Confinement en Île-de-France : et si on réorganisait l’hôpital d’abord ?

Allons-nous accepter une nouvelle fois de restreindre les libertés publiques pour éviter à l’hôpital de changer de modèle mental ?

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Confinement en Île-de-France : et si on réorganisait l’hôpital d’abord ?

Publié le 17 mars 2021
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Par Frédéric Mas.

Et si on réorganisait l’hôpital avant de reconfiner tout le monde ? Interrogé par BFM-TV, le premier ministre Jean Castex a rejoué le scénario de la peur : « Nous sommes dans une sorte de troisième vague » de la crise du covid-19 en France. Face à la détérioration sanitaire de l’Île-de-France, le gouvernement envisage de reconfiner la région comme il l’a fait pour le Pas-de-Calais ou les Alpes-Maritimes. « L’hypothèse d’un reconfinement en Île-de-France est sur la table » assure le Premier ministre.

Le confinement est une mesure radicale

Le confinement est une mesure extrême qui met les libertés publiques entre parenthèses et détruit le tissu social et économique du pays, le tout pour éviter à la bureaucratie sanitaire de s’adapter aux situations exceptionnelles. L’État y a recours par facilité car il rassure l’opinion publique et surtout décongestionne des hôpitaux publics sous pression, incapables de se réformer par temps de crise.

En effet, comment se fait-il que face à une crise qui n’en est plus vraiment une puisqu’elle dure depuis maintenant un an, les pouvoirs publics persistent à ne pas chercher à optimiser la gestion des hôpitaux pour l’accueil des patients covid ? Au lieu d’améliorer l’offre de santé, la logique bureaucratique préfère depuis le début rationaliser la demande.

Plusieurs voix ont pourtant émis récemment de grandes réserves face au réflexe bureaucratique de confinement systématique qui aujourd’hui menace Paris. Pour le professeur Philippe Juvin, chef de service aux urgences de l’hôpital George Pompidou de Paris, le confinement est une solution de facilité : il est possible de l’éviter avec une réorganisation hospitalière d’urgence.

Avant d’en recourir au reconfinement « soit on augmente nos capacités de réanimation, [par] des hôpitaux éphémères […] on organise un transfert massif des patients pour redonner de l’oxygène aux hôpitaux dans des régions qui sont moins touchées … »

Pourquoi ce qui a été fait en Chine au plus fort de la crise ne serait pas possible en France aujourd’hui ? Le 12 mars dernier, le professeur Michel Peyromaure de l’hôpital Cochin à Paris soulevait la même question taboue sur le plateau de CNews : ce sont les capacités hospitalières qu’il aurait fallu améliorer, et non prendre en otage l’ensemble de la population pour éviter l’engorgement des établissements de santé.

Dans un entretien qu’il a donné pour l’Institut des libertés, Michel Peyromaure développe sa pensée en pointant le principe de précaution et la fin de l’esprit d’entreprise qui inhibent le personnel hospitalier, et l’empêche de sortir de la routine dans laquelle la bureaucratie l’a enfermé :

Aujourd’hui on me dit c’est impossible d’élargir les capacités de réanimation en cas de pic épidémique, c’est pour ça qu’il faut confiner, […] parce qu’il faudrait former du personnel, on n’en a pas assez. Mais pendant la deuxième guerre mondiale, les gens n’ont pas attendu d’être formés pour aller à l’usine ou devenir infirmière dans des hôpitaux militaires.

Plutôt que de proposer une formation minimale aux autres membres du personnel soignant dont la charge de travail était moindre à cause de la crise, le choix a été fait de bloquer le pays. Il ne fallait pas déranger les rangs, les statuts et les hiérarchies en place.

La guerre d’Emmanuel Macron contre le virus s’arrête donc aux portes des hôpitaux.

Pas d’explosion de cas

Dans un entretien donné à TV5 monde le 14 mars dernier, Gérald Kierzek, médecin urgentiste à l’Hôtel-Dieu à Paris, expliquait que nous ne sommes pas sur « une explosion de cas, une explosion de malades », seulement que le nombre de sorties des salles de réanimation est un peu inférieur à celui des entrées.

Si le nombre d’entrées en réanimation excède le nombre de sorties, alors le service est en tension et s’engorge. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est envisagé de dispatcher des patients sur d’autres établissements moins sous tension. Pour le Dr Kierzek, il y a une différence d’entrées et de sorties dans les services de réanimation d’Île-de- France d’environ 25 à 40 personnes.

Va-t-on bloquer la région entière pour quarante patients ? C’est ce qui est pourtant « sur la table ».

Le Dr Kierzek a précisé à plusieurs reprises que l’ARS était incapable d’organiser la coordination public-privé. Pire, les transferts sont organisés en fonction des modélisations mathématiques : l’ARS préfère envoyer à Bordeaux plutôt que dans les cliniques de la région pour garder des stocks de lits compte tenu des modèles mathématiques d’explosion de l’épidémie avec les variants.

Allons-nous accepter une nouvelle fois de restreindre les libertés publiques pour éviter à l’hôpital de changer de modèle mental ? Au lieu de temporiser, le gouvernement devrait revoir ses priorités et faire primer la liberté des citoyens sur le fonctionnement routinier de ses administrations.

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  • Et oui, il y a des lits vides dans les cliniques privées pendant qu’ils transfèrent des malades à Bordeaux! C’est l’organisation à la française, incapable d’improvisation.

  • Sauf que 100 % des lits de réa sont occupés par du COVID , j’aime bien mon confrère mais les déprogrammations sont importantes et le privé ne peut amortir tout cela ce d’autant qu’il est partie prenante dans la gestion des cas COVID graves…Formés à la va vite des soignants, c’est déjà les retirer de services où ils feront défaut, et c’est une perte de temps dans les services de réa car ils sont moins efficients que les IBODE ou IADE …les chinois sont très forts mais personne n’a été voir ce qu’il se passait dans ces hopitaux de campagne…Là ce que l’on voit c’est que les parisiens qui en ont marre font n’importe quoi ce qui est leur droit , mais après faut pas être surpris de ce qu’il se passe…Un vieux confinement des familles de 4 semaines est préférable à un semi confinement de 6 mois…il n’y a pas photo..!!

    • Le fameux « 0-covid » qui a marché dans l’immense majorité des pays qui l’ont appliqué, mais que la France ne veut pas…

    • Mais les IDE dans les services de réa sont des infirmières standards.
      Les infirmières anesthésistes sont dans les blocs et pas dans les box de réa.
      Je ne comprend pas cette excuse de manque de personnel, il y a 500000 IDE en France. Et ce n’est pas elles qui posent les voies veineuses centrales et qui intubent.

      • Pas vraiment , il y en a certes mais dans la hierachie d’une salle de bloc de réa à 6 lits vous avez au moins deux IADE

        • Ce n’est pas la norme. Il faut 2 IDE pour 5 lits de réa. Art. D. 712-109

          • J’approuve. Pas besoin d’IADE en réa. Des IDE formées même rapidement, « sur le tas », font l’affaire. Intuber cela prend maxi 5 minutes (en encore)… La formation sur respirateur en une semaine de travail c’est largement fait. Quand aux IBODE ce n’est pas du tout dans leur compétences, beaucoup, après plusieurs années, ne savent même plus poser un cathéter (vécu).

          • ah! c’est vrai, les normes ….quand donc comprendra t-on qu’on crève par excès de normes ?

    • Content que ce soient des médecins qui le disent ….

  • Les travaux sur le nouvel hôpital de ma ville se sont arrêtés pendant le confinement, en 2020. Du coup, une unité Covid a été créée dans l’ancien, bourré de maladies nosocomiales, et de laquelle la plupart des patients sont sortis les pieds devant.

  • C’est vrai qu’on ne peut pas confiner tout un pays dès qu’on a plus de 4000 patients en réa !
    Et autant les mesures sanitaires fortes de type couvre-feu et fermeture de tous les lieux dits « non-essentiels » en période de plateau épidémique (été ou hiver) m’exaspèrent, autant je comprends la panique du personnel politique à l’approche des vagues épidémiques de mi-saison où les contaminations se font de manière exponentielle et où plus rien n’est contrôlable…

  • Surtout que les hôpitaux temporaires n’auraient pas à être construit en dur. De simples tentes médicales militaires suffiraient.
    La partie « difficile » serait peut-être de trouver de nouveaux lits de réanimation et matériels correspondants. Nul doute que les fournisseurs fonctionnent déjà à flux tendu.

    • Faudrait déjà que les pieds nicklés aient demandé aux-dits fournisseurs…

    • Les hôpitaux militaires de campagne sont, depuis longtemps, en très faible nombre. La service de santé des armées a toujours été le moins bien loti en budget , sauf à l’ouverture d’un hôpital/service, ce qui est d’ailleurs la marque du service public : à l’ouverture c’est open bar et après les sous manquent (pas pour les administratifs…)
      Ceci dit tout est mal géré…
      Quand un matériel de l’armée est au bout de la corde (camions par exemples) il finit…au SSA.

      • Le SSA a été refondé pour le format actuel de notre armée professionnelle et son emploi,des dizaines d’hôpitaux militaires ou structures du SSA notamment dépôts ou dormait des tonnes de matériel dans l’hypothèse de l’arrivée de l’armée rouge ont été fermées.Le Val de Grâce pourtant apprécié de nos politiques et des chefs d’Etat étrangers étant l’emblème de ces restructurations .Val de Grâce qui a pourtant réanimé un célèbre homme politique en maintenant la réanimation au-delà de ce qui est admis habituellement du fait de sa notoriété….Il est finit le temps des appelés que l’on utilisait lors des grèves d’éboueurs!Structures fermées souvent au grand désespoir des maires .
        Et la Sécurité Civile ?pourquoi n’est elle pas plus sollicitée non plus?

  • Quelques éléments d’explication ici : https://www.sudradio.fr/societe/covid-19-il-ny-a-pas-eu-de-creation-nette-de-lits-de-reanimation/
    (lien trouvé sur Contrepoints ici : https://www.contrepoints.org/2021/03/15/393147-deprogrammations-medicales-comment-letat-impose-le-tri-des-patients)
    En bref, si c’est la panique aujourd’hui, c’est parce-qu’il en a été décidé ainsi en haut lieu.

    Quant à l’idée d’hôpitaux temporaires… j’en rigole encore : la Chine en construit un en dur en 7 jours. 7 jours, c’est moins que le délai qu’il faudrait en France pour que les services urbanisme concernés se rendent compte qu’ils ont un dossier d’autorisation à examiner, alors d’ici à construire l’hôpital… sans parler du montage du dossier en question, pour l’avoir fait pour mon logement je n’ose imaginer ce qui peut être demandé pour un hôpital !

  • « L’hypothèse d’un reconfinement en Île-de-France est sur la table »
    et la camembert est au garde manger…les patates à la cave… la lumière est au bout du tunnel..

    il aurait dit sous la table.. que ça n’auraitpas changer grand chose..
    ou bien???

    traduction.. »on va peut être vous reconfiner.. » dit à des journalistes venu savoir si on allait reconfiner..

  • Posons dès maintenant la question..comment et quand faire un bilan de l’action du gouvernement..

    pas facile, hein…
    au coeur de la meule vous aurez des trucs comme un cout ( collectif) à donner à une moindre perte d’espérance de vie, avec le postulat initial , la liberté individuelle on lui marche dessus.. je vous souhaite bien du plaisir …

    • mais si à l’inverse vous SAVEZ que l’action du gouvernement a été à l’origine de la mort d’un de vos proches…il pourra toujours vous rétorquer.. que c’etait le prix à « payer »..

  • tant que l’organisation de la santé n’a pas été libérée, il ne se passera rien.
    tant pis pour les malades.

  • Pour moi le terme le titre est malheureux..
    si ON réorganisait l’hopital…

    non…

    ce qui est souhaitable est que l’offre de soins soit « souple et adaptable et que le pays soit prospère pour éventuellement s’offrir plus de soins..

    on ne peut pas planifier la gestion de crise sans avoir une idée de la crise, et je n’appelle pas ça panifier des crises.. … ce que prouve le bordel provoqué par ce virus, « infiniment  » banal , contrairement à ce que dit delfraissy ; rendez vous compte, un virus contagieux, saisonnier, et qui mute.. et qui tue davantage les plus faibles …
    on se fout de qui? c’est le scenario associé à une mutation du virus grippale supposément scénarisé par nos experts et organismes divers et variés.

    alors soit..on peut vouloir conserver un controle centralisé des hôpitaux, se fixer des limites budgétaires parce que pas de sous ( pas des sous « de tout le monde » ) et dans ce cadre dire quoi améliorer..

    déjà PROSPERITE…or on planifie notre appauvrissement.

  • Très intéressant l’information que l’on choisit le lieu de transfert en fonction de modèles mathématiques : au lieu de transférer au plus proche, ce qui est beaucoup mieux pour le patient, on l’envoie loin pour réserver des places pour d’hypothétiques futurs malades! Or ces modèles se sont jusqu’à présent toujours révélés faux..

  • Si dans tous ces chiffres il y avait un soupçon de verite, on aurait matière à discuter et ce n’est pas cas. Ils ont décider qu’un confinement le week-end était bon pour les parisiens et donnerait de bonnes stats de popularité pour notre chef bien aimé, alors… Ils font toujours tout pour interdire le soin, ils veulent engorger les hôpitaux !

  • Donnons le droit de vote aux lits en réa et vous verrez, tout rentrera dans l’ordre.

  • Covid 90.000 et des poussières – Macronistan 0.

    On applaudit s’il vous plaît.

  • C’est comme ça depuis le début : l’ensemble de la société est prié de se faire hara-kiri pour s’adapter aux carences du système hospitalier… et aux décisions ubuesques de ceux qui sont chargés de « gérer » cette crise.
    Et la machine médiatique est chargée de « vendre » cette histoire à une population crédule et terrorisée, qui finit par en redemander.
    C’est honteux, c’est révoltant…

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