Les 10 commandements de la transition énergétique, de Philippe Charlez

Une démarche optimiste, scientifique, qui s’appuie sur des solutions reposant sur l’innovation et l’inventivité humaine pour faire face à une crise sans précédent dans notre histoire.

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Les 10 commandements de la transition énergétique, de Philippe Charlez

Publié le 28 février 2023
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La question du réchauffement climatique souffre d’être confisquée par une écologie politique manichéenne qui clôt le débat plus qu’elle ne l’ouvre. Tel pourrait être le point de départ du dernier livre de Philippe Charlez Les 10 commandements de la transition énergétique, qui entend nous expliquer comment l’innovation technologique peut donner des solutions efficaces pour décarboner notre société.

Plutôt que de se laisser enfermer dans la confrontation taillée sur mesure par les écolos entre « climatosceptiques » et « climato-alarmistes », le physicien choisit la voie de l’argumentation scientifique raisonnée pour réfuter les arguments de ceux qui nient la réalité du changement climatique, sans verser dans l’idéologie alarmiste.

 

Les termes du débat

Avec une clarté pédagogique remarquable et un véritable souci de poser les termes du débat sur la question, M. Charlez explore les différentes questions touchant à la question du réchauffement sans détours, tout en discutant les positions concurrentes avec intelligence et érudition.

Les questions du CO2, de l’effet de serre, de l’origine du réchauffement sont traitées et débouchent sur la nécessité d’améliorer les modèles climatiques évaluant sa progression :

« Améliorer la physique des modèles et la puissance des ordinateurs reste les principaux leviers pour réduire des marges d’incertitude encore trop importantes. Nourrissant le doute, elles empêchent de prendre les décisions les plus pertinentes en s’abritant derrière le principe de précaution souvent inutile et socialement très dévastateur. »

Incapables de trouver un récit positif permettant de miser sur le progrès scientifique pour résoudre le problème du réchauffement climatique, les élites occidentales laissent prospérer les discours les plus pessimistes et les plus alarmistes, en particulier les récits « collapsologiques » à la Greta Thunberg ou autres sectes décroissantistes :

« Surfant sur la montée des peurs et des « passions tristes », [le « monde de Greta »] rejette les élites et transforme une vérité locale en une vérité générale. Exigeant d’appliquer partout et sans aucune nuance le principe de précaution souvent au mépris des faits et des données, il représente une nouvelle forme d’obscurantisme ».

 

Croissance soutenable, pas croissance verte

Pour Philippe Charlez, une croissance durable nécessite de s’appuyer sur une croissance soutenable, c’est-à-dire qui réponde efficacement aux besoins du présent sans sacrifier ceux des générations futures. Cela passe par une nouvelle réflexion sur le développement humain. Celui-ci intègre traditionnellement à la fois des dimensions économiques et sociétales mais néglige la dimension énergétique.

Philippe Charlez propose donc d’introduire la notion d’« intensité énergétique » pour la corriger :

« Elle rapporte la consommation d’énergie à son PIB. Contrairement à la notion très « malthusienne » d’économies d’énergie, l’intensité énergétique est un indicateur conciliant création de richesse et consommation d’énergie. Plus l’intensité énergétique est faible plus le pays est efficace sur le plan énergétique. Optimiser la consommation d’énergie de notre société de croissance réclame de réduire son intensité énergétique. »

La réflexion proposée par Philippe Charlez, après avoir posé le problème et donner de nouveaux indicateurs sur la question énergétique, expose ensuite des pistes concrètes pour s’engager dans une transition énergétique fondée sur un modèle de croissance optimiste.

Elle passe par un meilleur accompagnement de la réduction des passoires thermiques, la réduction de la consommation énergétique dans les transports ou encore l’optimisation d’énergie dans l’industrie. Dans ces domaines l’auteur prend soin de reconnaître la difficulté d’implémenter de nouvelles pratiques sans pénaliser l’économie, en plaidant pour un ciblage des aides et une meilleure transparence dans les processus de transition.

 

Moins de renouvelables, plus de nucléaire

Pour Philippe Charlez, la croissance durable passe aussi par un changement des comportements, plus responsables, par la décarbonisation de la société c’est-à-dire le « grand remplacement » de procédés industriels thermiques fonctionnant sur les énergies fossiles par des procédés utilisant l’électricité, possiblement l’hydrogène, des réseaux de chaleur ou la biomasse.

Cela ne signifie pas prendre le chemin de la « croissance verte » et de son utopie de « 100 % » d’énergie renouvelable :

« La croissance verte nous donne l’illusion d’une indépendance énergétique retrouvée : elle ne fera que déplacer notre dépendance pétrolière vers une dépendance minière encore plus marquée. Si la nature a offert gratuitement le Soleil et le vent à tous les Terriens, il n’en est pas de même pour les métaux critiques indispensables pour les traduire en électricité verte. »

Ses promoteurs se font silencieux quant aux conséquences industrielles et surtout environnementales concrètes liées à leur utopisme radical.

Dans la bataille pour la transition écologique, Philippe Charlez exhorte à reconsidérer l’apport positif du nucléaire, que la classe politique française a combattu puis délaissé, essentiellement par clientélisme politique :

« Comparé à ses compétiteurs, le nucléaire a un avantage décisif en termes de lutte contre le réchauffement climatique : il représente une source d’énergie pilotable et décarboné. Sur l’ensemble de son cycle de vie, un MWh nucléaire émet 12 kgCO2, contre 15 pour l’éolien, 24 pour l’hydraulique, 45 pour le solaire photovoltaïque, 230 pour la biomasse, 490 pour le gaz et 890 pour le charbon. »

Énergie plus propre et plus sûre, c’est surtout la question du traitement des déchets qui inquiète l’opinion publique, bien que la question soit traitée avec rigueur par le CIRES.

Il serait impossible ici de faire le tour de l’ouvrage de M. Charlez, tant le propos est riche et s’inscrit dans une réflexion ambitieuse initiée dans son livre précédent L’utopie de la croissance verte : Les lois de la thermodynamique sociale.

La démarche est optimiste, scientifique, et s’appuie sur des solutions reposant sur l’innovation et l’inventivité humaine pour faire face à une crise sans précédent dans notre histoire. Elle mérite d’être explorer avec soin pour sortir d’un débat trop souvent parasité par les passions pessimistes et les idéologies illibérales du moment.

Philippe Charlez, Les 10 commandements de la transition énergétique, VA éditions, 2022, 177 pages.

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  • les énergies renouvelables ou vertes ou propres ne sont pas spécifiquement renouvelables ou vertes ou propres..
    elles polluent elles émettent encore du CO2 fossile..différemment. plus au niveau de la construction…

    il n’y pas de raison à priori de séparer nucléaire centrales à combustibles ou éoliennes ..

    sauf à traiter de façon différente le CO2 ici aujourd’hui et le CO2 ailleurs demain..

    par ailleurs les économies étant interdépendantes faire un bilan pour un pays qui échange avec d’autre n’est pas si trivial… tiens dette, en argent devient telle dette CO2???? Comment traite -t un un déficit commercial?

    La politique actuelle a deux objectifs affichés redistribuer et moins émettre… une aubaine pour le clientélisme politique..

    l’innovation technologique a besoin de sous donc d’emssions de CO2…sans garantie de résultat et pour longtemps encore ,construire une centrale nucléaire ou un barrage c’est émettre du CO2… ce n’est PAS moins en émettre!!!!! Il va va de même pour la recherche… le « mais on en émettra moins plus tard  » est une farce.. qui est ce on..

    Ce qui se passe actuellement est un prise de pouvoir des politiques . justifiée par la lutte contre le RCA.ET la justice climatique une « dette climatique des pays riches envers les pays pauvres »..
    On perd le controle de nos vies, on est réduit à du bétail..
    Arbitraire à tous les niveaux..
    arbitraire de l’objectif, arbitraire du calendrier ,arbitraire redistributif..arbitraire dans les investissements.
    et aucune garantie de résultat et aucune sanction si pas de résultat..

    imaginons donc…
    EN premier lieu..établir les niveaux de transferts de richesse entre pays… expliquer. la nature d’une dette climatique.. .
    En second lieu taxe carbone universelle dans le monde;. avec surtout un rationnel!!!! qui permette de connaitre son niveau et son évolution éventuel
    ou allocation de quotas d’émissions par pays;.. là aussi expliqués…

    qu’ on pourrait résumer à donner aux gens un droit à émettre…

    Et pas de recherche publique!!!! qui pose le même problème que les centrales nuc financées sur argent public : pas de lien entre argent qu’on m’apris et gain que je retire…

    La question initiale n’est pas de proposer des « solutions » , solutions qui justifient TOUJOURS de prendre mon « droit » à émettre du CO2 pour le donner à d’autres , c’est de créer les conditions d’une approche « équitable » du problème.. au niveau individuel…et ce universellement..

    Or je ne vois pas comment..

    Comme si moi j’interdsias l’innovation..ou ma construction de centrales nucléaires!!!! ou j’interdisais à mon voisin d’sioler sa maison.. car je ne participais pas!!!!
    Toujours et encore on me dit paye…car tu es coupable d’émettre .. et regarde nous émettre..

  • Il ne faut jamais reprendre les éléments de langage de nos adversaires. Parler de « transition énergétique » et de « croissance soutenable », c’est partir perdant.
    L’énergie est un marché comme un autre et l’état n’a pas à avoir une politique énergétique. La croissance soutenable est une fiction et le signal-prix est le meilleur indicateur de rareté et seul permet une meilleure allocation des ressources.

    • « Il ne faut jamais reprendre les éléments de langage de nos adversaires. Parler de « transition énergétique » et de « croissance soutenable », c’est partir perdant. »
      Certes, mais tout dépend de l’interprétation des termes employés: la « transition énergétique » si l’on y réfléchit, existe depuis que l’homme a maîtrisé l’usage du feu( combustion du bois, du charbon puis du pétrole et des gaz naturels). La transition actuelle n’est qu’une étape dans ce processus d’utilisation des énergies disponibles que l’on qualifie de renouvelables ( le bois) ou fossiles ( les autres). Le fossiles sont aussi renouvelables, sauf que l’échelle de temps pour leur renouvellement nous échappe et ne correspond pas à l’accroissement rapide de nos besoins.
      Les ressources minérales ne sont pas inépuisables, et sans un recyclage efficace, on risque d’arriver assez rapidement à leur épuisement. La transition énergétique actuelle signifie que l’on a pris conscience que les énergies fossiles, bien qu’encore abondantes, ne sont pas inépuisables non plus, et qu’il faut trouver des énergies de remplacement si l’on ne veut pas arriver un jour à leur épuisement complet. Le prétexte du CO2 anthropique est une mauvaise raison pour justifier cette transition vu que rien ne prouve actuellement un effet significatif sur l’effet de serre censé piloter le climat terrestre à l’exception de toute autre cause!

      • Pas mieux.
        Je n’ai pas la masse de connaissances suffisante pour déterminer si le RCA est une réalité, un problème critique et si c’est le cas quelles en seraient les solutions.
        Je n’ai qu’une demi-certitude : dans 50 ans, nous n’aurons plus ni pétrole ni gaz. [Et dans 150 ans, plus de CO2 surnuméraire dans l’atmosphère.]
        D’ici là, prions Prométhée de nous délivrer une nouvelle énergie.
        Au risque de passer pour complotiste, il m’arrive de penser que la tacatic du CO2 tient de la gouvernance par la peur, pour nous aider au sevrage d’une chose dont nous serons obligés de nous passer dans 50 ans.

  • Avant de considérer la transition énergétique comme nécessaire, il faudrait déjà être certain du rôle du CO2 dans le prétendu dérèglement climatique.
    Nous fonçons tête baissée pour solutionner un problème qui n’en est peut-être pas un.
    Oui, la température augmente légèrement. Oui, il y a parfois des périodes de sécheresse dramatiques pour les agriculteurs, comme il y en a toujours eu, mais peut-on affirmer pour autant que la situation est catastrophique ?
    Je vous invite à consulter le site https://www.infoclimat.fr/climatologie pour vérifier les affirmations des présentateurs météo. Eux, n’ont pas le temps de vérifier ce qu’ils racontent : la séance de maquillage n’attend pas.
    J’ai entendu ces derniers jours que la sécheresse de février était la pire depuis le début des relevés en 1959.
    Pour Bourges, les relevés commencent en 1946 et il existe 4 mois de février plus secs qu’en 2023 (1959, 1965, 1993 et 2012)
    Ce n’est pas une opinion mais la réalité des données.

  • La doctrine écologique est une doctrine permettant de relancer le socialisme pur et dur qui est en plein déclin. On ne peut pas s’y tromper : en France c’est Holland qui accueille la COP21 à Paris, dans un pays dont les émissions de CO2 ne représentent que 0,0014° d’élévation mondial de température dans 30 ans et que le socialisme est à bout de souffle dans le pays. Les pays les plus business, comme l’Allemagne, la Chine, la Russie et les pays où coule l’or noir, se foutent complètement du climat. Où sont les activistes écologiques dans ces pays ? Même en Allemagne, rien n’est moins polluant que le gaz russe de Schroeder à Mercle ! Sauf par miracle, les centrales nucléaires et à charbon quand il n’y a plus de gaz. Étonnant, des centrales à charbon propres ! Mais c’est du charbon allemand : Deutsch qualitat bien sûr.

  • “Cancel economy : pourquoi la transition énergétique est une catastrophe économique”

  • Excellent article dommage qu’on veuille toujours faire du Co2 la cause de tout.

  • Les commentaires sont fermés.

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