Macron, président des retraités

Emmanuel Macron fait partie de ces hommes politiques qui agissent comme s’il était normal, honnête, de promettre des retraites à tous les actifs qui entretiennent dignement leurs aînés.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 1
Screenshot_2020-12-23 (1) Emmanuel Macron positif au Covid-19 et placé à l'isolement AFP - YouTube - https://www.youtube.com/watch?v=FOOAoUlryyk

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Macron, président des retraités

Publié le 13 avril 2022
- A +

Certes, le président de la République française est par principe président de tous ses compatriotes, des bébés aux vieillards. Néanmoins, les résultats du premier tour des élections montrent que statistiquement les Français « d’un certain âge » ont été plus enclins que la moyenne du corps électoral à voter Macron.

Le politologue Jérome Fourquet fait remarquer que « le clivage entre France d’en haut et France d’en bas » tend à prendre davantage d’importance « en lieu et place du vieux clivage droite-gauche », mais que l’âge continue à déterminer statistiquement le vote. Autrement dit, le conservatisme électoral (conserver Emmanuel Macron comme président de la République) est nettement plus développé chez nos aînés, si bien que le vieillissement de la population française favorise le président sortant.

Les retraites et Macron : un conservatisme social

S’agissant des retraites, les Français sont assez conservateurs. Un projet de loi tendant à créer un régime universel par points, projet fondé sur le rapport Delevoye de 2019, a beaucoup agité les esprits, a été voté en première lecture, puis abandonné au soulagement de nombreux partenaires sociaux. Cet échec a certainement rendu le président Macron beaucoup plus prudent, moins enclin à toucher à ce qui concerne les Français âgés. Emmanuel Macron ménage les retraites, comme bien d’autres institutions et dispositifs car il a compris que toucher aux retraites s’apparente à manier de la dynamite.

Sa relative inaction dans ce domaine très important pour l’avenir du pays lui a été profitable dimanche dernier : sauvés des eaux, si l’on peut dire, les Français approchant de l’âge de la retraite, ou l’ayant dépassé, ont manifesté électoralement leur contentement.

Le point essentiel, au sujet duquel les media restent très discrets, est pourtant digne de faire la Une de tous les journaux : pouvons-nous continuer à faire fonctionner nos retraites comme un système de Ponzi ? Le souvenir de cet escroc, et celui plus récent de son émule Madoff, devrait nous alerter : la législation des retraites, non seulement en France mais dans la plupart des pays, est abracadabrantesque.

Alfred Sauvy, fondateur de l’école démographique française, et créateur de l’Ined à la Libération, l’avait exprimé très clairement :

« Nous ne préparons pas nos retraites par nos cotisations, mais par nos enfants ».

Sauvy parlait évidemment de la retraite de la Sécu, dite « par répartition », qui reverse immédiatement aux retraités les sommes qu’elle perçoit des actifs, soi-disant pour se préparer leur propre pension.

Il est temps de réformer

Il s’agit là d’une fantaisie juridique à peine croyable : préparer sa retraite en payant des pensions aux personnes âgées, comme si celles-ci allaient post mortem verser de copieuses cotisations à la caisse nationale de retraites ! Le droit, la législation, font le grand écart avec la réalité, parfaitement exprimée par Sauvy. Macron, comme ses prédécesseurs, comme la plupart des chefs d’État et des législateurs dans le monde entier, perpétue le choix le plus absurde qui soit : attribuer les droits à pension conformément à une interprétation fantasmatique de la formule « qui paye ses dettes s’enrichit ».

D’ordinaire, ce dicton est d’essence morale : payer honnêtement ce que l’on doit, voilà une règle que nous avons intérêt à suivre, une règle qui contribue fortement au bon fonctionnement de l’économie. Cette règle, nos législateurs et chefs d’État, y compris Emmanuel Macron, ne l’ont pas comprise, ou l’ont délibérément mise à la poubelle.

Hélas, la décrépitude de la rationalité, dans notre pays comme en bien d’autres, atteint des sommets stratosphériques. Les législateurs entérinent des dispositions délirantes, dénuées de rapport avec la réalité, comme si les personnes âgées pour lesquelles cotisent les actifs allaient ensuite sortir de leur tombe pour leur verser une pension : voilà où nous en sommes !

Emmanuel Macron fait partie de ces hommes politiques qui agissent comme s’il était normal, honnête, de promettre des retraites à tous les actifs qui entretiennent dignement leurs aînés.

Quand viendra donc le temps du renouveau, le moment où s’affichera le mot Fin sur l’écran qui nous permet de visionner le film rocambolesque de l’organisation de nos retraites depuis les années 1940 ?

Quand viendra le législateur de bon sens qui attribuera enfin les droits à pension au prorata des contributions apportées au renouvellement des générations et à la formation des jeunes ?

 

Voir les commentaires (7)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (7)
  • Le mot fin ? Difficile à dire car ce n est pas celui qui entre dans une pyramide de Ponzi qui peut décider d en sortir (déjà qu on nous y a mis de force…) La pyramide explose , point. Et avant cela , ceux qui ont misé dessus chantent ses louanges. Une chose est sûre : elle explosera. C est bien sûr sur nous post baby boomers que ça tombera, pure évidence démographique. Ca sera dur comme pour les vieux de l écroulement soviétique. Une consolation, celle de ne plus peser sur les jeunes

  • “Emmanuel Macron ménage les retraites, comme bien d’autres institutions et dispositifs car il a compris que toucher aux retraites s’apparente à manier de la dynamite.”
    Surtout celles du service public et des fonctionnaires dont le pouvoir de nuisance est maximal en cas de désaccord! Quant aux retraites du privé, les candidats à la présidence promettent tous des améliorations plus ou moins substantielles sans jamais préciser comment elles seront financées!
    Macron président des retraités, enfin de certains, ceux qui peuvent lui causer des soucis, mais pas de la majorité d’entre eux!

  • Il est normal de payer une retraite à nos ainés pour les rembourser de la dette que l’on a envers eux pour nous avoir élevés, instruits, nourris etc… Mais cela n’a donc rien à voir avec notre retraite, c’est plus une forme d’aide sociale.
    Donc logiquement le montant de cette aide sociale devrait dépendre du travail accompli, le nombre d’enfants, leur éducation, leurs revenus. En fait quand on y pense, il suffirait que les enfants payent une retraite directement à leurs parents, inutile de passer par l’état… Et inutile de faire une loi, elle existe déjà, on doit secours et subsistance à ses ainés.

    • @titi c est à chacun de se constituer sa retraite, en épargnant. Compter sur les descendants est inique. Les enfants n ont pas demandé à venir , ils n ont aucune dette à rembourser. Votre raisonnement est le même que celui que fait peser le maquereau à ses “gagneuses” .

  • Le score de Macron chez les retraités n’est pas un score d’adhésion, mais de moindre rejet que ses concurrents. Et la démographie ne doit en rien être l’instrument pour peser, à coups de subventions comme d’habitude en France, vers un moindre déséquilibre des retraites. Ca n’est pas en enfantant de futurs oisifs assistés qu’on sauvera les retraites.
    L’instrument privilégié doit être une introduction d’une part significative de capitalisation. Macron l’a exclue, on voit bien son souhait de récupérer des voix d’anticapitalistes. Si elle est élue, Marine va se trouver dans une telle panade économique que cette introduction passerait inaperçue, avant de produire très vite ses effets bénéfiques. Qui oserait le faire ?

  • Il y a retraités qui doivent être aidés, mais aussi de multiples retraités ou l’indexation promise par ce futur président va nous diriger dans le mur. Que dire de cumulards politique, ces hauts fonctionnaires, ces dirigeants cadres aux retraites en or, et ces fonds de solidarité versés à des personne n’ayant jamais cotisés etc
    Ces promesses nous les entendons depuis des année . Rien n’est fait pour redresser ce pays surendetté , sous perfusion financière. Qui ne travaille plus sauf en contrats précaires

    • @Dupond inutile de pointer telle ou telle catégorie, le principe même est foireux et voué à l explosion, c est démographique. Maintenant je suis d accord sur le fait que le système en plus d etre non viable est aussi d une rare iniquité .

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

C’est une petite musique qui monte : la politique économique des gouvernements successifs d’Emmanuel Macron est un échec (c’est vrai), car c’est une politique de l’offre (c’est faux).

Il est vrai que la situation de l’économie française n’est pas bonne. Le diagnostic est connu : faible croissance, investissements en berne, défaillances d’entreprises, chômage en hause, pouvoir d’achat menacé… Une partie de la classe politique, surtout à gauche, mais pas seulement, a trouvé le coupable : la politique de l’offre que mèneraient les gouvern... Poursuivre la lecture

Pour Frédéric Sawicki, professeur de science politique à l’Université Paris 1, la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre signale la concrétisation d’une alliance entre Emmanuel Macron et Les Républicains, mais aussi la position de force du Rassemblement National. Entretien.

 

Michel Barnier vient d’être nommé Premier ministre. Que signifie ce choix d’Emmanuel Macron ?

Frédéric Sawicki : La première chose à souligner, c’est que Michel Barnier vient de la droite et qu’il a forcément reçu le soutien d... Poursuivre la lecture

Voilà, c’est fait : après deux mois d’atermoiements et de « consultations » aussi théâtrales qu’inutiles, Macron a fini par désigner Michel Barnier comme nouveau Premier ministre en remplacement du stagiaire Gabriel Attal qui venait pourtant tout juste de maîtriser la photocopieuse du rez-de-chaussée.

 

Comme on pouvait le prévoir depuis la dissolution et les résultats en demi-teinte des élections législatives de juin, la nomination de ce vieux cacique de la droite centriste a provoqué une cataracte de larmes de gauchistes ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles