Par Frédéric Mas.
Il était attendu depuis des mois et des mois : le jeu Cyberpunk 2077 est enfin disponible depuis jeudi 10 décembre. En novembre dernier, les fans s’exaspéraient encore. Une nouvelle fois, CD Projekt Red avait décidé de repousser la sortie d’un jeu initialement prévue le 16 avril dernier.
Selon les mots des concepteurs polonais de The Witcher III, le projet allait être particulièrement complexe à gérer. Ce sont en effet 9 versions du même jeu qui sont prévues à la vente.
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— Cyberpunk 2077 (@CyberpunkGame) October 27, 2020
La pré-campagne de lancement du jeu a été tellement longue, encouragée par des démos lâchées au compte-gouttes, les attentes des joueurs tellement grandes, qu’avant même sa sortie, ce qui promettait d’être le plus grand jeu d’aventure/action de l’année -un RPG en vue à la première personne en d’autres termes, est devenue une légende… c’est-à-dire un générateur de mèmes. La participation de Keanu Reeves, ou Johnny Silverhand, n’y est sans doute pas étrangère.
Avec un budget avoisinant les 330 millions de dollars, le lancement du jeu Cyberpunk 2077 est comparable au lancement d’un blockbuster interplanétaire. Plus exactement, le jeu vidéo est un secteur économique dynamique, qui subit moins la crise covid que les autres secteurs du divertissement.
En France, l’industrie vidéoludique génère près de 5 milliards d’euros, devant celle du livre, du cinéma et de la musique. Sur le plan mondial, elle atteint plus de 120 milliards de dollars et devrait dépasser les 138 milliards en 2021.
Et Cyberpunk 2077 dans tout ça ? Avec 8 millions de précommandes, CD Projekt Red pensait rapporter le jackpot. Seulement, comme le rapporte Les Échos, les premiers bugs sur Playstation 4 et Xbox One ont déjà fait plonger son action en bourse de 8 %, soit 800 millions de dollars. Mais ce n’est que le début, et le démarrage du jeu génère tout de même l’optimisme.
Cyberpunk 2077 : la révolution biotechnologique sous nos yeux
Le nouveau jeu de CD Projekt Red cristallise tous les fantasmes technophiles et technophobes de l’époque. Vous incarnez un mercenaire « augmenté », comprenez modifié par des implants qui vous permettront de vous connecter ou d’améliorer vos performances tout le long de l’aventure. Votre quête au sein d’une ville à la fois high-tech et totalement sous la coupe des malfrats et des gangs sera de vous emparer de l’implant ultime qui vous donnera la vie éternelle.
Vous rêviez de transhumanisme ? On vous en donne un aperçu non pas festif et joyeux, mais perdu dans un monde en perdition. Hacking, infiltration ou brutalité, le héros peut choisir sa quête, comme il choisit son sexe et son genre, d’agir avec justice ou de s’allier avec la pègre la plus infâme.
Un monde propice aux idéaux libertaires… et libertariens
L’univers cyberpunk dans lequel baigne le jeu vidéo est à la fois individualiste, anarchiste et post-étatique, ce qui lui donne une tonalité libertarienne qui réjouira les amateurs de fictions anarcho-capitalistes. Depuis Ayn Rand, en passant par Robert Heinlein ou L. Neil Smith, la science-fiction est un domaine privilégié où les libéraux les plus radicaux ont la possibilité d’imaginer un monde selon leurs principes, c’est-à-dire reposant sur la liberté individuelle la plus totale.
Cyberpunk 2077 s’inscrit dans cette lignée, faisant de son héros V. une sorte de Snake Plissken uniquement dédié à la défense de ses intérêts dans un monde où l’État se trouve en concurrence face aux bandes de malfrats et aux mégacorporations. Night City elle-même est une technopole qui se situe dans l’État libre de Californie. Un avant-goût de la liberté totale pour les plus optimistes, de la décomposition du monde d’aujourd’hui pour les plus pessimistes. À vous de juger maintenant.
Un vrai régal ce jeu. Par contre c’est l’exemple parfait pour les antiliberaux: “regardez le monde de l’ultra libéralisme. C’est pour cela qu’il nous faut un État-Providence”.
Jeu sympa, mais je vais rester libéral classique, merci.
Ce jeu doit être formidable…. Mais comment faites vous pour avoir le temps de jouer à ça (je n’ai pas dit perdre du temps à ça ?)
j’ai hate d’y jouer. Par contre il faut une configuration musclée sur PC: https://www.gamespot.com/articles/cyberpunk-2077-pc-system-requirements-minimum-and-recommended-specs/1100-6482354/
j’ai fait la remarque à un ami qui me demandait si j’envisageais d’y jouer, et il m’a dit qu’il l’a commandé sur une plate-forme de jeu en “cloud” (Shadow, Stadia…). La seule “puissance” dont il a besoin à titre personnel, c’est celle de sa ligne Internet.
Anarcho-capitalisme à remplacer par féodalisme capitaliste.
Au vu des dérives qu’on constate chez les Gafam, on peut présenter les choses ainsi en effet.
C’est plus ancien : les compagnies pétrolières ou d’extraction sont pas mal dans le domaine depuis des décennies. Mais je parlais plus que l’anarcho-capitaliste ne peut pas exister donner naissance quasi immédiatement à un système féodal capitaliste.
Restons dans la SF et dystopie : Waterworld ou Mad Max : anarchie mais des ilôts “stables” subsistent : des seigneurs de guerre avec armée privée possédant une ressource rare.
Dans Total Recall, pas d’anarchie mais la société qui contrôle l’oxygène est un peu un GAFAM : il s’est tellement affranchit des règles qu’il a crée les siennes pour son profit.