Avec l’intelligence artificielle, arrive l’ère du travailleur augmenté

À force de se concentrer uniquement sur les risques, sans une vision réaliste et ambitieuse, il est probable que nous passerons à côté des perspectives positives offertes par l’IA et de l’ère du « travailleur augmenté ».

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Avec l’intelligence artificielle, arrive l’ère du travailleur augmenté

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 1 mai 2022
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Nous sommes à l’aube d’une nouvelle rupture technologique qui pourrait, à terme, bouleverser le marché de l’emploi. Le développement des solutions d’intelligence artificielle sur des pans entiers du marché de l’emploi aura des externalités positives indéniables, encore trop mal perçues des travailleurs.

Des transformations structurelles sans destruction massive

Selon le rapport de référence « Automatisation, numérisation et emploi » du Conseil d’orientation pour l’emploi (janvier 2017), moins de 10 % des emplois existants seront menacés par l’intelligence artificielle. Comme toutes les économies tertiarisées, l’économie française reste globalement peu à risque d’une substitualité élevée des travailleurs par les robots. Les pouvoirs publics doivent, dès maintenant, identifier ces postes pour engager une politique de formation et d’évolution de carrière des travailleurs touchés afin de limiter les risques de casse sociale sur des publics déjà faiblement formés et précarisés.

En revanche, 50 % de nos emplois existants sont susceptibles d’évoluer de façon significative. Tous ces métiers sont ainsi appelés à connaître une évolution substantielle. Dans le marketing, le recours à l’intelligence artificielle améliore la connaissance du marché et des utilisateurs d’un produit ou service pour ouvrir des contenus personnalisés aux consommateurs, envoyés au moment adéquat et sur le canal pertinent.

Dans le domaine de la maintenance ferroviaire, il est possible de mieux sécuriser les installations en anticipant les travaux comme le fait par exemple la société américaine Remark Holdings, l’un des leaders du marché américain, sur les voies de la compagnie Brightline Rail en Floride. La mortalité sur la ligne, l’une des plus accidentogènes du pays, a été quasiment réduite à néant, par rapport à la période où la surveillance était attribuée à des seuls humains et des caméras classiques.

Enfin, en matière de santé, la possibilité d’exploiter de gigantesques volumes de données nourrit des espoirs immenses pour mieux dépister et guérir le cancer. Avec parfois des résultats quasi-équivalent à ceux des spécialistes et des interventions humaines, comme en témoigne une étude récente publiée par la Harvard Medical School.

Mettre en avant les externalités positives attendues pour en renforcer l’acceptabilité sociale

Selon une étude menée par PwC, une personne sur trois considère l’automatisation des tâches permises par les IA comme une menace pour l’emploi. C’est une erreur, sauf si on laisse les autres économies le faire à notre place. Il faut appuyer sur les externalités positives attendues par les études prospectives pour en renforcer l’acceptabilité sociale et ainsi abaisser les freins au changement, notamment sur deux d’entre elles.

Les deux plus grandes externalités positives attendues sont ainsi :

– l’amélioration de la productivité des salariés. Pour les entreprises qui l’implémentent, l’intelligence artificielle accroît la rentabilité de 38% en moyenne, selon les données d’Accenture Research, du fait de l’automatisation d’une partie des tâches.

– l’amélioration à terme du bien-être au travail, dont son pendant négatif, le mal-être en milieu professionnel, aurait un coût social estimé entre 2 et 3 milliards d’euros par an, selon les données 2017 de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS).

Là encore, les processus d’automatisation des tâches amènent mécaniquement une montée en qualité du travail.

La France doit se préparer à ce bouleversement systémique du marché de l’emploi pour en tirer le meilleur

Plus que jamais, il faut positionner la France et l’Europe à l’avant-garde de cette révolution naissante. De l’agriculture aux usines, l’intelligence artificielle peut aider les Français et plus largement les Européens à lutter à armes égales pour gagner la bataille de la compétitivité sans rogner nos standards en matière de droit du travail. Au-delà des diplômes et des formations qu’il faut encourager tout au long de la vie, il faut comprendre que le numérique nécessite d’adopter un état d’esprit agile. Les technologies évoluant en permanence, il faut donc sans cesse se remettre en cause et acquérir de nouveaux savoirs.

Les politiques ont aussi un rôle majeur pour démystifier les technologies auprès de la société et sur l’importance de se maintenir dans la course à l’IA. Si l’on souhaite défendre les citoyens français et les emplois européens, on fera plus en soutenant la recherche européenne qu’en développant des circulaires qui complexifient le travail des chercheurs et ralentissent l’émergence de nouveaux champions tricolores. De façon contre-intuitive, avec une législation de plus en plus complexe, nous renforçons les fleurons chinois qui ont déjà une longueur d’avance.

À force de se concentrer uniquement sur les risques, sans une vision réaliste et ambitieuse, il est probable que nous passerons à côté des perspectives positives offertes par l’IA et de l’ère du « travailleur augmenté ».

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