Régionales en Hauts-de-France : situation avant le premier tour

Les Français s’intéressent de moins en moins aux élections régionales. Le point pour les Hauts-de-France avant le premier tour de ce dimanche.

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Eric Dupond Moretti by Pierre Metivier (creative commons) (CC BY-NC 2.0)

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Régionales en Hauts-de-France : situation avant le premier tour

Publié le 19 juin 2021
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Par Nathalie MP Meyer.

D’après le tableau de bord politique IFOP Fiducial pour Paris Match et Sud Radio de ce mois-ci, moins d’un tiers des Français disent avoir évoqué le sujet des élections régionales de demain 20 juin et dimanche prochain 27 juin 2021 dans leurs conversations récentes avec leurs proches.

Le manque d’intérêt des citoyens pour les régionales

Un taux qui ne fut jamais très élevé dans ce baromètre, mais qui se signale par un profil en baisse constante depuis les 40 % obtenus à l’approche du scrutin régional de 2004 :

Il est vrai que l’impact concret de ces élections régionales sur nos vies quotidiennes n’a rien de renversant. Si les Conseils régionaux ont bien leur mot à dire sur les transports publics et les lycées, ils ne manipulent en réalité “que” 12,4 % des dépenses des collectivités territoriales et 2,5 % des dépenses publiques totales du pays, soit 33,6 milliards d’euros en 2019.

De plus, la Cinquième République étant un régime centré sur le président de la République dont les caractéristiques présidentielles se sont encore renforcées avec l’adoption du quinquennat à partir de 2002, il n’est guère étonnant de constater que les autres élections, législatives comprises, suscitent un enthousiasme des plus modérés dans le corps électoral.

Le scrutin régional n’échappe pas à la règle, qui a vu la participation stagner juste en dessous de 50 % au premier tour de l’échéance 2015. Cette année-là cependant, les bureaux de vote ont retrouvé un semblant d’animation au second tour avec une participation requinquée à 58,4 % sous l’effet du suspense qui resurgit immanquablement à chaque nouvelle élection : qui allait rafler la mise, le Front national (FN) arrivé en tête au premier tour en nombre de voix (28 %) ou le front républicain dressé contre lui ?

Prompt à saisir sa chance électorale et à se donner la stature morale de grand pourfendeur du FN, le président François Hollande avait décidé au soir du premier tour de retirer les listes socialistes dans les régions où elles n’avaient aucune chance de l’emporter – non sans créer au passage quelques rancÅ“urs personnelles1 dans ses rangs – tout en les fusionnant avec le Front de gauche et/ou EELV dans huit autres régions.

Résultat de la course 2015 : le parti de Marine Le Pen, présent dans toutes les régions au second tour, n’en a décroché aucune, tandis que la gauche en obtint cinq en métropole (plus que prévu par les commentateurs) et la droite sept (moins que prévu par les commentateurs).

Les Hauts-de-France

Les Hauts-de-France (oui, j’y arrive !) font justement partie de ces régions où les listes socialistes ne se sont pas maintenues au second tour de 2015 malgré leur score supérieur ou égal à 10 % qui les y autorisait.

Comme on peut le déduire des résultats du premier tour des régionales 2015 récapitulés dans le tableau ci-dessous, Xavier Bertrand doit une fière chandelle à la décision de François Hollande car une triangulaire impliquant le candidat du PS, Xavier Bertrand pour la droite et Marine Le Pen pour le Front national aurait presque certainement débouché sur la victoire de cette dernière. Au lieu de quoi, il triompha de son unique et célèbre adversaire avec un score final de 58 % contre 42 %, la participation ayant grimpé à 61,2 % des inscrits, soit six gros points de plus qu’au premier tour.

Élections régionales 2015 dans les Hauts-de-France – Résultats du Premier tour
Source : ministère de l’Intérieur.


Rien de comparable dans la situation actuelle, alors que le premier tour de l’édition régionale 2021 va se dérouler demain dimanche 20 juin. Selon l’un des derniers sondages disponibles, celui de l’institut OpinionWay pour CNews publié mercredi 16 juin dernier en l’occurrence, le rapport des forces en présence est le suivant :

Avec 33 % des intentions de vote contre 32 % pour le candidat du Rassemblement national Sébastien Chenu, le Président régional sortant Xavier Bertrand semble en meilleure posture que six ans auparavant, encore que l’écart entre les deux tend à s’amenuiser un peu plus chaque jour. Mais l’on cherche en vain un PS en ordre de marche qui ferait la pluie et le beau temps à gauche comme c’était encore à peu près le cas lors du quinquennat précédent.

Dans les Hauts-de-France – et ce n’est pas le moindre des petits points d’intérêt de ce scrutin par ailleurs fort ennuyeux – les miettes de la gauche, autrement dit les petits confettis PS, PCF, EELV et France insoumise, sont exceptionnellement parvenus à s’unir sous la bannière de la député européenne écologiste Karima Delli. Ambition affichée : redonner des valeurs de gauche à cette terre du Nord historiquement de gauche et injustement bâillonnée en 2015.

Selon le sondage, ce bloc pourrait obtenir 20 % des voix et aurait donc la possibilité de se maintenir au second tour. Est-il possible d’envisager un désistement pour faire barrage à l’extrême droite en faveur du candidat de la droite Xavier Bertrand ? C’est d’autant plus douteux que les électeurs de gauche, chez la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon notamment, semblent de moins en moins enclins à jouer cette carte.

Finalement, tout pourrait reposer sur la liste de la majorité présidentielle emmenée par le terne secrétaire d’État aux retraites Laurent Pietraszewski. Tellement terne et si peu enthousiasmant pour les électeurs que les stratèges de l’Élysée ont jugé indispensable de truffer ses listes de quelques noms du gouvernement (Darmanin, Intérieur – Griset, PME – Pannier-Runacher, Industrie) et de lui adjoindre la grande gueule charismatique officielle du gouvernement en la personne du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti comme tête de liste dans le Pas-de-Calais :

Créditée d’un score oscillant autour de 10 % des suffrages exprimés, la liste LREM pourra peut-être se maintenir au second tour, mais la question cruciale consiste plutôt à savoir pour qui elle se désistera.

Du point de vue de Xavier Bertrand, qui se présente à la présidentielle de 2022 contre le Rassemblement national, bien sûr, mais aussi et surtout contre le Président sortant, il serait de beaucoup préférable qu’elle n’obtienne pas tout à fait les 10 % requis afin que les électeurs LREM se reportent sur sa candidature sans tout le ramdam officiel du désistement qui ferait éventuellement de lui l’obligé d’Emmanuel Macron.

Il faut se souvenir cependant que Laurent Pietraszewski était entré en campagne régionale en se présentant comme le candidat de la vraie gauche, une gauche “républicaine, laïque, écologiste, la social-démocratie”. Ses 10 % accrochés aux 20 % de la liste d’union de la gauche pourraient alors donner lieu à une triangulaire particulièrement haletante entre la droite, l’extrême-droite et la gauche du PCF à LREM. À condition toutefois que l’union de la gauche oublie le temps de l’élection qu’Emmanuel Macron lui semble le reste du temps pratiquement aussi odieux que l’extrême-droite.

Reste à savoir quel message le locataire actuel de l’Élysée voudra faire passer dans l’opinion dans la perspective de sa candidature présidentielle en 2022. Un accord à gauche, un maintien quoi qu’il arrive ou un désistement contre le RN en faveur de la droite ? Réponse prochainement, à découvrir dans la future seconde partie de cet article.

Ah oui, je n’ai pas parlé des programmes de ces élections régionales. Aucune importance. On est ici dans le strict meccano politique en vue de la seule élection qui compte vraiment, la présidentielle de l’an prochain.

  1. Christophe Castaner fut l’un des sacrifiés de l’opération. Il avait obtenu 16,6 % des voix en tant que tête de la liste PS en PACA mais a dû laisser le champ libre à Christian Estrosi pour battre Marion Maréchal-Le Pen. Deux ans plus tard il passait avec armes et bagages chez LREM…
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