À cause des banques centrales, l’investissement classique ne marche plus

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Banque Centrale Européenne (BCE) (Crédits Adam Baker, licence Creative Commons CC-BY-2.0)

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À cause des banques centrales, l’investissement classique ne marche plus

Publié le 1 novembre 2021
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Par Pascal Hügli.
Un article de Mises.org

60 % d’actions, 40 % d’obligations. Ce qui a été considéré comme la règle d’or de la théorie du portefeuille pendant des décennies a de moins en moins de valeur pour les investisseurs aujourd’hui. Parce que les banques centrales ont soutenu presque tous les marchés, imitant essentiellement le créateur de marché de dernier et de premier recours, les rendements ont été faibles, les corrélations ont augmenté et les valorisations sont privées de leur sens.

Pour agir en tant que créateur de marché ultime, les banques centrales ont augmenté leurs bilans. Elles ont créé des liquidités – principalement sous la forme de réserves bancaires électroniques – pour ensuite les échanger contre des garanties impeccables sous la forme d’obligations d’État. Cela a plusieurs conséquences. Les bonnes garanties sont siphonnées des marchés vers le bilan de la Réserve fédérale, ce qui met la pression sur les acteurs du marché pour trouver des garanties éligibles afin de maintenir la création de crédit nécessaire au système. Alors que l’offre se réduit, la demande est implacable.

Plus de dettes, moins de rendement

En outre, la dette publique est concrètement monétisée par les banques centrales. En 2020, la Réserve fédérale a acheté 55 % de tous les titres du gouvernement américain. Les prévisions montrent que la Banque centrale européenne est susceptible de monétiser 98 % de l’ensemble des émissions d’obligations des États souverains européens, ce qui est impressionnant.

Ainsi, une demande sans précédent de la part des acteurs privés et publics fait baisser les rendements des obligations d’État. Si les rendements des obligations du gouvernement américain sont encore positifs, ils n’en sont pas moins historiquement bas. Le rendement de l’obligation allemande à trente ans a évolué négativement à plusieurs reprises cette année. Et en Suisse, toutes les obligations, y compris l’obligation à cinquante ans, ont effectivement un rendement négatif.

Mais avec des rendements aussi bas, les gouvernements sont heureux de fournir les garanties nécessaires en échange de la possibilité de s’endetter davantage. En conséquence, les niveaux d’endettement mondiaux ont atteint un nouveau record historique de 296 000 milliards de dollars, grâce à une augmentation record de la dette des États, des ménages et des entreprises.

En raison de leur rendement historiquement bas, les obligations des principaux pays occidentaux deviennent de plus en plus des patates chaudes que personne n’est prêt à conserver longtemps. Bien que ces « instruments d’épargne » puissent être utilisés pour spéculer sur les gains de prix à court terme résultant des fluctuations des taux d’intérêt, les investisseurs ne veulent pas conserver l’obligation jusqu’à son échéance, car les obligations se transforment alors automatiquement en une transaction perdante.

Quand les corrélations positives sont négatives

La baisse des rendements a également un impact continu sur les actions, car elle affecte les taux d’actualisation. Des rendements plus faibles signifient des taux d’actualisation plus faibles, ce qui signifie à nouveau que les flux de trésorerie sont actualisés à un taux plus faible, ce qui fait augmenter la valeur d’une action. Ainsi, si les prix des obligations augmentent en raison d’une impression monétaire sans fin, cela se répercute également sur les marchés des actions.

Les prix des actions et des obligations augmentant de plus en plus au même rythme en raison de l’intervention des banques centrales, la corrélation entre les deux s’est accrue au cours des dernières années. Au grand dam des gestionnaires d’investissement, lors des récentes périodes de correction des marchés, la corrélation était positive – au moment même où une corrélation négative entre les actions et les obligations aurait été la plus importante. En fait, la corrélation glissante sur les trois dernières années aux États-Unis est proche de 0,20 et sur une année – l’année de la pandémie, notamment – même proche de 0,40. Sur des marchés comme la Suisse ou le Japon, les actions et les obligations n’ont été que légèrement corrélées négativement.

Au cours de l’été (fin juillet 2021), la corrélation entre les actions et les obligations a atteint un niveau plus élevé qu’avant la crise financière de 2008. Si, historiquement, les corrélations ont été plus élevées, la situation actuelle est particulièrement précaire en raison d’autres contraintes auxquelles les investisseurs sont confrontés, comme les taux d’intérêt négatifs, des niveaux d’endettement sans précédent ainsi que des problèmes structurels urgents comme la démographie.

Un regard au-delà des actifs libellés en fiat

En ces temps de marchés volatils, où tout et tous sont suspendus aux lèvres des banques centrales, la question se pose : si le portefeuille traditionnel composé de 60 % d’actions et de 40% d’obligations a fait son temps – notamment en raison de la corrélation accrue entre les actions et les obligations – quelle est l’alternative ? Plus que jamais, la clé semble être l’agilité et une perspective allant au-delà des actifs libellés en monnaie fiduciaire.

Il est évident que les investisseurs – en particulier les gestionnaires d’actifs professionnels – ne pourront pas éviter complètement le monde de la monnaie fiduciaire. Dans une certaine mesure, ils devront continuer à jouer le jeu de la monnaie fiduciaire, qui s’est transformé en une lutte constante contre la dévaluation. Grâce à des algorithmes sophistiqués et intelligents, le temps passé par un investisseur sur les marchés devrait être optimisé. En restant investi dans des actifs à risque, un investisseur a une chance de surpasser la dévaluation actuelle de la monnaie fiduciaire.

Dans le même temps, les investisseurs doivent se tenir prêts à fuir temporairement les marchés d’actions et les marchés à risque plus larges lorsque des soubresauts à court terme les perturbent. Pour ce faire, ils peuvent essayer d’anticiper les chocs récurrents sur les taux d’intérêt (en se concentrant sur les « opérations à guichet ouvert » des banques centrales) ainsi que les perturbations de la volatilité.

Mais il ne suffit pas de rester dans le monde des actifs libellés en monnaie fiduciaire. L’or et le bitcoin permettent de détenir des actifs qui peuvent potentiellement fonctionner au-delà des limites de la finance traditionnelle. Alors que l’or est actuellement l’actif à risque ultime, le bitcoin est actuellement l’actif à risque le plus recherché au monde, qui se développe rapidement pour devenir un autre véhicule à risque en dehors du système fiduciaire.

Il faut faire preuve de souplesse

Les algorithmes qui aident un investisseur à optimiser son temps sur le marché au sens large ainsi que sur des actifs concrets doivent être dotés de la plus grande flexibilité possible en termes de sélection d’actifs – les produits de taux d’intérêt, les produits de volatilité, les produits de métaux précieux et les actifs numériques permettent une stratégie nuancée et peuvent potentiellement surperformer dans différents scénarios. Cette flexibilité supplémentaire donne à l’algorithme un avantage considérable par rapport à la sélection rigide d’actions et d’obligations d’un portefeuille classique 60/40.

Après tout, la rigidité d’un portefeuille classique 60/40 est actuellement plus un inconvénient qu’un avantage. Si l’inflation continue d’augmenter, comme elle l’a fait ces derniers mois, les banques centrales pourraient être contraintes de s’écarter momentanément de leur politique monétaire ultra-expansionniste. Cela mettrait certainement encore plus sous pression le portefeuille classique 60/40 d’un investisseur, car tant les actions que les obligations devraient intégrer les nouveaux niveaux de taux d’intérêt.

Traduction Contrepoints.

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