Retraites : Emmanuel Macron montre son visage autoritaire

Le vote ou la dissolution. Tel est désormais le chantage opéré par Emmanuel Macron à l’égard des parlementaires. 

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 3
Screenshot 2022-04-25 at 09-30-17 (2) Le discours de victoire intégral d'Emmanuel Macron au Champ-de-Mars - YouTube - https://www.youtube.com/watch?v=_WrbnCVamKc

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Retraites : Emmanuel Macron montre son visage autoritaire

Publié le 10 octobre 2022
- A +

Moins de 6 mois après sa réélection, Emmanuel Macron montre t-il la véritable nature de ses rapports aux parlementaires ? C’est ce qui semble être le cas alors que le projet de réforme des retraites, arlésienne du dispositif macronien depuis 5 ans, est en passe d’être relancé.

Si le premier quinquennat aura été marqué par la réforme du travail, cette dernière n’a été que l’achèvement de la loi El Khomri édulcorée lors du quinquennat précédent.

À l’inverse, les retraites sont un sujet explosif en France. L’Hexagone voue un culte à son système par répartition. Un culte d’autant plus présent chez les baby-boomers, principal socle de l’électorat macroniste.

La question des retraites est donc le principal sujet de crispation de cette rentrée, au point que les esprits s’échauffent au sommet de l’État, où ce dossier est en haut de pile. Une situation qu’ont bien compris les membres de l’Assemblée nationale issue des élections de juin. Les députés ont ainsi manifesté des velléités de ne plus être une simple chambre d’enregistrement, ce qui n’est pas du goût de Jupiter.

 

Menace sur le Parlement

Le vote ou la dissolution : tel est désormais le chantage opéré par Emmanuel Macron à l’égard des parlementaires.

Un mois après le lancement du Conseil national de Refondation, le nouvel ersatz de démocratisation entame un débat sur la question sanitaire. C’est l’occasion de donner une impression de consensus tout en menaçant explicitement les parlementaires tentés de faire ce pourquoi les contribuables les paient : débattre.

Cette drôle de méthode n’est pas nouvelle. Elle est connue depuis 2017 et véritable cristallisation de six décennies de mise au pas du Parlement face à une présidence de la République voyant dans son élection l’unique légitimité républicaine.

Jeudi 29 septembre, Emmanuel Macron a ainsi assumé son visage autocratique en menaçant les députés de dissolution s’ils osaient voter une motion de censure, une motion très théorique, les parlementaires LFI ayant peu de chances de voter un texte de concert avec le RN, et ce d’autant plus alors que l’extrême gauche est actuellement dans la tourmente et donc sur le chemin de la radicalisation.

 

Sous des habits de consensus

Malgré cela, l’exécutif a lancé les hostilités tout en donnant des signes de consensus. Bercy reçoit ainsi des parlementaires depuis plusieurs jours.

Ce mélange des genres illustre bien l’état d’une majorité en pleine guerre de succession larvée, divisée entre une frange radicale souhaitant un passage en force du texte dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale et une frange consensuelle, incarnée par François Bayrou, souhaitant un vote classique. Si cette dernière faction semble l’avoir emporté, le texte devrait être voté rapidement, avec une discussion en décembre et un vote en janvier.

Au final, Emmanuel Macron souffre de ne pas être suffisamment ce qu’il a promis : le consensus, la disruption, l’esprit sainement monarchique et le libéralisme ont été, dès le départ, des marqueurs du langage macroniste. La réalité, nous le savons, est tout autre, et elle est tributaire d’une longue tradition aboutissant à la mise au pas de la représentation nationale.

 

Soixante ans de mise au pas

1958 a été la réponse à près de sept décennies de suprématie parlementaire sur l’exécutif. Seulement, l’équilibre trouvé s’est rapidement heurté à la volonté de puissance présidentielle. Dès 1962, l’Élysée n’a pas hésité à mener un bras de fer avec les parlementaires, aboutissant à l’élection du président de la République au suffrage universel direct, au même titre que les députés.

Quarante ans et trois cohabitations plus tard, le Parlement est devenu une simple chambre d’enregistrement dont la légitimité est non plus égale à celle du chef de l’État mais dépendante de celle-ci.

2022 aura été une bénédiction démocratique, les Français ayant décidé, à l’occasion de la première réélection d’un président hors-cohabitation, d’élire une chambre plus clairsemée qu’à l’accoutumée. Une rupture totale avec le sens de l’évolution de nos institutions depuis soixante ans.

 

Une psyché autoritaire

Le président de la République est hanté par l’immobilisme de ses prédécesseurs. Après un premier quinquennat dont aucun texte ne ressort, Emmanuel Macron veut écraser l’accélérateur, intention renforcée par la concentration des pouvoirs inspirée par les institutions de la Cinquième République.

Seulement, cette urgence se heurte à ce qu’il promeut pourtant en public : la discussion, le débat et le consensus.

Il est peut-être temps qu’Emmanuel Macron cesse de faire croire aux Français qu’il est partisan du dialogue. Ses actions révèlent de plus en plus la réalité d’une psyché autoritaire.

Voir les commentaires (24)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (24)
  • Une manière de ne léser personne en réformant les retraites, c’ est de nous rendre l’ argent. Il pourrait même conclure l’ affaire en nous disant: » vous me les avez bien briser avec cette histoire: démerdez-vous! » que je ne lui en voudrait pas.

    • argent essentiellement prix collectivement de façon intergénérationnelle et de plus aussi emprunté , comment on fait pour faire rembourser les morts et aussi les rembourser eux même..
      il n’y pas de mécanisme de sortie « juste »..

      tout ça pour pouvoir promettre aux gens un truc qu’on ne peut pas.. on transforme une foultitude de risques personnels, en risque systémique..

  • Un technocrate suffisant et opportuniste qui, bien que n’étant en rien un homme d’État, souhaiterait laisser un nom dans l’histoire… On en est loin : aucune vision de l’avenir du pays, de la magouille autoritaire pour n’aboutir qu’à mettre le pays en chute libre !
    Sera-t-il assez imbu pour dissoudre et se prendre une gifle ? On attend avec impatience que, pour une fois, il fasse ce qu’il dit : une occasion de bien rigoler, pas fréquente en ce moment.
    Malheureusement, notre propagandiste en chef, pour inconsistant qu’il soit, n’est pas stupide, il ne refera le coup de Chirac : des paroles, toujours des paroles !.

  • Il n’y avait pas besoin de 6 ans pour savoir qu’il était autoritaire et contre le dialogue.

    Ses premières réformes au début du premier quinquennat se sont fait par décret en zappant complètement les partenaires sociaux.

    Il n’y aurait jamais eu les gilets jaunes si la décision des 80 km h avait été laissé à la main des départements ou régions des le début.

    Et que dire des 2 ans de confinement, vaccinations obligatoires et fermetures des commerces décrétés non essentiels de son seul chef ?

  • « Un culte d’autant plus présent chez les baby-boomers, principal socle de l’électorat macroniste. »
    Celle là, il fallait la sortir! Cette généralisation de l’opinion supposée des « boomers » comme on a coutume de nous qualifier est proprement insupportable! Il y a sans doute chez certains boomers un peu bas de plafond, une adoration pour Macron et notre merveilleux système de retraite par répartition, mais tous ne sont pas atteints de cet aveuglement ( heureusement) et le boomer que je suis est surtout inquiet pour le destin de ses enfants et petits enfants si le système n’est pas réformé en profondeur, ce qui reste à mon avis un vœu pieux si l’on conserve le système politiqué actuel!

    10
    • Vous êtes plus près de l’exception que de la règle.
      Les retraités (votants) ont voté aux 3/4 pour Macron.
      Tout comme 2/3 des musulmans (votants) ont voté pour Mélenchon.
      Tout cela s’explique et se comprend parfaitement.

      • « Vous êtes plus près de l’exception que de la règle. »
        Et c’est bien là le problème, j’en suis conscient. mais entre l’absence de candidats sérieux dans leur programme, l’absence de votants réellement informés et motivés,, et la non prise en compte des votes blancs, que nous reste -t-il pour faire entendre notre voix? On explique et comprend parfaitement que de moins en moins d’électeurs inscrits aillent voter!

      • J’ai 75 ballets au grand jamais , je n’aurai voter macron en mêlant mon vote à ceux des musulmans et aux traîtres à la nation .

    • Merci C2MR d’avoir exprimé ma pensée.
      Je fais partie, moi aussi, des boomers qui avons commencé à travailler tôt, qui avons donné une année au service notre armée et qui en avons assez d’être considérés comme les responsables de tous les déficits.
      Comme vous, je suis inquiet pour l’avenir de mes enfants et petits-enfants et j’aurais préféré que Macron ne fût pas réélu.

      10
  • Être autoritaire pour imposer une solution viable ne serait pas dramatique, mais si c’est pour s’enfoncer encore plus dans la répartition et la redistribution, à quoi bon?
    La solution, indirecte, est de favoriser une reprise industrielle capable d’alimenter les retraites par capitalisation en diminuant les contraintes fiscales et sociales, ce qui suppose hélas un passage en force.
    En gros, il faut asphyxier Bercy et la CGT.

  • « le consensus, la disruption, l’esprit sainement monarchique et le libéralisme ont été, dès le départ, des marqueurs du langage macroniste. »
    Libéralisme !!!??? Du capitalisme de connivence plutôt !

    « 2022 aura été une bénédiction démocratique, les Français ayant décidé, à l’occasion de la première réélection d’un président hors-cohabitation, d’élire une chambre plus clairsemée qu’à l’accoutumée. Une rupture totale avec le sens de l’évolution de nos institutions depuis soixante ans. »
    Les Français ont décidé à 61,5% de ne pas voter pour Macron dont 34,8% pour aucun des deux candidats. Aucun député n’a obtenu ne serait-ce que plus de 50% des voix des citoyens des circonscriptions qu’ils briguaient. Il rien de démocratique en France. C’est un mythe, voire même de la mythomanie.

    • Vous semblez ignorer que l’élection est un concours, pas un examen.
      Préféreriez-vous des scores à l’africaine ?

      -2
      • Oui, bien sûr, mais l’examen ( pointilleux du programme) ne devrait-il pas précéder le concours (de promesses intenables)?

  • « l’extrême gauche est actuellement dans la tourmente et donc sur le chemin de la radicalisation »
    Elle n’est pas la seule. Macron aussi.
    Il devrait relire Bouddha :
    – Les nuages ne disparaissent pas, ils se transforment en pluie.

  • On va manger du macronisme comme les cubains ont mangé du castrisme jusqu’à l’infini , le phénomène étudie la possibilité d’un troisième mandat et plus , les français tellement rompus à la soumission sont capables de lui donner raison .

  • Je n’en peux plus de lire que les Retraités représentent les 3/4 de l’electorat de Macron et je ne fais pas partie des exceptions, je n’ai pas voté pour lui en 2017, pas plus en 2022. J’en ai marre des clichés, la Retraite par répartition est à bout de souffle, je pense qu’un mixte de répartition et de capitalisation serait plus judicieux.

  • constitutionnel? élu , « on » assume..sinon quoi? révoltuion?
    on votera..

    je suis beaucoup plus inquiet des objectifs qui dépassent le quinquennat …

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture
8
Sauvegarder cet article
« Je déteste tous les Français »

Le 3 février dernier, un immigré malien de 32 ans, Sagou Gouno Kassogue, a attaqué au couteau et blessé grièvement des passagers de la Gare de Lyon. Finalement maîtrisé par l’action conjuguée des passants, des agents de sécurité et des membres de la police ferroviaire, l’homme en garde à vue a été mis en examen pour tentative d’assassinat aggravée et violence avec armes aggravée.

Les premiers éléments de l’enquête dévoilés par le préfet de police de Paris révèlent les discours conspirationnistes d’un in... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles