Voici maintenant plus de 20 années que j’analyse l’évolution dramatique de notre système de soins à travers une cinquantaine d’articles, une quarantaine d’émissions radiophoniques ou télévisées.
Je suis arrivé à un diagnostic effrayant : à chaque réforme c’est pire, une destruction organisée et orchestrée par les administrations de l’État et les Lois santé successives, au point de se demander si ce n’est pas volontairement et par cynisme afin de résoudre le déficit des caisses de sécurité sociale et des retraites…
Tout au long de l’année 2019, l’incurie des mesures a entraîné la multiplication des grèves et des manifestations. Malgré la saturation des urgences et la surcharge hivernale des réanimations, rien n’a été fait.
La pandémie a fait exploser le système. La nécessité de prendre des précautions draconiennes pour éviter les contaminations des futurs opérés a entraîné des centaines de milliers de déprogrammations.
Pire, depuis l’automne 2021, des interventions chirurgicales sont annulées faute de personnels. Beaucoup de blocs sont fermés alors qu’un million d’actes sont à reprogrammer.
Il faudra au moins deux ans pour rattraper ce retard. En cancérologie, la perte de chance était estimée par Axel Kahn à 10 %, faute de dépistage et de prise en charge. Comment résoudre cette équation ? Tel est le redoutable défi pour le programme santé des candidats.
Quitte à être traité de réactionnaire, il faut poser cette question taboue : « Ne faut-il pas revenir en arrière vers la formation et l’excellence pour sauver tout le système ? »
Il faut revenir sur ce passé pour comprendre cette lutte contre les grands mandarins quand ils régnaient sur l’hôpital. Ce passé devrait inspirer nos réformateurs pour sauver le système avant qu’il ne s’écroule.
Comment fonctionnait notre système de soins ? Pourquoi a-t-il été sacrifié ?
Parce que l’État ne veut pas que l’on s’oppose à sa politique. Les élus font tout pour se faire réélire, alors gare à ceux qui s’y opposent. J’en ai été le spectateur, puis la victime avec la politique de fermeture de nombreuses cliniques privées, première étape de la destruction de la médecine libérale.
Ce n’est pas ceux qui ont participé à sa destruction qui pourraient le reconstruire. Je ne crois ni aux assises de la santé ni aux grands-messes mais au retour de l’excellence.
Il faut redonner toute sa place à la médecine de la ville et réformer l’Hôpital.
Les fondations du système de soins sont à reconstruire
Il faut d’abord repenser totalement les études de médecine. La réforme de la PACES ne résoudra rien. Avons-nous besoin d’amasser autant de connaissances théoriques durant le portail santé de trois ans ?
Le numerus clausus supprimé à l’entrée des études est maintenu pour l’entrée en deuxième année. Il faudrait 20 000 étudiants en formation pour résorber les déserts médicaux en dix années. Et cette mesure ne suffirait pas à répondre à l’urgence.
Le numerus clausus est également trop sévère dans certaines spécialités après le deuxième cycle. Ainsi il faudrait former davantage de réanimateurs alors que le nombre de postes d’internes pour la réanimation ne remplace que les départs à la retraite.
Il faut développer la formation vers le care, le soin, et identifier les vocations vers les spécialités cliniques et techniques.
Les concours permettaient un accès précoce à cette formation élitiste grâce à des stages de grande qualité. Ils ne peuvent pas être accessibles à tous. Un bon médecin était formé en 7 ans. Pour les plus travailleurs qui réussissaient tous les concours un chirurgien qualifié capable d’assurer les gardes était formé en 10 ans.
La deuxième exigence est la simplification de la gouvernance qui doit être une priorité absolue
Le mammouth administratif devra perdre du poids pour dégager les économies nécessaires et libérer les énergies. Ce n’est pas l’orientation choisie.
Les chefs de service ne doivent plus dépendre des pôles ou de la direction. Il faut les libérer pour qu’ils puissent s’occuper des malades et de leurs étudiants. Nos universitaires et beaucoup d’hospitaliers sont malheureusement dans la même situation. Leurs carrières dépendent trop souvent du pouvoir à qui il faut plaire, donc en courbant l’échine. Les fortes têtes ont démissionné et les plus âgés enfin ont quitté ce monde depuis longtemps.
Pourquoi autant d’agences sanitaires coûteuses et d’administrations paralysent le système ? Nos politiques, les yeux rivés sur les sondages et leur réélection prochaine ne semblent pas capables de prendre les bonnes décisions et préfèrent soigner leur popularité. Cela nécessiterait « du sang, de la sueur et des larmes » et surtout une carrure d’homme d’État.
L’hôpital ne pourra être sauvé que par des mesures fortes
Avec 50 milliards de dettes et des dépenses qui augmentent chaque année de 4 % une vraie révolution s’impose.
L’autonomie et la complémentarité des hôpitaux en découlent. La régionalisation des structures administratives avec les GHT et des ARS qui les coiffent est inutile et coûteuse. Des accords directs entre établissements seraient plus souples et moins onéreux.
La revalorisation des carrières et la suppression des 35 heures en sont le complément. Cela réglerait les pénuries de personnels soignants, permettrait une réelle revalorisation des salaires avec le retour aux 39 heures et l’augmentation de 10 % du temps consacré aux soins.
Ce serait source d’économies majeures et de plus de sécurité.
C’est un vaste programme qui nécessite de tourner le dos au tout administratif et à la multiplication des agences.
Les soignants déçus et fatigués envoyés au combat sans armes et sans protection lors de la première vague, se dressaient déjà depuis le 15 octobre 2020 contre les décisions insuffisantes du Ségur de la santé. Les administrateurs des hôpitaux devraient être couverts de honte car ils n’ont pas réagi pour se préparer aux rebonds de l’épidémie et les personnels manquent cruellement. Les suspensions des personnels non-vaccinés et les démissions paralysent le système hospitalier.
Le pouvoir doit être rendu aux chefs de service en supprimant tous les intermédiaires entre les équipes de soignants et les directions.
Lassés par la pensée unique, technocratique et administrative, les soignants savent comment entrer en guerre contre elle si de nouvelles mesures radicales ne sont pas prises rapidement.
Conclusions sur le système de soins
« Tout n’est pas politique, mais la politique s’intéresse à tout. » Machiavel
Souvent c’est elle qui détruit ce qui marche bien, les yeux rivés sur les futures élections.
mouais…
tant que le patient ne paye pas.. tant qu’on explique à un patient qu’il a le droit d’etre soigné avec l’argent des autres.. et que ça arrange les médecins de ne pas avoir à dire à un patient…désolé ?? je ne vous soigne pas..
vous aurez une bureaucratie.. à la planification soviétique.
Bah oui, le droit à Sécu est encore un faux-droit, impossible à respecter sans porter atteinte au droit de propriété de ceux qui ne consentent pas à financer un système de Ponzi et qui préférerait s’assurer eux mêmes ou mutualiser les risques qu’ils souhaitent avec des gens responsables pour qui la santé est un coût et non pas un droit.
En dehors du fait que les comptes de la Sécu sont passablement déséquilibrés, en quoi un système assurantiel (les cotisations de tous financent les accidents de quelques uns) est-il un Ponzi ?
Je ne dis pas qu’un système assurantiel est un système de Ponzi. Je dis que la sécurité sociale française en est un, notamment sa branche retraite, j’aurais dû préciser.
J’appelle système de Ponzi tout système dans lequel on rémunère les sortants avec les cotisations des entrants. Dans la vraie vie, ça s’appelle une arnaque.
https://www.contrepoints.org/2016/09/12/265557-comprendre-larnaque-retraites-lexemple-suisse
Dans un système d’assurance on s’assure pour un risque et on paye une prime d’assurance en fonction du risque encouru et non pas en fonction de son salaire.
Je retire ce commentaire, il n’a aucun intérêt. Désolé.
https://www.contrepoints.org/2021/04/17/395443-bernard-madoff-et-ses-cousines-les-retraites-par-repartition
ce n’est simplement pas un système assuranciel…
Ayant vécu en 35 ans de carrière hospitalière la dégradation du système, inversement proportionnelle à l’augmentation de sa part administrative, je ne peux qu’approuver sans réserve tout ce qui est lucidement écrit ici.
Pendant mes études, j’ai subi cinq “réformes des études médicales”… et c’était entre 1959 et 1966.
Depuis, l’invasion du monde des A n’a pas cessé…
Le monde des A…ah ah..excellente référence.
C’est là que je l’ai observé…
et moi assisant depuis des années non pas à la dégradation de systèmes “collectivisés”..
vous déplorez les effets mais chérissez les causes..
la secu nie l’interet de mécanisme ou le risque individuel COUTE à l’individu..
or la bonne santé des individus vient désormais pour une bonne part de leur CHOIX individuels..
ce n’est pas un hasard si une solution proposée au “problème” à la liberté vaccinale a été de faire payer les non vaccinés..
bon si vous êtes vacciné et malade vos soins sont payés, aussi. vous n’avez pas contribué davantage.. sinon couté plus ( vaccin) mais…pas pareil..
et vous vous étonnez d’avoir une usine à gaz? l’arbitraire est partout.