XXIe siècle : la grande transition démographique

Nous sommes à la veille de la plus grande transition de l’histoire de l’humanité.

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XXIe siècle : la grande transition démographique

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 6 septembre 2022
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Un accord quasi-unanime existe sur le diagnostic : la population humaine va diminuer. Les désaccords ne portent que sur le moment précis. Deuxième moitié du XXIe siècle ou XXe siècle ? Cette question de spécialiste intéresse les politiciens, qui se limitent en général au court terme.

Mais le plus important est de prendre conscience du caractère inéluctable de l’évolution qui s’amorce.

 

Les évolutions mondiales

Sans doute y a-t-il de grandes différences entre les continents. Mais globalement, tous les indicateurs vont dans le même sens et pointent vers une réduction très nette de la population mondiale à l’avenir. Selon l’INED (Institut national d’études démographiques), la population humaine a évolué de la façon suivante depuis l’an 0 :

Évolution de la population mondiale de l’an 0 à nos jours

 

L’INED, prudent, indique un ralentissement très net de la croissance dans la seconde moitié du XXIe siècle. L’ONU prévoit plusieurs scénarios, allant du ralentissement de la croissance à la diminution de la population mondiale. Une étude récente des économistes de HSBC, analysée par Les Échos, anticipe une baisse dès le milieu du XXIe siècle car le taux de fécondité (ou de fertilité) est en net recul sur tous les continents. Cette étude imagine une diminution de moitié de la population mondiale, qui passerait à 4 milliards de personnes à la fin du XXIe siècle. Il s’agit d’une analyse parmi beaucoup d’autres. Mais il faut remarquer que le graphique suivant de la Banque mondiale conduit à une baisse de la population dès le milieu du siècle si la tendance à la baisse du taux de fertilité se poursuit :

Évolution du taux de fertilité de la population mondiale de 1960 à 2020

(Le taux de fertilité ou de fécondité est le nombre d’enfants par femme pendant sa période de fertilité)

 

Il faut une moyenne de 2,1 enfants par femme pour assurer la stabilité de la population. De 5 en 1960, le taux a chuté à 2,4 en 2020, permettant encore une croissance de la population mondiale. Mais la diminution du taux se poursuit d’année en année et il est clair qu’en prolongeant la courbe, il serait inférieur à de 2,1 en 2050. Le taux était en effet de 2,7 en 2000 ; 20 ans plus tard, en 2020, il est de 2,4 ; il voisinerait donc 2,1 dès 2040. Un ajustement linéaire sur la période 2000-2020 conduirait à peu de choses près à ce chiffre.

La population mondiale commencerait alors à diminuer, mais très inégalement selon les continents. L’Afrique, par exemple, conserve des taux de fertilité très élevés (par exemple 4,4 pour le Cameroun), mais en baisse constante. L’Europe verrait sa population diminuer fortement (taux de fertilité UE en 2020 : 1,5) sauf immigration massive en provenance d’Afrique en particulier.

Ce sujet brûlant est éludé par les politiciens ou traité de façon démagogique et électoraliste en évoquant un « grand remplacement ». Sauf événement majeur (guerre nucléaire mondiale, catastrophe climatique de grande ampleur, pandémies récurrentes et sévères), il est tout à fait certain qu’une Europe à la population vieillissante fera face à une Afrique à la population très jeune dans la seconde moitié du XXIe siècle.

 

Diminution de la population signifie vieillissement

Lorsqu’une population diminue, le nombre de naissances par an devient plus faible que le nombre annuel de décès. Le nombre de personnes âgées augmente. Le vieillissement ne peut pas se poursuivre pendant de nombreux siècles car il aboutirait à l’extinction de l’espèce.

Il s’agit donc de trouver une stabilité approximative avec une natalité équilibrant la mortalité. Les démographes parlent de transition démographique. Nous sommes à la veille de la plus grande transition de l’histoire de l’humanité. Après une croissance exceptionnelle de presque trois siècles (un milliard d’humains en 1800, 8 milliards aujourd’hui) et une baisse importante à la fin du XXIe siècle et au XXIIe siècle, il s’agira de retrouver la stabilité avec une population beaucoup plus âgée.

Avec de fortes disparités selon les continents (l’Afrique étant le continent le plus jeune) l’âge médian croît inéluctablement et pourrait avoir doublé à la fin du siècle.

 

Une étape nouvelle

L’humanité va donc aborder au XXIe siècle une étape entièrement nouvelle de son histoire.

Comme le montre le graphique de l’INED ci-dessus, la croissance de la population humaine fut constante, avec une accélération très forte à partir du XIXe siècle, liée principalement aux progrès de l’hygiène et de la médecine. Mais la croissance extrêmement rapide des deux derniers siècles est évidemment insoutenable sur le long terme et par conséquent, elle ne pourra pas se poursuivre. Voilà une certitude absolue.

L’humanité devra donc poursuivre son chemin avec une population beaucoup plus âgée. Dans l’équilibre démographique ancien, la natalité était élevée (six enfants par femme en moyenne), mais l’espérance de vie à la naissance était faible (20 à 25 ans) par suite d’une mortalité infantile (avant l’âge de un an) extrêmement élevée. L’équilibre démographique futur reposera sur une natalité faible (autour de 2,1 enfants par femme) et une espérance de vie à la naissance très élevée (plus de 70 ans, voire 80 ans).

En 2020, 9,3 % de la population mondiale était âgée de plus de 65 ans (INSEE). Mais ce taux atteignait déjà 22 % en France et 30 % au Japon. On connaît les problèmes de financement des retraites et de la dépendance des personnes âgées dans les pays riches et vieillissants. Ils deviendront mondiaux. Et ce n’est qu’un exemple des défis à affronter. Ce monde de vieux devrait être celui de la sagesse. Mais rien n’est moins sûr.

 

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  • Une lecture attentive des « pyramides des âges » nous renseigne sur les 60 à 70 ans à venir (les naissances ont eu lieu). Apriori, seuls certains économistes s’en préoccupent. Au niveau mondial, la consolidation est difficile en raison du manque de données de certains pays « défaillants », mais globalement, il est « assez » facile de prédire la décroissance à la fin de ce siècle. Toutefois, les disparités entre continents, les différentes politiques de natalité (en particulier celle de la Chine concernant l’enfant unique, mais pas que) ont entrainé des distorsions qui induiront des migrations qu’aucun pays n’a anticipé. Pour l’instant quelques technocrates pensent qu’ouvrir certaines frontières va pallier au manque de main d’oeuvre, sans tenir compte des qualifications requises pour maintenir une économie productive et efficace (que ce soit dans les pays d’origine comme de destination). Des territoires comme Mayotte ou Haïti, nous montre le résultat des attirances artificielles, avec toutes les conséquences. Il faut impérativement repenser nos équilibres de vie/travail, alors la vie est-elle un « avantage acquis » ?

  • J’ai oublié : la transition écologique à côté de la transition démographique c’est comment dire « du pipi de chat ».

  • Cela reste à démontrer. Certaines religions comme l’islam s’opposent à la contraception, l’éducation des femmes (et donc leur autonomie décisionnelle en la matière). La tolérance actuelle peut disparaître du jour au lendemain comme le montrent certains mouvements politiques qui ont eu lieu lors des printemps arabes et qui avaient amené au pouvoir des mouvements islamistes qui attendent aujourd’hui leur heure pour revenir.
    Bien sûr la civilisation européenne va disparaître, disparition souhaitée par l’écologie qui recherche une décroissance que seule l’Europe met en œuvre.
    Mais ni l’Afrique, ni le monde musulman n’est dans ce référentiel. L’Inde n’est pas non plus en décroissance démographiques et contrairement à la Chine, n’a pas décidé de la politique de l’enfant unique : ainsi, ce n’est pas dans l’esprit de sa population.

    -1
    • il n’y a qu’en Afrique Subsaharienne que la population continue sa croissance. Du Magreb à l’Iran, la natalité des pays musulmans chute également (même si elle reste encore aujourd’hui au dessus de celle de l’Europe, au environ du taux de remplacement).

    • Vous réagissez comme si les États avaient le moindre pouvoir de décision sur le sujet. En pratique, leur capacité est faible : ils peuvent forcer la transition démographique à se faire, par le biais de législations très dures (Chine), ils peuvent aussi l’adoucir grâce à un accompagnement à la parentalité (cas de la France, qui est un modèle dans ce domaine). Mais relancer une natalité défaillante, vous pouvez demander au gouvernement chinois actuel, aucun gouvernement n’a pour l’instant réussi à le faire.

      Concernant l’Inde, ce n’est peut-être pas « l’esprit de la population », mais quand la mortalité baisse, esprit ou pas, la natalité baisse aussi – encore plus quand les femmes travaillent. L’évolution du taux de natalité en Inde est éloquente sur ce point.

      Je vous rejoins sur un point : les religieux intégristes, en refusant la contraception, auront une natalité plus élevée que les autres. Un exemple éloquent de ce problème se trouve en Israël. Ça posera clairement des problèmes dans un futur relativement proche, mais même l’intégrisme a une fin, qui peut affirmer que tous ces enfants suivront forcément les traces de leurs parents ? Après tout, les européens actuels descendent aussi de « religieux intégristes ».

      -1
      • @anagrys je vous au suivi jusqu’à la bizarre dernière phrase , à moins que vous ne fassiez référence aux athées intégristes de la terreur révolutionnaire ? Ne pensez vous pas que la tentation de l’intégrisme existe dans tout système de valeurs ? L’intégrisme c’est la certitude de détenir « la » vérité dans un schéma de valeurs , d être dans une quête absolue de pureté en ne dérogeant à rien et de vouloir imposer ce régime jockey à tous les autres . Qu’en pensez vous ?

  • Pas besoin de théories, Une courbe exponentille méne irrémédiblement a une catastrophe, Un accident dans la courbe, car elle est impossible tenir. (Le monde, autour de cette courbe, autour , le reste, n’est pas exponentiel)
    « Diminution de la population signifie vieillissement »
    Absolument Pas, le grand remplacement la ou il se produit en ce moment se traduit par un rajeunisement fulgurant, agresseurs de 14 ans sur agréssé de 89 ans.

  • Bravo pour cet article que j’attendais depuis longtemps ! Bravo aussi pour une partie des commentaires, plus sérieux que d’habitude (pardon !). Revoir : https://www.yvesmontenay.fr/2022/05/01/comment-la-demographie-bouleverse-le-monde/
    Pour les autres commentaires, l’Inde vient de passer les deux enfants par femme, donc le nombre de parents va diminuer d’autant dans 20 à 40 ans, donc la population diminuera (sauf provisoirement si l’espérance de vie augmente massivement). Par ailleurs l’islam n’est pas spécialement nataliste, contrairement à une croyance enracinée … Y compris chez les islamistes. Ce qui est nataliste, c’est la population rurale où l’enfant ne coûte rien, surtout s’il n’est pas scolarisé. C’est le cas par exemple du Sahel. Enfin même si la population est jeune et augmente, le vieillissement augmente, ce sont deux phénomènes relativement indépendants.

  • Heureusement que la croissance démographique se ralenti :
    Au taux actuel d’augmentation de la population mondiale c’est à dire environ 1,11 %, il faut 8600 ans pour que la masse de l’humanité (70 kg par personne) soit égale à la masse de l’Univers visible – oui oui, l’ensemble de toutes les galaxies de l’univers en 8600 ans !
    Pour ceux qui doutent de la puissance des exponentielles peuvent se rappeler de la fable de l’invention des échecs (et il n’y avait que 64 cases, pas 8600) ou visionner cette vidéo :

    -1
  • Les adultes consacreront une plus grande partie de leurs ressources à leurs anciens, et une bien plus faible à leur progéniture. Et après ?
    Mais bien entendu, il est impératif de laisser se développer la capitalisation pour la prévoyance de ses vieux jours afin de faciliter la transition.

  • D’après moi, cette grande transition démographique représente plutôt un désastre qu’une chance. La France par exemple, a des ressources agricoles (si correctement exploitées, cad non « bio ») pour nourrir bien plus que sa population actuelle. L’augmentation de l’age moyen signifie aussi l’augmentation de la charge des retraites, une baisse de productivité liée à l’age des travailleurs, une augmentation de taxes (ou charges) sur les actifs. Et ce couplée avec une croissance moindre, un progrès technologique plus lent.
    Et j’ai bien peur qu’une solution au problème soit déjà trouvée et mise en pratique par certaines civilisations: esclavage et abêtissement des femmes pour produire plus d’enfants. L’auteur évoque Israel. Là bas, ils sont bien conscients qu’il leur faut avoir beaucoup d’enfants pour ne pas être submergés par les arabes. D’un point de vue darwien, c’est actuellement les pays les moins démocratiques, les plus intégristes qui gagnent. On pourrait bien se diriger vers un age sombre comme il y en a eu régulièrement dans l’histoire.

  • La démographie est une des forces puissantes de notre monde. L Afrique sub saharienne est le continent jeune du présent. Va t elle à son tour se réveiller ? Va t elle vivre une dévastatrice guerre intestine ? Va t elle vivre une croissance technologique / industrielle ? Ses habitants , comme l’ont toujours fait les jeunes nations, vont ils déferler sur les vieux pays cacochymes ? Peut être un peu tout à la fois .

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