Véran et Amazon au Royaume des Fragiles

Véran vient de pondre un pensum sur la crise, mais ni lui, ni Amazon n’aiment les commentaires acides de ses lecteurs…

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Véran et Amazon au Royaume des Fragiles

Publié le 14 septembre 2022
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Chargée comme l’haleine de l’alcoolique un lendemain de cuite mémorable, l’actualité devient difficile à suivre : il se passe trop de choses trop vite, et on a vite fait de louper une information primordiale, une de celles qui changent une vie (au moins). Par exemple, vous ne le saviez pas, vous n’en aviez assez probablement rien à carrer et vous aviez raison mais néanmoins, on apprend qu’Olivier Véran, l’actuel porte-parlote de Gouvernemaman, vient de sortir un livre résumant sa vision de la gestion de la pandémie par le gouvernement français.

Oui, Véran aurait donc écrit un livre sur ce qu’il aurait retiré de la gestion de la crise pandémique, dans lequel il pousserait même l’auto-analyse jusqu’à reconnaître ses erreurs lorsque furent émises certaines des injonctions paradoxales concernant le masque. Ici, le conditionnel est de mise tant on devra se demander si le ministricule a réellement fait cet effort d’écriture sans passer par un factotum comme l’époque nous y habitue, et tant la contrition dont il fait la démonstration bruyante sur papier 80 g semble parfaitement artificielle.

On comprend bien qu’il joue ici l’air facile et politiquement assez usé du « Faute avouée, à demi pardonnée » qui pourrait fonctionner quand le politicien qui l’utilise a commis une petite bévue mais qui passe nettement moins quand la « petite boulette » revient à mettre 65 millions d’individus en résidence surveillée, à favoriser la distribution de Rivotril aux ainés, à interdire aux médecins de traiter, à édicter les protocoles les plus absurdes – le virus n’attaque que les gens debout donc « restez assis pour sauver papy ! » – à fermer des pans entiers d’hôpitaux en pleine pandémie et à instaurer une ségrégation artificielle et inique entre citoyens.

Sortir à présent un « oups, bon, on a peut-être été un peu loin » ressemble à un énorme moquage de visage.

C’est d’ailleurs exactement ainsi que les internautes l’ont interprété et qu’ils se sont empressés de le faire savoir sur la principale plateforme de vente des livres en question : multipliant les avis négatifs et les commentaires incendiaires, la production de Véran s’est rapidement vue affublée d’une note bien poivrée… Qui n’a pas trop plu ni à l’intéressé, ni à la plateforme : au bout de quelques heures, des commentaires ont commencé à disparaître d’Amazon et les notes ont été substantiellement revues à la hausse.

Décidément, l’establishment a le cuir sensible et supporte mal les petites remarques acidulées. Le Royaume des Fragiles, mélange des connivences entre les politiciens d’un côté et les grosses entreprises (ici, du Big Data) de l’autre, n’arrive pas à encaisser quelques faits bien sentis et la réalité est trop cruelle pour lui qui s’emploie donc à la cacher.

Car cette bidouille du réel n’est pas la première : rappelez-vous de la disparition des petits « pouces rouges » sous les vidéos Youtube de propa… pardon d’information du gouvernement ; il est vrai que certaines communications gouvernementales étaient devenues des clickodromes de l’enfer où les internautes rivalisaient d’inventivité pour un trolling de compétition et que l’establishment, absolument infoutu d’endiguer le phénomène, n’avait rien trouvé de mieux pour le faire disparaître…

(Ici, pensez à la fièvre et à un thermomètre cassé)

Dernièrement, ce fut la pitoyable série Rings of Power qui bénéficia d’un traitement similaire devant la montée des avis catastrophiques de ce qui est, il faut bien le dire, une œuvre de propagande wokisto-contortionniste avec les mannes de Tolkien.

Bien évidemment, de camouflages en nettoyages politiquement corrects, l’internet des normies et des consommateurs lambda ne veut plus rien dire et n’est plus que le champ d’expression d’une seule pensée, d’un seul avis (bien douillettement favorable et forcément ★★★★★, awesome et tout ça).

La dérive est très inquiétante et ses étapes donnent une bonne idée de la profondeur descendue dans le gouffre du silence que la société s’emploie à creuser.

Nous avions jusqu’à présent l’auto-censure (les journalistes qui la pratiquent maintenant au quotidien en sont un bel exemple).

Nous avions aussi eu l’occasion de tester, en grandeur réelle, la cancel culture qui consiste – pour rappel – à enfouir sous des tombereaux de dénégations, de mépris, d’injures, d’insultes, un article ou un avis différent du mantra général ou opposé au discours officiel afin d’ostraciser durablement les auteurs de cette infâmie. Le dernier exemple en date – certes comique mais néanmoins réel – fut celui de Ségolène Royal mais on devra se rappeler, plus inquiétant encore, le sort qui fut fait aux camionneurs canadiens dont les protestations se soldèrent par une annulation de leurs comptes bancaires, avec tout ce que cela suppose ensuite.

Nous pouvons être témoins chaque jour de cette réécriture grotesque et navrante de l’Histoire, à coups de wokisme, de décolonialisme et autres fanfrelucheries marxistes des temps modernes.

Et maintenant, nous voyons à présent l’effaçage pur et simple, quasiment en temps réel, des éléments gênants qui viendraient égratigner les puissants.

Il ne faut plus se plaindre des dirigeants que nous avons : ce sera systématiquement interprété comme une « menace à la démocratie » (qui n’est plus l’expression du débat mais seulement celui de l’accord inconditionnel qu’on pourrait trouver dans une secte). Et si vous ne voulez pas être catégorisé de complotiste ou d’ennemi de l’intérieur, de terroriste, vous aurez à cœur de ne surtout pas déposer de commentaire critique sur les productions littéraires (ou autres) de nos politiciens officiels.

Soyez gentils, c’est un ordre. Ce serait ballot de se faire swatter pour un commentaire négatif sur Amazon, vous ne trouvez pas ?

« Tous les documents ont été détruits ou falsifiés, tous les livres récrits, tous les tableaux repeints. Toutes les statues, les rues, les édifices, ont changé de nom, toutes les dates ont été modifiées. »
G. Orwell, 1984


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  • Amazon? Ne serait-ce pas cette plateforme de vente en ligne régulièrement attaquée par nos ministres bien-pensants? Que ce soit sa gestion des personnels ou ses superprofits jugés indécents par les mêmes ministricules, et on voudrait nous faire croire qu’Amazon a retiré de son plein gré les commentaires pour le moins acides du bouquin de Veran? Ne rien faire aurait certainement été plus intelligent puisque beaucoup de commentaires peu élogieux auraient sans doute piqué la curiosité de lecteurs libéraux, avides de se faire leur propre opinion, comme il se doit dans un pays libre?

    10
    • Pardon, mais c’est omettre qu’Amazon a été le premier à se goinfrer pendant les assignations à résidence avec fermeture administrative des commerces « non essentiels »

      -4
      • Si Amzon s’est « goinfré » selon votre expression, c’est que durant le confinement, elle apportait un vrai service que ses clients ont accepté de PAYER. Amazon n’a obligé personne ni à utiliser ses services, ni à en payer le prix demandé! Alors où est le problème?

        10
        • Le problème? je ne sais pas. J’offrais une explication à votre interrogation : si Amazon semble protéger le nerveux neurologue, en dépit des cris d’orfraie de la classe politique sur les « méga profits  » , c’est peut-être parce que les confinements internationaux ont bien fait ses affaires, améliorant son CA et tuant la petite concurrence au passage.

          -1
          • Donc même discours : une entreprise qui fonctionne et remplit parfaitement son rôle, elle doit être supprimée…
            Les petites sociétés ont plutôt été obligée de fermer la porte à cause justement de l’état providence et ses décisions prouvées comme étant mauvaises (même Véran semble le dire dans son livre… ^^)

            • Ben oui, encore une fois, les patrons doivent prendre exemple sur SNCF et EDF. Ça c’est de l’entreprise qui ne sera pas taxée de super profits !

      • Rien n’empêchait quiconque de mettre en place un service analogue à celui d’Amazon, et se mettre en concurrence durant cette période propice au gavage financier, non? C’est quand même étonnant que sur un site libéral on trouve ce genre de commentaire, même si j’approuve qu’il soit publié au nom de la liberté d’expression. Ne devriez vous pas plutôt vous demander qui a créé les conditions favorables au goinfrage d’Amazon en interdisant à la concurrence d’émerger et en imposant aux français une mise en résidence surveillée digne d’un régime totalitaire?

  • Meilleure critique vue sur les réseaux, je cite :
    Le livre de Véran est vendu 20,90 euros.
    Je vais continuer avec Lotus, c’est moins cher ».

    12
  • Qui peut avoir envie de lire un bouquin « écrit » par veran ?

    • Tous ceux (et ils sont hélas nombreux) qui n’ont aucun problème à vous voir enfermé à double tour si vous êtes en retard d’un rappel.

  • Il y a maintenant 8 avis clients sur Amazon, dont 47% a une seule étoile. Amazon semble fâché avec les maths puisque 47% de 8 n’est pas un nombre entier… mais attention c’est subtil: “Pour calculer le nombre global d’étoiles et la ventilation en pourcentage par étoile, nous n’utilisons pas une simple moyenne. Au lieu de cela, notre système prend en compte des éléments tels que la date récente d’un commentaire et si l’auteur de l’avis a acheté l’article sur Amazon. Les avis sont également analysés pour vérifier leur fiabilité.”

    • Au moins, Amazon semble s’être coulé dans le moule français! s’il a pondu une usine à gaz de censure telle que vous la décrivez! Parce que prendre en compte la date du commentaire, la provenance du bouquin ( acheté chez Amazon ou ailleurs ou peut-être volé?) et la teneur de l’avis ( favorable, neutre, défavorable?) tout ça géré par un algorithme maison, il faudrait nous présenter l’informaticien responsable du machin, ça doit être un cador!!!!!!!!!!!

  • Plus ils sont nuls, plus ils se croient obligés d’ écrire des bouquins, ça promet avec Macron…

  • Avec cette affaire, et à la décharge exclusive d’Amazon, j’ai découvert qu’on pouvait y laisser des commentaires sur des objets qu’on n’avait pas achetés. Dans le « cas Véran », cette liberté est tombée.
    Mais.
    Amazon a, dirait-on, remis certains avis négatifs, qui ne semblent pas être ceux de lecteurs, ou alors bien masochistes. Du genre de ceux qui achètent un livre qu’ils devinent mauvais d’un auteur qu’ils détestent. Quoiqu’il en soit, ces avis donnent une idée assez précise de ceux qui n’y sont plus, soit pire que pire : le livre de Véran est au mieux considéré comme un allume-feu et au pire comme un torche-c.l ;
    Véran lui même est au mieux dépeint comme une enfl.re immorale, au pire comme un criminel à conduire d’urgence aux Assises.
    Pour tous l’honneur est sauf. Amazon n’est pas Anastasie. Véran obtient la moyenne (***). La communauté des commentateurs n’est pas flouée.
    Mais.
    Je souhaite bien du courage au lecteur qui voudrait se faire une idée objective sur un ouvrage qu’on situe donc quelque part entre Mein K.mpf et 365 méditations quotidiennes du Dalaï-Lama.

    • Au moins, Amazon semble s’être coulé dans le moule français! s’il a pondu une usine à gaz de censure telle que décrite plus haut! Parce que prendre en compte la date du commentaire, la provenance du bouquin ( acheté chez Amazon ou ailleurs ou peut-être volé?) et la teneur de l’avis ( favorable, neutre, défavorable?) tout ça géré par un algorithme maison, l’informaticien responsable du machin a sans doute été débauché des services informatiques du gvt?

      -1
  • Trois questions: 1) Quand donc les responsables du gouvernement trouvent-ils le temps d’écrire autant de bouquins ? 2) Est-il justifiable qu’un haut-fonctionnaire en poste fasse recette en racontant sa vie publique dans la sphère privée? 3) Un membre du gouvernement en activité peut-il utiliser les plateaux télévisés à des fins de promotion d’une production personnelle sans conflit d’intérêts ?

  • Ce n’est pas Amazon qui est critiquable dans ce flop mais plutôt l’éditeur qui a accepté de publier le livre. Amazon rend service et expédie dans pratiquement le monde entier si on le souhaite. Si quelqu’un veut le concurrencer, qu’il le fasse, aussi bien !

  • Je nirai pas acheté le livre de Véran qui a tout mon mépris pour la gestion pitoyable du COVID.

    Mais, concernant ce commentaire « Qui n’a pas trop plu ni à l’intéressé, ni à la plateforme : au bout de quelques heures, des commentaires ont commencé à disparaître d’Amazon et les notes ont été substantiellement revues à la hausse. »
    Ne peut on imaginer qu’Amazon ait supprimé des commentaires de personnes qui n’avaient de toutes évidences pas lu le livre ? Du coup, il reste les vrais lecteurs, ceux qui ont dépensé des sous pour ce bouquin et qui ont donc un a priori favorable sur l’auteur. Ce qui fait que la note remonte…

    • Question: comment Amazon aurait-il pu déterminer qui a lu le livre et qui ne l’a pas lu? A moins qu’Amazon ait eu l’exclusivité de la distribution du bouquin, n’importe qui aurait pu se le procurer par un autre canal non?
      De là à penser qu’Amazon utilise un algorithme capable de détecter un vrai lecteur d’un faux, c’est lui prêter une force d’analyse qu’il n’a très certainement pas!

      • Au vu de certains commentaires cités plus haut, il ne semble pas trop compliqué de faire un premier tri. Concrètement, une personne qui met 1* en traitant l’auteur de tous les noms, on pourra sans trop de difficulté supposer qu’il n’a pas lu le livre.

    •  » Du coup, il reste les vrais lecteurs, ceux qui ont dépensé des sous pour ce bouquin et qui ont donc un a priori favorable sur l’auteur »
      Je n’irai certainement pas acheter le bouquin de Véran, mais comme je suis curieux, j’essaierai de me le faire prêter pour me faire une idée « éclairée » sur le personnage. Je doute cependant que comme certains le pensent ici, il ait eu le temps pour écrire, et que cette prose a été pondue par son « nègre ». Autre hypothèse, il a bien écrit lui-même ce bouquin pendant que son « nègre » imposait les règles sanitaires à sa place?
      De toutes façons, je n’irais pas déposer un commentaire chez Amazon sur un bouquin que je n’aurait pas lu!

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