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La semaine dernière, des membres du Congrès ont interrogé sans relâche Shou Zi Chew, le PDG du géant chinois des médias sociaux TikTok.
La colère contre M. Chew était remarquablement bipartisane : tant les Républicains que les Démocrates considèrent TikTok comme un service addictif qui nuit aux enfants, sert de vecteur à la propagande du gouvernement chinois et capture les données personnelles de millions d’Américains.
Ces inquiétudes ne sont pas totalement infondées. La soif de censure du gouvernement chinois est bien connue : le Parti communiste chinois (PCC) s’est donné beaucoup de mal pour interdire tout contenu relatif à Winnie l’ourson où qu’il apparaisse, par exemple en raison de la ressemblance du personnage avec le président Xi Jinping. Lorsque Google a tenté de se relancer en Chine, le gouvernement l’a contraint à restreindre les recherches relatives à la place Tiananmen. M. Chew a déclaré devant le Congrès que la dissidence politique est largement disponible sur TikTok, mais il existe de nombreuses preuves que la plateforme de médias sociaux a supprimé des contenus diffusés aux États-Unis à la demande du gouvernement chinois.
La Chine n’est pas la seule à jouer ce jeu. Le gouvernement américain s’est également montré très intéressé par le contrôle des informations que ses citoyens consomment en ligne.
Les Twitter Files et Facebook Files ont montré que les entreprises américaines de médias sociaux ont subi des pressions incessantes pour restreindre la liberté d’expression sur des sujets controversés tels que les vaccins covid, Hunter Biden et les élections de 2020. Des agences fédérales telles que le Département d’État, le Département de la sécurité intérieure, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), le FBI et même la Maison Blanche ont toutes communiqué avec les modérateurs des entreprises de médias sociaux, les exhortant à prendre des mesures contre les discours légaux.
Le gouvernement américain et le contrôle des informations
Le comportement du gouvernement américain sur ce front a été si peu recommandable, si contraire aux principes du premier amendement, que tous les Américains devraient être profondément sceptiques quant aux efforts déployés par les législateurs et bureaucrates fédéraux pour s’arroger encore plus de pouvoir sur les plateformes technologiques. Mais c’est précisément le but des auditions sur TikTok : donner au Congrès un prétexte pour interdire unilatéralement TikTok.
Il convient de répéter que la position de TikTok en tant qu’entité redevable au PCC est réellement inquiétante et bien que les enquêteurs n’aient pas produit beaucoup de preuves convaincantes de malversations réelles dans le domaine de la collecte de données, personne ne devrait être trop naïf quant aux capacités du PCC. Comme l’a fait remarquer la Foundation for Individual Rights and Expression (FIRE) dans une déclaration sur l’interdiction de TikTok :
Nous reconnaissons la menace importante pour la sécurité nationale que représentent les masses d’informations sensibles entre les mains d’un gouvernement hostile. Les obligations légales des entreprises chinoises en matière de partage de données avec le Parti communiste chinois sont surprenantes.
Malgré cela, FIRE craint à juste titre que l’interdiction de TikTok ne finisse par « fermer un moyen de communication immensément populaire pour les dizaines de millions d’Américains qui utilisent l’application chaque jour pour partager et consommer des informations, des nouvelles, des idées, des plaidoyers politiques et des contenus créatifs ». TikTok, comme le souligne FIRE, est une plateforme vitale pour la liberté d’expression, y compris et surtout pour les jeunes. Le fait que le gouvernement américain prenne des mesures contre la plateforme est en soi un acte de censure à grande échelle.
Pire encore, tout porte à croire que le gouvernement américain utilisera à mauvais escient ce nouveau pouvoir pour bannir unilatéralement des plateformes de médias sociaux spécifiques. Le Restrict Act, un projet de loi bipartisan qui autoriserait le ministère du Commerce à prendre des mesures contre TikTok, lui permettrait également de « dissuader, perturber, prévenir, interdire et atténuer les transactions impliquant des produits des technologies de l’information et de la communication dans lesquels un adversaire étranger a un intérêt et qui présentent un risque excessif ou inacceptable pour la sécurité nationale ». Ce projet de loi est soutenu par l’administration Biden.
Mais le FBI de l’administration Biden a adopté la position selon laquelle les entreprises américaines de médias sociaux ont été infiltrées par des bots russes et que des entreprises comme Twitter manquent à la démocratie en refusant de censurer encore plus de contenu. Les médias traditionnels et une coalition de groupes de réflexion soutenus par le gouvernement ont accusé à tort les plateformes de médias sociaux de n’être que des idiots utiles pour les campagnes de désinformation soutenues par la Russie.
Les États-Unis ne doivent pas suivre le chemin de la Chine
Devons-nous nous attendre à ce que la véritable armée de bureaucrates fédéraux obsédés par le contrôle de la liberté d’expression sur les plateformes de médias sociaux utilise étroitement ce nouveau mandat pour dissuader les menaces étrangères et se concentre uniquement sur le PCC ? Ou devrions-nous nous attendre à ce que chaque arme ajoutée à leur arsenal soit une menace pour le droit à la liberté d’expression des Américains ordinaires ?
Si le gouvernement américain veut vraiment contrer la tyrannie chinoise, il devrait s’efforcer de ne pas ressembler à l’approche de la Chine en matière de liberté d’expression. Il est déconcertant de constater que certains commentateurs des médias qui s’opposent à TikTok au motif que le gouvernement chinois est un ennemi semblent presque admirer la préférence du PCC pour la propagande diffusée par l’État.
Zaid Jilani, journaliste à News Nation, et Batya Ungar-Sargon, mon amie et coanimatrice de l’émission d’information de The Hill, Rising, ont tous deux observé récemment que la Chine n’accordait pas à ses citoyens un accès complet à TikTok. La version chinoise de TikTok, note Ungar-Sargon, « arrête les enfants après 40 minutes d’utilisation, et une grande partie du contenu est occupée par des vidéos éducatives sur la façon de jardiner et d’être un bon citoyen ».
La Chine est dirigée par un gouvernement qui refuse à ses citoyens les droits fondamentaux de la liberté d’expression. Il leur refuse des droits politiques complets. Elle est complice de génocides. Ses confinements liés au covid ont été parmi les plus répressifs au monde. Et elle a dissimulé des informations sur l’origine de la pandémie. L’habitude qu’a le PCC de restreindre l’accès des enfants à des contenus non censurés et de les inciter par la propagande à devenir de “bons citoyens” est autoritaire ; les Américains épris de liberté devraient reculer et ne pas chercher à imiter cette attitude.
Nous devrions nous méfier tout particulièrement de l’idée de doter notre propre gouvernement d’outils similaires. Aujourd’hui, TikTok – demain, qui sait ?
Traduction Contrepoints
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….oui…
la tyrannie pour lutter contre la tyrannie est un choix dangereux..
on a d’ailleurs des tas d’admirateurs décomplexé des régimes tyranniques …avec des arguments.. nous aussi sommes devenus tyranniques..et je préfère un tyran “éclairé” à la tyrannie de la foule…..au lieu de remettre le pouvoir démocratique à sa place..
la liberté d’expression….pas un détail, or elle n’existe pas en France..
macron peut déclarer qu’il “emmerde” les emmerdeurs sachant très bien qu’il a un pouvoir d’emmerdement armé… et… tolérer la mise en examen ‘d’une personne qui l’insulte sur fakebook …
un taddei peut dire..
oui mais tu comprends, si il n’yavait pas certaines lois , les nazis défileraient dans les rues… moi je ne veux pas entendre certaines choses..”
on a détruit l’éducation.. enseignement de valeurs de règles de vie en commun , décence etc… il faut donc protéger les gens de leur liberté…
une société a des interdits arbitraires qui si on les bafoue conduisent à la honte au bannissement. social.. mais dont on peut et DOIT parler.. car en effet c’est arbitraire..
La bonne et la mauvaise censure…
La “soif de censure” du gouvernement Chinois n’est pas plus importante que celle des pays occidentaux… Elle est plus directe en Chine, c’est tout…
Quand vous avez une manif dans un pays de plus d’1 milliard d’habitant, les moyens utilisés ne sont pas les mêmes…