Décarboner et relocaliser l’industrie grâce au nucléaire

La filière nucléaire constitue le cœur d’une réindustrialisation des territoires car elle peut produire une électricité décarbonée et bon marché.

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CO2 by emanuel balanzategui(CC BY-NC 2.0)

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Décarboner et relocaliser l’industrie grâce au nucléaire

Publié le 4 janvier 2021
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Par Michel Gay.

Cet article se base sur une étude de Fondapol « Relocaliser en décarbonant grâce à l’énergie nucléaire ».

En septembre 2020, le gouvernement a présenté un plan de relance intégrant 34 milliards d’euros en deux ans pour accroître la compétitivité industrielle, et 600 millions d’euros pour financer des projets de relocalisations de l’industrie.

En France, la filière nucléaire est un outil de souveraineté énergétique. Elle constitue le cœur d’une réindustrialisation des territoires grâce à une production massive d’électricité décarbonée, bon marché, facteur de compétitivité et de décarbonation pour l’industrie, favorisant ainsi l’attractivité internationale.

Un outil de souveraineté

Le nucléaire représente plus de 70 % de la production d’électricité actuellement en France avec seulement moins d’un milliard d’euros d’achat d’uranium, et permet d’économiser environ 25 milliards d’euros par an d’importations de gaz. Et ce « combustible », dont l’approvisionnement est diversifié et le prix est stable, représente seulement 5 % du coût de production, soit moins de 2 % du prix de vente aux particuliers.

De plus, EDF dispose d’un stock d’uranium permettant deux ans de production d’électricité auquel il convient d’ajouter huit ans de réserve en enrichissant le stock d’uranium appauvri d’Orano (ex Areva). Ce stock stratégique ne doit pas, bien sûr, être qualifié en « déchets ».

Par comparaison, la facture d’importation des combustibles fossiles de la France, essentiellement pour les transports et l’habitat s’est élevée à environ 45 milliards d’euros en 2019. Cette somme représente les deux tiers du déficit commercial total de la France. Par ailleurs, les réserves d’hydrocarbures ne sont que d’environ six mois de la consommation annuelle française.

Moins de 10 % de la production d’électricité dépend en France des combustibles fossiles.

Vive le gaz ?

La consommation européenne de gaz est stable depuis plusieurs années, mais des pays souhaitant sortir du nucléaire, comme l’Allemagne et la Belgique, s’engagent dans une dépendance accrue au gaz pour la production d’électricité. Ce virage constitue une régression dans les domaines de la sécurité d’approvisionnement et de la décarbonation de l’économie.

Afin de diminuer sa dépendance au gaz importé principalement de Norvège, de Russie, des pays de l’est et d’Afrique, et pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone, la France doit autant que possible remplacer principalement le gaz et le pétrole dans les transports et l’habitat par de l’électricité décarbonée.

Dans cette optique, la « Stratégie nationale bas carbone » adoptée en avril 2020 prévoit une augmentation de la consommation électrique nationale de 30 % d’ici à 2050, liée à l’électrification des usages.

Il devient donc nécessaire de renouveler et d’augmenter le parc nucléaire dès 2030 pour faire face à cette demande croissante à la fois d’électricité et de décarbonation.

Un facteur de compétitivité

Une électricité bon marché et de qualité, c’est-à-dire une continuité d’alimentation ainsi qu’une stabilité de la tension et de la fréquence, sont des critères primordiaux pour attirer des industriels et des investisseurs.

Aujourd’hui, les Français ont oublié les coupures d’électricité des années 1960, comme ils avaient oublié les grandes pandémies.

En France, environ 650 sites industriels électro-intensifs (sidérurgie, chimie, papier, automobile, transport ferroviaires,…) sont raccordés directement au réseau de transport d’électricité.

En 15 ans, la consommation d’électricité de la grande industrie (17 % de la consommation nationale en 2019) a diminué de 14 %.

Emplois et économie nationale

Derrière l’aéronautique et l’automobile, le nucléaire est la troisième filière industrielle française. Elle comprend plus de 3000 entreprises et 220 000 emplois directs et indirects (avec un niveau de qualification deux fois plus élevé que la moyenne industrielle française) représentant près de 7 % de l’emploi industriel en France.

La filière nucléaire française maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur depuis l’extraction du combustible jusqu’à la gestion des déchets. Elle exporte 10 % de sa production d’électricité pour deux milliards d’euros par an, ainsi que des biens et des services pour quatre milliards d’euros supplémentaires par an.

Cette activité a un effet d’entrainement important sur toute l’économie nationale.

Décarbonation et relocalisation de l’économie

L’électricité est faiblement carbonée en France (50 gCO2/kWh) alors qu’elle l’est huit fois plus en Allemagne (400 gCO2/kWh).

Cette faible empreinte carbone permet d’attirer des investisseurs comme le fabricant chinois de batteries Envision en raison « d’une électricité décarbonée très compétitive et stable grâce au nucléaire, ce qui est essentiel pour nos activités » selon un dirigeant du groupe.

En effet, la fabrication de la batterie électrique d’une voiture consomme autant d’électricité que la fabrication du reste de la voiture.

Cette électricité nucléaire décarbonée française permet aussi, par exemple, de produire une tonne d’aluminium en émettant seulement deux tonnes de CO2 en France contre 15 tonnes de CO2 en Chine (sept fois plus !)…

Le Haut conseil pour le climat préconise d’inclure dans les émissions de gaz à effet de serre de la France celles associées à ses échanges internationaux.

En effet, si les émissions diminuent sur le territoire national, celles « importées » sont en augmentation ce qui maintient l’empreinte carbone de la France autour de 11 tonnes équivalent CO2 par habitant.

Ainsi, la perte d’industrie dans l’acier, le ciment, le papier, le sucre, le verre s’est traduit par une double peine : perte de 130 000 emplois en 20 ans (1995 – 2015) et augmentation de 50 % de l’empreinte carbone par les importations.

La (re)localisation industrielle est donc à la fois une action économique et environnementale.

Le PDG de Google et Alphabet (Sundar Pinchai) a déclaré que son entreprise s’engage à « fonctionner en permanence avec une énergie sans carbone », c’est-à-dire essentiellement nucléaire et hydraulique, ce qui établit un nouveau critère des politiques climatiques des grands acteurs.

Avec son nucléaire et son hydroélectricité décarbonées, la France peut accueillir cette volonté et mettre en œuvre cette stratégie dès à présent !

De plus, la localisation des données informatiques en France par de grands hébergeurs constitue un des éléments de souveraineté européenne.

Le nucléaire produisant massivement une électricité bon marché et de qualité constitue donc un atout maître dans la (re) localisation et l’industrialisation de la France.

Le lancement d’une première série de six réacteurs nucléaires EPR actuellement en gestation établira une première base pour maintenir et accroître l’avantage compétitif de la France dans sa stratégie de réindustrialisation et de décarbonation1

  1. Source : Étude de Fondapol « Relocaliser en décarbonant grâce à l’énergie nucléaire ».
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  • Nous serons encore pour un bon moment dépendant du pétrole..donc « moins carboner »..pas décarboner..

    quant à la relocalisation..la France a cet atout depuis des décennies..et on peut ajouter que la relocalisation n’ets pas un objectif politique mais économique..
    les politiques devraient plutôt se poser la question de savoir les causes de la délocalisation

    maintenant…quels étaient les « raisons données pour maintenir nos puits de charbon en production? .

    • Climat et indépendance sont des questions politiques, c’est ce qui peut justifier l’action de l’etat mais qui montre bien que à court terme le vrai concurrent du nucleaire c’est le gaz ou le charbon.

      Sauf que l’ opinion, on en change en une seconde, et que une central nuc c’est un gros investissement de départ et on en a pour des décennies, si demain la dépendance vous angoisse moins, si vous renoncez à changer le climat de façon unilatérale …,

  • Hum !
    Le recours au nucléaire depuis les années 70 dans la production électrique n’a pas empêché que la France a vu diviser par deux sa part industrielle dans le PIB en trente ans.
    Je crains que le nucléaire n’ait rien à voir avec notre politique de désindustrialisation…

  • Bien sur décarboner (cf. idée de privation),mais avant tout baisser le prix de l’énergie pour un rebond d’activité.

  • Bel optimisme en ce début d’année mr gay. Mais au final une fois les epr construits les taxes auront mis le prix de l’énergie toujours plus haut et de plus en plus inaccessible , l’état est de plus en plus vorace et pourra t il prendre encore une décision sans en référer au fmi et à l »ue?

  • Décarboner, quelle ineptie!
    Nous sommes faits de carbone. La chimie organique pourait s’appeler la chimie du carbone. Le gaz carbonique est le gaz de la vie. Donc dépenser des milliards pour « décarboner », c’est fiche autant d’argent par les fenêtres, alors qu’il y a tant de besoins réels.

  • Le battage médiatique sur le CO2 vecteur du réchauffement est le fait de l’Europe (France, Allemagne, suède essentiellement) Pays dans lesquels les Associations et ONG militantes vertes ont investi les institutions. Ces gens las ne réfléchissent plus de façon sereine, ils sont partis dans le dogme du réchauffement anthropique. Plus de discussions contradictoires possibles, même assise sur la science .Une seule vérité, celle de la théorie initiale du GIEC sur laquelle est assise toute la politique en matière de lutte contre le réchauffement.
    Cette théorie du changement climatique d’origine anthropique qui a des conséquences politiques, économiques et sociales très importantes repose cependant sur une seule et fragile hypothèse : le CO2renverrait vers la Terre une partie du rayonnement qui devrait s’échapper vers le vide interplanétaire et il en résulterait une élévation de la température « moyenne globale » à la surface de la Terre. Ce phénomène radiatif improprement appelé «effet de serre » a des défenseurs et des adversaires.
    Hors cette théorie développée au 19 siècle par Svante Arrhenius a été plus que contestée, et démontée entre autre par Robert W Wood au début 20 siècle, mais remise au gout du jour fin des années 70 par Bert Bolin, premier directeur du GIEC….. De nombreux scientifiques et pas des moindres, contestent depuis quelques années cette théorie, mais ils ne peuvent plus s’exprimer autre part que sur leurs blogs. Tout est verrouillé : Toute atteinte aux théories du GIEC est interdite, ces experts « alternatifs » sont systématiquement qualifiés de climato sceptiques voir de partisans de la terre plate et bannis, des antennes !!!!
    L’année dernière 500 d’entre eux ont soumis une demande pour être reçus auprès du président de l’ONU afin de d’expliquer l’absurdité de l’urgence climatique. Peine perdue……L’info n’est même pas reliée par la presse main Stream, c’est dire le niveau de censure actuel sur ce sujet.

    Portant quelques chiffres basiques facilement relevables sur le net devraient attirer l’attention. Je n’invente rien il suffit de chercher .
    En ce qui concerne le CO2, on trouve partout les valeurs des échanges des cycles du carbone, exprimées en Gt/C an, ratio rejets et puits. Valeurs très variables d’ailleurs en fonction de la source d’info
    Mais si on exprime cela en proportion dans l’atmosphère, le CO2 c’est très, très peu.. Les 400 ppm de CO2 actuelles, c’est 0.04 % du volume total de l’atmosphère.
    Dans ces 0.04% de CO2, la part de l’anthropique ne dépasse pas 3 à 5%, l’essentiel étant rejeté par la nature ; océans, volcanisme, faune et flore.
    Si on s’en tient à la théorie officielle, on constate que parmi les gaz à effet de serre, le CO2 représente 3.6 % des gaz à effet de serre, contre 95 % pour la vapeur d’eau, qui bien qu’étant le GES le plus important en volume, est volontairement oubliée. Il y a ensuite bien d’autres gaz à effet de serre dans l’atmosphère, que l’on ne recense pas non plus comme GES prioritaire dont le méthane, qui vient en troisième position.
    Pourquoi avoir assis toute la théorie du réchauffement anthropique sur un seul des gaz à effet de serre, le CO2 ?
    La conclusion à obtenir a donc dicté les études qui sont publiées. Qu’il n’y a pas de recherches sans crédits, et le politique détient là un gros moyen de corruption et de chantage sur le scientifique. Et on a eu les preuves qu’avant les politiques, avant Margaret Thatcher, de grosses fortunes pétrolières ont investi dans le Hadley Center du Met Office UK (amorce du GIEC, pour faire dicter aux gouvernements, via leurs relais utiles (Associations vertes ou ONG type OXFAM), les politiques énergétiques les plus idiotes et les plus ruineuses.

  • Il est incompréhensible que la France de Macron ne joue pas son atout maître qui est le nucléaire et, par soumission au chantage des « verts » de tout acabit, se laisse dicter sa politique énergétique par l’Allemagne, en gaspillant l’argent public dans un soutien inconditionnel aux énergies renouvelables intermittentes (éoliennes et photovoltaïque). Il est tout aussi incompréhensible que l’Allemagne se soit lancée dans son coûteux et inefficace « energie wende » qu’elle tente d’imposer au reste de l’Europe, mais enfin l’Allemagne a pour le moment les moyens de gaspiller, ce n’est pas le cas des autres pays européens et certainement pas de la France. Macron aurait eu là l’occasion de faire preuve d’indépendance, lui qui rêve d’un rôle important dans l’Europe, mais non il fait le « toutou » de Merkel.

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