Build Back Better : échec démocrate, échec à Trump

Le Build Back Better vient d’être coulé par le sénateur démocrate Joe Manchin, qui refuse de cautionner cette orgie de dépenses publiques, dans un contexte désormais inflationniste.

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Donald Trump by Gage Skidmore (creative commons) (CC BY-SA 2.0)

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Build Back Better : échec démocrate, échec à Trump

Publié le 21 décembre 2021
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Formidable développement ce dimanche 19 décembre en politique américaine : le Build Back Better (BBB), 5 trilliards de folles distributions d’argent public aux clientèles démocrates, vaisseau amiral législatif de la présidence Biden, vient d’être officiellement et définitivement coulé par le sénateur démocrate Joe Manchin, qui refuse de cautionner cette orgie de dépenses publiques, la plupart sans motif, dans un contexte désormais inflationniste. Inflation, gestion covid, déroute afghane, absence de résultats, la présidence de Biden menace de finir plus bas que Carter.

Faut-il, pour autant, y voir une victoire de Donald Trump, grand adversaire proclamé du bill en question ?

Pour répondre à cette question, intéressons-nous au contexte de cette déroute démocrate.

Quand 13 députés et 19 sénateurs républicains votaient il y a quelques semaines un autre bill, d’infrastructure — bill qui, de ce fait, est passé — ils ont encouru la vindicte d’une certaine presse de droite qui les a taxés de traîtres. Les républicains avaient suggéré aux démocrates de voter séparément l’infrastructure et de renvoyer le reste du bill Build Back Better à plus tard.

Pourtant, il est désormais clair que si ce bill infrastructure n’avait pas été voté séparément, l’ensemble infrastructure + Build Back Better ne pouvait pas être enterré car les infrastructures américaines sont à maints égards calamiteuses et devaient être refinancées. Stratégiquement, ces élus républicains ont donc eu raison, d’autant que le bill infrastructure est largement populaire parmi les Américains.

Ce n’est pas seulement une certaine presse qui s’en est prise à ces élus sur le thème de traîtres, c’est Donald Trump, qui les a agonis de son mépris, à commencer par Mitch McConnell, leader républicain au Sénat, sur lequel Trump vomit — il n’y a pas d’autre mot — sa haine depuis des mois.

Le fond du problème est que lorsque tous les recours en justice de Trump ont échoué après l’élection du 3 novembre 2020, McConnell a refusé de suivre la voie que lui suggérait Trump, qui était celle du putsch. Je ne dis pas que les fraudes n’ont pas été massives — les innombrables élargissements administratifs et judiciaires des modalités du vote étaient autant de violations directes de la Constitution des États-Unis — mais dans un État de droit quand tous les juges disent non, eh bien c’est non.

McConnell aurait-il pu, dû, voulu agir autrement ? Peut-être, mais rien dans son comportement ne justifie l’injure ordurière dont le gratifie en permanence Trump (qui perd complètement les pédales dès qu’il s’agit du 3 novembre, puisqu’il vient de conseiller à l’ancien Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou d’aller « se faire enc..ler » pour avoir félicité Biden trop vite (sic) après son élection).

Trump ne cesse de prédire depuis des semaines que le bill BBB sera voté parce que « le vieux corbeau cassé » McConnell — fine allusion à la maladie génétique dont celui-ci souffre — est lâche, stupide et traître.

Cet aimable pronostic était donc totalement faux.

Celui qui a détruit BBB ce n’est certes pas Trump.

C’est l’habile stratège McConnell. Fact.

En réalité, c’est la deuxième fois que Trump, tout à sa vindicte personnelle, tel un enfant, menace directement les intérêts républicains. La première était la défaite en Géorgie en 2021 des deux candidats républicains pour le Sénat, après que Trump ait expliqué aux électeurs que voter ou pas dans la circonstance d’alors revenait à peu près au même puisque tout est rigged. Or, ce sont ces deux défaites évitables qui ont offert le Sénat aux démocrates. Sur le bill BBB, si les républicains avaient suivi la stratégie Trump, eh bien des pans entiers du monstre aberrant BBB auraient fini par être votés.

Les démocrates sortent terriblement endommagés de la séquence BBB. Mais il serait erroné d’en conclure, pour autant, à une victoire de Donald Trump.

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  • Cet article est extrêmement informatif et parfaitement conforme à la réalité de terrain, ici, à Washington, DC. J’ajouterais peut-être que le Sénateur Manchin, élu démocrate dans un État qui vote républicain à 75%, était chef d’entreprise à succès dans le domaine de l’énergie avant d’être politicien. Il a peur des dépenses publiques farfelues. Cette loi Build Back Better cachait des dépenses de $4500 milliards de dollars financées par $2750 milliards de dollars d’impôts et $1750 milliards de dollars de bons du Trésor souscris entièrement par la Fed alors que l’inflation fait rage depuis un an…

  • Trump a été un désastre pour le parti Républicain. Sous sa présidence, les Républicains ont perdu le congrès, sa réélection et le sénat. Trump n’a pas non plus réformé l’Etat fédéral, ni réussi à réduire le pouvoir de la presse mainstream et des GAFAM, qui deviennent toujours plus monstrueux, et son style peu distingué lui a mis la planète à dos.
    Si Trump aimait réellement son pays, il devrait laisser la place à un de ses fidèles, qui lui, aurait une bonne chance de faire deux mandats et de relever les USA.

    -1
    • Trump a perdu la chambre des représentants en 2018, aux élections de midterms, ce qui est assez normal pour un président en exercice. Les pertes ont alors été bien moindres que la râclée prise par Obama en 2010.

      Il y a deux éléments qui rendent l’élection de 2020 fort difficile à interpréter : la pandémie, qui a privé Trump de ses bons résultats économiques, et les fraudes massives des démocrates, rappelées dans cet article.

      Remarquez que moi aussi, je crains que la personne de Trump soit désormais un tel repoussoir pour la gauche qu’elle se déplace pour voter contre lui, là où elle se serait abstenue avec un autre candidat à sa place.

      • Je ne nie pas les fraudes, mais beaucoup de Républicains, et même ceux qui ont été des fidèles de Trump, ne croient pas que ces fraudes ont fait basculer l’élection. Je ne le crois pas non plus.

        La gestion de la pandémie de Trump a été catastrophique: au lieu de simplement fermer les frontières et de laisser les médecins s’occuper de la pandémie, il a fait un interventionnisme forcené avec le vaccin, qui a été allègrement repris par tous les pays occidentaux et qui a engendré le recul énorme des libertés que l’on connait actuellement.

        On a eu le même problème avec Bush et le Patriot Act. Lorsqu’un président de gauche fait reculer les libertés, c’est normal, c’est dans son programme, et la droite fait bloc contre, mais lorsque c’est un président de droite, c’est la catastrophe, car il n’y a plus personne pour l’en empêcher.

        Trump n’a jamais été un vrai libéral, il a fait du libéralisme économique par pragmatisme d’entrepreneur, pas par conviction libérale. D’ailleurs, une bonne part de ses bons résultats économiques a été financée par de la dette.

        Trump avait déjà toute la gauche sur le dos, mais je pense que c’est surtout le centre qui s’est mobilisé contre lui et qui risque de le faire échouer à nouveau. Trump a réussi à récupérer des voix à gauche, mais il a perdu le centre.

        On a la même situation en France: EZ ou MLP n’ont aucune chance contre EM, car le centre préférera toujours EM. VP est la seule capable de battre EM.

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