettent aux patients d’exprimer leur volonté en amont.

      -1
      • Avatar
        jacques lemiere
        8 avril 2023 at 7 h 20 min

        évitez complotiste!!! ou lempris du commentateur!!! .. sinon..

        il est tout simplement DOUTEUX que les gens acceptent que la sécu pousse à l’euthansié pour des raisons de budget…… mais pourtant vous voyez ici le vrai garde fou c’est le sens moral des gens pas le médical ou la sécu..

        car un problème en négatif de l’euthanasie ce sont les gens qui veulent maintenir en vie un parent…en dépit de l’avis médical!!!

        que ça vous plaise ou non la sécu est un monstre collectiviste..c’est le rapport intime entre le médecin et le patient qui fait que ça ne parte pas en sucette…

      • Tous les libéraux sont d’accord sur le principe : chacun est responsable de sa propre vie.
        Cela signifie le droit d’en disposer à sa guise à n’importe quel moment, et que le suicide assisté, soit quelqu’un qui vous laisse les moyens ou vous accompagne dans votre mise à mort délibérée ne doit pas être politiquement entravé (sauf à prouver qu’il y a meurtre).
        Par contre la « décision collégiale » et « nos voisins le font sans problème » ne sont pas, après les mesures Covid, des arguments suffisamment convainquant pour me faire accepter une loi du type « tel formulaire approuvé par l’Etat ou ses affidés permet légalement de mettre fin à ma vie », à savoir n’importe quelle formulation légale de l’euthanasie active à la sauce Macron.
        Comprenez bien que je suis philosophiquement et personnellement favorable à l’euthanasie active lorsqu’elle suit bien le choix libre et éclairé du demandeur; seulement j’aurais confiance si je peux confier cette responsabilité à ma femme ou mes enfants, et je suis farouchement contre s’il s’agit de la confier à l’Etat.
        J’ai (encore) le droit de fantasmer sur un Etat qui se mettrait à faire n’importe quoi même après une loi équilibrée et réfléchie devant des difficultés comme par exemple un système de retraites à bout de souffle (et j’ai pu apprendre durant le Covid que de tels actes avaient été effectivement commis pour des questions d’ajustements).

  • Pourquoi un modèle « français »?

    • Apparemment, notre Président de la République n’est pas convaincu par les modèles belge et suisse. Pour avoir récemment et longuement discuté avec un médecin d’une de ces associations lucratives qui propose ce type de services, c’est effectivement suffisamment « interpellant » pour que je le suive lorsqu’il estime et veuille que soit laissé un espace de réflexion plus approfondi.

      • Il y a 40 ans que le débat vient,part et revient en France… Il n’a pas fallu aussi longtemps à des pays voisins pour légiférer sagement. Quand la loi sur l’IVG a été votée, toutes les femmes ne se sont pas précipitées pour avorter, mais au moins en cas de nécessité elles avaient une solution sûre et légale, idem pour les médecins qui répondaient à leur demande. Il est largement temps de voter une loi sur la fin de vie

        -1
  • Durant toute ma vie, l’Etat s’est mêlé de toutes mes décisions même les plus anodines,
    m’interdisant ceci, m’obligeant cela.
    Alors si je veux mourir, je sais ce qu’il me reste à faire.
    Je n’ai pas besoin de l’Etat pour ça.

  • Vincent Humbert n’était pas tétraplégique mais présentait une double hémiplégie avec des lésions cérébrales impactant nettement ses capacités neuropsychologiques. On ne peut pas dire qu’il était « parfaitement lucide ». Ce sont, pour vous, des nuances superfétatoires mais qui ont par contre pour lui et ses médecins des conséquences majeures. Il reste difficile de l’extérieur de mesurer l’intensité de la blessure narcissique de sa mère occasionné par un accident si grave.

  • Bonjour, bien évidemment une bonne loi est indispensable. Ce qui se passe actuellement en France avec la loi Claeys-Leonetti est inhumain, il faut être en toute fin de vie pour espérer en bénéficier et dans quelles conditions… Jusqu’à présent l’aide à mourir a été traitée de façon anti démocratique dans notre pays. En 2023, l’o ne peut plus se satisfaire que quelques-uns puissent aller en Belgique et en Suisse et abandonner tous les autres. Que les opposants se rassurent, dans les pays qui ont légiféré, nulle dérive et l’on ne tue pas les gens contre leur gré, bien au contraire l’aide y est accordée dans des conditions strictes et avec respect vis-à-vis des demandeurs. N’oublions pas notre devise : Liberté, Egalité, Fraternité….

  • Vu que l’endroit est truffé de réacs, libéraux en peau de lapin, qui sont pour la liberté pourvu qu’on fasse tout comme ils disent, je tiens à dire que j’ai énormément apprécié cet article.
    A titre personnel, le jour où, je serais rassuré de pouvoir envisager proprement mon aller sans retour.
    Que ceux qui souhaitent expérimenter la souffrance extrême le fassent, si telle est leur dernière volonté. Je leur laisse ce choix.
    Et qu’on me laisse le choix opposé.
    Et c’est ainsi que le libéralisme est grand.

  • Ce qui est agréable avec cet article, c’est la subtilité avec laquelle est abordé le sujet, les nuances apportées, l’empathie pour les positions adverses, aimablement qualifiées de « obscurantistes, de complotistes, de néoréacs ». Volonté de dialogue confirmée dans les commentaires.

    Du coup,
    1) les témoignages d’infirmières hollandaises qui quittent leur pays au moment de la retraite en expliquant qu’elles savent comme l’euthansie est appliquée sur le terrain et qu’elles ne mettront plus les pieds dans un hôpital de leur pays une fois âgées.
    2) Les témoignages de patients canadiens qu’on a fortement incités à se faire piquer parce qu’ils n’avaient pas les moyens de payer des frais de santé, pour ne pas être un fardeau pour les autres (y compris des patients assez jeunes et loin de la mort).
    3) Le manque de respect complet des procédures de contrôle de l’autorité déontologique belge, dont le président a expliqué qu’il ne se préoccupait que des euthanasies qu’on lui déclarait et refusait d’enquêter sur des cas non déclarés (donc les plus litigieux)
    4) L’évolution très rapide chez les Belges de la loi, qui définissait au début un périmètre très strict et encadré, et qui évolue très régulièrement jusqu’à permettre l’euthanasie des mineurs (une idée qu’on aurait qualifié de très complotiste il y a 20 ans), qui tolère dans les faits que des personnes démentes n’ayant jamais exprimé la volonté de mourir soient euthanasiées (pratique qui est en cours de débat pour pouvoir être formellement légalisée)
    Tout ça c’est du complotisme ou des fantasmes réactionnaires ?

    On pourrait au moins admettre que le sujet est complexe, que les possibilités d’abus sont multiples, et que le législateur a ici la tâche délicate de trouver un moindre mal dans un cadre général, par définition mal adapté à une infinité de situations particulières porteuses de souffrances. On pourrait étudier la pression psychologique insidieuse que peut faire peser la normalisation d’une pratique sur des gens qui n’ont fondamentalement pas envie de hâter leur mort mais pourraient y être poussés par des héritiers pressés. On pourrait compléter la présentation du cas de Vincent Lambert en disant qu’il n’était (d’après les estimations de ses médecins) pas en état végétatif, mais souffrait dhémiparésie, une paralysie très forte, et ajouter de nombreux exemples de patients comme Mounira Omar qui ont été « réveillés » après des temps très longs dans des états considérés comme incurable par la majeure partie du corps médical. On pourrait comme Gilib se demander si le débat n’est pas piégé et ne conduit pas, sous prétexte d’une « nouvelle liberté », à une capacité supplémentaire de l’état à s’ingérer dans la vie des individus et à leur nuire.

    Si on explorait ces pistes, ça pourrait presque ressembler à un débat, et surtout à la manifestation d’un peu d’humilité devant un sujet grave et complexe…

    • Bonjour, je connais fort bien les lois en vigueur tant u Québec, qu’en Belgique ou aux Pays-Bas… ce que vous écrivez relève plutôt de désinformation. Voyez les gens qui aimeraient aller aux Pays-Bas pour y mourir comme on leur refuse en France, voyez le peu d’enfants mineurs ayant bébénficié de la loi belge depuis son extension à ceux-ci, voyez ce qui a déjà été démenti par les Québecois sur ces assertions. Un sujet grave en effet, mais qui nous concerne toutes et tous, alors il est plus que temps que la France ait le courage de légiférer !

      • Bonjour,
        Merci pour ces éléments d’information. Je me permets de compléter mes assertions avec quelques sources (parfois courtes, mais qui renvoient à des articles plus complets).
        1) Canada : la loi de 2016 a commencé avec des barrières apparemment robustes, telles que « prévisibilité raisonnable de la mort naturelle » ou « fin de vie ». Ces critères ont sauté dès 2021. La possibilité de faire euthanasier les déments (sans indications de leur désir de mourrir ni souffrance physique ou mort proche) a été pour le moment suspendue, mais elle sera normalement possible au 17 mars 2024 (pour être précis, on parle de « cas où la seule condition médicale sous-jacente d’une personne est une maladie mentale »). Ce type d’orientation est tout à fait conforme à ce qui s’est passé ailleurs. Qui se souvient qu’en 2002 la commission de la Santé publique belge avait estimé à l’unanimité qu’une souffrance purement psychique ne pouvait jamais donner lieu à une euthanasie ?

        Deux sources (orientées, mais qui est neutre sur cette question ?) pour étayer les exemples de pression du corps médical canadien pour pousser des patients à l’euthanasie, principalement pour raisons financières : https://www.alliancevita.org/2022/10/cas-litigieux-deuthanasie-au-canada-linquietude-dexperts-des-droits-de-lhomme-et-des-personnes-handicapees/
        Plusieurs personnes handicapées mettant des années avant d’obtenir un équipement indispensable se sont vues indiquer que leurs soucis pouvait être résolus par une très simple euthanasie : https://nypost.com/2022/12/03/canada-offered-to-help-euthanize-christine-gauthier/

        2) Concernant les lois sur l’euthanasie, leur évolution et le peu de respect des quelques barrières qu’elles contiennent (sur 14 573 euthanasies pratiquées entre 2002 et 2016 en Belgique, une seule transmission d’un dossier à la justice par la commission de contrôle), je vous renvoie à cet article qui examine divers aspects du sujet à travers les cas belges, suisses et oregonais. Il pointe des dérives potentielles et avérées sans avoir d’opinion très tranchée : https://www.larevuedupraticien.fr/article/fin-de-vie-les-options-belge-suisse-et-oregonaise.

        3) Dernier article pour compléter, sur le cas des Pays-Bas, là aussi sûrement orienté mais très complet sur des illustrations d’inquiétudes et de dérives par des cas très précis, étayés entre autres par des témoignages de membres de comités d’éthiques et de surveillance peu satisfait de leur réelle efficacité de contrôle : https://www.theguardian.com/news/2019/jan/18/death-on-demand-has-euthanasia-gone-too-far-netherlands-assisted-dying

        De mon côté, les points que je retiens comme fortes réticences à l’euthanasie :
        1) Même s’il y a toujours eu quelques minoritaires pour la pratiquer, le fait de définitivement enterrer le serment d’Hypocrate et l’injonction au médecin de ne pas tuer son patient me semble très lourde. Je préfère une tolérance (déjà amplement pratiquée dans les faits) à certaines exceptions qu’une normalisation, même si ça peut paraître hypocrite. Ceci n’étant pas une négation des réelles souffrances de personnes demandant à mourrir, mais une interrogation sur le prix à payer pour tout le monde.
        2) Je suis particulièrement effrayé par la pente suivie dans la plupart des états ayant légalisé l’euthanasie concernant les « déments ». Parmis les nombreuses possibilités d’abus, on a déjà vu des régimes autoritaires enfermer des ennemis politiques pour démence. Suis-je le seul à m’effrayer du fait qu’un diagnostic de démence (éventuellement fallacieux) puisse être utilisé comme une condamnation à mort sans appel pour une personne plus dérangeante que dérangée ?
        3) La facilité d’accès et la normalisation de ces pratiques peuvent faire peser une vraie pression (qu’elle soit exercée consciemment pour l’entourage ou plus diffuse) sur des personnes en fin de vie, qui souhaitent vivre mais supportent mal qu’on leur fasse comprendre qu’elles sont un fardeau et que leur existence devient « indigne ». Je trouve cette évolution assez malsaine (bien qu’il soit hélas pertinent d’aborder ces questions dans un système de santé aussi socialisé et déresponsabilisant que le nôtre).

    • « La complexité est votre ennemie. N’importe quel imbécile peut compliquer quelque chose. Il est difficile de garder les choses simples. »
      (Richard Branson)

  • A la lecture des réactions tout comme de l’article initial, il m’apparaît que chacun est d’accord avec l’idée laisser mourrir une personne qui le souhaite.
    Le débat porte donc sur la manière d’y accéder. Les lois y font obstacle à ce jour, pourquoi en ajouter d’autres qui contrediraient les premières ?
    Rendre à l’individu la possibilité de décider s’il souhaite arrêter une machine qui le maintient en vie artificiellement ne semble pas nécessiter de loi, mais plutôt de l’écoute et du respect envers le patient/mourant.
    Et quant à la volonté de mourrir d’une personne valide, en mesure de se suicider, il est absolument contre-productif de légiférer, et pire encore de l’assister dans son acte de suicide, démarche intime et personnelle s’il en est. Dans un environnement libéral, c’est la responsabilité de chaque individu qui importe, et non pas celle de l’état ou du corps médical, dont l’objectif est d’aider chaque jour individu à exprimer sa liberté et sa responsabilité.

    • Les produits et les techniques pour se suicider proprement sont affaire de spécialistes.
      Les armes à feu sont de plus en plus difficiles à obtenir… et ça tache la moquette.
      Il y a moins violent, mais ça l’est toujours pour la femme de ménage qui découvre un mort dans le logement où elle vient d’entrer.
      A l’hôpital, vous pouvez toujours espérer le geste d’un médecin compréhensif. Il ne viendra pas. Car précisément la loi ne lui permet pas de faire ce que vous pourriez attendre de lui.

  • Le libéralisme a bon dos et l’imprécision de sa définition bénéficie à ceux qui veulent y croire. On confond l’homme et l’animalité irraisonnée. Il ne peut devenir un objet dont on va pontifier le protocole de cafutage. Le spiritualisme et l’ontologie, pour ne prendre que deux mots simples, n’ont pas à faire naturellement partie des prérogatives étatiques. Pourtant, l’État se mêle de plus en plus de tout. La fin de vie dépend d’une métaphysique qui varie au cours des temps et doit dépendre, dans la mesure où l’on en a conscience (la parenté est là pour suppléer) de la propre décision de l’individu. Ce qu’on appelle le libre-arbitre. L’État actuel a déjà assez galvaudé nos existences, et ce que nous appelons parfois le « libéralisme » n’est rien moins dans ce cas précis qu’un progressisme forcené que l’État lui-même a imposé aux citoyens par le moyen de certaines lois qu’on peut voir ou liberticides, ou immorales ou antireligieuses. L’évolution mentale de la société appartient au peuple. Tel aujourd’hui qui craint d’achever son existence dans les souffrances a eu souvent de pieux parents qui pensaient a contrario qu’elles faisaient partie d’un parcours normal, voire nécessaire, et que ces souffrances étaient promises à dédicace. Par ailleurs, rien donc ne nous apprend que la spiritualité ne reviendra pas à une époque prochaine, et une juridiction qui consisterait à enfermer le citoyen dans un système vétérinaire est une injure faite à l’Humanité.

  • Ce que je lis ici, de mes (dis)semblables, est tellement déprimant sur la nature humaine, que cela rendrait le suicide assisté presque attirant pour une personne pourtant valide et en parfaite santé mentale.
    L’éclipse s’impose.

    • N’hésitez pas à aller accompagner, que ce soient vos proches ou les autres, vous verrez c’est une expérience enrichissante, parfois violente certes, vous apporterez beaucoup et vous recevrez au moins autant. Vous vous rassurerez sur la nature humaine, la votre, …

  • J’ai accompagné des personnes tant en Belgique qu’en Suisse. Ces gens sont sereins et n’ont qu’une crainte que cela ne se fasse pas. Des départs souriants et apaisés. Par contre, dans le cadre de la loi actuelle, voir des personnes malades devoir aller au bout du bout d’une vie sans espoir avec la souffrance physique et/ou psychique que cela implique, voilà qui est attristant et anormal au pays des droits de l’homme

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