Les 32 heures : 97 % des gens ont des réflexes « illibéraux »

Un récent sondage sur les 32 heures indique que l’idée que tout devrait être réglé par l’État est bien ancrée chez les Français qui semblent ignorer que la liberté contractuelle mériterait d’être farouchement défendue.

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Les 32 heures : 97 % des gens ont des réflexes « illibéraux »

Publié le 23 octobre 2021
- A +

Par Simone Wapler.

Voici les réponses à un récent sondage LinkedIn actualités – BFM Business portant sur la question « Que pensez-vous de la semaine de 32 heures ? »

  • Excellente idée, on y viendra             46 %
  • Bonne idée mais irréaliste                  24 %
  • Mauvaise idée                                       28 %
  • Autre (expliquez)                                    3 %

(Résultats supérieurs à 100 % en raison probablement d’arrondis)

25 556 réponses enregistrées.

LinkedinActualités déclare 1 126 431 abonnés.

Ceux qui répondaient étaient invités à justifier leur opinion et le sondage a recueilli 1509 commentaires.

En préambule figurait le texte suivant :

Plusieurs pays à travers le monde lancent des initiatives visant à réduire le temps de travail. Ainsi, en Espagne, le gouvernement a lancé début 2021 une expérimentation de la semaine de 32 heures (sans baisse de rémunération) auprès de 200 entreprises volontaires. En Islande, 2500 fonctionnaires ont également expérimenté la réduction du temps de travail pendant quatre ans, avec des résultats jugés prometteurs. Parmi les avantages mis en avant par les adeptes de la semaine de 32 heures figurent notamment une meilleure répartition du travail, qui permettrait de créer des emplois, ou encore une amélioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les salariés.

Ce texte expose le biais étatiste et favorable du journaliste. Les « pays » sont assimilés à leurs « gouvernements ». Le premier « avantage » est le « partage du travail » qui serait « créateurs d’emplois ». Aucune mention du chômage qui montre que, quelle que soit la durée légale du travail, celui-ci n’est pas « partagé ».

La reprise par Forbes du sujet est un peu plus fidèle à la réalité :

La semaine de 35 heures est l’une des spécificités réglementaires en France. Dans le contexte actuel de la crise économique et épidémiologique, le pays (politiciens et journaux) repense la semaine de travail et se demande si elle ne pourrait pas être ramenée à 32 heures.

Ainsi, pour cet autre journaliste, le « pays » se définit comme les « politiciens et journaux » et les 35 heures sont vues comme une coutume réglementaire gauloise.

Le penchant étatiste et collectiviste national est mis en lumière par les commentaires accompagnant les réponses.

Plus personne pour promouvoir la liberté contractuelle ?

Rares sont ceux qui évoquent la question de savoir pourquoi la durée du travail doit être fixée par l’État et ne pourrait faire l’objet d’un accord contractuel entre les intéressés, au même titre que le salaire ou les horaires. Pourquoi la norme serait-elle par ailleurs une durée hebdomadaire, pourquoi pas journalière, mensuelle, trimestrielle, annuelle ? Qu’ils soient favorables ou non aux 32 heures les commentaires comportent neuf fois sur dix ce biais étatiste.

On comprend que politiciens, fonctionnaires et journalistes comme syndicats subventionnés en mal de lecteurs ou d’adhérents n’aient aucune envie de promouvoir la liberté contractuelle. Mais lorsque les citoyens ordinaires n’en ont plus envie, ils sont mûrs pour la mise sous tutelle.

Et si la gauche devenait moins bête que la droite ?

Même à l’OFCE, les économistes payés par les contribuables ont une approche plus nuancée de la question :

Alors qu’une partie de la gauche pousse pour imposer la réduction du temps de travail à 32 heures par semaine, l’économiste Éric Heyer de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) explique qu’il s’agit d’une « formidable arme économique en période de crise ». Mais pour l’adopter définitivement, il faut être prêt à gagner moins d’argent ou à augmenter les impôts, précise-t-il.

Donc 32 heures, c’est bien, mais l’argent ne pousse pas sur les arbres et l’OFCE parle non pas d’argent public, mais d’argent des impôts. Verrions-nous une mini révolution culturelle en marche de ce côté ?

Il est vrai que le « camp du bien public » semble récemment avoir été piqué par une bizarre mouche libérale puisque sur le sujet de la flambée des prix des carburants, Ségolène Royal propose de baisser les taxes !

Si le gouvernement veut vraiment apaiser les angoisses des Français et ce prélèvement violent sur le pouvoir d’achat, il baisse les taxes. Est-il normal que des milliards d’euros supplémentaires prélevés sur les Français arrivent dans les caisses de l’État uniquement parce que le prix du brut a augmenté ?

Comme quoi, les Bonnets rouges, ancêtres des Gilets jaunes, ont bien fait de ne pas pendre par les aisselles la ministre de l’époque à l’un de ses portiques écotaxes.

Ne nous extasions pas, il reste encore du chemin à parcourir chez certains benêts rouges.

Selon 20 Minutes :

Anne Hidalgo et Yannick Jadot, par exemple, ne veulent pas de loi sur la réduction du temps de travail (comme pour les 35 heures), mais des négociations par branche. Clémence Guetté est plus radicale et Thomas Portes veut que les 32 heures soient imposées par le pouvoir politique. »

Autoritarisme chez Clémence Guetté et Thomas Portes, mais bon réflexe d’Anne Hidalgo et Yannick Jadot : beaucoup de pays laissent la question de la durée de travail aux accords de branches. Hélas, en France, les syndicats de salariés sont subventionnés et n’ont aucune représentativité. De surcroît, quand le principal syndicat patronal (tout aussi subventionné) appelle le gouvernement à nationaliser les entreprises, comme l’a fait Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, on peut douter de sa représentativité.

La droite lobotomisée par l’identitaire et le sécuritaire

La droite française étatiste (pardon pour le pléonasme) n’a jamais été à l’aise ni avec le social ni avec le libéralisme qui soutient la liberté contractuelle décontractée.

Cette droite a déjà choisi son pré carré pour la campagne présidentielle : le terrain de l’identité nationale, du souverainisme et du sécuritaire. Elle délaisse les thèmes économiques ou ne fait que des propositions brouillonnes et nullement étayées.

« Se servir sans servir » ?

À sept mois d’une élection importante, le constat est accablant : une population économiquement ignare s’imagine vivre dans un pays ultralibéral, s’en remet à l’État pour régler tous les problèmes attribués à ce libéralisme sauvage, se laisse tondre pour engraisser ceux qui prétendent être au service du public et ne sont qu’au service de leurs privilèges. Ironiquement, la devise de l’ENA – largement représentée parmi nos professionnels de la politique de tous bords  – est « servir sans se servir ». Dans les faits, c’est l’inverse.

  • Les partis politiques sont subventionnés
  • Les syndicats sont subventionnés
  • Les médias sont subventionnés
  • Les associations sont subventionnées

Tant qu’aucun courant populaire non subventionné ne s’élève pour défendre nos libertés économiques et la non-ingérence de l’État dans nos contrats privés, la rage de l’impôt continuera à prévaloir, tandis qu’une part grandissante de la population paupérisée attendra sagement parquée dans ses logements sociaux son bon de réparation vélo, bon d’essence, chèque énergie et bientôt son « revenu universel »…

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  • ouaip..
    dans l’idée du français moyen un patron peut vous faire travailler moins… en gardant le même salaire…
    si on accompagnait cette preposition de réduction de la conséquence probable sur le niveau de vie.. que le gouvernement peut juste masquer durant un temps..

    eh oui pas de miracle si vous n’augmentez pas votre productivité au travail.

    un collège a essayé de « gagner l’argument » par la bande il m’a expliqué que les entreprises qui ont décidé de le faire avaient vu moins d’arrets de travail et donc qu' »elles s’y retrouvaient »;.
    l’idée que le patron exploite le travailleur est toujours présente..

  • Si la question avait été : Voulez vous gagner 10% de moins?, la réponse n’aurait pas été la même…
    En fait suite à la crise, il faudrait augmenter le temps de travail (sans hausse de salaire bien sûr)

    • en fait .. il ne devrait rien avoir à faire surtout « collectivement »…

      ma santé me regarde et mon aspiration à un certain niveau de vie aussi…

  • Article concis mais qui va droit au but et dit ce qu’il faut dire sur cette folie de la réduction du temps de travail qui n’est qu’un désavantage acquis de plus pour notre pays dans la concurrence avec les autres. Les délocalisations et l’émigration des cerveaux et fortunes va continuer…

  • Mitterrand et ses sbires ont fait ce qu’il ne fallait pas faire, réduire le temps de travail, et voilà qu’on veut encore le réduire, mais où va-t-on ?!
    La france est déjà un pays qui n’est pas compétitif avec un nombre trop important de personnes qui ne pensent qu’à vivre du social mais cela arrange le gouvernement car cela lui permet de garder sous son joug un volume de personnes susceptibles de voter pour lui tant que les aides continueront à pleuvoir.
    Pour info en 2012 la Suisse a rejeté à 67% la demande de 2 semaines de congés supplémentaires, pour le comprendre il suffit de comparer ce pays vs le nôtre qui n’arrête pas de décliner parce que nos décideurs continuent à prendre des décisions en dépit du bon sens.
    A l’approche de 2022 le gouvernement semble prêt à toutes les compromissions, toutes les bassesses et les pires c….. pour arriver à passer coûte que coûte et cela va nous mener dans une situation encore pire que celle que nous connaissons.
    Malheureusement la plupart des gens ne sont pas en mesure de réfléchir et d’analyser la situation, se contentant de surfer sur la vague au gré des annonces gouvernementales et de ce que les médias « laveuses » de cerveaux veulent bien leur ancrer dans la tête.
    Pour 2022 il n’y a à ce jour aucun candidat capable d’inverser la vapeur et je doute fort que quelqu’un se dévoile, mais surtout qu’on arrête de nous bassiner avec des sondages qui ne servent à rien si ce n’est qu’à flatter l’ego de quelques uns.

  • À. Hidalgo et Y. Jadot ont pris conscience d’une chose fondamentale : c’est le privé qui crée la richesse. Alors on ne le met pas aux 32h. On ne met que les fainéants, pardon, les fonctionnaires aux 32 h avec maintien du salaire. C’est sûr que cet électorat leur sera ainsi acquis. Déjà, avec 35h, L’État n’a plus les moyens de payer ses fonctionnaires (heures supplémentaires). Comment va-t-il faire pour les 32h ?
    Qui peut penser qu’un commerçant ne va ouvrir sa boutique uniquement 32h ?
    La baisse à 35h n’a créé des emplois que chez les fainéants, pas dans le privé et à mis au chômage des SMICARDS dont le travail n’était plus compétitif et donc délocalisé.
    Cette idée est valable si tous les pays l’appliquent. Mais aucun autre pays que la France n’est aussi stupide que notre gauche caviar.

    • les fonctionnaires ne sont pas nécessairement des faineants.. le metier pas toujours une sinécure.. le statut par contre ne pousse pas à la productivité car il ne la reconnait pas…au contraire du privé..

      le statut ne devrait simplement pas exister.
      mais c’est comme de dire que les profs sont nuls… non ,l’ed nat est un monstre..et pousse à la médiocrité.

      il ne fait pas se mettre les fonctionnaires à dos si vous voulez la fin de cette mécanique funeste.

      sinon…oui…c’est sans doute ce à quoi les deux phares de la pensées pensent.

    • Cette idée est valable si tous les pays l’appliquent.

      Non, désolé. C’est une mauvaise idée dans tous les cas de figure. Laissez aux gens la liberté de travailler le nombre d’heures qu’ils veulent (ou parfois, doivent : cf par ex. les agriculteurs, soumis aux aléas de la météo et des saisons).

      • Effectivement, c’est le privé et ses salariés qui tirent la charette et créent la richesse, mais ils sont bloqués aux 35h. Seuls les indépendants ( sans salariés) peuvent adapter la durée de leur travail aux spécificités de leur activité, mais comme en France on leur crée des conditions fiscales et réglementaires tellement absurdes qu’ils ont intérêt à aller exercer leur activité ailleurs. ( Sauf les agriculteurs bien sûr!! – (Je plaisante évidemment!).

  • Je ne savais même pas que ce débat (les 32 heures/semaine) était à l’ordre du jour.

    97%, un score soviétique. Certes, c’est un sondage Linkedin, mais quand même : ce pays est vraiment foutu.

    Je rappelle que selon l’enquête de l’OCDE de 2018, la France se classe dernière s’agissant du nombre d’heures travaillées par habitant et par an avec 630 heures. Et comme par hasard, j’entendais il y a quelques jours que sous la présidence Macron, le nombre de Français vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 9 millions à 12 millions. Mais c’est un hasard, évidemment, et le grand ennemi des Français est le turbo-ultralibéralisme. CPEF.

    • Récemment, j’ai retiré mon profil de LinkedIn, car le politiquement correct y devient étouffant.

      Un sondage sur ce réseau risque bien de constituer un indicateur plutôt biaisé.

  • Le dernier paragraphe est exactement ce que l’on peut constater et qui s’accélère : on nous ponctionne de plus en plus sur notre salaire, et la redistribution s’est accrue.
    Si vous gagnez à peine plus de 2000€, vous payez plein pot, taxe d’habitation et foncière (si proprio), électricité, essence etc. Et hop, vous n’avez droit à rien de ce qui est reversé du fait des hausses récentes.
    Et bien sûr, les gens se plaignent du montant du chèque « ceci-cela » au lieu de réclamer la baisse des taxes abusives.

  • Oui, Charles Gave soutient un candidat « heure sombre » sans programme économique intéressant libéralement, la droite des entrepreneurs n’a pas été anéantie par 40 ans de propagande gauchiste au point que les pitoyables restes que plus personne n’écoute font des alliances avec LREM et Hidalgo et Royale dont toutes les mesures sont toxiques ont soudainement « pris conscience » de la réalité et ne vont pas voter des deux mains avec leur camp.
    .
    Bon, quel est le but de cet article avec ce sondage bidon ?
    Flinguer un candidat qui propose ENFIN le définancement des médias publique et la baisses de taxes et règlements ?
    Macron président ?

    • C’est ça, tu as tout compris champion : critiquer la politique des 32 heures, c’est soutenir Macron…

      C’est fou ce que certains commentateurs peuvent être à côté de la plaque…

  • Il serait intéressant de comparer avec le même sondage sans la demande « Expliquez » pour ceux qui choisiraient la réponse « Autre ».

  • Dans 10 ans, la France sera derrière la Pologne si nos sbires de gauche rejouent au rase gratis de Franchou le Vichyste….

  • Les commentaires sont fermés.

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