Le droit naturel selon John Locke

Selon John Locke, c’est par nature que l’homme est social. Aussi est-il pourvu de droits naturels, qu’aucun législateur n’a créés.

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Le droit naturel selon John Locke

Publié le 22 mars 2022
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En dépit de certaines ressemblances formelles, comme la commune référence à l’état de nature et au contrat social, on imagine difficilement deux pensées aussi opposées que celles de Locke et de Hobbes. C’est qu’ils diffèrent fondamentalement sur leur conception de l’être humain.

Dans la tradition d’Aristote et Saint Thomas, John Locke (1632-1704) décrit un homme libre, rayonnant d’une dignité qu’il a en propre, et naturellement porté vers le respect des autres et la compréhension mutuelle.

Nulle convention sociale n’est à l’origine de ce comportement. C’est un état de nature. Aussi l’homme est-il pourvu de droits naturels, qu’aucun législateur n’a créés. Ces droits garantissent son individualité, sa personnalité, sa qualité « d’être unique et irremplaçable ».

La propriété de soi selon John Locke : le domaine vital

Le droit naturel veut que l’homme soit propriétaire. Mais pour Locke, il ne s’agit pas, ou pas seulement, de la propriété mobilière ou immobilière. Il s’agit de tout ce que l’homme a en propre, qu’il s’agisse d’une terre, ou d’une idée, ou d’un talent, ou d’une relation : tout ce qui vient de lui-même ou a été valorisé par lui-même.

En fait, l’homme est propriétaire de son corps et de son esprit (il n’admet pas le « dualisme cartésien ») et, entre autres, les biens et richesses acquis par son travail lui sont nécessairement dévolus. Mais l’homme a aussi en propriété sa liberté, sa santé, sa sécurité, tout ce qui lui permet de vivre et constitue en quelque sorte son domaine vital.

Du droit naturel à l’État de droit

Propriétaires en leur domaine vital, les êtres humains sont tout aussi naturellement portés à l’échange. John Locke, bien avant Smith, souligne la complémentarité des talents et l’importance de la division des savoirs. La monnaie joue un rôle très utile dans les échanges car elle permet la conservation des droits dans le temps et dans l’espace.

La reconnaissance et la protection des droits de propriété font alors l’objet d’un véritable contrat social, destiné non pas à faire naître des droits nouveaux, puisqu’ils sont naturels, mais à les rendre plus opérationnels, en facilitant leur circulation. Un système de législation et de juridictions s’établit alors, c’est un système politique avec un pouvoir législatif et un pouvoir judiciaire.

Ce pouvoir est au service des droits naturels, il n’en est pas l’origine. Voilà pourquoi ceux qui l’exercent doivent eux-mêmes respecter ces droits. Locke est un farouche adversaire de l’absolutisme tant à la mode à son époque, tant prôné par Bodin et Hobbes.

La société politique fonctionne sous le règne du droit (rule of law). Bastiat et Hayek reprendront ce thème en opposant droit et législation : le droit est antérieur à la législation, celle-ci ne fait qu’exprimer le droit en proposant des règles claires, générales, intemporelles, et la mission des juges est de même nature.

Tout abus du pouvoir sous forme d’atteinte aux droits naturels justifierait « la résistance à l’oppression » et le dépôt des autorités publiques, de la même manière que la Glorieuse Révolution a déposé le roi d’Angleterre pour le remplacer par Guillaume d’Orange (dont Locke fut le conseiller). 

Le proviso lockéen

N’y aurait-il pas quelque limite aux droits naturels ? Locke aborde la question délicate de la limite de la propriété. Il s’intéresse principalement à la propriété des terres et des ressources naturelles, mais son analyse peut aussi déboucher sur une théorie générale de la propriété. A priori. Locke n’est pas trop pessimiste, car il s’émerveille des immenses espaces ouverts avec les découvertes du Nouveau Monde.

Il n’en demeure pas moins que parfois la propriété des uns peut empêcher les autres de jouir aussi de la propriété. Locke reprend le thème thomiste de la commune destination des biens : Dieu a donné la Terre en héritage à tous les Hommes. Quand le travail d’un homme lui permet de « dominer la terre » la propriété lui en est acquise.

Mais être propriétaire au-delà de ses besoins et empêcher de ce fait l’exploitation des ressources naturelles par d’autres n’est pas légitime. De même que l’on est libre pourvu que (proviso) l’on respecte la liberté des autres, on est propriétaire pourvu que l’on ne prive pas les autres de propriété.

Locke n’a pas poussé l’analyse jusqu’à introduire les marchés des droits de propriété et le rôle des prix, qui aboutissent à une meilleure affectation des droits de propriété. Il faudra pour ce faire attendre Adam Smith.

 
Cet article a été initialement publié en novembre 2011.

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  • Souvent en France, la législation est contraire au droit (aux droits naturels).

    • Je m’étonne que dans tous les courants de pensée des libéraux, il n’y ait jamais une réflexion menée sur les devoirs de l’homme et du citoyen

      • Le seul devoir que les libéraux prônent est le respect des droits des autres. Ce qui englobe tous les devoirs de l’homme et du citoyen. Inutile donc d’en dresser une liste. Vous devez respecter les droits naturels, point !

      • En effet, on aveugle plus facilement un individu avec des droits qu’avec des devoirs. D’où le succès de la révolution française. Le droit naturel n’a eu son intérêt que pour l’homme à l’état sauvage. Quoiqu’avec les écomaniaques… Malthus avait raison mais pas pour les raisons qu’il avançait : plus on est nombreux, plus l’espace de liberté rétrécit. Notre liberté ne consiste plus qu’à gérer les contraintes.

  • Le concept de « homesteading », avec ses limites explicites telles que précisées par Rothbard, règle la question ouverte du ‘proviso lockéen’.
    Voir Ethique de la Liberté.

  • Comme quoi, on peut être libéral et trouver la rengaine du « droit naturel » comme ringarde. Le droit est exclusivement affaire de convention. Il n’y a pas droit dans la nature. Pour me prouver le contraire, il faudra me l’expliquer de manière scientifique avec une ou des lois invariables qui s’appliquent pour tous les cas et sont infalsifiables.
    Je préconise une appellation plus appropriée telle : le « droit humain » par exemple. De cette façon, nous saurons que nous parlons du droit s’appliquant à l’homme pour l’homme.

    • le concept de droit naturel ne veut pas dire que celui-ci a été respecté au cours de l’histoire; l’homme a été assez peu libre sur les deux derniers millénaires par exemple

    • Au contraire le Droit dit naturel peut être prouvée scientifiquement, par la preuve philosophique irréfutable.

      Je vous invite à lire les travaux de Hans-hermann Hoppe sur l’éthique de l’argumentation. Il démontre ainsi l’irréfutabilité du droit de propriété privée comme seule norme morale pour les sociétés humaines.

      Ce qui ne veut pas dire que ce droit naturel est respecté par les individus.

    • Le droit est par définition la faculté reconnue d’accomplir ou ne pas accomplir un acte.

      Si cette reconnaissance ne peut s’exprimer que sous la forme d’une convention humaine, la faculté provient elle, de la nature.

      Par conséquent, le droit naturel consiste à définir que l’humain doit reconnaître par convention toutes les facultés que la nature lui a attribué dans le respect de l’ordre naturel.

      L’ordre naturel est factuel, puisqu’on a pu définir des lois naturelles immuables.
      Le fait que la nature ait attribué ses facultés à l’homme est également factuel, les bébés n’apparaissent pas spontanément par magie.

      Les lois naturelles sont invariables: pour subsister l’homme a besoin de boire, de manger, d’avoir un espace où demeurer, de se vêtir. De ces besoins naturels, on en retire des droits naturels qui sont objectifs: tout homme devrait avoir le droit de boire, de manger, et d’avoir un espace où demeurer et de se vêtir.

      Mais si par contre, vous réduisez le droit naturel à un « droit humain », vous retombez dans le droit positif, où c’est l’homme qui définit de manière arbitraire ce qui est bon pour lui. Et à partir de là, vous pouvez par exemple décréter que les hommes à la peau noire sont des sous-hommes, et qu’ils n’ont pas les mêmes droits que les hommes à la peau blanche. C’est ce qu’ont fait les Arabes, au nom de leur religion, puis ensuite les occidentaux, au nom de leur commerce.

      L’esclavagisme des noirs était parfaitement légal, c’était une convention humaine, basée sur les préceptes religieux de l’islam. L’esclavagisme n’a pu être combattu moralement qu’avec le droit naturel, qui considère que les hommes à la peau noire étant « naturellement » les mêmes que ceux à la peau blanche, ils pouvaient prétendre aux mêmes droits…

  • « e concept de droit naturel ne veut pas dire que celui-ci a été respecté au cours de l’histoire; l’homme a été assez peu libre sur les deux derniers millénaires par exemple »
    Ce n’est donc pas une loi naturelle, mais un concept humain, nous sommes d’accord.

  • @ Kafka

    Pas la peine de lire Hoppe. Si vous l’avez compris, vous saurez me l’expliquer avec des preuves scientifiques donc…

    • On parle de droit de naturel car celui-ci n’a pas été inventé par l’homme, mais découvert par celui-ci, à la manière d’un archéologue qui mettrait à jour des vestiges, c’est en effet un concept crée par l’homme mais qui explique un phénomène qui lui est présent à l’etat naturel.

      Une des façon de découvrir ce droit naturel est de le faire par le biais de l’Ethique de l’Argumentation. Quand deux individus argumentent ou débattent entre eux, ils respectent des règles de procédures qui sont invariablement nécessaire aux déroulement d’un débat et d’une argumentation. Ne pas respecter ces règles de procédure empêchent toute forme de débat.

      Par exemple, il est impossible de débattre de la possibilité ou non d’un débat. Cela ne respecte pas le principe de non contradiction. C’est évident. On peut le faire effectivement, mais la conclusion de ce débat n’aura aucun intérêt. Ce ne serait que du pure verbiage.

      Un autre principe que l’on doit respecter lors d’un débat, est que le corps de votre contradicteur, c’est à dire ses cordes vocales, son système nerveux central et ses muscles lui appartiennent. Il en a l’usage exclusif. Si vous voulez le convaincre de quelques choses, comme je le fais maintenant avec vous, c’est que je pars du principe que je ne vous contrôle pas, que je ne vous commande pas comme je pourrais le faire avec une machine, mais qu’étant convaincu de mes arguments, vous allez changer votre attitude, librement. Vouloir convaincre, c’est partir du principe que vous pouvez ne pas être d’accord. D’ailleurs une autre règle de procédure à respecter dans un débat, c’est que l’on peut ne pas être d’accord. c’est une condition invariable.

      L’autre alternative serait de vous obliger par la force. Dans ce cas, je considère que vous ne vous appartenez pas, que votre corps et ce que vous en faites est sous mon contrôle ( du moins je tente d’y arriver).

      Ainsi, lors d’un débat, on part du principe que l’on respecte le droit de propriété privée que son contradicteur à sur son corps. Débattre, argumenter, discuter ne peut se faire qu’en respectant ce droit naturel.

      Pourquoi naturel ? Parce que l’homme à la différence des animaux à cette capacité, que la nature lui a confié, de raisonner, de s’engager dans une activité rationnelle avec autrui. Il peut se comporter comme un animal, mais il a une autre alternative, celle d’argumenter, de régler les conflits par la discussion et le débat. Qui comme l’a démontré Hoppe, nécessitent le respect inconditionnel du droit de propriété privée.

  • « Une des façon de découvrir ce droit naturel est de le faire par le biais de l’Ethique de l’Argumentation.  »
    Donc, on se sert de deux abstractions pour découvrir une tierce abstraction. OK.
    Mais, je ne vois toujours aucune loi naturelle qui se dégage de cela.
    Vous parlez également de contradiction dans votre réponse : en voici une.

    « Un autre principe que l’on doit respecter lors d’un débat, est que le corps de votre contradicteur, c’est à dire ses cordes vocales, son système nerveux central et ses muscles lui appartiennent. Il en a l’usage exclusif.  »
    Il est démontré que de ce principe nait une contradiction. Une femme est prioritaire de son corps. Certains postulent que le feotus est déjà un être humain à part entière, et qu’ainsi il est également propriétaire de son corps. Donc votre démonstration sur le « droit naturel » souffre déjà d’exceptions.

    Je complèterais ma réponse plus tard…

  • « Pourquoi naturel ? Parce que l’homme à la différence des animaux à cette capacité, que la nature lui a confié, de raisonner, de s’engager dans une activité rationnelle avec autrui. »

    Les animaux ont la capacité de raisonner et s’engager dans une activité rationnelle avec autrui de la même façon ques les hommes. Vous avez une perception assez limitée de la vie animale, semble-t-il.
    Vous semblez, en outre, considérer l’Homme comme étant un être purement psychologique, un pur esprit. Ceci est faux, l’Homme est un être psycho-biologique. L’esprit ne saurait être séparé du corps. Or, le corps a des besoins, au même titre que l’esprit d’ailleurs. Ces deux sortes de besoins sont imbriqués. Ceci étant, l’Homme ne peut donc pas régler tous ces problèmes ou conflits avec autrui par le seul débat.
    Nous voyons que dans la réalité, la théorie du « droit naturel » ne s’applique pas universellement, et souffre d’une infinité d’exceptions.
    La gravitation est une loi naturelle parce qu’elle se vérifie pour tous les cas. La

    • La gravitation concerne le domaine de la science expérimentale, c’est à dire l »étude du comportement de la matière inerte, à la

      • pardon aussi

        je reprends, la gravitation concerne le domaine de la science expérimentale, qui s’attache à étudier le comportement de la matière inerte, qui a pour critère de validité la réfutabilité, qui justement implique qu’elle ne se vérifie pas dans tous les cas.

        Des animaux qui seraient capable de s’engager dans une activité rationnelle de la même façon que les hommes, seraient alors capable de fonder une civilisation et de communiquer avec notre espèce. Dans ce cas précis, nous pourront régler nos différends avec eux lors d’une discussion.

        Avec un éléphant qui empiète sur mon champ, je ne peux aller le voir et lui demander d’arrêter, le problème est purement technique, je dois élever une clôture, le faire fuir, déplacer mon terrain ou l’éliminer (etc…).

        Avec un individu, je peux recourir à des solutions technique ou aller le voir et tenter de régler notre différend en discutant.

        Quand à la relation entre corps et physiques : le fait d’avoir des besoins n’est nullement nié, mais la façon dont ses besoins vont être satisfaits sont différent de ceux des animaux, les hommes utilisent des moyens pour arriver à leur fin, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont omniscients, mais qu’ils opèrent des choix et constatent les résultats de leur action. Les motivations sont dictées par leur environnement et leur nature biologique, et la capacité de les satisfaire ce fait par leur intellect qui opère par la raison.

        • Vous oubliez que la Terre ne tourne pas exclusivement pour l’Homme, et que les animaux peuvent avoir des relations entre eux dont vous n’avez pas l’air de soupçonner l’existence. De plus, nous pouvons dire que si les hommes pouvaient se faire comprendre des animaux autrement qu’à coups de carabine, nous pourrions également tenter de communiquer avec eux. c’est d’ailleurs le cas pour ceux qui étudient les animaux. Enfin passons…
          Quand à la question des besoins, si vous voulez dire que l’Homme boit dans un verre au lieu de se pencher dans la mare, qu’il s’essuie le cul avec du papier au lieu de gratter le sol derrière lui, et qu’il baise en disant des mots d’amour au lieu de bramer, alors c’est vrai : c’est différent.

          « Les motivations sont dictées par leur environnement et leur nature biologique, et la capacité de les satisfaire ce fait par leur intellect qui opère par la raison. »
          Superbe phrase qui ne veut rien dire, mais bel effort.
          Vos arguments sont de mon point de vue totalement dans les choux.

          Concernant la gravitation, je vous invite à vous reporter aux différents articles qui traitent du sujet sur internet, parce qu’il semble que vous ne sachiez pas qu’il s’agit d’une loi naturelle. La gravitation d’abord Newtonienne a été englobée par la théorie de la relativité d’Einstein, plus précise, et complétée par la gravitation quantique.

          Je résume, vous n’avez aucun argument pour démontrer que le « droit naturel » puisse exister autre part que dans l’esprit humain. C’est pour cela que je dénonce cette appellation comme un abus de langage et que je pense que l’expression « un droit humain » serait plus appropriée pour décrire le concept. De cette façon , nous saurions dans nos discours intérieurs et nos discussions verbales avec autrui que nous parlons d’abstractions fabriquées par nous même et non de lois « naturelles » intangibles et universelles qui relèvent du dogmatisme qui est une source des conflits que vous semblez vouloir voir disparaitre entre les hommes.

          • Le droit est un concept humain, donc « droit humain » est au mieux un pléonasme, et s’il cherche à s’opposer au droit naturel, ce n’est qu’un nouveau droit positif.

            Le droit naturel est un concept humain (le droit) qui se base sur l’observation humaine de la nature et qui s’inspire de l’ordre naturel pour définir une morale objective qui permet de délimiter l’usage de la contrainte.

  • pardon…

    La gravitation est une loi naturelle parce qu’elle se vérifie pour tous les cas. La pomme quand elle se détache de l’arbre tombe au sol.
    Le « droit naturel » incluant celui de la propriété privé ne se vérifie pas universellement. Il y a de nombreuses exceptions que je ne détaillerais pas ici. Ce n’est PAS une loi naturelle.

  • L’observation spontanée des constantes qui caractérisent l’humain est équivalente à l’observation de la constante de la gravité. L’observation systématique des caractéristiques anthropologiques, concernant tous les humains sans exception, permettent de comprendre que la nature comporte une morale universelle implicite, le droit naturel. Les constantes humaines observables sont la vie, l’intelligence autonome, la sociabilité. Les droits naturels correspondants sont le respect de la vie, de la liberté, de la propriété privée.

    La liberté éthique propre à chaque humain n’existe que dans la mesure où il existe une morale universelle qui s’impose à tous. Les institutions humaines, constructions artificielles, sont morales dans la mesure où elles respectent le droit naturel. Les institutions humaines qui ne respectent pas le droit naturel sont vouées à disparaître sous le poids de leurs propres contradictions (crises).

    • « L’observation spontanée des constantes qui caractérisent l’humain est équivalente à l’observation de la constante de la gravité.  »
      « Les institutions humaines qui ne respectent pas le droit naturel sont vouées à disparaître sous le poids de leurs propres contradictions (crises). »

      Quand nous autres hommes construisons un pont, il est rare qu’il s’effondre. Si c’est le cas, les ingénieurs revoient leurs plans et les matériaux et découvrent l’erreur de calcul qui a mené à la catastrophe.
      Depuis l’aube de l’humanité, de très nombreuse civilisations humaines se sont éteintes ou ont brutalement disparues dans divers chaos. Il est extrêmement difficile de trouver une explication ou l’erreur qui a mené à la faillite dans de tels cas. Les historiens échafaudent des théories, etc… la seconde guerre mondiale – 50 millions de morts – serait le fait d’un seul homme ? Pourquoi pas…
      En général, ces civilisations furent bâties sur des dogmes. Toutes avaient des formules rabâchées par leurs grands prêtres, toutes étaient sorties du crânes de quelques théoriciens sûrs et certains de détenir la vérité. Aucune ne correspondait à la réalité des faits. Nous pouvons d’ores et déjà ranger le « droit naturel » dans cette catégorie.

      • Il me semble que le droit naturel est le contraire d’un dogme mais se fonde sur l’observation du réel. A moins de démontrer que certains hommes vivants n’ont aucune intelligence autonome et ne connaissent aucune forme de sociabilité.

        • Le « droit naturel » en tant que concept est bel et bien un dogme. Parlons un instant de l’observation du réel : nous savons depuis Einstein que dans la description d’un fait, l’observateur compte autant que la chose observée. Deux personnes qui observent la même chose verrons deux choses différentes pour tout un tas de raisons; leurs goûts, leurs expériences personnelles, leurs connaissances antérieures, leurs intérêts, etc. Cela rend toute observation relative. Multiplier par 7 milliards d’hommes…
          De plus, une observation ne peut pas rendre compte de la totalité de la chose observée. En revanche, il est très facile de penser ce qui est décrit comme le miroir de la réalité, de ne pas faire la différence entre le discours, les mots, les théories et les faits tels qu’ils se passent réellement. Nous confondons alors le discours avec les faits réels qu’il représente. Or le discours est fait de mots, qui sont des symboles pour décrire d’une façon très approximative la réalité.
          Petit exercice : placez-vous devant un miroir et tenter avec des mots de vous décrire en totalité. Combien de temps cela prendra t-il pour que votre description soit l’exact reflet de la réalité ? Oui, très longtemps… et pendant ce temps, il y aura des changements permanents qu’il vous faudra encore et encore décrire… et si un jour, vous pensez finir cet exercice, n’oubliez pas qu’il ne s’agira que de votre point de vue…
          Donc, ne vous fiez pas à l’observation du réel, je n’ai pas la même que vous.

          • Sans grand risque de se tromper, vous êtes vivant, vous êtes intelligent et indubitablement sociable comme le démontre cet échange. Vos relations personnelles ou les inconnus que vous croisez dans la rue peuvent faire la même observation. En l’occurrence, tout le monde fait la même observation, valable pour tous les humains de toutes les époques et de toutes les cultures. L’affirmation contraire peut être analysée dans le cadre d’un exercice théorique ou rhétorique mais n’a aucun sens dans le monde réel.

          • C’est là votre erreur et cela peut être une erreur mortelle.
            Nous croisons tous les jours des assassins, des voleurs et des primitifs. Mais nous sommes incapables de les distinguer de la masse des gens que nous pouvons évaluer comme « normaux ». Si ce que vous appelez « droit naturel » se trouvait être une réalité, nous vivrions dans un monde social idéal. Il n’y aurait plus de conflit, plus de meurtres, plus de viols et plus de vols.
            Puisque nous parlons de nature, faisons une simple observation : la nature humaine. Que voyez-vous ?
            Quelle constante pouvez-vous dégager de l’observation de l’homme ? Une même personne peut s’inquiéter du rhume de son enfant le matin, et gazer mille personnes l’après-midi.
            Que savez-vous des pensées non verbalisées de vos proches, de vos voisins ?

            Le monde d’Aristote était plat et se trouvait au centre de toutes choses. Mais ce génie, en son temps, n’avait que ses yeux pour observer le monde. Galilée, lui, disposait d’une lunette quand il découvrit que la terre devait tourner autour du soleil. Aujourd’hui, nous avons à disposition des radiotéléscopes, des satellites, des microscopes, etc. pour observer le monde qui nous entoure.
            En revanche, la plupart d’entre nous, ont la même structure de pensée qu’Aristote. Et cette pensée est décrite par un langage dont la structure n’a pas évolué non plus.
            Ce qui, hélas, vous permet de parler de « droit naturel », un concept tout droit sorti de l’observation toute relative et incomplète de la réalité des faits. Alors que nous savons, et vous devriez le reconnaître par honnêteté, qu’il est impossible de tout savoir, de tout voir, de tout comprendre et par conséquent de tout décrire.
            En changeant de vocabulaire, en utilisant (par exemple) l’expression UN (non défini) « droit humain », vous rappelez à votre interlocuteur, et à vous même, que vous parlez de choses abstraites n’ayant l’ambition que de se rapprocher le plus possible de la réalité. De cette façon, vous laissez l’espace nécessaire à d’autres possibilités, dont vous ne pouvez pas écarter l’existence potentielle. Vous n’utilisez pas un systême rigide, intangible, fini et universelle. En un mot, un dogme.

          • Ce que pensent les inconnus que nous croisons est sans importance. Les assassins, voleurs ou primitifs sont quand même vivants, etc. Chaque humain est en permanence confronté au choix entre le bien et le mal, acceptation ou rejet de la loi naturelle. Comme d’autres, ce que vous considérez relatif est en réalité la liberté éthique, dans une confusion banale mais dangereuse entre éthique et morale. La liberté éthique, le relativisme éthique, n’est possible que dans un cadre moral universel.

            En changeant de vocabulaire, vous ouvrez la porte au relativisme moral. Ce n’est pas parce que vous pouvez vous jeter dans le vide sans risque durant les quelques instants de la chute libre que la gravité est relative. Vous finirez par rejoindre le sol. Il en va de même avec la loi naturelle. D’ailleurs, c’est bien parce que l’immense majorité des humains respectent intuitivement et agissent la plupart du temps en conformité avec la loi naturelle que vous pouvez prétendre sans grand risque qu’elle n’existe pas. Dans le cas contraire, nous ne pourrions pas en discuter.

          • Je vais être obligé d’arrêter cette conversation parce que vos arguments ont atteint le degré zéro de la réflexion.
            Allez, je vous reprends sur la fin avec une analogie : c’est bien parce que l’immense majorité des humains vont voir des films de vampires et de loups garous que vous pouvez dire qu’ils n’existent pas. Dans le cas contraire, nous ne pourrions pas en discuter.

            Relisez vous, un tissu de formule ne contenant que des abstractions. Du réel, point.

            « La liberté éthique, le relativisme éthique, n’est possible que dans un cadre moral universel. » Waaah ! Ecrivez un bouquin, vous savez empiler les mots.

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            • Vous n’avez plus d’argument.
              Mais comme vous avez du mal et/ou que vous ne maitrisez pas argumentation de votre interlocuteur, il ne vous reste plus que l’attaque ad hominem.
              Cela ne vous sert pas même si vous avez l’impression de sortir la tête haute de la discussion… 🙂

      • Le droit naturel naît justement de l’observation de la réalité des faits.

        Les économistes du 19e siècles ont démontrés en quoi la violation des droits de propriété privée désorganisaient la société et entraînaient des crises.

        Vous dénoncez les dogmes rabâchés par les prêtres, vous avez raison. Mais ils avaient pour principale raison d’être de justifier la spoliation des uns par les autres, et comme l’a si bien démontré Bastiat, la spoliation, le vol, l’esclavagisme, porte en lui le germe qui le tue, raison pour laquelle des « civilisations » ont disparues. Je mets le mot civilisation entre parenthèse, car pour les opprimés de l’époque la disparition de cette civilisation fut plus une libération qu’un malheur, et en rien la civilisation en général, celle des hommes n’a disparu.

        Toutefois dans les dogmes de ces civilisations il y avaient des éléments de vérités qui leur permettaient de perdurer un tant soit peu et qui préservaient partiellement le domaine de propriété privée. C’est en identifiant ce qui marchait de ce qui ne marchait pas que l’on a développé le droit naturel.

        Je dois admettre que le terme droit naturel prête à confusion. John Locke l’a employé dans la situation où l’homme vit sans Etat, au sein d’aucune structure sociale établie, en somme à l’état de nature. Dans ces conditions a-t-on le droit de faire ce que l’on veut à autrui ? N’y a t’il pas une légitimité intrinsèque à la nature de chaque homme de pouvoir vivre sans craindre les agressions d’autrui ? Ai je le droit de disposer la vie et des bien d’autrui ?

        Actuellement aussi nous avons nos prêtres qui assènent des vérités et qui ne sont rien d’autres que la justification de l’oppression des uns par les autres. Mais ce dogme à une particularité bien différente de ceux précédents, il prétend affirmer qu’il n’y pas de vérité, que tout est relatif, que rien n’est absolu. Il emprunte largement au domaine de la science expérimentale qui s’attache à étudier le comportement de la matière inerte.

        Jamais croyance n’a été aussi pernicieuse dans sa capacité à détruire. S’il n’y a pas de vérités, alors toute affirmation de chacun peut être balayé instantanément, à tout moment ce que vous prétendez peut être arbitrairement ignoré, sans justification, à l’exception du slogan « rien n’est vrai ». Ce qui affirme un droit inaliénable à la vie n’ont qu’à se taire, ils ont peut être tort, leur vie n’est peut être même pas vrai.

        Mais remarquez que dans cette affirmation, on y décèle un germe mortel, car affirmez « il n’y a pas de vérité », c’est affirmer une vérité, ce qui est contradictoire. Ainsi cette affirmation n’est même pas valable en soi, construire toute une science ou une philosophie à partir de ce présupposé c’est ne que faire du verbiage sans queue ni tête, c’est être sans cesse en contradiction avec la logique la plus élémentaire.

        • Lisez ma réponse à bubulle concernant l’observation du réel.
          Et essayez de comprendre que le « droit » est une théorie humaine sans aucun rapport avec la réalité.

          Tentez également de comprendre que toute proposition positive, du style : ceci est vrai ou ceci est faux, contient le germe mortel dont vous parlez. Tout ce que nous pouvons affirmez, sans grande crainte de nous tromper, serait plutôt de l’ordre de la négation : ceci n’est pas vrai ou ceci n’est pas faux. Parce que quoi que nous décrivions, nous savons que les mots ne sont pas ce qu’ils représentent.

          • J’ai lu attentivement votre réponse faite à bubulle, et vous tombez dans le piège épistémologique actuel où vous confondez la méthode des sciences expérimentales avec celle de l’économie ou de la philosophie éthique.

            Dans le cadre de la science expérimentale , les objets étudiés sont de la matière inerte, non agissante, pour lesquelles en effet on élabore une théorie explicative qui rend compte imparfaitement de la réalité et que l’on peut réfuter, c’est le principe fondateur de la méthode expérimentale. Les éléments de connaissance sont apostérioriques, après vérification par l’expérience, et toujours sujet à être un jour ou l’autre réfutés.

            Mais il existe des éléments de connaissance qui sont empiriques, c’est-à-dire qui naissent de notre observation du réel, mais qui sont aprioriques, en d’autres termes irréfutables et axiomatiquement nécessaire pour pouvoir comprendre le réel. Je sais, ce n’est pas actuellement à la mode de prétendre cela en notre époque de positivisme et de relativisme tout azymut.

            Un exemple de proposition apriorique : l’homme agit, c’est à dire qu’il poursuit des fins(même s’il ne les connaît pas, elles peuvent être inconscientes). Tenter de réfuter cela est impossible puisque celui qui le ferait devrait agir pour le faire. (Comme vous maintenant en débâtant avec moi).

            Un autre exemple : toute chose dans le réel à une identité, le nier, serait quand même de confier une identité à cette chose (de ne pas avoir d’identité).

            C’est tautologique, en effet, mais vrai, et pourtant ne nécessite aucune expérience de laboratoire et décrit un phénomène réel que l’on constate.

            Quand aux mots ils ont un sens, je sais que vous ne le feriez pas, mais je ne peux m’empêcher de vous inviter à lire Introduction à l’espitémologie objectiviste d’Ayn Rand.

  • OK, vous ne comprenez pas.
    Ce n’est pas grave pour moi.
    J’ai juste échouer à vous expliquez !
    Désolé pour vous.

  • Si je puis me permettre de m’inviter dans ce débat fort complexe.
    Il me semble que persiste une certaine confusion autour de la notion de « Droit » . Dans les expressions droit positif (institué par les hommes) et de droit naturel « droit » a t-il le même sens ? Il semble évident que le droit dit « naturel » n’a pas la même force contraignante que le droit positif. ( le droit non soutenu par une épée pour le faire appliquer n’est rien disait Hobbes)
    Prenons un exemple : si je dis « vous me censurez vous n’avez pas le droit de faire ça ! » cette proposition peut avoir deux sens. 1) En agissant de la sorte vous violez tel out tel article du code civil et m’envais me plaindre de ce pas à qui de droit ! ou bien 2) ce que vous faites est injuste parce que tout comme vous ( et sous-entendu comme tout être humain) j’ai le droit de m’exprimer librement sous subir la censure de quiconque, en somme ‘ce qui vous me faite est immoral ! »
    Dans le cas 1) je ne fais que valoir mon droit tel qu’il existe dans un État de droit concret. Dans le cas 2) derrière cette déclaration s’élève ce que Habermas appellerait une « prétention à l’universalité ». En tant qu’être humain je n’ai pas à être traité ainsi !’
    Si je puis risquer cette interprétation personnelle je dirais ceci : naturel est à prendre au sens d’universel. C’est une revendication qu’élèvent naturellement et spontanément tout les hommes non seulement pour eux-même mais aussi pour tout les autres.

    C’est ce qui permet d’expliquer, me semble-t-il, non seulement pourquoi nous n’acceptons pas l’arbitraire exercé sur nous même mais aussi quand celui-ci s’exerce sur les autres.

    Ceci dit je concède un point: le terme de « droit » naturel est peut-être mal choisi et source de trop de confusions. ( peut-être revendications naturelles ?) . Quoiqu’il en soit l’important n’est pas le mot mais la chose à laquelle celui-ci se réfère !

    Voilà ! désolé pour cette réponse un peu longue et peut-être mal formulée.

    • Il est « naturel », car il repose sur l’observation objective de l’ordre naturel, il découle même de cet ordre naturel.

      Par exemple: l’ordre naturel a établi que l’homme a besoin de boire pour survivre. Le droit naturel qui en découle, c’est que tout homme a le droit de boire.

      L’application légale de ce droit serait alors par exemple:

      Si un bonhomme possède un cours d’eau sur son terrain et décide de le dévier pour que son voisin, dont le terrain vient au prolongement du cours d’eau, ne puisse plus en profiter gratuitement, le voisin pourrait légitimement user de la force pour obliger le bonhomme à rétablir le cours d’eau.

      Alors qu’un droit positif pourrait par exemple décréter, que celui qui a acheté un terrain fait ce qu’il veut dessus et pourrait légalement dévier le cours d’eau et obliger son voisin à venir l’acheter chez lui, au lieu d’en profiter gratuitement.

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