Par Patrick Aulnas.
Les États sont rarement rigoureux dans le domaine financier. Le stock de dette publique s’accumule donc. La raison principale de ce laxisme provient évidemment de l’essence même du politique du point du vue financier.
Il s’agit à la fois de prendre (prélèvements obligatoires) et de donner (investissements publics, prestations sociales, salaires des fonctionnaires, etc.). On se doute légèrement qu’il est plus gratifiant pour un politicien de donner.
Certes, il donne toujours l’argent des autres, celui qu’il parvient à capter par l’impôt et les cotisations diverses. Mais en général il crée par le discours l’illusion de la générosité, illusion déterminante pour gagner une élection.
Reporter sur le futur la charge du financement est évidemment la grande tentation. Il suffit d’endetter la collectivité publique pour dépenser, sans avoir à supporter politiquement le poids de la douleur fiscale.
Où en sommes-nous aujourd’hui si on observe le long terme historique ? Il y a eu bien pire, mais nous grimpons allègrement la pente du surendettement.
L’éternelle dette publique
Le site France-inflation propose le graphique suivant d’évolution de la dette publique française depuis 1800 :
Il n’y a pas de corrélation entre l’évolution de la richesse nationale et l’évolution de la dette. Celle-ci résulte des crises (guerres, récessions, crise sanitaire, etc.) et de politiques budgétaires plus ou moins laxistes selon les gouvernants en place.
Nous en sommes aujourd’hui à environ 120 % du PIB, c’est-à-dire au niveau de la fin du XIXe siècle, mais nettement au-dessous du niveau de 1945. L’évolution depuis cette date fait apparaître une diminution de la dette pendant la période de forte croissance dite des Trente Glorieuses (1945-1974) et pendant le septennat de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981), puis une croissance continue ensuite.
Croissance et endettement
Il est plus facile pour un politicien de ne pas endetter la collectivité publique qu’il gère en période de forte croissance. Les rentrées fiscales et sociales augmentent puisqu’elles sont assises sur des valeurs en croissance (revenus, chiffres d’affaires en particulier).
Avec un PIB de 2500 milliards d’euros, une croissance de 5 % amène une richesse annuelle supplémentaire de 125 milliards, ce qui est considérable. Il suffit d’en prélever une partie pour disposer de ressources publiques nouvelles.
Dans les périodes moins fastes le politicien va devoir déployer ses talents de pédagogue pour justifier la nécessaire rigueur. Étant toujours en concurrence avec des démagogues, l’exercice risque d’être politiquement périlleux.
Un Jean-Luc Mélenchon ou une Marine Le Pen disposeront d’une solution miracle pour financer des dépenses, tout au moins dans leur programme électoral. La tentation de l’endettement est alors considérable. Ils y ont tous cédé depuis Giscard, qui avait eu le courage d’augmenter les prélèvements obligatoires pour maintenir les équilibres financiers, ce qui ne correspondait pas à ses projets initiaux.
Plus de marge !
Aujourd’hui, un tel choix serait politiquement périlleux, eu égard au niveau déjà colossal des prélèvements publics. De bonnes âmes prônent un impôt sur la fortune ou un prélèvement exceptionnel sur les revenus élevés. Mais avec des prélèvements obligatoires de 46 % du PIB en 2020 et des dépenses publiques de 65 %, l’urgence absolue est de réduire les dépenses.
Depuis des décennies, les politiciens grignotent une portion croissante du PIB, sans bien se rendre compte qu’ils assument ainsi une responsabilité économique de plus en plus lourde.
L’opinion publique les rend responsables de son niveau de vie, de sa santé, de sa retraite et parfois même du temps qu’il fait. Si Météo-France n’alerte pas en cas de tempête, n’est-ce pas un problème politique ?
Est-ce bien raisonnable ? Nous frôlons l’absurde ou plutôt nous nous dirigeons vers une sorte de Meilleur des Mondes dans lequel des pseudo-citoyens infantilisés demandent à leurs gouvernants de les materner.
Tout ça pour faire face aux dépenses engendrées par la pléthore de fonctionnaires (35000 en plus l’année dernière, hors départs en retraite) le vol outrageant de l’héritage de nos enfants est du à ces politichiens sans foi ni loi, qui sont censés protéger TOUS nos patrimoines !
Quoi qu’il en coûte…. Mais ce sont les Français qui vont de toute manière payer l’addition !
Il serait intéressant de savoir, en corrélation avec le tableau, quel était l’objet global de la dette (en 1945, par exemple)?. Sachant qu’une dette, bien sûr, est mieux gérable si elle est au service de l’amélioration de la production et des services.
Emprunter permet de transférer sur les générations futures la charge fiscale ET surtout sur les plus faibles à moyen terme, le temps que se manifeste l’inflation.
les riches sont partis !
l’un finit toujours par impliquer l’autre.