Hydrogène bas carbone : 7 milliards pour réinventer l’eau chaude…

Selon l’étude de RTE, le développement de l’hydrogène bas carbone par électrolyse peut attendre, sauf si la France souhaite se ruiner.

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Hydrogène bas carbone : 7 milliards pour réinventer l’eau chaude…

Publié le 3 mai 2021
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Par Michel Gay et Christian Bailleux.

Selon l’étude de RTE (Réseau de transport de l’électricité) de janvier 2020, le développement de l’hydrogène bas carbone par électrolyse peut attendre, sauf si la France souhaite se ruiner et réinventer l’eau chaude puisque cette voie hydrogène a déjà été étudiée, testée, et abandonnée.

Perte de mémoire

L’omission de recherches bibliographiques d’organismes tels que France Hydrogène (nouvelle appellation de l’AfHypac depuis fin 2020) ou l’ADEME conduit à refaire des études déjà réalisées et à relancer des projets techniques abandonnés ayant abouti à des impasses techniques et/ou économiques.

Chaque nouvelle génération veut réinventer le monde et dédaigne les travaux qui ont fait la fierté de la génération précédente, surtout s’il s’agit de profiter des sept milliards d’euros promis par le gouvernement pour développer l’hydrogène…

Certes, certaines recherches sur l’hydrogène pourraient permettre de sortir de l’ornière des projets qui végètent toujours après quelques décennies.

Mais ce nouvel engouement n’a-t-il pas plutôt pour objectif d’engranger des subventions faciles en répondant au besoin de rêve des Français, faciles à duper quand il s’agit de sciences ?

Le serpent de mer de l’hydrogène bas carbone

L’hydrogène bas carbone n’est pas une nouveauté. Depuis l’Antiquité, il était connu que des bulles inflammables s’échappaient de l’eau au contact d’un fer rouge.

Ces exhalaisons ne furent nommées hidrogéne (puis hydrogène : engendrant l’eau) que le 2 mai 1787 par Guyton de Morveau et Lavoisier, devant l’Académie des sciences à Paris le 15 janvier 1784.

L’hydrogène est ensuite devenu ce rebelle multi-centenaire, dont l’énergie « propre » issue de l’eau doit sauver l’humanité de la pénurie d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) depuis plus d’un siècle (Jules Verne).

Pour des raisons le plus souvent écologiques, quelques idéalistes politiques remettent régulièrement à la mode le serpent de mer hydrogène comme vecteur énergétique malgré les avertissements de quelques spécialistes du sujet.

La première décomposition de l’eau par l’électricité est attribuée à deux chimistes hollandais en 1789, à l’aide d’un générateur électrostatique puis, en novembre 1801 à Paris, l’Italien Volta fit avec sa pile la première présentation officielle en France du procédé d’électrolyse de l’eau à Napoléon Bonaparte, Premier Consul.

Le commandant Charles Renard construisit en 1890 à Chalais-Meudon la première unité industrielle d’électrolyse de l’eau (48 électrolyseurs ; puissance totale 40 KW) pour le gonflement de ses dirigeables.

En 1900, six installations d’électrolyse produisent de l’hydrogène et de l’oxygène en Europe (Rome, Bruxelles, Lucerne, Montbard) principalement pour la soudure oxhydrique.

Puis en 1912, la première grande unité d’électrolyse industrielle d’une puissance de plusieurs mégawatts (MW) est construite à Bromborough en Angleterre par une filiale d’Unilever pour l’hydrogénation des corps gras.

Pendant la guerre de 1914, la société Air Liquide conçoit et réalise des installations d’électrolyse pour gonfler à l’hydrogène des ballons de la Marine nationale à Cherbourg et à Toulon.

Juste avant la guerre de 1914, Fritz Haber met au point son procédé de synthèse de l’ammoniac à partir d’hydrogène issu du charbon (dit « gaz à l’eau ») permettant à l’Allemagne la fabrication d’acide nitrique pour les explosifs, en remplacement du nitrate contenu dans le Guano importé du Chili.

La France recevra le procédé Haber en 1918 à titre de dommage de guerre, d’où la création de l’usine ONIA de Toulouse, devenue AZF, célèbre par l’explosion de son stock de nitrate d’ammonium le 21 septembre 2001.

Pour fournir l’hydrogène nécessaire à la synthèse de l’ammoniac, de nombreuses usines d’électrolyse de plusieurs centaines de MW sont mises en service entre 1930 et 1960 ; elles sont toujours liées à la construction de grandes installations hydroélectriques.

Des électrolyseurs sont aussi développés en France par la Société SRTI pour les sous-marins nucléaires (le Redoutable est mis en chantier en 1963).

L’hydrogène bas carbone aujourd’hui

Un million de tonnes (Mt) d’hydrogène est aujourd’hui produit annuellement en France.

Seuls 5 % de la production sont obtenus par l’électrolyse chlore-soude, dont l’hydrogène est un sous-produit. C’est la seule électrolyse incontournable qui fournit l’essentiel de l’hydrogène par électrolyse dans le monde

Le reste, soit environ 95 %, est produit à partir du gaz naturel (méthane) en utilisant la méthode appelée « vaporeformage » et, jusqu’à récemment, cette production émettait 10 Mt de CO2, soit environ 2 à 3 % des émissions nationales (440 Mt CO2) pour des usages industriels non énergétiques (raffinage du pétrole, engrais, synthèse du méthanol notamment).

Mais, attention ! Pour les synthèses de l’engrais et du méthanol, ces émissions de CO2 sont en cours de disparition.

En effet, l’évolution actuelle de la technologie de fabrication des engrais à partir de gaz naturel (méthane) privilégie aujourd’hui l’urée ce qui évite tout rejet de CO2 dans l’atmosphère.

De plus, l’excès d’hydrogène apporté par ce nouveau procédé permet de fournir le complément nécessaire à la synthèse du méthanol, rendant ainsi cette nouvelle synthèse « carbo-neutre ».

Ces nouveaux procédés commencent à être mis en œuvre au niveau mondial.

Prochainement, il n’existera donc plus qu’une seule production d’hydrogène avec rejet de CO2 à l’air : celle de la désulfurisation du pétrole qui diminuera naturellement avec la baisse de consommation des carburants d’origine pétrolière.

Toutefois, la transformation du bio-gaz en bio-méthane, peut nécessiter  un traitement à l’hydrogène pour l’élimination des composés soufrés.

En France, les orientations publiques (loi énergie-climat, programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), et stratégie nationale bas-carbone (SNBC)) visent à convertir uniquement la production conventionnelle de l’hydrogène « fossile » pour l’industrie vers un mode décarboné, via l’électrolyse de l’eau grâce à notre électricité déjà décarbonée à 93 % principalement grâce au nucléaire.

Mais le gouvernement, l’ADEME et RTE se sont-ils aperçus que l’affaire des émissions de CO2 dues à la production d’hydrogène pour la chimie est maintenant réglée grâce à ces nouveaux procédés ?

Puisque le passage à l’hydrogène bas-carbone dans l’industrie est en cours par l’actuelle modification des processus chimiques, comment se justifie encore l’intérêt actuel pour l’hydrogène « décarboné » par électrolyse ?

S’agirait-il de l’injecter dans le réseau de gaz naturel ?

Réinventer l’eau chaude

L’injection de l’hydrogène dans les réseaux gaziers a déjà une longue et édifiante histoire.

À partir du Second Empire, toutes les grandes villes du Sud-Ouest, dont Toulouse se sont dotées d’usines à « gaz de ville » dont les deux composants principaux étaient l’hydrogène et l’oxyde de carbone, dont le pouvoir calorifique de l’ensemble est deux fois inférieur à celui du méthane.

Puis, après la guerre, la distribution du gaz naturel (appellation commerciale géniale pour désigner du méthane) plus performant s’est progressivement généralisée, éliminant l’hydrogène.

Il est à noter qu’il existe un réseau de distribution d’hydrogène de près de 1000 km couvrant le Nord de la France, la Belgique, la Hollande et la Rhur (Allemagne) qui dessert de nombreux industriels. Il s’agit là d’hydrogène industriel pour la métallurgie, verrerie, etc. impropre aux synthèses chimiques où une grande pureté est nécessaire pour éviter l’empoisonnement des catalyseurs.

Des études sur l’hydrogène « énergie » (et non plus simplement comme intrant pour l’industrie) réapparaissent principalement en août 1972 avec le rapport de 420 pages de l’American Gas Association (AGA) consécutif à la publication de prospectives alarmistes sur l’épuisement rapide des ressources pétrolières. Il couvre les aspects productions, transports, stockage, utilisations, sécurité, juste avant le premier choc pétrolier de 1973.

En réaction, la Commission des Communautés Européennes (CCE) émet dès 1974 des appels à projet sur l’hydrogène par électrolyse de l’eau couvrant les années 1975 à 1983 mais qui, par manque d’organisation cohérente, et en l’absence de maîtrise d’œuvre, n’aboutiront à rien.

En septembre 1974, EDF et GDF s’associent pour définir la place de l’hydrogène comme vecteur chimique et énergétique en lien avec la production d’électricité nucléaire.

Après avoir demandé simultanément aux trois grands industriels français : Creusot-Loire (CL), Compagnie Electromécanique (CEM), Compagnie Générale d’Electricité (CGE) des projets d’usines d’électrolyse de 300 mégawatts (MW), la CGE construira l’unité pilote de 2,4 MW de Pont de Claix (1986), puis un prototype industriel de 20 MW en 1988.

La décision d’arrêter le projet est prise en 1992 à cause de la baisse de prix du gaz naturel, et de l’exportation plus importante que prévue d’électricité nucléaire. Cependant, les essais se poursuivront jusqu’en 1996.

En janvier 1976, Michel d’Ornano, ministre de l’Industrie sous la présidence de Giscard d’Estaing, crée le Groupe de Travail Hydrogène avec deux sous-groupes : Production et Utilisation (chimie, transport…) et injection dans le réseau gaz. Ce travail a été précédé par une conférence à Genève en 1971 intitulée… « L’hydrogène, l’énergie de l’an 2000 », et par une autre à Miami en 1974 « La civilisation de l’hydrogène ».

Parallèlement, l’International gas association for hydrogen energy a organisé de nombreuses conférences internationales sur l’hydrogène partout dans le monde pendant près de 20 ans : Lausanne 1978, Los Angeles 1980, Tokyo 1982, Montréal 1984, Vienne 1986, Moscou 1988, Hawaï 1990, Paris 1992…

Et tout ça pour quel résultat ?

Certes, l’hydrogène « vecteur énergétique » a permis la conquête de la Lune, et la découverte du système solaire grâce aux sondes Voyagers lancées par les premières fusées à hydrogène.

Mais « l’hydrogène énergie » demeure toujours absent de notre civilisation (sauf 1 % pour les fusées, et dans quelques voitures hors de prix) car ce vecteur énergétique est difficile à manier, à utiliser, dangereux, et trop cher.

Actuellement chaque région veut son projet hydrogène en rêvant de coupler des électrolyseurs (sans dire lesquels) avec des capteurs photovoltaïques ou des éoliennes, sans avoir aucune notion de la complexité des électrolyseurs et du coût invraisemblable de l’hydrogène ainsi produit dans le contexte français et européen.

Seul le Canada peut produire aujourd’hui un hydrogène vert à un coût abordable avec ses immenses installations hydroélectriques.

Que penser de RTE qui, dans son étude de janvier 2020, fonde ses prévisions sur la douteuse flexibilité des électrolyseurs et qui, au final, indique qu’il serait peut-être sage d’examiner, avec le projet Jupiter, si les électrolyseurs sont flexibles ? Mais RTE ne disposera alors que d’électrolyseurs nains incapables de fournir une image fiable des données de fonctionnement des électrolyseurs industriels de grande taille.

Le plus invraisemblable est la floraison de pseudo-organismes scientifiques (environ 300 comité Théodule en France) habiles à attirer l’attention des présidents de région et à accaparer l’argent des contribuables pour examiner de « nouvelles pistes »… déjà explorées et abandonnées !

Ces sept milliards d’euros (!) de subventions publiques viendront s’ajouter aux près de cinq milliards d’euros annuels pour le photovoltaïque et l’éolien, et feront une nouvelle fois éclore des start-ups éphémères qui occuperont de brillants ingénieurs à pédaler dans le vide pour réinventer l’eau chaude au détriment du portefeuille des Français.

(L’ouvrage de Christian Bailleux L’hydrogène de 1781 à nos jours est disponible au prix de 30 euros +7 euros de frais de port en envoyant un mail avec l’adresse d’expédition à cclbailleux@gmail.com )

Quelques chiffres pour les plus motivés…

1 tonne d’hydrogène (tH2) contient 33 MWh d’énergie.

630 000 tH2 contiennent 21 TWh (33 x 630 000) qui, avec un rendement de 60 % de l’électrolyseur, nécessite 35 TWh d’électricité (21/0,6 = 35 TWh).

1 GW de puissance électrique produit par électrolyse 20 tH2/heure.

Donc, 1 GW x 7000 h/an peut produire 140 000 tH2/an (150 000 tH2/an avec 7500 heures de fonctionnement).

Donc, obtenir 630 000 tH2/an pour l’industrie par électrolyse implique environ 4,5 GW (630000/140 000) de puissance électrique en continu.

Soit 4,5 réacteurs nucléaires de 1 GW ou 3 EPR de 1,5 GW dédiés quasiment en permanence.

 

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  • quand ce n’est pas le marché mais les politiques.. quand l’argent « investi » ne vient pas de votre poche…

  • Si on n’avait pas ces éoliennes ni ces panneaux solaire on ne se poserait pas la question de créer une filiaire hydrogène, mais on les a et de plus en plus alors, que faire, 7 milliards pour l’hydrogene ou 7 milliards pour des batteries de stockage ? Sans doute les deux donc 14 milliards à mettre sur la table…. Au lieu de détruire des pylônes 5g utiles si ils nous detruisaient….

    • Disons que nos voisins aux grandes poches ont plein de ventilos, qui produisent à perte durant certaines périodes, et que les écolos continuent de taper dans la caisse, en estimant qu’il serait bénéfique de produire de l’hydrogène avec cette électricité perdue ou vendue à perte…
      Finalement, les grünen sont nos meilleurs alliés dans la compétition industrielle en Europe, puisqu’ils ont trouvé la bas une réserve inépuisable d’argent pour construire leur paradis pastèque, et qu’ils finiront bien par couler leur propre pays…
      🙂

      • L’ennui c’est que nos dirigeants les imitent… Et compte tenu de l’état de notre économie, ça nous fera couler avant eux…

        Vu comment ç’est parti je ne serais pas surpris que lorsque le vent ne soufflera pas, on coupera l’électricité aux français pendant que nos barrages (bientôt vendus au allemands) éclaireront nos chers voisins…

  • Il faut se rappeler qu’ « un système chimique est thermodynamiquement stable lorsqu’il est à son niveau d’énergie le plus bas ».

    L’eau, omniprésente sur terre, est particulièrement stable car la réaction dihydrogène-dioxygène a libéré un maximum de calories.

    L’électrolyse de l’eau est donc, par nature, le procédé le plus énergivore pour produire de l’hydrogène, ( afin de le recombiner avec de l’oxygène pour produire de l’énergie et … de l’eau )

    • Faux : ce n’est pas l’énergie la plus basse qui garantit l’équilibre mais l’enthalpie libre la plus basse (si on travaille à pression constante). Toutes les énergies ne se valent pas et c’est hélas pourquoi les moteurs thermiques n’ont pas 100% de rendement. N’invoquez pas la thermodynamique si vous ne la connaissez pas. Ne prenez pas mal ce rappel mais il est important de ne pas laisser diffuser des erreurs qui sont justement au cœur des croyances à des solutions miracles.

  • Excellent article qui nous apprend que l’hydrogène n’est pas une idée neuve et qu’on ferait bien de s’inspirer des erreurs du passé.
    L’hydrogène est utilisé en milieu industriel quand on ne peut pas faire autrement, si on pouvait s’en passer on le ferait volontiers, tant son utilisation est contraignante.
    L’utilisation de l’hydrogène dans les transports, ferroviaire par exemple, est une utopie.
    Il sera impossible de garantir l’étanchéité des circuits sous des pressions élevées, plusieurs centaines de bar, soumis à des vibrations et des écarts de températures importants.
    Je suggère aux responsables de projet de réaliser rapidement une étude de danger qui posera inévitablement les questions qui fâchent.
    Que se passe t-il en cas de collision entre 2 trains ?
    Que se passe t-il en cas de fuite importante d’un réservoir quand le train est en gare ?
    Que se passe t-il en cas d’attentat ?…
    Aucun organisme sérieux ne validera un tel moyen de transport.
    Il est incroyable que le pouvoir soit à ce point incompétent pour investir autant d’argent en pure perte.
    Je crains fort que ce projet ne serve qu’à justifier les éoliennes qui ne servent à rien.

    • L’idée neuve est qu’il est « bas-carbone ».

      Ce qui autorise dans la dictature écolo à faire fi de toute considération de sécurité.

    • La question la plus embarrassante à poser est « A quoi ça sert?  » Les trains électriques actuels sont bien plus performants que ce que pourra donner l’hydrogène.

      Il vaudrait mieux finir d’électrifier les lignes et ajouter des batteries aux trains pour liquider quelques soucis techniques que de se lancer dans cette connerie…

  • Il faut une demie-heure à un individu censé pour se rendre compte que l’hydrogène est une impasse pour le stockage de l’énergie. Quand un gouvernement y consacre 7 milliards, c’est effarant de nullité.
    En fait, il s’agit d’un contre-feu destiné à retarder l’évidence: les éoliennes ne servent à rien parce qu’elles sont intermittentes.

    • C’est exactement ça! et tout le monde crie au miracle pour une idée qui a vu le jour il y a plus de 150 ans et qui, à ma connaissance, n’a pas fait l’objet récemment d’une avancée technologique majeure qui justifierait un regain d’intérêt.

    • On s’en fout. L’important, c’est qu’il y ait 7 milliards à barboter.
      Donc hauts les cœurs, tous vers l’hydrogène…
      🙂

  • Il faut tout de même quelques bases scientifiques pour aborder certains sujets, dont l’énergie. Savoir et surtout comprendre ce que sont une quantité d’énergie, une puissance, un rendement etc…

    Aussi brillants nos dirigeants soient ils, ils sont en très grande majorité des littéraires. (https://etudiant.lefigaro.fr/article/decouvrez-les-diplomes-des-ministres-du-gouvernement-edouard-philippe_9f5dcdbc-3ae6-11e7-8018-1134ab7dd4db/)
    Certes ils s’appuient sur des équipes, des commissions, des rapports d’expert etc, mais in fine, pour faire des choix éclairés, il est nécessaire de comprendre de quoi on parle. Ont-ils vraiment les bases scientifiques suffisantes ?

    Les individus peuvent être perméables aux belles paroles et à la rhétorique, mais les lois de la physique elles, y sont totalement hermétiques!

    • En plus de manquer de culture scientifique, ils manquent également d’expérience pratique : une bonne idée sur le papier devient rapidement une impasse ou montre son inutilité. On a expérimenté des milliers de solutions théoriques pour en rejeter la plupart parce que ça coûte trop cher, c’est pas fiable, ça ne sert à rien, c’est dangereux, etc …

      Il faut avoir le sens des priorités quand on envisage une aventure technologique : jamais elle ne pourra aboutir si elle fait l’impasse sur le sécurité et les coûts (ce qui est quelque part la même chose). La spécialité des politiciens et des utopistes est de construire des gratte-ciels en commençant par la terrasse puis le dernier étage et ainsi de suite. Le simple bon-sens populaire appelle-ça bâtir des châteaux en Espagne (ou mieux en anglais « castle in the air »).

      Quand les ingénieurs leur présente le calcul du coût de ce type de construction, le chiffre en bas à droite fait frémir tout le monde – sauf eux. Après tout ce n’est que l’argent du contribuable. Et son niveau de vie s’il doit consacrer l’essentiel de son travail à financer l’inutile.

    • mais ces fameuses équipes et commissions censées les éclairer, vont en fait dans le sens du vent pour justifier leur (in)utilité. Quand on voit que l’Ademe et RTE valident un shéma tout renouvelable pour l’alimentation électrique en France ! Vous remarquerez qu’il en va de même pour la science du climat, ou pour la crise sanitaire : tous vont dans le même sens de peur de déplaire, de perdre son poste ou ses subventions

      • C’est le problème avec les techniciens, ingénieurs, technocrates ou tous ceux qui travaillent dans l’abstraction : on leur donne un problème à résoudre, ils donnent la meilleure réponse possible du problème abstrait, même si la question est idiote, biaisée, qu’il s’agit de fabriquer des V2, des bombes nucléaires ou de soumettre le peuple. Le problème se suffit en lui-même aussi mal posé soit il.

        L’interprétation de ce qu’implique la solution n’est semble-t’il pas dans les capacités des « commissions », des élus ou du public.

  • Bon article de Michel Gay (n’oubliez pas mon bouquin quand même, Christian BailleuxESPCI).
    Comme souvent, il argumente très bien. Il soulève foule de commentaires, souvent justes, quelques fois en délire (Lucx vs JCB)
    Mais bon consacrer 7 milliards à un plan dont la partie émergée d’un iceberg brille sous le vent et au soleil pour les tenants d’une mobilité routière «dite responsable», et dont une partie immergée contient entre autres des promesses à la revalorisation des productions électriques intermittentes dont on sait que la conséquente pollution carbone est réalisée assez loin des Enfoirés du Siècle…
    7 milliards en effet ça peut sembler beaucoup, pour refaire comme il le dit des choses et des essais déjà tentés naguère. Mais la période est délicate car tout ce qui n’est pas lisible par internet, pourrait n’avoir pas été tenté, donc défaire et refaire c’est toujours faire… Ainsi les citoyens peuvent être rassurés qu’on pense ainsi à leur bien-être, et aussi mettre la main au porte-monnaie pour lever les angoisses du futur. Il est clair que jusqu’à présent notre pays a bénéficié d’une sage voie, économique et écologique de production électrique parmi les plus propres en Europe et les pays avancés dans le Monde. « To be écolo et to be polluant », je ne sais comment ça s’écrirait en allemand, mais n’y a t’il pas besoin de traduire, ils ne montrent pas le bon exemple sur ce point. Pour en revenir à nos moutons et nos chevaux HP, peut être que 10% de la cagnotte suffiraient à mettre au point des filtres CO2, NOx et fines particules assez efficaces pour rendre le véhicule thermique bien plus propre que l’EV, les deux considérés depuis la source à la casse. Mais l’air du temps n’est pas la… et j’en profite pour glisser que l’ADEME ne glose pas trop sur les additifs (toluène, benzène) ajoutés en antidétonant au-delà de 8% au carburants «super» contrairement au diesel, supposant que la carburation est totale ??. L’agence insiste de bien opter sur la voiture électrique ou même hydrogène-PAC, dans le sens des couloirs ministériels.
    En revenant aux voitures individuelles : ~6000 stations-services en France, dont pas mal dans les grandes surfaces ou le long des autoroutes, certaines ravitaillant par exemple plus de 2000 v./jour… à 5 kg H2/voiture pour 500 km, sachant qu’un trailer actuel (38 t d’acier) transporte 400 H2 kg sous pression entre la production (2-3 en France) et les stations. Je laisse calculer le nombre de camions ravitailleurs/jour (en remplissage/en route/à livraison) sachant que le coût du produit double après environ 300 km. La tuyauterie (pipe) certes existe très localement mais c’est non généralisable dans tout le pays. Le stockage en volume faible (350 – 700 b) pour quelques kg) est réalité mais le futur recyclage des fibres et polymères s’apparentera à celui des pales d’éoliennes. Il existe certes des solutions comme la production on site et le stockage «solide» on site. Mais, ce n’est pas dans le vent français de la course à l’échalote mise en place de façon plutôt «subite»…
    Ensuite, je ne veux réfuter certaines autres remarques et objections de M. Gay. Mais je renvoie des questions aux lecteurs. Peut être les auteurs auront des réponses.
    On nous dit partout que le pic pétrole est sans doute dépassé, que celui du gaz devrait suivre, et pour le charbon cela viendra d’ici un siècle ou deux. Quel fluide pouvez-vous imaginer pour le futur, qu’il soit densément énergétique, en principe abondant ad-aeternam… bien sûr le moins polluant possible et pas trop cher dans un proche avenir… ? Restera à définir la pérennité de la solution PAC ! Ainsi la batterie électrique lithium, même améliorée ne tiendra pas longtemps la route.
    A présent, la production d’hydrogène utile à l’industrie intéresse des industriels sérieux, par exemple en Corée (Posco), en Suède (Sandvik) et plus proches de chez nous. La production de CO2 dans le Monde est : 25% chaleur & électricité,24% agriculture & sols, 21% industries, 14% transports*, 16% bâtiments & autres énergies. En France le secteur électrique est bien mieux noté en matière de CO2 (nucléaire et hydraulique) et donc l’industrie un peu moins bien située en relatif (sidérurgie et cimenterie, chimie). Le chauffage des installations et la réduction des oxydes sont fortement pourvoyeuses de CO2. Donc il peut sembler intelligent de chauffer et réduire les minerais à l’hydrogène qui ne délivrera alors que le l’eau
    Un bon calcul a même été avancé en fin d’article. Il faudrait donc 4.5 réacteurs actuels plein temps pour satisfaire cette application raisonnable. Comme entre l’hiver et l’été, le surplus de notre sous consommation électrique nuit/jour est de 20 à 25% en moyenne, les centrales nucléaires étant à production constante autant que possible, une bonne partie de cet excédent est aujourd’hui envoyé vers la Suisse (à bas prix) qui pompe de l’eau de bas en haut la nuit, puis inversement turbine ses barrages le jour pour vendre à l’Italie (à bon prix) des kWh hydraulique (non-nucléaire !). Donc notre parc nucléaire s’avèrerait largement suffisant pour couvrir la demande. Encore faudrait pouvoir rapidement stocker derrière les électrolyseurs… Malheureusement ce n’est pas le métier de nos gaziers et liquéfacteurs, même si la solution existe.
    Ensuite considérons le commerce international essentiellement assuré par tankers, porte-containers et autres multiples navires dont les Costa’s, qui ensemble polluent plus que la flotte mondiale entière d’automobiles. On envisage donc de remplacer les fuels lourds soufrés par des gaz (méthanes naturel ou pas). Et après ???. Puisque le moteur thermique type diesel est aisément adaptable à l’hydrogène, pourquoi pas… ??
    Enfin si des rêves sont nés pour récupérer toute l’énergie du monde à partir de photo-voltaïque installés dans les déserts, la question est comment ramener sécuritairement, efficacement et économiquement l’énergie ainsi produite vers les pays en manque ?? Vaudrait mieux penser à un vecteur qui se stocke avant consommation.
    « Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, l’hydrogène n’est,..ni du vent.. ni du soleil. Mais il est bien plus abondant encore que l’uranium.. Peut-être à réfléchir que l’un ne va pas sans l’autre (déjà les turbines des génératrices sont refroidies à l’hydrogène) et développer de façon cohérente.

    * ~ 20% en France : ~1/3 poids lourd, 1/3 super ; 1/3 diesel.. Tuer le diesel d’ici 2030, c’est réduire les 1% de la contribution française totale CO2 de 0.0007 au niveau mondial (en fermant les yeux sur sa génération à la production et recyclage…).. Combien de fractions de °C en moins… ? Combien d’emplois /0.000°C… en moins ?
    Il faut de l’hydrogène pour l’industrie et la marine, des filtres pour les véhicules terrestres mais surtout pas comme justificatifs aux intermittences… en assurant des créations d’emplois à la clé.

  • Très bon article. Pertinent et bien argumenté. cela fait du bien.

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