Quand l’État exige que les réseaux sociaux censurent

L’État charge les réseaux sociaux de restreindre légalement le libre échange d’idées. Avec la loi s’il le faut.

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Quand l’État exige que les réseaux sociaux censurent

Publié le 16 avril 2021
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Par Douglas Blair.

Dans un rituel qui revient de plus et plus souvent au Capitole américain, les législateurs ont récemment appelé les dirigeants de Facebook, Google et Twitter devant le Congrès pour leur assener un coup.

Cette session particulière s’est concentrée sur la « désinformation » et sur le rôle des réseaux sociaux dans l’attaque du 6 janvier contre le Capitole américain. Mais on peut facilement la confondre avec n’importe quelle autre audition précédente au cours de laquelle les législateurs ont réprimandé et exigé des mesures de la part des géants de la technologie.

Pour certains législateurs, lutter contre la propagation de la «désinformation»  signifie que les plateformes de réseaux sociaux ne doivent pas tenir compte de la liberté d’expression et qu’ils augmentent la censure de leur contenu.

Ces derniers mois, les entreprises de technologie ont déjà intensifié la censure au nom d’un nébuleux « bien commun ».

La décision préélectorale de Twitter d’enterrer l’article du New York Post sur Hunter Biden, les interdictions postélectorales de l’ancien président Donald Trump et le deplatforming de Parler sont tous des indications que les entreprises de technologie font preuve de force en tant qu’arbitre non élu de ce que les Américains peuvent voir.

Le Media Research Center, un comité de surveillance du média américain, a compilé une liste de plus en plus longue des formes les plus flagrantes de censure pratiquées par Big Tech.

Si l’immense pouvoir exercé par ces entreprises est une source de préoccupation pour de nombreux conservateurs, les appels incessants de certains à Washington pour plus de censure devraient glacer le sang de ceux qui s’intéressent à la protection de la liberté d’expression.

Le représentant Mike Doyle, démocrate de Pennsylvanie et président du sous-comité de l’énergie et du commerce de la chambre sur les communications et la technologie, a averti, lors de l’audience du 25 mars :

« Vos entreprises doivent être tenues pour responsables […] Nous sommes le comité compétent, et nous légiférerons pour y mettre fin. Les enjeux sont tout simplement trop élevés. »

Le représentant Frank Pallone, démocrate du New Jersey, est du même avis :

« Il est désormais désespérément clair que ni le marché ni la pression publique n’obligeront ces entreprises de médias sociaux à prendre les mesures agressives nécessaires pour éliminer ces informations et l’extrémisme de leurs sites […] Par conséquent, il est temps pour le Congrès de légiférer et de réviser les incitations de ces entreprises. »

Ces promesses d’intervention publique ont été suivies d’une série de demandes de plus en plus éhontées.

M. Doyle a demandé par exemple aux géants de la technologie de supprimer des pages et des comptes sceptiques envers le vaccin contre la Covid-19. La représentante Jan Schakowsky, démocrate de l’Illinois, l’a rejoint en réprimandant les responsables des réseaux sociaux d’avoir autorisé une publicité en espagnol comparant le candidat Joe Biden aux dictateurs socialistes latino-américains pendant la campagne électorale de 2020.

Mais la déclaration la plus troublante est celle du représentant G.K. Butterfield, démocrate de Caroline du Nord, qui a averti que si l’industrie de la technologie ne devenait pas plus « diversifiée » selon les normes étatiques, alors « le Congrès [devrait] [l’]obliger à apporter des changements significatifs au moyen de sanctions. »

Que l’on pense que les vaccins soient utiles ou pas, que Biden est un socialiste ou que l’État devrait superviser les pratiques d’embauche n’est pas le sujet ici. Il n’est pas illégal de remettre en question les vaccins, ni de critiquer l’opposition politique.

Pourtant, si certains démocrates du Congrès parvenaient à leurs fins, les géants de la technologie seraient obligés de supprimer ce type de contenu sous peine de subir des conséquences imposées par l’État.

Les Américains et les citoyens des autres pays devraient s’inquiéter de la symbiose imminente entre les grandes entreprises technologiques et l’État. Ce dernier, incapable de restreindre légalement le libre échange d’idées qu’il réprouve, peut désormais se décharger de la tâche sur l’entreprise privée.

Les gauchistes militants dans ces entreprises technologiques sont plus qu’heureux de supprimer le contenu qu’eux-mêmes trouvent aussi si dérangeant.

Heureusement, les conservateurs s’expriment. Récemment Clarence Thomas, un juge de la cour suprême américaine, a exprimé ses inquiétudes concernant la liberté d’expression, à propos d’une affaire impliquant Twitter :

« Les plateformes numériques d’aujourd’hui offrent des opportunités sans précédent pour des quantités de discours, y compris des discours d’acteurs publics. Mais la concentration du contrôle de tant de discours entre les mains de quelques parties privées est également sans précédent. »

Et lors de l’audience du Congrès, le représentant Dan Crenshaw, républicain du Texas, l’a dit mieux encore :

« Il y a un nombre de personnes dans ce pays qui ne croient pas aux valeurs libérales de la liberté d’expression et du libre débat. Je vous promets que la mort du premier amendement viendra lorsque la culture n’y croira plus. »

Le Premier amendement de la Constitution des États-Unis garantit aux citoyens que l’État ne peut leur imposer le silence.

Les paroles de Crenshaw doivent servir d’avertissement à ceux d’entre nous qui reconnaissent la nature essentielle de la liberté d’expression pour une saine démocratie. Les autorités ont bien perçu le pouvoir et la portée des réseaux sociaux et de Big Tech, et ils utilisent le prétexte du « bien commun » pour tenter de censurer les idées qu’ils n’aiment pas.

Et quand la liberté d’expression disparaît, la démocratie en fait autant.

Sur le web- article original en anglais paru sur Daily Signal.

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  • Je ne suis pas sûr que la censure de Twitter contre Trump ait été orchestrée par le gouvernement.
    On en revient toujours au même point : les réseaux sociaux veulent le beurre et l’argent du beurre… Rester irresponsables du contenu qu’ils publient tout en devenant des medias de presse avec une ligne éditoriale plus ou moins marquée…

    • Ils n’ont guère le choix : ils sont menacés de devenir responsables des contenus publiés s’ils ne censurent pas ( voie que la France a choisie, et les démocrates souhaitent annuler la Section 230 du « Communications Decency Act » ) et, s’ils censurent, ils sont voués aux gémonies pour leur atteinte au premier amendement, même si « la Cour Suprême a (…) considéré que les acteurs privés pouvaient modérer comme ils le voulaient leurs espaces de discussions ».

      La dernière chose que veulent les réseaux, ce sont des législations nationales divergentes entr’elles, mais ils peuvent s’accommoder de toute réglementation mondiale.

    • Tant qu’ils n’exigent pas de subsides, je ne vois rien de répréhensible à « devenir des medias de presse avec une ligne éditoriale plus ou moins marquée ». L’objectivité est un leurre, la ligne éditoriale plus ou moins marquée est pour moi plus une qualité qu’un défaut : si c’est pour publier le même ron-ron que tout le monde, autant s’abstenir. Quand j’entends « responsable du contenu », je m’inquiète : s’agit-il de répondre face à quelqu’un qui s’estimerait diffamé ou calomnié (normal pour moi) ou de répondre face aux lois liberticides qui empêchent d’aborder certains sujets (scandaleux pour moi) ?

      • Irresponsable du contenu… ça signifie qu’ils peuvent baisser la tête quand le boulet arrive et rejeter la responsabilité sur l’auteur des propos litigieux… c’est bien pratique… c’est ce qu’ils ont obtenu depuis le début de leur existence… en clair, on les considère comme un simple tuyau… ça implique donc au pire n’effacer que ce qui est manifestement contraire à la loi…
        En effaçant les propos de Trump ou ceux des antivax, ils vont au-delà de leurs prérogatives et se transforment en medias classiques… Trump ne s’y était pas trompé en les menaçant de leur ôter le bénéfice de l’article 230 du Communications Decency Act, ce qui mettrait fin à leur immunité judiciaire…

  • et si l’état commençait à se censurer lui-même ?

  •  » le gouvernement a lancé un appel d’offre pour détecter , analyser et mesurer les opinions politiques sur les réseaux sociaux ; trois entreprises privées dont deux étrangères seront en charge d’inspecter nos contenus « … ( Dupont Aignan )

  • L’élection de Trump en 2016 a été un tournant. L’establishment s’est alors rendu compte que les réseaux sociaux pouvaient permettre à des outsiders de fédérer un large public et d’arriver au pouvoir. Depuis, le mot d’ordre est: à la niche! Internet, qui à ses débuts était un espace de liberté, devient un espace contrôlé – en attendant de devenir un outil de contrôle actif des individus, avec la mise en place de la traçabilité permanente.
    En Europe, la collusion entre les Big Tech et la technocratie est de plus en plus forte. Laurent Solly chez Facebook, Yohann Bénard chez Amazon, Benoit Loutrel qui navigue entre l’ARCEP, Google et le CSA… Tous des énarques très bien introduits dans les milieux du pouvoir.

  • Ce qui ne pourra plus être dit sur les réseaux sociaux se dira de façon plus sévère dans la rue…Alors ils déploreront les effets des causes qu’ils ont chéries.

    • Oui mais grâce à cette benediction pour l’Etat qu’est la Covid, dans la rue on ne pourra bientôt plus vraiment y aller, ou que a certaines heures, et qu’a une certaine distance, et avec un masque, et sans trop parler, et seulement pout une duree limitée, et avec une bonne raison, et sans trop y être en fait.

  • Tout ça pour éviter, par paresse et/ou par intérêt, de laisser les lecteurs développer leur sens critique et même de les y aider.

  • seul point à discuter la liberté d’expression..

    est ce qu’on a essayer d’ imposer aux operateurs téléphonies de censurer des projets de meurtres ou des mensonges..?

    si le but est de défendre « la vérité « c’est stupide!!!! là encore toujours la question sont ils VRAIMENT stupides ou cherchent ils juste le controle de la parole publique qui est déjà mettre le pied dans la tyrannie…

    les trucs qu’on entend sont hallucinants..

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