Gloria Alvarez : « Trouvez le candidat qui s’aligne le mieux sur les libertés ! »

Un entretien avec Gloria Alvarez, l’influenceuse libérale la plus connue dans le monde (seconde partie).

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Gloria Alvarez : « Trouvez le candidat qui s’aligne le mieux sur les libertés ! »

Publié le 9 août 2022
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La première partie de l’entretien avec Gloria Alvarez, dirigé par Raphael Krivine, est ici.

 

En France, il y a un débat sur le protectionnisme. Dans les années 1990, au siècle dernier, nous étions en faveur du marché libre, de la loi de Ricardo. Mais aujourd’hui, notre industrie ne représente plus que 12 % de l’économie. Sommes-nous allés trop loin, en faisant le choix d’acheter des produits industriels à des pays qui n’utilisent pas les mêmes règles ? Quelle est votre position ?

Permettez-moi de faire une comparaison avec les femmes. Si je voulais être une femme libérée qui parle de ses idées, devrais-je attendre que chaque femme musulmane se libère d’un mari abusif ou qu’une fille indigène au Guatemala n’aille pas à l’école parce que sa famille dit que les femmes ne devraient pas être éduquées ?

Si toutes les femmes du monde doivent attendre que chaque femme de la planète se libère et coupe ses chaînes, aucune d’entre nous ne serait libérée. Il n’y aurait jamais eu d’Amelia Earhart ou n’importe quelle femme à laquelle je peux penser qui a coupé ces chaînes. Donc je ne crois pas à l’argument selon lequel je dois attendre que chaque pays soit libre pour que mon pays le soit. Comme par exemple Venise, qui était une région libre, un havre de paix pour les scientifiques alors que le reste de l’Europe connaissait des guerres de religion. Si vous continuez à octroyer des aides sociales, vous aurez toujours des immigrants qui, au lieu d’avoir la mentalité de travailler et de s’adapter à une culture libre, créeront une niche de leur propre culture oppressive en Occident. Et j’ai eu cette discussion, par exemple, avec des gens du Parti Populaire d’Espagne.

À ceux qui s’inquiètent des immigrés africains et des musulmans qui viennent avec ces idées horribles de charia pour les femmes et de privation de liberté, j’ai répondu : mais si vous vous débarrassiez de l’aide sociale ? Dans ce cas ces personnes n’auraient aucun intérêt à se déplacer en Europe. C’est la différence majeure avec les migrations du XIXe siècle… Ce n’est pas qu’il s’agissait de personnes blanches qui savaient mieux se comporter. C’est juste qu’il n’y avait aucune forme d’aide sociale. Ainsi les Polonais qui ont migré aux États-Unis se sont adaptés. Les Italiens, les Juifs, peu importe.

Mais le problème aujourd’hui avec l’immigration, c’est que vous migrez vers des pays qui vous disent « nous offrons cette aide sociale, nous vous acceptons tels que vous êtes, et si vous commencez à mettre en œuvre une idéologie anti-liberté, nous serons d’accord avec cela et vous n’aurez aucune répercussion ». La dame du Parti Populaire m’a rétorqué : « Mais nous, en tant que parti de droite, nous ne pouvons pas proposer de nous débarrasser de l’aide sociale parce que nous perdrions des voix » et j’ai répondu que le problème, c’est que les partis sont plus intéressés par le pouvoir que par les bonnes mesures qui permettraient de résoudre les problèmes.

Parce que même la droite, surtout en Europe, ne veut pas de marché libre, de frontières ouvertes. Elle soutient le protectionnisme, les tarifs douaniers, davantage de barrières pour le tiers monde et elle ne veut pas se débarrasser de son bien-être. C’est ce qui crée ce problème d’immigration.

 

Quels sont vos arguments pour convaincre les jeunes séduits par l’État-providence ?

La liberté ne garantit pas que vous prendrez toujours la meilleure décision, elle garantit simplement que personne d’autre ne prendra cette décision pour vous. Et je pense que les jeunes apprécient la liberté de choisir et même de faire des erreurs, car ce n’est qu’à partir d’erreurs et d’échecs que l’on peut avoir du succès. De plus en plus de jeunes y attachent de l’importance.

La pandémie les a également frappé durement, notamment sur le plan psychologique. Le taux de suicide a augmenté. C’est la première cause de décès parmi la population de moins de 30 ans et tout cela a été vendu à travers un faux sentiment de sûreté et de sécurité. Non seulement les gens disent « donnez-moi de la sécurité et je vous donnerai ma liberté », mais ils ont aussi accepté le discours de la sécurité. Ils sont malheureux et ils décident de mettre fin à leur vie.

Il y a quelques jours, Elon Musk a tweeté que « vendre la peur aux gens est le chemin de la tyrannie…« . Et ce que je dirais aux jeunes, c’est que le discours conservateur et le discours socialiste vous vendent tous deux de la peur. Les conservateurs disent que « si nous ouvrons les frontières et que nous avons des marchés libres, vous allez être envahis par des mentalités et des idées horribles » et les socialistes vous disent que si vous laissez tout au marché libre, tout va être un désastre et que les pauvres vont rester pauvres.

Elon Musk classement des milliardaires
Sheyene Gerardi spacex ELon Musk BY Telenovela Foro (CC BY-NC-ND 2.0)

Alors que ma proposition est le contraire !  Je ne vous vends pas la peur, je vous dis juste qu’au moins la liberté garantit que personne d’autre ne prend les décisions pour vous, mais je n’ai pas besoin que vous soyez en mode peur pour fonctionner. La liberté a besoin de vous dans un mode inspirant, dans un mode audacieux de faire des erreurs, et tout ira bien. Alors, que choisissez-vous ? Voulez-vous choisir l’option de la peur ou voulez-vous choisir l’option de la liberté, des chances ? C’est un bon début pour les jeunes, d’autant plus que tout le monde en a assez de la politique en général. Tout est comme un pendule. Nous repartons comme il y a 100 ans. La vieille droite devient plus la vieille droite et la gauche devient plus extrême. Et quand il y a des extrêmes, il y a aussi une opportunité pour un peu de bon sens.

Je crois aussi, et je le dis aux jeunes, qu’il n’est pas nécessaire d’avoir tout le monde à bord pour faire des changements. Les majorités ne changent rien. Margaret Mead dit que ce sont toujours les petits groupes qui changent le monde. C’est vrai. Nous vivons grâce à des géants comme Isaac Newton ou Elon Musk ou Steve Jobs, beaucoup de génies qui avaient la liberté de penser, de commettre des erreurs, d’expérimenter et de faire de la science, alors que la majorité de la planète n’a jamais rien créé mais profite de la liberté qu’elle a obtenue. La dernière chose que j’ai à dire aux jeunes, c’est que parce qu’ils ne lisent pas l’histoire, ils imaginent qu’ils vivent dans la pire des époques, que l’humanité n’a jamais été aussi mauvaise. Non, allez voir les prédictions des jeunes qui condamnent le monde et qui ont toujours existé dans la Grèce antique ou à Rome.

Partout dans l’histoire, vous allez trouver ce pessimisme. Lorsque vous donnez cette perspective aux jeunes, ils commencent à apprécier la liberté, au-delà des marchés libres et des données économiques et peuvent tendre vers un sentiment d’intelligence émotionnelle et d’estime de soi que la liberté procure.

 

Quelle est votre conception du féminisme ? Par exemple, êtes-vous en faveur des quotas ?

Pas du tout. Beaucoup de femmes socialistes ont gouverné l’Amérique latine et cela a été un désastre. Je préfère que des hommes transgenres, gays, hétérosexuels libéraux ou libertaires gouvernent plutôt qu’une femme socialiste. Alors quelqu’un comme Margaret Thatcher ? Oui, bien sûr ! Je ne vous soutiens pas à cause de vos organes génitaux… Je vous soutiens si vous avez des idées libertaires ou libérales.

Margaret Thatcher
Margaret Thatcher By: Rachel ChapmanCC BY 2.0

Si vous étiez présidente, quelles seraient vos décisions durant vos 100 premiers jours ?

En bref, les cinq points non négociables de ma campagne présidentielle sont :

1) la décentralisation fiscale, 2) l’anéantissement du syndicat de l’éducation et de celui de la santé. Et à la place de cela, mettre en place le système de chèques éducation et le système de retraite individuelle pour les travailleurs. 3) Je mettrais également en place un impôt unique et 4) je supprimerais les 14 secrétaires et les 15 ministères que compte actuellement le Guatemala et les regrouperais en quatre. 5) Enfin je consacrerais 50 % des taxes à la justice et à la sécurité.

 

En France, nous aurons une élection présidentielle dans 10 semaines. Que diriez-vous aux Français qui vont bientôt voter ?

Essayez de trouver le candidat qui s’aligne le mieux sur les libertés que vous voulez préserver et défendre. Certaines personnes se demandent : « qu’est-ce que le candidat m’offre ? » Non. Si vous avez des principes et des opinions bien trempés, la question est de savoir qui s’aligne le mieux sur ce que vous défendez… au lieu de vous interroger pour savoir qui est le plus charismatique ou le plus convaincant.

 

Portrait chinois

Vos modèles féminins parmi les penseurs de la liberté ou les politiciens ?

Pour des raisons pragmatiques, j’aime Margaret Thatcher ; pour des raisons philosophiques, j’aime Ayn Rand (qui manquait d’intelligence émotionnelle au-delà de sa philosophie). Mais je pense que pour le XXIe siècle, nous devons moderniser ces deux modèles.

Vos modèles masculins parmi les penseurs de la liberté ou les politiciens ?

J’aime beaucoup Frédéric Bastiat. J’aime le travail de John Stossel. J’admire également le travail de Ron Paul et de Spike Cohen, le vice-président du parti libertarien.

Les livres que vous emporteriez sur une île déserte ?

Sur une ile déserte ? J’aurais besoin de La Loi de Bastiat, car on a toujours besoin d’une loi !  Je combinerais la philosophie du libertarianisme avec des notions plus futuristes. Par exemple, si nous créons la vie sur Mars ou d’autres planètes, quels seraient les principes à mettre en œuvre en tant que société humaine ? Je prendrais donc Cosmos de Carl Sagan. Je prendrais aussi des ouvrages sur les neurosciences.

Les derniers livres que vous avez lus ?

Une brève histoire des drogues d’Antonio Escohotado, l’un des plus importants penseurs classiques libéraux et libertaires d’Espagne, récemment décédé. Et je lis aussi 21 leçons pour le 21e siècle de Yuval Noah Harari.

Les applications que vous consultez le plus souvent sur votre téléphone ?

Twitter et Instagram

Votre chanson préférée du moment sur votre playlist ?

Politik de Coldplay

Vos sports préférés ?

Le yoga tous les jours + beaucoup de vélo et j’aime tout ce qui touche à la nature comme la randonnée ou l’escalade…

 

Gloria Alvarez Alvarez in Mexico interviewed by Contrepoints (02/02/2022)

Cet article est un replay en version française de cette interview

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  • « Essayez de trouver le candidat qui s’aligne le mieux sur les libertés que vous voulez préserver et défendre »

    Ouai, plus facile a écrire qu’a faire! Quand on a 12 candidats de gauche, et 0 de l’autre coté…

  • Les commentaires sont fermés.

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