Qu’on l’aime ou non, la Cour suprême des États-Unis est une partie intégrante de la vie politique du pays. De décisions très controversées à d’autres qui divisent, y compris sur l’avortement, la plus haute instance judiciaire du pays s’apprête à passer d’autres décisions d’ici la fin du mois, certaines de faire capoter la gauche américaine si elles ne vont pas dans le bon sens.
La première concerne la discrimination dite positive, qui favorise des minorités « historiquement lésées » dans plusieurs domaines, notamment l’admission à l’université. Comme les wokes attribuent généralement une performance moindre de minorités chouchou à un racisme systémique, on tente de trouver d’autres moyens pour que ces minorités puissent faire des études supérieures, notamment en calculant secrètement un « score d’oppression. »
En d’autres termes, un étudiant asiatique au score presque parfait pourrait se faire devancer par un étudiant noir juste parce que celui-ci vient d’un milieu défavorisé. Ce n’est pas hypothétique : les étudiants noirs acceptés en médecine sont généralement admis avec des scores à l’école secondaire (GPA) inférieurs de 8,35 % en moyenne comparé aux Asiatiques.
Si cela se produit dans une institution entièrement privée comme Harvard, le gouvernement ne devrait pas avoir son mot à dire bien qu’elle soit sous la juridiction de la loi fédérale anti-discrimination. Mais quand il s’agit d’une université publique – le présent cas à la Cour suprême inclut de telles universités en Caroline du Nord – alors une quelconque discrimination est inacceptable. Ce sont d’ailleurs des étudiants d’origine chinoise qui crient à la discrimination dans ce cas-ci.
Étant moi-même une minorité (sexuelle) historiquement lésée, je trouve ces politiques franchement infantilisantes et condescendantes. Il y aura toujours de la discrimination envers des personnes « différentes » de nous. Mais en tentant de « corriger » ces erreurs par la force, on affirme ainsi que la seule façon pour une minorité de progresser dans la vie est d’abaisser les autres personnes.
J’ose espérer que mon présent emploi m’a été offert à cause de mes compétences linguistiques et culturelles en français plutôt que pour remplir un quelconque quota.
Toujours à ce sujet, la Cour pourrait également se prononcer sur la liberté de certaines entreprises dites créatives (genre pâtissier) de « pouvoir » refuser d’offrir des services sur une base religieuse.
Naturellement, l’article de 20 minutes cité plus haut sort le croquemitaine habituel : « un blanc pourrait discriminer une famille noire » si une telle décision passait. Par contre, on ne semble jamais s’attarder aux commerçants musulmans qui refuseraient de cuire un gâteau avec le visage de Mahomet…
Même si la discrimination est « permise », j’ose croire que ce serait une infime minorité de personnes assez stupides pour refuser une opportunité d’affaire. De toute façon, dans notre monde hyper connecté, un commerce faisant si ouvertement de la discrimination serait vite exposé (même si, oui, les abus sont possibles).
Alors la plupart des gens – j’en ferais partie, même hétéro – feront affaire ailleurs ou trolleront ledit commerce de façon délicieuse.
Division partisane des districts électoraux
Par ailleurs, une autre cause présentée devant la Cour suprême saura créer de la controverse.
Le cas Merrill vs Melligan affirme qu’une nouvelle division des districts électoraux en Alabama est une violation de la Loi des droits civils de 1965 parce qu’elle dilue le pouvoir électoral des Noirs en les agglomérant dans un seul district, diminuant ainsi leur représentativité. On affirme qu’un politicien noir n’a jamais été élu dans un district à majorité blanche.
Malgré la volonté libérale de « ne pas prêter attention aux couleurs », les divisions raciales sont encore profondes aux États-Unis. La pratique du gerrymandering, qui semble bien décrire la situation présente en Alabama, est une véritable plaie. D’un simple coup de crayon, les politiciens peuvent redessiner des districts électoraux afin d’avantager les leurs pour qu’ils gagnent facilement le pouvoir et y restent durablement. Cela donne des cartes électorales à l’imagination débridée.
N’allez toutefois pas croire que c’est un problème uniquement républicain. Dans les États à majorité démocrate, la même chose se passe. Cette année, le Maryland a dû retourner aux planches à dessin afin de redessiner des districts qui désavantageaient clairement les républicains par rapport à des comtés de taille semblable dans d’autres États.
Malgré tout, le découpage avantage encore outrageusement les démocrates, d’après une étude de l’université de Princeton Il en va de même pour l’Illinois, qui a aussi obtenu une note d’échec.
Bref, tous les yeux seront rivés sur la Cour suprême cette semaine pour des décisions qui auront un impact durable sur la vie politique. Voyons voir si les démocrates prépareront une autre « insurrection » – si on suit leur logique – si jamais la Cour prend les « mauvaises » décisions.
Dans une démocratie où la construction considère tous les individus égaux, la discrimination positive est anticonstitutionnelle. Et nombre de nos lois actuelles le sont avec la complicité des députés.
“avec la complicité des députés” … et du conseil constitutionnel. La nomination de personnalités politiques – de tous bords – à ce conseil devrait être purement et simplement interdite. Cependant, quand on voit la gangrène politique qui s’est instillée dans les universités et les instances judiciaires, le choix ne sera pas aisé.
Dans une démocratie où la construction considère tous les individus égaux, la discrimination positive est anticonstitutionnelle. Et nombre de nos lois actuelles le sont avec la complicité des députés.