La situation énergétique de janvier 2022 et son futur

La situation et la production énergétiques actuelles ne sont pas suffisante pour les projets en 2050.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 1
Electricité Source https://unsplash.com/photos/2R5QtSqJtdY

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La situation énergétique de janvier 2022 et son futur

Publié le 15 février 2022
- A +

En janvier 2022, nous avons subi un anticyclone de trois semaines sur toute la France. Comment, dans l’optique d’un scenario à 2050 tout énergies renouvelables, aurions-nous passé ce cap ? Regardons les diagrammes du site eCO2 mix de Réseau de Transport de l’Electricité (RTE)

Quelle situation énergétique actuelle ?

Diagramme général de production

Consommation

En première estimation, la consommation a été en moyenne de 75 GW pendant 3 semaines soit 37 800 GWh. C’est loin des records. Il a fait un froid modéré, et l’activité est loin des années d’avant covid.

En première approximation et selon les prévisions, la consommation en 2050 serait le double, avec une pointe à 130 GW. Prenons 75 600 GWh

Solaire

Le solaire a donné en moyenne 4,5 GW à la pointe. Le « triangle » de production pendant 10 heures donne 22,5 GWh par jour soit 472,5 GWh.

Nous avons 12GW de solaire actuellement, RTE prévoit 214 GW en 2050. Nous aurions eu donc 80 GW en pointe et une production totale sur les trois semaines de 8426 GWh.

Éolien

Les 18 GW d’éolien ont produit en moyenne 3GW sur la période, soit 1512 GWh. RTE en prévoit 104 GW en 2050 ; la production serait de 17 GW en moyenne, et de 8736 GWh en énergie.

Remarquons qu’une situation venteuse en été, par exemple 80 GW d’éolien sur les 104 et 100 GW de solaire sur les 204, conduit à une production de 204 GW de capacité, pour une demande qui ne dépasse pas 50 GW. RTE ne nous éclaire pas sur les solutions.

Hydraulique

L’hydraulique régule à la fois les variations de consommation et les variations du solaire. Estimons qu’elle a produit 6 GW en moyenne sur la période. Les 25 GW installés donnent au maximum, d’après les historiques, 17 GW. Mais le rôle d’amortisseur des à coups ne permet pas de les fournir en moyenne.

Si on retient 6 GW, la production totale est de 3024 GWh.

Biomasse

RTE prévoit doubler la biomasse à 2GW, en base cela fait 1008 GWh.

Récapitulatif

Consommation 2050………………………….. 75600 GWh

Solaire 2050 avec météo janvier 2022…..   8426 GWh

Éolien………………………………………………..   8736

Hydraulique………………………………………..  3024

Biomasse…………………………………………….. 1008

 

Pour assurer la sécurité d’alimentation, il faudrait déstocker 54 406 GWh.

Que représente un stockage de 54 000 GWh soit 54 Twh ?

  • Batteries

En batteries Powerwall Tesla pour particuliers, à 10 kg par kWh pour l’installation complète, cela fait  540 000 000 000 soit 540 millions de tonnes.

Les espoirs les meilleurs (en industriel) sont actuellement de 1 kg par kWh, soit 54 millions de tonnes.

Notons que le nombre de cycles d’une batterie est limité, et qu’il faudra vraisemblablement les renouveler tous les 20 ans (comme les éoliennes et les panneaux solaires ?)

  • STEP

Les STEP françaises sont capables de produire  6 à 7 TWh par an, mais dans des cycles de pompages turbinages multiples. On voit qu’on est loin du compte.

L’énergie en joules stockée entre deux lacs de barrage est mgh : h hauteur de chute d’eau en mètres, m masse d’eau stockée en kg, g  à 9,81.

Il faut stocker 3,6 x10 12  x 54 406 joules  soit 196 x 10 15  Joules.

Le volume du lac de Genève est de 89 km3 soit un poids de 89×1012 kg.

Pour assurer la sécurité d’alimentation, il aurait fallu pomper entièrement et monter le lac de Genève de 224 mètres.

  • Hydrogène

Le rendement de la chaîne Électrolyse/Stockage/Transport/Pile à combustible est au mieux de 30 %. Il faut donc retenir qu’au départ, les 54 TWh auront nécessité 162 TWh !

En considérant que le rendement de la pile est de 20kWh pour 1 KG de H2, il faudrait donc stocker 54 x10 12 /20 000 kg, soit 2,7 millions de tonnes. Un beau volume, même à 700 bars.

Interrogations

Certes, le mix de RTE pris comme exemple ici conserve 16 GW de nucléaire, mais on voit bien que ce n’est pas suffisant.

Les éléments donnés par RTE ne permettent pas de comprendre comment on bouclerait une situation analogue à celle que nous venons de connaître.

Mais les nouveaux discours de Mme Pompili, M Le Maire et même du Président ne nous éclairent pas non plus. Ils disent tous : « seul le développement rapide des énergies renouvelables permettra d’attendre le renouveau du nucléaire. » À Belfort, le Président a même dit : « C’est le seul moyen de répondre à nos besoins dans l’immédiat » 

Même dans la situation des trois dernières semaines de janvier 2022 ?

Décidément, dans la tête de nos dirigeants, les notions de puissance et d’énergie sont encore à approfondir.

 

Voir les commentaires (9)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (9)
  • Le plus amusant, c’est que ce petit calcul facile a faire et qu’un gamin de 10ans peut comprendre semble difficile pour certains (notamment dans les milieux politiques …)

  • Dans la tête de nos dirigeants…. Des lobbies puissants et convainquants. .. Et les élections, pour la science, pas au programme.

  • tout est dit, quand on quantifie…. ben il manque quelque chose….
    Les écolos ont oublié de calculer et en plus la thermodynamique est un gros mot….

  • Bonjour
    Très bonne analyse. Juste un point me semble incompréhensible: l’estimation à 16 GW de la puissance nucléaire en 2050. Elle est aujourd’hui de 60 GW. Même si des centrales sont en maintenance, il serait étonnant que la puissance disponible baisse de 73% en 2050. IL faudrait qu’on échoue misérablement sur les futurs EPR!

    • Toutes choses égales par ailleurs, l’auteur nous joue sa Greta. Non, la catastrophe n’est pas en vue. L’éolien représente environ 8 % de notre production électrique. Si en 2050, on atteint 15 %, ce sera déjà un miracle.
      Quant au nucléaire, je vous parie un an de consommation électrique qu’on ne passera jamais sous 60 %.
      La taxonomie européenne adoptée récemment, et qui était une évidence de longue date, enfonce le clou.

  • Quand tout sera électrique ( dont les transports en VE individuels) plus de risque de « convoi de la liberté » en cas de problèmes de coupures, et approvisionnement. Les VE resteront sagement au garage!
    Fûté non?

  • Quand tout sera électrique ( dont les transports en VE individuels) plus de risque de « convoi de la liberté » en cas de problèmes de coupures, et approvisionnement. Les VE resteront sagement au garage!
    Fûté non?

  • A se demander pourquoi nos dirigeants, et d’autres aussi, sont aussi nuls pour faire ces calculs et en tirer des conclusions logiques ! C’est désespérant.

  • Quand les gouvernements font calculer des bilans en imposant par avance qu’ils sont équilibrés et justifie politiquement des solutions techniques imposées … le résultat est connu d’avance : de même que la planification alimentaire conduit à la famine, la planification énergétique nous conduira à la famine énergétique.

    Et au final, on finit par manquer de rouleaux de PQ comme au Venezuela !

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Je viens d'écouter l'audition d'une petite heure de Jean-Marc Jancovici au Sénat, qui a eu lieu le 12 février dernier dans le cadre de la « Commission d’enquête sur les moyens mobilisés et mobilisables par l’État pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France ».

Beaucoup d'informations exactes, qui relèvent d'ailleurs bien souvent du bon sens, mais aussi quelques omissions et approximations sur lesquelles je souhaite reveni... Poursuivre la lecture

5
Sauvegarder cet article

Comme chaque année, les chiffres de la balance commerciale sont minorés et présentés en retirant les frais de transport du montant de nos importations.

Les frais de transport sont pourtant une partie intégrante du coût de revient et sont répercutés sur le prix de vente au consommateur. Mais pourtant, ils sont retraités afin de les comparer aux chiffres des exportations qui, eux, n’intègrent pas les frais de transport. L’opération semble contestable…

Les « vrais » chiffres de la balance commerciale de 2022 avaient ainsi frôlé les... Poursuivre la lecture

La nécessité de décarboner à terme notre économie, qui dépend encore à 58 % des énergies fossiles pour sa consommation d’énergie, est incontestable, pour participer à la lutte contre le réchauffement climatique, et pour des raisons géopolitiques et de souveraineté liées à notre dépendance aux importations de pétrole et de gaz, la consommation de charbon étant devenue marginale en France.

Cependant, la voie à emprunter doit être pragmatique et ne doit pas mettre en danger la politique de réindustrialisation de la France, qui suppose une... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles