Par Pierre Farge.
Un témoin clé contre Julian Assange admet avoir menti en échange de l’immunité américaine. Un élément central de l’accusation américaine s’effondre. Pierre Farge, avocat, auteur de l’ouvrage Le Lanceur d’alerte n’est pas un délateur, rappelle un procès politique où les États-Unis sont prêts à tout pour condamner l’auteur des Wikileaks, y compris piétiner le droit à pieds joints.
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En France, la subornation de témoin est punie conformément à l’article 434-15 du Code pénal, disposant ainsi que :
Le fait d’user de […] pressions, menaces, […], manœuvres […] au cours d’une procédure […] en justice afin de déterminer autrui soit à faire ou délivrer une déposition, une déclaration ou une attestation mensongère, […] est puni de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende, même si la subornation n’est pas suivie d’effet.
Le délit de subornation d’un témoin est une sorte de complicité du délit de faux témoignage.
En l’occurrence, ces deux délits ont été créés pour renforcer la protection de la sincérité du témoignage en justice en réprimant, d’une part, le témoin qui ment à titre personnel – à travers le délit de faux témoignage – et d’autre part, l’action du tiers qui s’efforce de provoquer un faux témoignage à travers le délit de subornation d’autrui, en principe un témoin. Autrement dit, les délits de faux témoignage et de subornation de témoin tendent à sanctionner une entrave à l’exercice de la justice.
Avec cet aveu aujourd’hui d’un témoin clef venu alimenter l’accusation américaine contre Julian Assange en échange d’une immunité judiciaire, nous avons la preuve d’une manœuvre supplémentaire des États-Unis pour condamner l’auteur des Wikileaks.
Admettant avoir témoigné contre Assange en échange d’impunité américaine, Thordarson (c’est le nom du témoin, aussi pirate informatique) assure donc dans un quotidien islandais ni plus ni moins d’une subornation de témoin.
Dans le seul but d’obtenir l’extradition de Julian Assange aux États-Unis, et le condamner en conséquence sur son territoire, le ministère américain de la Justice a donc collaboré avec un individu qu’il sait dans l’illégalité, pour fabriquer de toutes pièces un acte d’accusation soumis aux tribunaux britanniques.
De fait, l’action américaine devient donc une véritable entreprise criminelle, prête à tout pour parvenir à ses fins, en l’occurrence extrader Julian Assange.
Cette tentative montre en tout cas que le gouvernement américain cherche à établir un précédent qui pourrait être utilisé pour détruire tout éditeur, militant politique ou lanceur d’alerte qui prendrait position contre lui.
Autant d’éléments qui devraient interpeller en France pour donner l’exemple, en accordant l’asile à Assange, voire en améliorant en général la législation en faveur de la protection des lanceurs d’alerte.
[Mise à jour 5/07/2021]
C’est vraiment immonde comme manoeuvre. En revanche il y a une chose que je ne m’explique pas: Pourquoi Trump n’a pas gracié Assange?
Je suis d’accord avec tous les commentaires précédents.
Moi aussi lol
Cela montre jusqu’à quel niveau de vice l’Etat profond est prêt à aller pour éliminer ses adversaires.
Tout parallèle avec le harcèlement que subissent ceux qui remettent en cause le discours officiel sur d’autres sujets (exemple au hasard : le Covid) ne serait, bien entendu, que le fruit du hasard…
Bah non. Votre parallèle n’est pas le fruit du hasard puisque c’est vous qui le faites.
Comme quoi l’état américain est loin d’être libéral.
Comment ? Assange n’a pas d’armes de destruction massive ?
En revanche – et c’est avéré – les politiciens en ont au moins deux qu’ils mettent en œuvre avec une admirable opiniâtreté : la corruption et l’inconséquence.