L’Occident n’est pas en déclin

Historiquement l’Occident a été le principal pourvoyeur de la vie intellectuelle mondiale.

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L’Occident n’est pas en déclin

Publié le 21 juillet 2022
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En 2016, j’écrivais que « le refrain du déclin en Occident est injustifié » et cet article n’a pas pris une ride. Six ans après, je constate de nombreuses confirmations, malgré la pandémie et la guerre de la Russie à l’Ukraine.

Les échecs américains au Moyen-Orient, succédant aux considérations sur le poids de la Chine dans le monde, ont relancé l’idée d’un déclin occidental. À tort, car cette formule cache l’évolution réelle du monde.

Précisons d’abord que l’Occident est un ensemble intellectuel, économique et militaire rassemblant l’Europe occidentale et centrale, la plus grande partie des deux Amériques, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Israël. Et maintenant le Japon.

Discutons les arguments démographiques, économiques et culturels qui sont en général avancés.

 

La démographie

Certes, la proportion de la population occidentale dans le monde décroît. Mais c’est également le cas pour la Chine et la Russie. Ce sera après-demain le cas de l’Inde, où s’étendent les zones de faible fécondité.

Donc, démographiquement, l’Occident n’est pas remplacé par l’Asie, mais l’Asie et l’Occident sont bousculés par l’Afrique. Or cette dernière n’est pas un rival économique, militaire ou culturel de l’Occident. Sa poussée démographique n’est en rien un déclin de l’Occident.

L’économique et le militaire

Le déclin occidental serait-il économique ? Après s’être inquiété de la croissance, maintenant terminée, du Japon et autres tigres asiatiques, on craint maintenant celle de la Chine. Or son rattrapage, très réel mais facile, se termine et l’étape suivante sera lente et difficile.

Son régime autoritaire freinera inévitablement les innovations au bénéfice de grands travaux permettant de bonnes affaires entre relations politiques, d’où la masse des infrastructures et industries en partie inutiles.

Rajoutons qu’avec 22 % de la population mondiale, il est normal que la Chine retrouve une certaine place dans l’économie mondiale : ce n’est pas non plus, au contraire, une cause de déclin économique pour l’Occident.

N’oublions pas que tous les pays copient systématiquement l’Occident pour se développer. Pas seulement en lui prenant, voire en lui volant, des recettes techniques, mais aussi des formes d’organisation juridiques, managériales et éducatives. Ce n’est pas un signe de déclin.

Alors l’Inde ? Elle est profondément paralysée ethniquement, religieusement, socialement et bureaucratiquement. La retraite des vaches y est mieux assurée que celle des paysans, les frontières fiscales entre états fédérés compliquent le commerce, les routes électricité manquent…

Elle va enfin mieux, sera probablement un client prenant de l’importance, mais est très loin d’être une nouvelle Chine.

L’Afrique ? Ce futur géant démographique a un poids économique extrêmement faible, malgré quelques signes encourageants.

En face, l’Occident reste très créatif et économiquement attirant pour les investisseurs et les entrepreneurs du reste du monde. Son niveau de vie est de très loin le plus élevé.

Les États-Unis y puisent les ressources d’un budget militaire qui est 4 fois celui de la Chine et 10 fois celui de la Russie. Les erreurs de gestion économique ou de stratégie militaire le font parfois oublier.

 

Le culturel

Reste le domaine culturel, qui nous paraît déterminant, y compris économiquement, par la liberté individuelle, politique et religieuse qu’il permet, l’effervescence intellectuelle qui en découle, et notamment son autocritique permanente qui est une grande force.

Il ne s’agit pas seulement des industries culturelles des médias et du divertissement. C’est certes important, notamment pour les États-Unis et leurs champions (Hollywood, Facebook, Amazon …) à qui cela apporte une influence certaine. Pas de déclin occidental dans ce domaine.

Il s’agit de bien davantage : l’Occident est un produit unique et complexe. Philippe Nemo l’a bien décrit dans son ouvrage Qu’est-ce que l’Occident ? : la combinaison de la Grèce classique, du juridisme romain, d’une vision du monde bouleversée par le christianisme des premiers temps, puis par la révolution papale, la Renaissance, le protestantisme et les Lumières, tout cela menant à la démocratie libérale, cadre permettant une vie intellectuelle libre et innovante. L’Occident n’aurait pas eu besoin du colonialisme pour s’implanter, il est choisi par les populations dès lors que le contact avec l’étranger est possible. Il est symétriquement honni par les dictateurs ou les traditionalistes, et notamment les islamistes. Les accusations d’impérialisme et de décadence leur sont commodes pour tenter de contrer cette influence.

Le Japon a rejoint l’Occident car c’est une démocratie libérale où les individus, et pas seulement les techniques s’y sont occidentalisés. En Chine, régime autoritaire, le pouvoir fait tout pour éviter l’occidentalisation des individus, notamment en filtrant Internet, et en envoyant les « contaminés » en prison.

Les langues contribuent à diffuser l’Occident : l’anglais, le français, l’espagnol, le portugais sont pratiqués dans une très grande partie du monde, tandis que le mandarin et le hindi, malgré leur grand nombre de locuteurs, restent des langues régionales. Et rappelons que si l’Afrique prend un poids démographique croissant, ses capitales culturelles sont Paris, Londres ou New York. Ce n’est pas du néocolonialisme, ce sont des opportunités que nous apportons à ce continent.

Bref, peut-on parler d’un déclin de l’Occident alors que c’est le monde qui s’occidentalise ?

 

2022 : le déclin de l’Occident reste très relatif

Le déclin démographique est partagé

La démographie est le domaine où les prévisions sont les plus sûres à moyen terme. Il n’est donc pas étonnant que mes prévisions de 2016 se soient largement réalisées.

La diminution de la population chinoise se précise, la dernière estimation de la fécondité étant de 1,2 enfant par femme. Le fait nouveau est que le président Xi en a pris conscience et pousse les femmes à rester au foyer et à enfanter, ce qui par ailleurs va accentuer la diminution de la population active !

La fécondité de l’Inde est passée sous le seuil des deux enfants par femme, mais la population va continuer à croître assez longtemps du fait du grand nombre de parents nés il y a quelques décennies.

La population indienne est donc en train de dépasser celle de la Chine comme prévu. C’est un événement symbolique sans conséquences concrètes, mais qui sera politiquement exploité par l’Inde.

La crise démographique de l’Europe orientale s’est confirmée, comme annoncé lors de ma conférence à Grenoble, mais là aussi, une prise de conscience a eu lieu et les entreprises font venir des immigrants du monde entier, tandis que les jeunes européens partent massivement pour l’Allemagne.

La crise est analogue en Europe du Sud et notamment en Italie.

Finalement, en démographie, il y a bien une diminution du poids de l’Occident, mais aussi une diminution encore plus sévère de l’Asie de l’Est et du Sud-est.

C’est l’Afrique subsaharienne qui prend du poids. Va-t-elle continuer son début d’occidentalisation ? La Russie, la Chine et la Turquie font le maximum pour l’attirer.

Économie : confirmation des problèmes chinois

La réaction à la pandémie est intéressante.

La crise sanitaire a mis en valeur la capacité d’innovation occidentale pour les vaccins produits en un temps record. Certes, il y a eu des vaccins russes et chinois, mais ils sont classiques et moins efficaces… ce qui explique que la Chine donne priorité au confinement, sa population étant moins bien couverte.

La pandémie a également accéléré la prise de conscience des faiblesses chinoises et donc les conclusions à en tirer sur les chaînes d’approvisionnement, ce qui à terme pèsera sur la croissance chinoise, déjà menacée d’autres façons.

J’écris « accéléré la prise de conscience », car cette dernière avait déjà commencé avec le constat de la reprise en main des entreprises, étrangères comprises, par le parti communiste chinois, la méfiance envers le capitalisme, le pillage technologique et le refus de l’examen des comptes des entreprises chinoises cotées à l’étranger.

La méfiance s’est accentuée avec la répression à Hong Kong, haut lieu de l’économie libérale mondiale.

Ces dernières années ont donc confirmé que le déclin économique de l’Occident était tout relatif.

Certes, les pays à gouvernement sérieux, autocratiques ou non, font des rattrapages économiques parfois spectaculaires. Mais c’est normal ! Les technologies et les modes d’organisation occidentales se copient très vite dans les parties plus ou moins libérales des économies, ce qui est une occidentalisation.

Les Chinois en sont conscients et tentent de se persuader que leur développement va pouvoir s’en passer. Ce n’est pas mon avis, comme le montre l’exemple du Japon et de la Corée du Sud.

Un jour prochain, la Chine devra choisir entre s’isoler de l’Occident et se développer.

En effet, dès qu’une politique autocratique apparaît, c’est le plafonnement ou la dégringolade, comme l’illustrent les confinements chinois et l’éclatement de la bulle immobilière et des infrastructures. Cette bulle est financée au-delà du raisonnable par les multiples politiques de relance dès que la croissance faiblit, ce qui, par ailleurs, enlève tout sens au taux de croissance affichés.

Les autocraties ont longtemps profité de la croyance d’une partie des Occidentaux au doux commerce, théorie soutenue par des idéalistes (chacun, grâce au commerce, va coopérer avec l’étranger) mais aussi par les milieux d’affaires qui y voyaient un prétexte pour ne pas tenir compte des environnements politiques.

Cette théorie avait un poids important, notamment en Allemagne. D’où sa « faiblesse » face à la Russie et à la Chine, pays considérés comme des partenaires économiques en se voilant la face sur la menace géopolitique.

Cette théorie du doux commerce est en train de s’affaiblir en Occident, au vu du comportement de la Chine et de la Russie, et de bien d’autres pays. Vu d’en face, c’était une naïveté qui s’ajoute à d’autres manifestations de la « décadence occidentale ».

 

La décadence proclamée de l’Occident

Les dictateurs sont d’autant plus persuadés de la décadence de l’Occident que la diplomatie occidentale passe une partie de son énergie à des questions perçues par les dictatures comme futiles, voire  incompréhensibles et de toute façon décadentes.

En effet les démocraties sont électoralement obligées de suivre l’évolution des idées de leurs citoyens qui manifestent de nouvelles exigences telles que par exemple le respect du bien-être animal, des droits des LGBT, la personnalité juridique conférée à certains objets (fleuves…), la vie ou la liberté de certains individus, le respect des civils en cas de guerre… Tout cela est bien loin d’une autorité « virile » déjà vantée par Hitler et reprise par nombre d’autocrates aujourd’hui. Bref les Occidentaux sont perçus comme des dégénérés.

Lorsqu’un de ces sujets est abordé lors d’une réunion internationale, imaginez ce qu’en pense Poutine ou un dictateur africain qui a des affaires concrètes à régler : conflits intérieurs ou extérieurs, achat d’armes, besoin de renflouer ses finances…

Mais ces haussements d’épaules des dictateurs n’empêchent pas que leurs peuples n’en pensent pas moins.

Ils se révoltent contre les autocrates, militaires ou non, comme au Soudan ou au Sri Lanka aujourd’hui. Les peuples se sont également soulevés pendant le Printemps arabe ou l’une des 1000 révoltes chinoises locales, vite étouffées, contre un abus de l’administration locale dans l’affectation de terres, les expulsions, la tolérance officielle des pollutions aiguës… toutes choses faciles en autocratie et difficiles en démocratie.

 

Un Occident qui s’autoflagelle

Les autocraties regardent avec délectation les fêlures ou divisions de l’Occident, qu’ils présentent à leurs peuples comme autant d’illustrations des méfaits de la liberté d’opinion et de comportement.

Les exemples de ces autoflagellations sont innombrables.

Je me bornerai ici à celui du wokisme et autres indignations contre « la domination blanche » (coloniale, sociale…), mélange de « compensation psychologique » pour non-Occidentaux et d’autocritique occidentale.

Mais l’autocritique est justement un point fort de l’Occident : voyez l’autosatisfaction des dictatures et les erreurs qu’elle entraîne par exemple en Russie s’agissant de l’Ukraine.

 

Le cas extrême de la guerre à l’Ukraine

La guerre de la Russie à l’Ukraine est l’un des principaux faits nouveaux survenus depuis mon article de 2016.

Il illustre la méconnaissance, mêlée de mépris, des dictatures face à l’Occident.

L’Ukraine devait s’écrouler rapidement, il suffisait de prendre le palais gouvernemental de Kiev, les Ukrainiens n’oseraient pas s’opposer aux nouvelles autorités, et les Occidentaux, minés par leur décadence et leurs divisions intérieures, ne réagiraient qu’en paroles.

Ça ne s’est pas passé ainsi, et la Russie s’essouffle à réapprovisionner ses troupes en hommes et en munitions et à cacher la réalité à sa population.

L’autoritarisme poutinien s’est peu à peu transformé en dictature, et l’évolution s’accélère pour cacher la réalité au peuple russe.

L’intelligentsia russe émigre (bon débarras, pense Poutine) ou se tait, les entreprises occidentales s’en vont, et tout cela n’augure rien de bon pour la Russie dans quelques mois.

 

L’Occident reste un modèle extraordinaire, et qui recrute

Historiquement l’Occident a été le principal pourvoyeur de la vie intellectuelle mondiale.

Je laisse de côté les productions intellectuelles religieuses du monde entier pour rester en géopolitique et signale seulement que le concept de laïcité (au sens très large, il n’est pas question ici d’entrer dans ses variantes) a permis à l’Occident de promouvoir le rôle des autres domaines intellectuels, notamment politiques, scientifiques et techniques au sens le plus large. Et de les développer considérablement au bénéfice du monde entier.

Et quand je dis « l’Occident » j’inclus les personnalités de pays très divers ayant une formation à l’occidentale.

Cette formation comprend la notion de libre débat, avec ses déclinaisons philosophiques, politiques, économiques et scientifiques, libre débat qui paraît être une faiblesse pour les autocraties, mais qui est une force à long terme.

Cette formation s’est diffusée dans le monde entier, notamment par un enseignement supérieur s’inspirant de modèles européens et américains.

Aujourd’hui l’Occident n’est plus seulement l’œuvre des Occidentaux

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  • Bien sur que l’Occident est en déclin. Lisez juste Contrepoints et vous verrez. En bref, le pouvoir d’achat, les opportunités, les libertés et la diversité d’opinions régressent alors que la pression regulatoire et la dette progressent. Il ne sert a rien de se comparer avec « l’ennemi » du jour. Cela n’améliore pas nos conditions présentes.

  • Les richesses de l’Occident se sont construites sur l’esclavage (grec, romain) et le servage (chez nous, en Russie,…) et, les 6 siècles récents, sur les génocides et les pillages impérialistes ou coloniaux. Et actuellement, l’ « Occident » s’étend grâce ou à cause des ingérences politiques comme en Ukraine ou au Sri Lanka.

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    • Les richesses de l’occident ACTUELLES sont principalement dues aux progrès industriels des deux derniers siècles. La véritable puissance d’un nation ou d’un continent se mesure dans sa maitrise technologique.
      Les colonies, si elles ont peut être enrichi certains pays avant l’ère industrielle, sont plutôt devenues des boulets de nos jours.

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    • @ PaLef : il est facile de ressasser la vulgate repentante marquée par la haine de soi, idéologie dominante dans maints pays européens et présente au Canada et aux États-Unis. C’est plus difficile de démontrer cela en argumentant sérieusement et honnêtement.
      Le problème est que les idées fausses que vous exprimez tiennent facilement en quelques lignes de style pétaradant alors que la démonstration de la validité d’une opinion nécessite bien plus de texte et ne doit pas laisser place aux « effets de style », tout cela au risque « d’ennuyer le téléspectateur ».
      Je me bornerai à énoncer quelques faits argumentés :
      1 – Avant cela, il est indispensable de préciser que je me place sur un terrain historique et non pas « moral » qui est le vôtre, lequel a souvent comme caractéristique de pratiquer continûment l’anachronisme (« le péché irrémissible en Histoire », comme l’écrivait très justement Lucien Febvre il y a déjà un siècle) : à ce compte, on peut reprocher à Jules César, responsable de la mort et de la mise en esclavage de plus d’un million de personnes en Gaule, d’avoir violé les Conventions de Genève !
      2 – La colonisation est un fait historique qui a existé de tous temps et en tous lieux sur Terre ; dès lors, sous prétexte que tout cela est du colonialisme, il est pour le moins téméraire d’assimiler des phénomènes présentant des caractéristiques très différentes, comme, par exemple, le colonialisme romain dans l’Antiquité et le colonialisme français aux XIXe et XXe siècles ;
      3 – Pour prendre le cas de ce colonialisme français, l’ouvrage magistral de Jacques Marseille (tiré de sa thèse de doctorat), « Empire colonial et capitalisme français. Histoire d’un divorce » (1984) démontre que le bilan économique de cette colonisation s’élève à 70 milliards de francs-or au PASSIF de ce phénomène ; il faut signaler que, lorsqu’il a choisi ce sujet de thèse centré sur le bilan économique de la colonisation française, J. Marseille était marxiste, voire communiste, et qu’il était décidé à démontrer que cette colonisation fut un pillage des territoires sous domination française ; mais, travaillant pendant des années sur les documents de base et faisant preuve d’une remarquable et admirable honnêteté intellectuelle, J. Marseille constata que ce n’était pas le cas et il en arriva à ce passif de 70 milliards de francs-or ;
      Alors, va-t-on demander, pourquoi la France s’est-elle lancée dans l’aventure coloniale ? Les motifs sont complexes, parmi lesquels on peut citer ;
      . la recherche de profits : ce ne fut donc pas le cas, sauf pour quelques entreprises bénéficiant souvent de complicités avec l’administration, voire les gouvernements ;
      . la recherches de points d’appui : en particulier, à l’époque de la marine de guerre à vapeur (en gros, de 1850 à 1910), il était nécessaire de se ravitailler en charbon assez fréquemment et les pays qui disposaient de « stations » de par le monde pouvaient beaucoup plus facilement déployer leur force navale sur tous les océans ;
      . la recherche de troupes (cf. l’ouvrage « La force noire » de Charles Mangin – 1910), enjeu crucial face au menaçant voisin allemand plus armé ayant une population nettement plus nombreuse et plus jeune que celle de la France : de fait, sur tous les théâtres d’opérations, les troupes coloniales représentèrent un apport important et souvent de qualité ;
      . la volonté de ne pas laisser les puissances rivales, à commencer par l’Angleterre, dominer le monde sans partage.
      Bref, si le bilan de la colonisation fut positif pour la France (encore une fois, je ne me place pas sur un plan moral mais historique), ce ne fut pas sur le plan économique mais d’autres : la doxa du pillage économique colonial n’est qu’un slogan que contredit l’étude sérieuse et honnête des faits.
      4 – Il n’y a pas eu de génocide – et surtout pas sous forme de massacres planifiés d’avance – dans les colonies françaises : il y a eu des brutalités et des massacres, notamment au Congo-Brazzaville lors de la construction (1921-1934) du chemin de fer Congo-Océan (un opposant de l’époque dit qu’il y avait « un mort par traverse posée ») ou de la concession d’immenses territoires à des sociétés qui en exploitèrent les ressources (caoutchouc) avec une férocité incontestable : tout cela fut dénoncé, notamment par André Gide dans « Voyage au Congo » (1927).
      Mais si on compare le chiffre des populations dans chacun des territoires, Algérie comprise, au moment de l’arrivée du colonisateur français et lors de son départ, les chiffres sont éloquents : on ne trouve pas l’équivalent du génocide des Indiens d’Amérique ou des Aborigènes d’Australie.
      5 – Imputer à l’ « Occident » l’actuel conflit russo-ukrainien est pour le moins simpliste : cette guerre est la résultante de plusieurs problématiques complexes, comme la volonté de la Russie de reconstituer un « glacis » et d’éviter l’implantation de l’OTAN à ses portes, la volonté des gouvernements ukrainiens de renforcer l’homogénéité de leur pays composé de territoires disparates (historiquement, linguistiquement, etc.), la politique des États-Unis visant à affaiblir la Russie, etc.
      Bref, résumer la cause des maux de l’Ukraine à un « complot occidental » est faux car ignorant l’extrême complexité de cette question.

    • L’empire turque était basé sur l’esclavage, la razia, et les colonies.. et a manqué la révolution industrielle au XIX°.
      L’occident naguère était à la traîne de la Chine qui a dominé très longtemps toute l’Asie.

  • L’Occident est la proie de deux religions conjuguées : l’écoloclimatisme et le grandegueulisme. L’une comme l’autre y font régner l’absurde au détriment du bon sens terre à terre, et la faillite économique au coin de la porte ne sera pas repoussée. La faillite intellectuelle sera sans doute moins violente, mais où sont les grands esprits qui émergeaient partout au siècle dernier ?
    Quant à la laïcité, laissez-moi rire ! Essayez de refuser de vous conformer aux croyances politiquement correctes, pour voir. Renseignez-vous sur les possibilités de financement d’un projet de recherche sans génuflexion préalable envers les gourous bureaucrates européens et américains du greenwashing.

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    • Ne faites pas votre Greta ! Critiquer la madone du catastrophisme pour verser aussi sec dans du prédictif glauque… M’enfin !
      Que les temps difficiles que nous traversons n’affectent pas les esprits matures !

      • On peut aussi voir la faillite économique comme une opportunité individuelle de tirer des marrons du feu… Et puis, l’Occident effondré, et alors ? Contrairement à l’auteur, je crois que le doux commerce bien mâtiné de furieux marchandages qui prévalait autrefois loin des cours et des fonctionnaires royaux et impériaux reviendra et apportera bien plus de bonheur que les démocraties qui se mêlent de tout. Le futur sera loin d’être aussi glauque que le présent !

        • Eh bien, je ne vous félicite pas.
          Car voilà maintenant, qu’à l’instar du premier khmer vert venu qui juge que rien ne va assez vite dans SA direction, vous fantasmez sur un monde débarrassé de la lenteur et de la méticulosité démocratiques.

  • Même s’il a aussi une connotation « politico-philosophique » (les nations ayant plus ou moins la même conception de ce que doit être la démocratie avec la liberté de penser et de s’exprimer comme principal corollaire), le terme « Occident » tend depuis quelques décennies – et de plus en plus actuellement – à revêtir une signification « diplomatico-militaire » : on pense en premier à un ensemble de pays se définissant par leur degré de « solidarité » avec les États-Unis, auxquels on reconnaît explicitement ou tacitement un magistère moral et politique, et suivant plus ou moins fortement la politique décidée par cette puissance, interventions militaires tous azimuths comprises : Afghanistan, Irak, Syrie, Ukraine, etc.
    L’appel à l’ « Occident », qui est généralement, voire exclusivement, émis par les États-Unis, exprime de plus en plus clairement la volonté de mettre en place d’une alliance permanente et approfondie, notamment dans le domaine militaire, de sorte à pouvoir intervenir ici ou là en pouvant invoquer dès le départ une « approbation internationale », sorte de chèque en blanc diplomatique au profit de la puissance qui invoque ces concepts.
    Ce n’est pas un hasard si, le 29 juin 2022, l’OTAN a officiellement indiqué que la Chine représente un « défi » pour les « intérêts » et la « sécurité » des pays de l’Alliance, dans sa nouvelle feuille de route stratégique adoptée à l’occasion de son sommet de Madrid (28-30 juin 2022) : en clair, il s’agirait de donner ouvertement et officiellement à l’OTAN un rôle mondial dont pourraient exciper les États-Unis pour convoquer leurs vassaux (pardon, leurs « alliés ») et les sommer de fournir les moyens (militaires, matériels, financiers, etc.) qui leur seront demandés (par les États-Unis, bien sûr) afin d’exécuter toute opération (définie et choisie par les États-Unis) dans n’importe quel pays.

    Il faut donc manier ce mot « Occident » avec précaution et préciser dès le départ dans quel domaine on se situe : beaucoup de personnes utilisent ce terme « Occident » sans se rendre compte de ces ambiguïtés, au risque d’être manipulées par ceux qui invoquent ce terme et les idées qu’il diffuse implicitement …

    Il serait dommage que cette utilisation préférentielle du terme « Occident » fasse oublier les réflexions « politico-philosophiques » qui sont toujours d’actualité, comme les ouvrages d’Oswald Spengler (« Le déclin de l’Occident » – 1918) ou d’André Malraux (« La tentation de l’Occident » – 1926) …

    APRÈS avoir écrit ces quelques lignes, j’ai consulté l’entrée « Occident » sur Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Occident) : le contenu est intéressant, notamment parce qu’il est politiquement équilibré et déjà fouillé et qu’il propose de multiples pistes de réflexion.

  • L’Occident est une société capitaliste, libérale et démocratique. La forme la plus aboutie des sociétés.
    Parce que, comme le disait jadis la pub VW :
    – Dans les grands bouleversements, seuls les plus intelligents survivent.

    • Ca, c’était l’Occident de 1975. L’Occident pour lequel a été abattu le mur de Berlin et qui a fait suffisamment envie aux étudiants chinois pour qu’ils occupent Tian’anmen. Avant qu’il ne prenne la grosse tête, la folie administrative kafkaïenne et l’obnubilation du climat. Tout ce qui à l’époque paraissait merveilleux, aux USA en particulier, au voyageur international, a disparu. Et qu’on nous lâche la grappe avec la démocratie qui interdit de tailler ses haies ou d’avoir un verre avec des pailles en plastique pour sa mère en Ehpad qui ne sait pas boire avec celles en papier.

  • Pour moi ce que décrit l’auteur est le modèle gréco-romano-judéo-chrétien-laïc(innovation française) . Nous sommes les héritiers de cette évolution/intégration . Ce modèle a été exporté par nos conquérants , nos scientifiques , nos commerçants, nos écrivains , nos agriculteurs, nos bâtisseurs , nos professeurs (rappelons que le réseau scolaire français fut le premier du monde par sa qualité , son coût modique et sa densité mondiale ) , nos prêtres, soeurs et moines , nos médecins, nos entreprises. L’empreinte laissée est forcément profonde et puissante puisqu’elle englobe tous les aspects de la vie . Aujourd’hui alors qu’il a essaimé partout , nos enfants ne voient plus sa spécificité , ce qu’il a apporté , ils n’en voient plus que les tares (qui certes existent) , ce modèle qui les a fait , nos jeunes le rejettent à présent. Ce sont donc les autres qui le porteront (je pense aux africains ) car eux en voient encore les bénéfices . On peut imaginer que l Afrique devienne la fille aînée de l’occident . On peut aussi imaginer qu’elle décide de lui faire la guerre et de l’exterminer nous verrons quel choix sera le sien. Le choix de l Afrique sera en tous les cas déterminant sur la prochaine intégration de civilisation.

    • J’ai le même enthousiasme que vous sur notre modèle, non parce qu’il est nôtre mais parce qu’il reste le meilleur pour faire progresser la science, le commerce et la démocratie, et leurs bénéfices pour l’Humanité.
      Mais pas la même imagination. L’Afrique est le passé de l’Homme. Pas son avenir.
      Nos propres enfants se replieront, avec l’expérience et parce qu’ils en connaissent les vertus, sur ce modèle, bien avant que les enfants d’Afrique aient pu se débarrasser leurs encombrants parents.

      • Rome a eu été la lumière de monde en son temps, avant c’étais l’Égypte, la Grèce,… Il y a toujours un début une montée, un point culminant et puis la redescente.

        Garder a l’esprit que rien n’est aquis à jamais.
        On peut toujours espérer que ça remonte mais au vu de l’état de délabrement de nos sociétés occidentales, (déficit de l’état, efficacité de la société, pertes des valeurs, état du système de santé, judiciaire, et surtout éducation) j’ai un doute sérieux sur notre capacité à rebondir. J’ai plutôt l’impression qu’on fait un remake accéléré de la chute de Rome.

        La démocratie n’est pas non plus un gage de réussite. Pour cela il faut avant tout que la population soit suffisamment instruite pour élire un dirigeant compétant, capable et honnête. Je peux me tromper mais j’ai quand même le sentiment que les derniers dirigeants élus ont les qualités strictement inverses…

    • Quand les africains se seront débarrassés de leurs vieux démons (vaudou, corruption…) oui. Mais il leur reste encore du chemin à parcourir.
      Cela dit même s’ils ne progressent pas vite on va leur passer rapidement derrière, au train ou vont les choses chez nous…

  • À mon humble avis, je crois que c’est le monde qui est actuellement en déclin.

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  • Ne pas voir le déclin du monde occidental c’est se cacher derrière son petit doigt. Cela me rappelle le déclin de l’empire romain qui provenait d’origines assez similaires. Actuellement, le wokisme et tous ses dérivés, ainsi que le progressisme, marchepied du wokisme, entraînent l’occident vers sa perte;
    Il suffit de voir le nombre d’entreprises qui ont quitté la Californie pour s’installer à San Antonio où dans d’autres métropoles qui luttent contre ce cancer.
    Rappelons que ce dernier est en train se s’implanter à grande vitesse en Europe avec l’appui de la commission européenne. Oui, la Chine et la Russie contemple avec gourmandise ce cancer que nous laissons s’implanter dans nos pays occidentaux.
    Un autre cancer se superpose à ce dernier : L’islamisme. Comme disait un dirigeant de Daech, « notre objectif est d’occire l’occident ». Rappelons que le soleil se couche à l’occident et que pour certains il meurt à l’occident. Le symbole lié à la racine du mot occident (occire) est très significatif pour ceux qui veulent notre disparition et ils savent très bien s’en servir.
    Diffuser des contre-vérités au sujet de la survie de l’occident ne va pas l’aider à prendre les mesures pour survivre.

  • Je pense que le constat est plutôt à faire pays par pays que de parler de l’occident au sens large.
    Concernant la France je n’ai aucune hésitation sur son déclin. La philosophie, les lettres ou la science ont disparu de notre environnement. On n’est plus dans une culture de l’élitisme et de la quête du beau, du meilleur, de la qualité ou d’un futur qui chante. Exit les grandes inventions et découvertes de la fin du 18e et 19e siècle. Place maintenant à l’egalitarisme par l’argent, à la solution la moins coûteuse à court terme, aux prises de décisions par 5 fonctionnaires, aux formulaires administratifs…
    Rappelons aussi que les francais ne se sont pas fait vaccinés pour protéger leur proches mais bien pour aller au restaurant et partir en vacances. Personne n’est allé se plaindre des deux ans de confirnement et privation. Plus personne n’est prêt à aller se battre pour ses droits.
    La France est bien décadente.

  • « Historiquement l’Occident a été le principal pourvoyeur de la vie intellectuelle mondiale » est une affirmation pour le moins osée et limitée à une période de temps de 2500 ans. L’occident n’est pas l’inventeur de la civilisation et nombre de choses qui lui ont été utiles pour sa domination venaient d’autres cultures. A commencer par la boussole et la poudre ayant permis la navigation maritime et le canon, bases de cette domination. Autre exemple le zéro, absolument indispensable pour les mathématiques, vient d’Inde et ne parle-t-on pas de chiffres « arabes » car les chiffres romains n’étaient pas vraiment pratiques?

    J’ignore ce que sera le futur (mais l’occident met beaucoup de volonté à s’auto-détruire) mais historiquement l’occident n’est que le dernier en date des pourvoyeurs culturels et pas le principal

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