L’ancien ténor du barreau était entré au gouvernement de Jean Castex à l’été 2020. Une nomination surprenante, dans laquelle les syndicats de la magistrature ont vu une « déclaration de guerre ». En reconduisant celui-ci dans ces fonctions, le chef de l’État persiste et signe.
Le nom de Rémy Heitz, le procureur général de la Cour d’appel de Paris avait circulé ces derniers jours pour lui succéder. La République en Marche avait pourtant déjà donné le ton avec Richard Ferrand qui nomme au Conseil Constitutionnel Véronique Malbec, directrice de cabinet d’Éric Dupond-Moretti, plutôt que Chantal Arens, première présidente de la Cour de cassation.
Objectivement, Éric Dupond-Moretti a obtenu des augmentations spectaculaires du budget de la justice. Mais l’ancien avocat a d’autant plus été visé par les critiques après sa mise en examen pour prise illégale d’intérêt et devrait se retrouver bientôt dans le box des prévenus devant la Cour de justice. Cela n’impressionne pas le président de la République, qui rappelle la prééminence du politique sur le judiciaire.
Des réformes de la Justice à faire
Lors de ses rares prises de parole sur la justice, le président de la République, qui a peu d’idées sur le sujet, avait promis que le prochain locataire de la place Vendôme n’aurait qu’à suivre les recommandations du rapport Sauvé, du nom du président de la Commission des États Généraux de la justice.
La première d’entre elles est de ne plus jouer avec la réforme des procédures civiles ou pénales. Ainsi, les délais doivent être drastiquement réduits, qu’il s’agisse de la phase de jugement comme de l’exécution des décisions. Pour y parvenir, Emmanuel Macron a promis l’embauche de 8500 magistrats.
À lui aussi de porter la réforme constitutionnelle, notamment du Conseil supérieur de la magistrature afin d’assouplir le lien entre le parquet et le pouvoir exécutif.
À cela s’ajoute un chantier immense, celui de l’après réforme des mineurs, mise en œuvre il y a moins d’un an. Le président de la République a promis de renforcer les centres éducatifs fermés en y mettant éventuellement une petite dose de coopération avec les armées.
Mais une feuille de route est une chose, la tenir en est une autre. Sa reconduction a suscité aussitôt une réaction de Kim Reuflet, la présidente du Syndicat de la magistrature (classé à gauche) :
« Nous ne savons pas comment le maintien d’Éric Dupond-Moretti à la tête du ministère permettra la reprise du dialogue, totalement rompu, avec les professionnels. »
De même, le maintien de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur ne va pas améliorer les relations entre les deux ministères…
Un homme détesté par le syndicat de la magistrature ne peut pas être foncièrement mauvais.
Les commentaires sont fermés.