Par Bernard Garcia Larrain.
Dimanche dernier, les Chiliens ont voté pour le premier tour des élections présidentielles dans un contexte de crise politique et institutionnelle. Les deux candidats qualifiés pour le second tour sont José Antonio Kast, fort de 28 % des voix, et Gabriel Boric qui le suit dans un mouchoir de poche, avec 26 % des suffrages exprimés. Ces deux candidats sont à l’exact opposé de l’échiquier politique du pays des poètes.
La presse internationale a conclu un peu rapidement que l’homme parvenu en tête du premier tour était d’extrême droite, né au sein d’une famille allemande nazie exfiltrée au Chili après la guerre, un admirateur de Pinochet doublé d’un homophobe. Heureusement, la réalité est plus nuancée et plus complexe à la fois. Les Chiliens formant un peuple modéré, moderne et démocrate, il semble indispensable d’apporter certains éléments de compréhension.
Qui est José Antonio Kast ?
José Antonio Kast est né en 1966 au sein d’une famille allemande arrivée au Chili peu avant sa naissance. Son père, lieutenant de la Wehrmacht, âgé de 21 ans lors de la capitulation allemande, appelé du contingent sans la moindre complaisance pour le Troisième Reich, ne fut impliqué dans aucun crime de guerre ni suspecté d’allégeance au parti nazi. José Antonio a accompli de brillantes études de droit avant de s’inscrire au barreau de Santiago. Père de neuf enfants, catholique pratiquant, il consacre la plupart de sa carrière à la vie politique.
Quatre fois député et membre d’une coalition de droite, candidat à l’élection présidentielle de 2017 où il obtient 8 % des voix, il fonde sa propre formation en 2019, le Parti Républicain, et se représente. José Antonio Kast est un homme de droite et l’assume entièrement : il défend ses idées avec clarté, calme et conviction, et grimpe dans les sondages à chaque débat précédant le premier tour.
Kast s’empare des valeurs de la droite traditionnelle pour se distinguer des partis de centre droit chiliens, jugés trop libéraux en matière de normes sociétales et trop permissifs sur les sujets d’immigration et de sécurité.
Il faut dire que le Chili est gangréné par la violence des groupes terroristes dans la région de l’Araucanie et frappé par des attentats qui n’épargnent ni les transports publics, ni les églises, ni les bâtiments administratifs.
Kast fait campagne sur l’ordre, la sécurité, la prospérité et la liberté. Il considère que le développement économique et social du Chili est en grande partie redevable des accords entre les coalitions politiques en faveur d’une économie de marché. Il se veut la seule alternative au populisme et à la violence qui entachent la vie politique chilienne depuis des années.
Après sa qualification dimanche, les principaux partis de centre droit se sont ralliés à sa campagne. Si la tradition chilienne se perpétue – qui veut que le vainqueur du premier tour soit, sans exception, élu au second tour –, José Antonio Kast sera le prochain Président du Chili le 19 décembre.
Comme de nombreux Chiliens, Kast assume avoir voté Oui au référendum de 1988 pour décider de la prolongation au pouvoir jusqu’en 1997 d’Augusto Pinochet. Le No l’ayant emporté à 56 % des voix, la transition démocratique s’est imposée, avec l’élection d’un Congrès et d’un nouveau président de la République, entré en fonction le 11 mars 1990. Kast avait 22 ans.
Miguel, son grand frère, avait été un ministre important dans le domaine économique du gouvernement Pinochet. Une telle situation n’est pas rare dans ce pays, gouverné à deux reprises par Sébastian Pinera (président sortant, de centre droit), petit frère de l’un des ministres le plus important du général.
S’agissant de sa vision sur les sujets dits sociétaux, Kast assume pleinement son adhésion à la doctrine chrétienne. Ce n’est pas pour rien que le vote chrétien, qu’il a su fédérer, forme une grande partie de son électorat (au Chili, ce terme inclut catholiques et protestants sans distinction).
Il est fermement opposé à l’avortement et à la légalisation des unions des homosexuels mais cela ne l’empêche pas de répéter qu’en tant que Président, il ne pourrait pas imposer ses vues au Parlement. Deux lois portant sur ces questions sont d’ailleurs sur le point d’être votées.
Gabriel Boric le candidat de la gauche au Chili
Si l’on veut absolument ranger le candidat José Antonio Kast parmi les extrêmes, il faut s’intéresser un instant à son adversaire, Gabriel Boric. The Economist ne mâche pas ses mots, renvoyant dos à dos deux candidats plus extrémistes l’un que l’autre ! Les deux candidats sont à l’exact opposé de l’échiquier politique, nous l’avons dit. Boric, député âgé de 35 ans, ancien leader des manifestations étudiantes qui ont secoué le pays en 2011, s’est distancié de la gauche traditionnelle qui a gouverné pendant de longues années.
Il s’est allié avec le Parti communiste chilien et entend bien gouverner avec lui pour « transformer radicalement la société néolibérale ». Le Parti communiste chilien ne cache pas ses sympathies pour les régimes installés au Venezuela, au Nicaragua ou à Cuba. Pour une partie de la droite chilienne, pointant son rapport parfois ambigu avec les mouvements terroristes, il est le plus pur représentant de l’extrême gauche.
Gabriel Boric est pourtant l’un des rares hommes politiques de sa coalition à avoir signé les accords de paix et accueilli favorablement l’idée de rédiger une nouvelle Constitution en 2019, lorsque le pays était à feu et à sang, au point de passer pour un traître aux yeux de ses camarades.
Attention aux qualificatifs d’extrémistes au Chili
Dans le contexte de l’élection chilienne, souvent qualifiée par les experts comme la plus importante de notre époque, les qualificatifs d’extrêmes, lourds de sens historique et politique, méritent d’être maniés avec précaution. Ils répondent sans doute à l’esprit autoréférentiel des partis politiques classiques qui qualifient la vie politique depuis leurs propres positions et n’acceptent pas d’avoir été dépassés.
De fait, les deux candidats des coalitions ayant gouverné le pays pendant trente ans, Sebastian Sichel (ancien ministre de Sebastian Pinera) et Yasna Provoste (ancienne ministre de Michelle Bachelet), ne sont hissés qu’à la quatrième et la cinquième place dans ce premier tour. Après trente ans de gouvernance au centre droit et au centre gauche, ces partis n’ont peut-être pas su se renouveler.
Les candidats présents au deuxième tour ont sans doute mieux capté les aspirations de la société chilienne contemporaine. Kast et Boric ont pris le recul qui s’imposait face aux partis traditionnels, désavoués et impuissants. Boric représente une population jeune (moins de 35 ans) critique de la direction qu’a prise le pays, alors que l’électorat de Kast est plus âgé et plus conscient du développement atteint grâce à la politique menée depuis un certain temps.
Comme le disait Camus, « mal nommer les choses c’est ajouter au malheur de ce monde ». Les mots ont un sens, y compris lorsque l’on parle de la politique d’un pays aux antipodes du nôtre.
Mis à jour le 30/11/2021
Pour la presse française, tout ce qui est à droite du centre constitue l’extrême droite. Donc rien de neuf sous le soleil français…
extrémiste, pas « extrêmiste ».
On dit ‘extrême’, mais ‘extrémiste’.
Comme on dit Israël, et un Israélien, ou une Israélienne, ou un plat israélien, une radio israélienne.
Ce serait pas mal d’apprendre à maîtriser le français, surtout quand son métier est d’utiliser l’écrit…
Attention à TOUS les qualificatifs « d’extrémisme » qui ne sont que pure propagande de la gauche dans le 99% des cas.
Ce sont les gauchistes qui pratiquent la violence politique, la rapine fiscale, la censure, l’assassinat juridique et le retour à l’économie administrée avec son lot de violence et de répression.
Ces gens qui ont véritablement des programmes et des comportements totalitaires passent leur temps à accuser les autres de leurs propre maux.
Attention aussi au parti du système du « centre » ou de « droite » qui se sont gauchisés dans nos pays à l’instar des « libéraux » suisse qui ont voté beaucoup des mesures de collectivisation de la gauche.
En suisse le parti le plus libéral depuis quelques décennies est ainsi l’UDC ironiquement qualifié « d’extrême-droite ».
À quand un journaliste chilien s’intéressant à la politique française, et mettant en garde ses lecteurs contre l’utilisation injustifiée du qualificatif « extrême droite » utilisé pour disqualifier certaines personnalités politiques à l’écoute des Français ? Utilisation injustifiée du terme « extrême droite », qu’on retrouve souvent sur un site Web libéral…
Il me semble faux et non démocratique d’exclure tout candidat extrême droite de gagner la présidentielle après tout c’est le peuple qui choisit et il est souverain; en 1933 c’était le peuple allemand qui avait fait élire Hitler et connu auparavant par ses positions extrême d’éliminer les juifs dans son livre « mein kampf » écrit en 1923 dans sa cellule de prison de même aujourd’hui en France toute la presse empêche Marine Le Pen fille de don papa Jean Marie Lepen un extrémiste de talon ,de gagner l’Elysée en lui fait de l’ombre par d’autres candidats qui ne sont des extrémistes donc il faut laisser le peuple dire son mot