Pourquoi l’école à la maison n’est-elle pas envisagée ? 

OPINION : une école confinée réussie passera par une adaptation, pas par une reproduction du modèle école à la maison.

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Pourquoi l’école à la maison n’est-elle pas envisagée ? 

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 31 mars 2021
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Par Isa Lise.

Classes fermées, enseignants non remplacés, contaminations multipliées, difficultés liées au port du masque imposé et aux différentes consignes sanitaires, est-ce la meilleure solution de continuer ainsi ?

Des conditions scolaires actuellement difficiles

Selon les sources de France info, 4000 cas positifs intégrant élèves et personnels, sont remontés au ministère pour la seule journée de lundi 22 mars. Dans ce calcul, ne sont pas prises en compte les personnes non testées.

Ainsi, une amie dont l’enfant est scolarisé dans un lycée parisien expliquait que les cas contacts étaient encouragés à venir en classe et que certains étaient venus avec des symptômes très légers et sans avoir été testés.

À l’école primaire, le ministre de l’Éducation compte sur les tests salivaires. Ces tests sont pratiqués par des enseignants. Depuis quand appartiennent-ils au corps médical ? Or, la transmission s’effectuant par la salive, est-il normal d’ajouter ce risque ?

Une santé infantile menacée

Outre le danger de la maladie qui ne s’arrête pas aux portes de l’école comme nous avons pu le croire lors des nouveaux confinements où seule la fermeture des établissements scolaires n’a pas été envisagée, le mal-être des enfants scolarisés grandit.

Mal-être lié à l’épidémie bien sûr, mais pas seulement ! Il est difficile de ne pas pouvoir jouer et s’approcher de ses amis comme on le souhaite, difficile d’échanger avec un masque vissé sur le nez. Un certain nombre d’enfants part avec la boule au ventre, finit par étouffer au sens propre et figuré.

Le masque porté dans des conditions normales (hors effort physique) ne tue certainement pas, mais il provoque notamment maux de tête et sécheresse nasale chez un bon nombre d’écoliers. Et n’évoquons pas des petits qui ne peuvent se rassurer en regardant un visage souriant, des enfants en difficulté qui n’entendent pas distinctement les mots, de leurs difficultés à se concentrer.

Un certain nombre d’enfants vivent également avec la peur de mourir ou de transmettre à leur proche. Comment peut-on affirmer que l’école est un lieu sécurisé dans ce contexte particulier ? Des mamans m’ont ainsi rapporté des crises d’angoisse de leur enfant car un camarade de classe avait touché sa chaise ou bien parce que l’un d’eux était malade en classe…

Pouvons-nous dire que même nous, nous n’avons pas changé en un an ? Que nous ne regardons pas trop souvent l’autre qui tousse, qui touche son masque en nous demandant « et s’il l’avait ? » Comment un enfant peut-il faire la part des choses ? se raisonner dans ce contexte anxiogène qui dure depuis plus d’un an ? Un an à l’échelle d’un enfant, c’est parfois un quart de sa vie, parfois un dixième de sa vie, c’est énorme !

L’école confinée vécue

En avril de l’an dernier, 6300 parents ont répondu au questionnaire posé par la FCPE des Deux-Sèvres : 70 % ont estimé que la charge de travail était trop importante.

Des difficultés d’accès, de mots de passe ont été constatées.

69 % ont rencontré des difficultés à mettre leur enfant au travail. Près des deux-tiers ont évoqué des tensions pour les leçons.

En mai, 4570 personnes ont répondu au questionnaire posé par le Mouvement des Parents d’Élèves du 13. Pour le primaire, 14 % des enfants n’ont utilisé aucun outil permettant d’aller sur Internet. Une mauvaise connexion Internet a été mise en lumière dans 23 % des cas.

85,7 % des enfants ont pourtant bien vécu cette expérience d’école confinée.

Conseils pour une école à la maison réussie

L’an dernier, la période d’école confinée a été vécue de différentes façons. Il a été beaucoup question de souffrance en raison du cumul télétravail et école à la maison. Pourtant, selon le magazine Forbes, après la pandémie, donc même pas à l’époque de la pandémie, 44 % des parents américains apprécieraient un modèle d’école en présentiel à mi-temps, l’autre moitié du temps se passant à la maison.

Mettre en place l’instruction en famille et l’école confinée, ce n’est pas tout à fait la même chose.

Or, ce sont justement les familles qui se sont finalement tournées vers l’instruction en famille ou qui s’en sont inspiré qui s’en sont le mieux sorties.

Gérer la connexion en anticipant la disponibilité des supports pour l’école à la maison

Tout d’abord, une première partie du problème est celui de la connexion. En effet, chaque enfant ne dispose pas d’un ordinateur et chaque famille n’a pas toujours une bonne connexion. En ce qui concerne le Monde de Mei et Noé, nous utilisons justement l’outil informatique avec les enfants accompagnés.

Il est indispensable que les propositions soient présentes suffisamment tôt pour que la famille puisse y accéder. Or si le travail scolaire est déposé la veille au soir ou le matin, il est très compliqué pour les familles de s’organiser et aléatoire de se connecter. Il est donc important d’anticiper pour proposer.

Gérer l’impression ou transformer un inconvénient en atout

Une autre difficulté est liée à l’impression. Là encore, c’est une réalité que je connais bien du fait de nos propositions. Tout d’abord, une fois de plus, l’anticipation permet d’imprimer suffisamment tôt. Il est également possible de proposer des fichiers directement modifiables et d’accepter la correction sur ces fichiers. L’apprentissage à distance devient alors une chance puisque dans notre monde actuel, il parait difficile de se passer de l’outil informatique.

Par ailleurs, pour les familles les plus modestes et dépourvues d’outil informatique, il apparait indispensable de prévoir un budget impression afin de remettre les supports scolaires.

Adapter la charge de travail

De plus, la charge de travail doit être adaptée. Malheureusement certains enseignants ont parfois oublié que les enfants avaient besoin de s’évader et qu’être à la maison n’impliquait pas plus de travail. S’il s’agit d’offrir davantage à ceux qui en ont besoin, enfants précoces notamment, il serait dans ce cas plus justifié de proposer des devoirs facultatifs !

École à la maison : former une équipe

La particularité de l’instruction en famille c’est que le parent peut choisir avec l’enfant la meilleure instruction qui lui correspond. Les tensions s’en trouvent considérablement diminuées. Pour ma part, j’ai vécu les devoirs à l’école avec ma fille aînée, devoirs qui ont constamment occasionné des tensions, et l’instruction en famille a été un immense bonheur d’apprendre !

Cette année, beaucoup de familles se sont tournées vers l’instruction en famille en raison de cette situation sanitaire.

Certains ont sauté le pas grâce à une expérience d’école confinée réussie.

D’autres restent à l’école, mais ceux qui ont vécu une belle expérience témoignent souvent ou d’un travail fantastique de l’enseignant qui a réussi à s’adapter et anticiper ou bien d’une libération vécue. En effet, les parents concernés ont choisi de se libérer des attentes scolaires. En clair, ils ont allégé les devoirs, ont permis à leur enfant d’explorer ses intérêts. Ils ont su créer une équipe ensemble.

Une école confinée réussie passera par une adaptation, pas par une reproduction du modèle école à la maison. La réalité est différente, même si elle n’est pas instruction en famille. N’est-il pas urgent que les enfants retrouvent un souffle et puissent se sentir en sécurité, le temps que ce virus, enfin, laisse davantage d’espace pour nos vies.

 

Isa LISE, auteure de Faire l’école à la maison aux éditions Eyrolles, L’école à la maison- Des pistes pour apprendre autrement aux éditions de L’instant présent et créatrice du Monde de Mei et Noé, un univers pour apprendre.

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  • Au delà des recommandations concernant l’école à la maison qui fonctionne surtout pour les parents ayant eux même eu une éducation correcte (Bien sur les exceptions existent), je voudrais surtout m’attarder sur le début de l’article ou l’auteure nous dit notamment que les enseignants ne devraient pas faire de test car n’appartenant pas corps médical (sic). Cette façon de toujours vouloir laisser les personnes dans les cases et les déresponsabiliser est justement ce qui nous empêche d’avancer et de trouver des solutions dans notre société.

  • Article qui mélange un peu tout. L’école à la maison n’est certainement pas la même chose que l’école en ligne. Cette dernière est un enfer tant pour les parents que pour l’enfant.

    J’enseigne à des étudiants d’université en ligne. Ils sont supposés être au pic de leur capacité cognitive; ils ne tiennent pas 25 minutes. Tous les retours que nous avons sont que les notes sont en forte baisse.

    Comment dès-lors, attendre d’élèves d’écoles primaires, avec des capacités cognitives bien moindres, une attention quasi-continue sur une journée d’école?

    Certains parents peuvent trouver le format pratique; on cole le marmot devant l’écran et hop. Mais je pense qu’ils vont avoir une réveil extrêmement pénible quand ils vont se rendre compte que leur gamin n’a rien assimilé.

    • Je fais des entretiens avec un psy via le mobile car il est peu disponible pour me recevoir à son bureau. Je me suis rendu compte que je ne regardais plus mon interlocuteur et que ça m’étais difficile de me concentrer.

  • Madame Lise cherche à vendre son livre? L’école à la maison est réservée à une infime minorité de parents disponibles qui ont les moyens financiers adaptés et des lieux de résidence qui le sont aussi. L’école en ligne n’est pas compatible avec le télétravail des parents et ne peut créer que conflits et frustrations.

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