Bruno Le Maire sur l’inflation et le prix du gaz : toujours aussi lunaire

Bruno Le Maire s’exprimait face à Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV, lundi 13 décembre. Il prétend nous protéger de tout, y compris de l’inflation que lui et ses compères ont provoquée.

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Bruno Le Maire by EU2017EE Estonian Presidency (CC BY 2.0)

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Bruno Le Maire sur l’inflation et le prix du gaz : toujours aussi lunaire

Publié le 14 décembre 2021
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Par Simone Wapler.

Le mot protéger était dans une phrase sur deux prononcées par Bruno Le Maire lors de cette interview. Après le Koikilenkoute, nous allons basculer dans le Kaparka, une variante bien plus ciblée de toutes les aides dont nous bénéficions et payées avec notre propre argent.

Parmi les nombreux plans de Bruno Le Maire pour nous protéger de tout, le plus lunaire concerne son plan de lutte contre l’inflation exposé à partir de la dixième minute.

Le Maire contre l’inflation

Après avoir enfoncé une porte ouverte, « l’inflation pèse aujourd’hui sur le pouvoir d’achat des Français », il a annoncé sa priorité : « protéger le pouvoir d’achat des Français contre l’augmentation des prix ».

Selon son analyse lumineuse, la moitié de l’inflation (qu’il ne sait pas chiffrer comme il l’a indiqué la minute précédente) proviendrait de la hausse des prix de l’énergie. Sa solution est donc très simple. D’abord le gel du prix du gaz « qui nous coûte plus d’un milliard d’euros », comme si ce ministre produisait et vendait du gaz. Ensuite plafonnement de l’augmentation des prix de l’électricité à 4 % « alors que si on suit les prix de marché, ce serait sans doute plus de 15% ».

Par la suite, Bruno Le Maire développe le plan. Le gel du prix du gaz est obtenu par la baisse de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité. C’est de là que vient le milliard évoqué. Hé oui, voyez-vous, lorsqu’un impôt baisse, ça coûte à monsieur Koikilenkoute.

Un robinet magique d’énergie à prix cassé

« Et si cela ne suffisait pas, nous augmenterons le volume de l’Accès Régulé à l’Énergie Nucléaire Historique. […] L’ARENH, c’est le volume d’électricité qui est vendue à un tarif de 42 euros le MW au lieu de 200 euros le MWh aujourd’hui qui permet ensuite d’avoir pour les consommateurs un prix d’électricité moins cher. Ce volume est de 100 TWh, il pourrait ne pas suffire. Nous augmenterons à 150 TWh le volume de l’accès régulé à l’énergie nucléaire historique à 42 euros le MWh pour que les Français soient garantis que les prix de l’électricité n’augmentent pas de plus de 4 % ».

Et voilà, roule ma poule…

Récapitulons. Bruno Le Maire a un robinet qui nous permet d’avoir de l’électricité à gogo 5 fois en dessous du prix du marché de gros. Évidemment, c’est de la vilaine méchante électricité nucléaire financée à grands frais par les contribuables d’il y a cinquante ans, la glorieuse époque des chocs pétroliers, époque où on n’avait pas de pétrole mais où on avait des idées, pour reprendre le slogan d’alors.

Depuis, les contribuables ont oublié qu’ils avaient mis la main à la poche pour la filière nucléaire française tant militaire que civile : CEA, Alstom, Framatome, Areva, etc. On nous confisque notre retour sur investissement de contribuable, pour une fois qu’il y en avait… !

Sournoisement, on bride le robinet TWh-ARENH ce qui permet :

  1. De faire plaisir à l’électorat pastèque (vert à l’extérieur, rouge dedans)
  2. De se vautrer dans le capitalisme de connivence avec de l’électricité dite renouvelable (mais plus exactement intermittente) très coûteuse (éolien, solaire)
  3. De déchirer à nouveau les contribuables par une gigantesque pompe taxations- subventions dirigées vers de l’électricité ultra-coûteuse et improductive.

Que Monsieur Le Maire ouvre plutôt en grand son robinet TWh ARENH. Il y a de la marge puisque ledit robinet peut débiter 400 TWh. Qu’il nous laisse profiter de ce que nous et nos parents avons déjà payé en tant que contribuable. Qu’il relance le nucléaire puisqu’il est aussi ministre de la Relance. Qu’il médite sur l’échec de l’empereur Dioclétien qui prétendait, avec son édit du maximum, bloquer les prix au temps de l’inflation de l’empire romain (comme je le rappelle dans mon livre Du sumérien au bitcoin : dettes et crises monétaires).

Sans rire, M. Le Maire prétend nous « protéger ». Quand quelqu’un prétend vous protéger d’un risque dont il est à l’origine en vous soutirant de l’argent, en bon français, cela s’appelle du racket.

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