Travail : vous êtes plus riches que vous ne le croyez !

Chaque Français devrait regarder attentivement sa feuille de paye. Il verrait la somme prélevée sur le fruit de son travail.

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Travail : vous êtes plus riches que vous ne le croyez !

Publié le 22 février 2023
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Un article de l’IREF.

 

Chaque Français devrait regarder attentivement sa feuille de paye. Il verrait la somme prélevée sur le fruit de son travail et qui lui revient de droit par le contrat qui le lie à son employeur et par la loi.

 

Une visite sur le site de l’URSSAF

Alors que je rejoignais mon domicile, un homme qui se dirigeait comme moi vers la bouche de métro m’aborda d’une façon étrange mais plutôt sympathique : « Excusez-moi si je suis distrait, me dit-il, mais je réfléchissais à la façon dont je vais pouvoir servir 35 couverts mercredi soir ». Je lui demandai alors s’il était restaurateur et il précisa : « Je suis serveur dans un restaurant ; et 35 couverts c’est du boulot et tout cela pour 1900 euros par mois ». L’homme d’une cinquantaine d’années, tout à fait calme et visiblement doté de  conscience professionnelle, continua de m’expliquer qu’il ne se plaignait pas, que « c’est la vie », mais que tout de même, ce n’est pas cher payé. En bon professeur d’économie, j’avais envie de lui faire un petit cours en lui expliquant qu’en fait il gagnait beaucoup plus que cela. Mais – déformation professionnelle ! –n’ayant pas les chiffres exacts et un peu effrayé à l’idée de l’ennuyer, j’ai choisi de me taire.

Cela ne m’a pas empêché, une fois rentré, de vérifier les chiffres que j’avais en tête. Je me suis donc rendu sur le site de l’URSSAF et sur la page du simulateur de revenus je me suis empressé de taper « 1900 net ». L’écran reproduit ci-dessous est apparu confirmant sans surprise mon premier jugement : pour qu’un employé (dans cette simulation célibataire et sans enfant) reçoive un salaire net de 1900 euros, l’employeur doit « sortir » 3134 euros.

Donc, 3134 euros par mois, c’est ce que perçoit ce monsieur pour travailler dans ce restaurant et s’il est quelque peu frustré – certains seraient même dégoûtés – par son salaire c’est parce qu’il ne voit pas les 1234 euros manquants.

S’il visitait le site de l’URSSAF, ou plus simplement prenait le temps d’examiner sa feuille de paie (qui, il faut l’admettre, est souvent illisible…), il apprendrait qu’il verse chaque mois :

  • 674 euros pour sa retraite,
  • 217 euros pour l’assurance maladie,
  • 102 euros pour son assurance chômage,
  • 86 euros pour les allocations familiales (versement de solidarité puisque lui-même n’a pas d’enfants),
  • 55 euros pour les accidents du travail,
  • 30 euros pour la formation professionnelle,
  • 2,43 euros pour un fonds national d’aide au logement.

 

Que ces sommes soient versées tantôt au titre des cotisations patronales tantôt au titre des cotisations salariales importe peu car dans les deux cas la somme est prélevée sur le fruit de son travail qui lui revient de droit par le contrat qui le lie à son employeur et par la loi. C’est donc bien lui qui paie !

Et ça ne s’arrête pas là : il faut encore verser la terrible CSG, ici 233,33 euros par mois et un « petit » impôt sur le revenu de 82 euros. Tout cela cumulé explique qu’il ne verra que 1818 euros sur son compte bancaire à la fin du mois.

 

Ce n’est pas le marché qui est dur, ce sont nos choix politiques qui sont lourds de conséquences

Tous les Français savent cela. En tous cas ils devraient. Ce dont ils ne se rendent pas toujours compte, c’est que ce sont eux qui veulent qu’il en soit ainsi. Ce sont eux qui ont depuis des décennies élu des majorités et des présidents parce qu’ils leur promettaient de préserver — « quoi qu’il en coûte » — le modèle social français qui consiste à confier à l’État la gestion de notre santé, de nos retraites, de notre formation, de nos assurances contre le chômage ou les accidents du travail. Sans parler de la formation de nos enfants, de la construction d’habitations à faible loyer, de la promotion de la culture ou du sport, etc. Ils ont – nous avons ! – « démocratiquement » décidé de ne gérer directement que 1818 euros sur les 3134 que nous gagnons chaque mois. Et je passe sous silence le fait que certaines des dépenses qui seront faites avec ces 1818 euros restants (électricité, gaz, loyer, essence, etc.) sont également « encadrées » par de nombreuses tarifications et réglementations.

D’autres options étaient et sont toujours possibles. Il suffit de regarder les modèles adoptés par les autres pays pour s’en convaincre : les prélèvements obligatoires y sont partout plus faibles qu’en France car ils ont collectivement choisi de laisser chaque individu gérer une partie de ce que nous, Français, confions à l’État. En tant qu’économiste je le regrette, parce que l’État et les « partenaires sociaux » sont de piètres gestionnaires et parce que que le monopole légal qui leur est accordé ralentit de façon catastrophique les processus d’innovation.

Confier tant de choses à l’État nous plonge aussi inexorablement dans les méandres de la décision collective comme l’illustrent tristement les dernières discussions sur le régime des retraites. Ayant accepté de tous nous embarquer sur une seule et même barque, nous devons à présent décider d’une direction commune. Quelle folie ! D’autant qu’il existe des solutions respectueuses des besoins et des préférences de chacun ; respectueuses de nos libertés. La capitalisation, plutôt que la répartition, en serait une, parmi d’autres.

Évidemment chacun est libre d’avoir une opinion différente ; chacun est libre de tenter d’imposer cette opinion aux autres en utilisant les rouages de la démocratie. Mais il faut alors être cohérent et ne pas se dire amer de ne disposer, malgré un travail consciencieux, que de 1900 euros par mois puisque ce fait est une conséquence directe de son propre choix. La bonne nouvelle c’est que votre travail est rémunéré bien plus. Il est évalué à 3134 euros sur le marché. Ce n’est pas le marché qui est dur, ce sont nos choix politiques qui sont lourds de conséquences. Il faut savoir les assumer et, pourquoi pas, en changer.

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  • Il faut déjà un bon degré de perversité malsaine pour imaginer prendre le fruit du travail des uns pour nourrir les autres. Mais lorsque cela se fait au niveau des entreprises, avec pour conséquences leur affaiblissement et l’augmentation du coût de la vie pour les consommateurs qui étaient censés bénéficier de ces largesses, à la perversité malsaine s’ajoute la bêtise crasse.

  • Sur les 1900 EUR restants il devra payer la TVA aussi. C’est à dire qu’en fait, si on pondère avec les TVA réduites, il payera en fait 15% de plus sur ses 1900 EUR restants c’est à dire encore 285 EUR de plus.
    Autre chose, les 674EUR ne sont pas pour SA retraite mais pour la retraite des autres. Lui, il ne sait pas s’il aura une retraite. Il a des droits à la retraite mais les droits ce sont des promesses. S’il capitalisait 617EUR par mois pour SA retraite il serait déjà bien plus tranquille sur son avenir. Et sil mourait jeune il pourrait transférer cette épargne à ses proches même s’il est célibataire sans enfant au lieu que ce soit entièrement perdu (enfin… pas pour tout le monde hein…).

    L’Etat c’est le vol.

    • certes …mais..là le problème est l’impossibilité de refuser ..

      un point n’est pas un détail..une fois qu’on amis le pied dans le collectivisme en sortir vous coute un bras..
      le type qui était opposé à la retraite par répartition se retrouve au même point ou presque que so collègue n ardent défenseur;.. il va dire eh…je me suis fait avoir;.j’ai payé pour votre connerie….donc on va continuer..

  • Il faut ouvrir les yeux, nos technocrates n’ont qu’un objectif : l’interventionnisme généralisé.
    Vous priver de votre argent pour le repartir à leur guise, c’est le mode collectiviste qui nous rapproche chaque jour un peu plus de l’esclavagisme.
    Macron est tout le contraire d’un libéral, contrairement à l’utilisation politique abusive de ce qualificatif à son égard, sa volonté de puissance personnelle le conduit à l’interventionnisme autocratique.
    A venir : interventions de plus en plus fréquente dans tous les domaines de votre vie privée, dépendance économique (plus un pas sans un chèque de l’État), excès de pouvoir (il suffit de se présenter comme appartenant à la présidence pour que les portes s’ouvrent sans plus aucun contrôle, parlement inexistant), destruction des services publics (la communication bavarde par éléments de langage remplace l’anticipation et l’action dans tous les secteurs : éducation en chute libre, hôpitaux en détresse, désert médical généralisé, justice débordée, transports perturbés en permanence etc.).

  • La gauche est extrêmement intelligente. Elle a introduit dans l’esprit des français le concept suivant que l’on entend dans toutes les manifestations : je n’arrive pas à joindre les deux bouts avec mon salaire, alors je demande à l’État une subvention. Le raisonnement normal devrait être : je n’arrive pas à joindre les deux bouts avec mon salaire alors je demande à l’État de baisser les taxes.
    Surtout que l’État a inventé les taxes sur les taxes pour les produits de première nécessité comme l’eau, l’électricité, l’essence, les assurances, et tout ce qui est obligatoire pour vivre.
    N’oublions pas que lorsqu’on achète quelque chose en France, on paye :
    1) le prix de l’objet
    2) la rémunération des fabricants, des transporteurs et des vendeurs +leurs taxes et leurs impôts sur le revenu
    3) les impôts locaux et fonciers des fabricants, des transporteurs et du distributeur
    4) les impôts sur les entreprises des fabricants, des transporteurs et du distributeur
    5) les impôts sur les bénéfices (qui servent à investir) des fabricants, des transporteurs et du distributeur
    6) les impôts sur l’énergie de transport, l’eau, l’électricité, les assurances de chaque intervenants
    7) la TVA finale sur toutes ces taxes.
    Grâce à tout cette pyramide de taxes, on a en retour :
    1) une éducation nationale dernière de l’OCDE, une police sous équipée, une justice qui ne fonctionne pas, une armée sans munition, des sociétés nationalisées (EDF, SNCF) avec plus de 50 milliards d’euros chacune de déficits, une santé qui s’écroule, des retraite qui ne pourront bientôt plus être payée, une insécurité galopante, etc, etc.
    Ce modèle de société ne fonctionne pas sauf pour notre gauche caviar qui habite dans les beaux quartiers.

  • Avec en plus un pouvoir d’achat plus faiblard que nos voisins « un peu plus sérieux » et c’est la déprime. Pas étonnant que les français veulent devenir propriétaires c’est à dire capitaliser. Alors ils auraient tout compris intuitivement mais ils sont aveugles ? Comment ? Mais voyons la force centripète de la centralisation, ce sentiment, ce lien, ce ciment, ce pouvoir artificiel qui constitue la nation française : Une et Indivisible !
    Oui Une et Indivisible mais Ensemble dans la réciprocité !

  • si on reprend le decompte
    674 euros pour sa retraite,
    217 euros pour l’assurance maladie,
    102 euros pour son assurance chômage,
    86 euros pour les allocations familiales (versement de solidarité puisque lui-même n’a pas d’enfants),
    55 euros pour les accidents du travail,
    30 euros pour la formation professionnelle,
    2,43 euros pour un fonds national d’aide au logement.
    Si on laisse de cote les 3 dernieres ponctions qui sont mineures (ca fait meme pas 90 € en tout) on voit que le gros des ponctions c est ce que l auteur appelle « versement de solidarite ».
    Car ca ne se limite pas au 86 euros d alloc, la retraite c est un versement aux retraités actuels (repartition) et l immense partie des couts de l assurance maladie c est aussi les vieux. Reste donc le chomage

    Par contre si on supprime ces ponctions soit 674+217+102 soit pres de 1000 € il faut quand meme pas oublier qu il faudra quand meme economiser pour sa retraite, s il est un jour au chomage voire payer une asurance maladie (s il est jeune et en bonne sante c est sur que ca coutera pas grand chose mais quand meme). admettons qu il s en tire pour 500 € au lieu de 1000

    La question etant apres comment faire pour faire face a une division par 2 des ressources de l assurance maladie et retraite ? majorer les primes 7 cotisations sociales de retraités ? diviser par 2 leurs pensions ?

    • Pour la retraite, avec la capitalisation, il n’y a pas division par deux mais multiplication par 4. Donc au lieu de lui prélever 674, on peut lui en prélever disons 74 pour la retraite des indigents, et lui demander de verser minimum 150 sur un compte de capitalisation de son choix. Gain 450. On peut aussi alors cesser de lui prélever les 86 pour les allocs, vu qu’il n’y a plus besoin de subventionner la fabrique d’enfants.

      • Avec 150€ par mois en plaçant très bien cet argent il aura entre 200 et 250 k€ a 65 ans, avec une sortie en rente viagère (grosse bêtise) ça fait +/- 800€ par mois ce qui n’est pas folichon.
        Et il faudra quand même subventionner les enfants des autres, ça sera eux qui lui feront ses piqures.

        • En plaçant cet argent bêtement (CAC 40 dividendes réinvestis), il disposera de 280k€, soit en ne faisant pas la grosse bêtise et en supposant que les années à venir seront similaires aux années passées, une rente de 1300€ par mois ET la préservation du capital. Bon, c’est un peu risqué d’imaginer que la phase de retraite se ferait dans des conditions similaires aux 40 dernières années, mais ça veut surtout dire que s’il place 300€, la moitié de ce qu’on lui pique aujourd’hui, il touchera autant que son salaire pendant sa retraite et son capital sera préservé. Sauf, évidemment, que les impôts lui en piqueront 40% au titre des plus-values et autres…
          Quand aux enfants des autres, réfléchissez : la durée avant d’entrer dans la vie active est à peu près celle de la retraite. Donc, pour 1 actif, il y a 1/1.7 retraité et 1/1.7 enfant, soit 1.17 inactif à entretenir. Si vous augmentez le nombre d’enfants, vous augmentez ce dernier chiffre pendant 25 ans avant d’augmenter le nombre d’actifs… Les piqûres seront faites à la chaîne, et les torchages par des robots, il n’y a pas d’autre solution.

    • 674 euros pour sa retraite,
      217 euros pour l’assurance maladie,
      102 euros pour son assurance chômage

      Il payera moins étant jeune pour son assurance maladie, plus étant âgé.
      Il payera plus étant jeune pour son assurance retraite capitalisation, moins étant âgé.
      La somme pourra être constante.
      Mais pourquoi ne pas faire comme à Singapour, avec une assurance de capitalisation santé et retraite qui appartient à l’assuré?
      Le libre choix de la société d’assurance?
      La liberté des uns fait peur aux autres qui ne pourraient piller ces avoirs.

  • Bonjour.
    M Garello vous faîtes la mème erreur ou arnaque (?) que ce système perverse, erreur qui interdit tout changement. Vous parler de coût pour l’entreprise , de charges patronales, alors que c’est une ponction sur la valeur ajoutée de chaque emploi. Cette arnaque sémantique des charges patronales et du coût pour les entreprises a été installée conjointement par l’État ( de gauche et de droite) les syndicats pourri des salariés et le patronat corrompu par l’argent publique.
    Si vous et vos semblables parliez plutôt de ponction sur la VA de chaque emploi, les salariés ne seraient plus rabaissés à des « coûts » mais deviendraient des créateurs de richesse comme leurs employeurs. En symbiose, en collaboration, partenariat ou compagnonage comme vous voulez.
    J’ai été employeur et lors des embauches mon premier soucis était d’expliquer cela à mes futurs compagnons. Pour chacun, il était ainsi clair que je ne payais pas de charges sociales, qu’ils n’étaient pas des coûts sur mes revenus, et que nous étions tous victimes d’un vol, d’un racket, et chacun connaissait les racketeurs que j’ai énuméré précédement.
    Lorsque j’expliquais cela à des collègues employeurs , ils étaient tellement bien dans le rôle de martyrs du salariat qu’ils trouvaient tous les prétextes possible pour y rester, mème si cela faisait bipbip bip dans leur tête.
    Je n’ai jamais en de conflit de rémunération avec mes salarié car j’étais clair, franc et respectueux de leur valeur créative par ce discours de réalité qu’ils n’entendaient jamais.
    Corrigez vos régurgitations universitaires « libérales ». Merci.
    Bonne continuation.

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