Philippe Berterottière : « Notre expertise technique fait notre croissance »

Le Président-directeur général de GTT (Gaztransport & Technigaz) explique comment l’entreprise réalise 99% de son chiffre d’affaires à l’international et analyse ce qui freine le développement des entreprises dans l’Hexagone. 



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Philippe Berterottière : « Notre expertise technique fait notre croissance »

Publié le 14 février 2021
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Par Guillaume Périgois.

GTT (Gaztransport & Technigaz) est une société de technologie et d’ingénierie dédiée au transport et au stockage du gaz liquéfié, dont le siège est situé à Saint-Rémy-lès-Chevreuse dans les Yvelines.

Avec plus de 450 collaborateurs et  un chiffre d’affaires qui devrait être compris entre 375 et 405 millions d’euros en 2020, l’entreprise française est une référence mondiale dans la fabrication de systèmes de confinement à membrane cryogénique pour le stockage et le transport en mer de gaz naturel liquéfié.

GTT développe des technologies qui permettent de maintenir le gaz naturel à très basse température afin qu’il reste liquide, entraînant ainsi un important gain de place et de poids pour les navires méthaniers. Ses principaux clients sont les chantiers navals, où ces méthaniers sont construits, en Asie.

Contrepoints : GTT réalise la quasi-totalité de son chiffre d’affaires à l’international. Quel a été l’impact de la pandémie sur l’activité de votre entreprise ?

Philippe Berterottière : GTT développe des technologies qui sont industrialisées par des chantiers navals en Asie. Cela signifie que nos systèmes de confinement sont conçus en France mais intégrés sur des bateaux en Asie. Cela explique que nous réalisions la quasi-totalité de notre chiffre d’affaires à l’international.

Dès le début de la pandémie, nous avons bien entendu prévu un scénario d’un ralentissement de l’activité chez nos clients en Chine et en Corée du Sud. Mais l’impact a été limité, notamment en Corée. Les chantiers navals ont pu continuer à travailler normalement en 2020.

GTT n’a pas de site industriel en France. Dans notre site de St Rémy-lès-Chevreuse, nous faisons de la R&D et bénéficions de la présence des meilleurs ingénieurs au monde, comme beaucoup de pays le reconnaissent. Nous comptons dans nos équipes des ingénieurs hautement qualifiés  et des laboratoires de premier plan.

Depuis le début de son histoire il y a maintenant plus de 50 ans, GTT a démontré sa capacité à se développer en allant à la conquête de ses marchés. Pour commencer celui des méthaniers classiques, qui est notre métier « cœur », puis, progressivement, de nouveaux marchés.

Notre stratégie repose sur l’extension de nos applications de confinement aux domaines des réservoirs terrestres, de l’offshore et du transport multi-gaz. Nous avons su, par exemple, adapter nos technologies aux méthaniers brise-glace et à des navires éthaniers de grande capacité. Nous ne cessons d’innover.

Pourquoi ne produit-on pas plus en France ?

Philippe Berterottière : Tout simplement parce que le coût du travail est plus élevé qu’ailleurs et parce que les réglementations sur le temps de travail restent contraignantes
Il faut toutefois souligner qu’en France les entreprises bénéficient aussi de nombreuses aides. Pour convaincre les entreprises d’investir en France, peut-être faudrait-il aller vers un équilibre : moins d’impôts mais aussi moins d’aides.

Qu’est-ce qui encourage le dynamisme au niveau local ?

Philippe Berterottière : Une entreprise ne se construit pas en un jour. Les entreprises viennent de loin, leur réussite prend du temps. C’est pour cela qu’il est important de créer des conditions qui soient favorables aux entreprises. En cela, on peut constater que les choses ont évolué dans le bon sens en France.

Est-ce que c’est l’attitude de l’administration qui a changé, celle de la population ?

Philippe Berterottière : Il est important de reconnaître que l’administration a toujours été plutôt favorable aux entreprises. Mais les entreprises doivent cependant faire face à de nombreuses réglementations.  Or l’administration n’a pas les ressources nécessaires pour surveiller la mise en place de ces réglementations.

Ce n’est pas une légende, le code du travail français est un document particulièrement dense. Or seule une partie très réduite de ce Code est aujourd’hui appliquée. Par exemple, j’ai commencé à travailler au moment des lois Auroux, en 1982. Ces lois figurent toujours dans le code du travail, mais elles ne sont plus appliquées. D’autres dispositions du Code du travail sont aujourd’hui obsolètes, ni les syndicats, ni les dirigeants d’entreprise, ni l’inspection du travail ne trouvent qu’elles sont pertinentes. Jean-Louis Debré parlait de la « loi bavarde »…

Cet entretien fait partie d’une série d’articles accompagnant la publication de l’essai Économie mondiale, prospérité locale – Comment les régions françaises réussissent dans la mondialisation, publié par Librairal et gratuitement accessible.

Philippe Berterottière

À lire aussi : Éric Vannoote : « Notre savoir-faire industriel nous permet de réaliser 80 % de chiffre d’affaires à l’export »

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