Guerre en Ukraine : les sénateurs auditionnent Sébastien Lecornu

Sébastien Lecornu n’a confirmé ni l’envoi d’avions, ni la formation des pilotes.

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Sébastien Lecornu (Minister Armed Forces, France) by NATO

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Guerre en Ukraine : les sénateurs auditionnent Sébastien Lecornu

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 4 mars 2023
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Le 28 février le ministre des Armées est venu rassurer les sénateurs lors d’une audition consacrée à la guerre en Ukraine et à la Loi de programmation militaire.

Il a fait une triple révélation.

  1. La Loi de programmation militaire fait l’objet des derniers arbitrages pour être présentée en Conseil des ministres fin mars, début avril.
  2. Trois commandes anticipées de munitions et de missiles ont été réalisées en fin d’année 2022, et une série de commandes globales en mars 2023.
  3. L’aide militaire à l’Ukraine ne ferait pas partie de la Loi de programmation militaire mais serait ajoutée dans les annuités budgétaires.

 

Avions de chasse

Sébastien Lecornu reconnait seulement des « discussions » pour former des pilotes ukrainiens.

La question sur la fourniture d’avions de chasse reste entière.

Le sénateur Philippe Folliot a demandé :

« Il y aurait 12 Mirage 2000-C qui sont actuellement stockés, prêts à être vendus. Envisagez-vous de les céder à l’Ukraine ou de former des pilotes ukrainiens ? »

La sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam a appuyé cette question par une autre plus précise :

« Est-il vrai que notre armée de l’Air est prête à former des pilotes ukrainiens à Varsovie ? C’est une information qui m’a été donnée, j’aimerais pouvoir la vérifier ».

Sébastien Lecornu n’a confirmé ni l’envoi d’avions, ni la formation des pilotes. Par contre, il reconnaît « qu’il y a des discussions avec les Ukrainiens sur les avions et la formation […] Le président de la République l’a déjà dit, il n’y a pas de tabou ».

Sébastien Lecornu précise que la difficulté dans la livraison d’avions repose sur la logistique, la formation, la capacité d’entretien mécanique « tout ça dans des horizons de temps qui ne sont évidemment pas du court terme ».

L’armée de l’Air et de l’Espace possède 195 avions de chasse (96 Rafale et 99 Mirage 2000 en série 5, C et D). La Marine dispose de 40 appareils. Dans le cadre de la stratégie « tout Rafale » qui vise à moderniser le parc d’avions de combat et de l’uniformiser pour simplifier la maintenance et la logistique, les Mirage sont progressivement retirés des effectifs. Si les Mirage-5 sont voués à être déconstruits car trop anciens, une douzaine de Mirage 2000-C qui ont été retirés auraient encore du potentiel.

 

L’urgence repose sur le stock de munitions

La France est-elle à cours de munitions en cas de conflit de haute intensité ? Cette question est soulevée dès février 2022 quelques jours avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie dans un rapport de Cédric Perrin, sénateur du Territoire de Belfort.

« Il y a urgence sur les obus. La capacité d’endurance des Ukrainiens repose sur les munitions », rappelle le ministre. Reste que la situation en Ukraine montre que la constitution de stocks et l’accélération de la production restent le nerf de la guerre. « On n’attend pas la prochaine Loi de programmation militaire pour le faire. On fait un retour d’expérience de l’Ukraine et on va continuer de le faire », a déclaré Sébastien Lecornu..

Pour assurer qu’il avait bien pris à bras-le-corps le sujet crucial des munitions, le ministres des Armées a dévoilé avoir anticipé trois commandes de munitions prévues en 2023, et les avoir notifiées en décembre : 200 missiles de moyenne portée (MMP), 100 Mistral et plus de 200 Aster. De nouvelles commandes, globales cette fois, sont annoncées pour le mois de mars : 16 000 obus de 155 mm (venant après une commande de 5000 en juillet dernier), et à nouveau des MMP et des Mistral.

 

« Les calendriers sont tenus » pour une promulgation de la future loi de programmation militaire le 14 juillet

Le ministre des Armées a précisé :

« Le Conseil des ministres sera amené à regarder le projet de loi à l’horizon fin mars, début avril comme nous l’avions indiqué publiquement. »

Puis, le projet de Loi de programmation militaire, qui couvrira la période 2024-2030 et qui est doté de 413 milliards d’euros (dont 13 milliards de ressources extra-budgétaires), doit atterrir à l’Assemblée nationale et au Sénat respectivement en mai et en juin.

Quelle sera la répartition des munitions destinées à aider l’Ukraine et celles nécessaires pour les armées françaises? Le ministre ne le dit pas mais donne une précision importante :

« Les dépenses liées à l’Ukraine seront sorties de la LPM en accord avec le Président de la République et la Première ministre. Ça permettra d’assumer cette affaire de manière plus démocratique. »

Concernant la prochaine Loi de programmation militaire, il n’a évoqué que l’enveloppe de 10 milliards d’euros consacrés à l’innovation. Le ministre des Armées a aussi appelé à ce « que la BITD prenne plus sa part dans le financement de l’innovation », rappelant que le Caesar actuel avait été à l’origine un autofinancement de Nexter.

À la demande de Cédric Perrin, il a précisé sa réflexion sur le programme de rénovation du Tigre au standard Mk3 :

« Le Tigre continuera de voler jusqu’en 2040-2045. Le vrai sujet, c’est le saut technologique. J’ai demandé aux armées de regarder si ce qui est imaginé pour le standard 3 correspond bien à ce qu’on veut, technologiquement, et la soutenabilité économique. Je réinterroge non pas le principe mais le modèle tel qu’il existe aujourd’hui ».

C’est long, très long, trop long pour une décision qui concerne la sécurité extérieure des Français dont l’urgence de la situation internationale est évidente ! L’État bedonnant, ventripotent, qui veut tout gérer se retrouve incapable d’assurer la sécurité extérieure (l’un des trois pouvoirs régaliens avec la sécurité intérieure et la justice).

Ces trois pouvoirs sont les seuls qui font que les citoyens consentent à l’impôt.

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  • Chaque fois que la gauche était au pouvoir, elle a perdu la guerre par son impréparation. Aujourd’hui, plutôt que défendre le pays, elle préfère allouer le RSA à nos dealers de banlieue ou nourrir des immigrés illégaux en subventionnant les associations NUPES.

  • Question au ministre : l’utilisation de chars est-elle compatible avec la fin du moteur thermique ?

    • Oui, il est prévu de les équiper de panneaux solaires le jour et d’éoliennes la nuit ou par mauvais temps!
      Pour les bornes de recharge, c’est un peu plus compliqué pour la mobilité en terrain étranger!
      Donc pour l’instant, pas de chars hybrides!

    • c’est une question que je me pose aussi : à ce jour, les raffineries de pétrole tournent aussi bien pour l’armée que pour les civils. Le jour où elles ne devront plus tourner que pour l’armée, ça risque de devenir vraiment compliqué de les maintenir, et pourtant elles resteront vitales tant que des alternatives crédibles pour déplacer les dizaines de tonnes d’un tank ne seront pas en place…

    • La fin du moteur thermique est juste une mode, une promesse-bidon. Elle n’aura pas lieu, même pour les civils.

      • Vous avez certainement raison, il reste à savoir au bout de combien de temps nos dirigeants reconnaitront leur erreur.
        Souhaitons que ça ne traine pas trop, sinon notre industrie automobile est foutue.

  • tout cela reste échantillonnesque.

  • Avatar
    jacques lemiere
    6 mars 2023 at 7 h 59 min

    effets d’annonce, il y en a un qui dit qu’il pourrait faire un truc et les journaux reprennent.. , l’autre qui ne dit pa non mais qui dit qu’il ne pourrait pas le faire;.et le journaux reprennent..mais un peu moins;.selon qu’ils ont bidule ou machin..

    c’est un « métier; »..

  • Nous sommes incapables de rétablir l’ordre en banlieu, le pays est endetté jusqu’au cou, le déficit de notre balance commerciale est un abyssale, notre armée, notre police, notre justice et nos hôpitaux sont à volo, les Usa nous traitent comme des domestiques et nous allons mener un combat perdu d’avance qui n’est pas le nôtre sans aucune consultation à l’assemblée. Que du bonheur !!!

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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