L’origine de la richesse est plus importante que sa taille

Plutôt que d’accabler les riches, il faudrait plutôt demander à l’État d’arrêter de se mêler des affaires des consommateurs et des producteurs qui parviennent très bien à créer une prospérité au bénéfice de tous.

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L’origine de la richesse est plus importante que sa taille

Publié le 14 octobre 2020
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Par Gaël Campan.

Les divisions sont profondes et multiples au sein de la société française. La place des riches est l’un des sujets controversés les plus récurrents et les plus confus. Ils sont tantôt admirés tantôt méprisés, enviés ou vilipendés. Chacun est pro-riche ou anti-riche, mais tous ou presque s’accordent à dire qu’ils en ont trop, ou encore qu’ils pourraient se contenter de moins.

Pourtant, là n’est pas la question. C’est par illettrisme économique que l’on regarde les différences dans les niveaux de richesse plutôt que la manière dont ces richesses se sont formées. En effet, la richesse est soit un marqueur de ce que son propriétaire a accompli pour la société et qu’elle lui a rendu en échange, soit elle témoigne de ce que son propriétaire a pris à la société malgré elle. Telle est la véritable question de fond, et elle n’est pas triviale.

Moyens de subsistance économiques et politiques

Le sociologue Franz Oppenheimer a clarifié cette opposition de manière magistrale en posant une distinction fondamentale entre les moyens de subsistance économiques – l’échange et le don – et les moyens de subsistance politiques, c’est-à-dire l’usage de la force (et de la menace de son usage) ou de la fraude pour se procurer les moyens économiques produits par d’autres.

Quand nous assistons à l’avènement au statut de nantis des uns ou des autres, il faut donc d’abord se poser la question de l’origine de leur richesse plutôt que s’étonner de son amplitude.

S’est-elle formée par l’échange avec le consentement des citoyens-consommateurs ou au contraire ces derniers ont-ils été contraints d’une manière ou d’une autre (par l’impôt ou par la réglementation) à dépenser une partie du fruit de leur travail au bénéfice de certains et aux dépens d’autres ? Est-ce que la richesse de M. X ou de Mme Y s’est accumulée grâce à une création de valeur immense pour la communauté, ou au contraire au travers d’une destruction de valeur pour cette dernière ? Voilà la seule question économiquement et éthiquement pertinente à propos des riches.

Les propriétaires des entreprises qui ont inventé les ordinateurs personnels que vous utilisez, qui ont fondé les marques d’habits que vous portez, qui ont construit les immeubles où vous habitez et travaillez, qui ont investi dans le secteur dans lequel vous exercez votre emploi etc., ont-ils usurpé leur fortune, ou avez-vous librement choisi de cautionner leurs services et la satisfaction qu’ils vous procurent par vos dépenses ?

Aller au-delà des apparences

Pour en être certain, il faut aller au-delà des apparences et avoir recours au raisonnement économique afin de découvrir si vous payez le prix complet pour leur service ou s’ils ont été subventionnés par l’impôt. De la même manière, il faudrait savoir s’ils ont été protégés par une réglementation de leurs concurrents qui, le cas échéant, vous auraient rendu à leur place un meilleur service à un meilleur prix.

Dans ces scenarios où ils sont assistés par les autorités à vos dépens, aux dépens de leurs concurrents et aux dépens des contribuables, leur succès financier est moralement et économiquement entaché, et leur mérite devient équivoque.

Dans nos sociétés dites d’économie mixte dont la France est devenue une caricature, il est presque impossible de gagner sa vie et a fortiori de faire fortune sans demander la permission, l’aide ou l’encadrement de la loi. Qui peut se permettre aujourd’hui de refuser les juteux contrats passés par l’État et les collectivités locales, ou les subventions dont ses concurrents bénéficient ? Il ne faudrait donc pas se tromper de cible.

C’est l’État qui fausse le jeu concurrentiel en accaparant plus de la moitié de la richesse nationale et en distribuant des privilèges à ses clientèles. C’est l’État qui par son intervention jette le soupçon et le discrédit sur la réussite de tous les entrepreneurs.

Plutôt que d’accabler les riches, qui sont les premiers créateurs d’emplois productifs dans la société, il faudrait plutôt demander à l’État d’arrêter de se mêler des affaires des consommateurs et des producteurs qui parviennent très bien, ensemble, à créer une prospérité méritocratique au bénéfice de tous.

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  • Les (très) riches ont accès à une foultitude de moyens d’échapper aux impôts. Enlevez les paradis fiscaux et le monde financier s’écroule. Des centaines de milliers de gens à travers le monde travaillent (en étant très bien payés) pour que d’autres centaines de milliers de gens et de sociétés fraudent le fisc, ne payent pas d’impôts, éludent taxes et autres, etc. avec la complicité de certains états ou de grandes banques.
    Bien que je sois capitaliste (au sens microéconomique), le capitalisme mondial ne tient que parce que du capital est soustrait au marché, qu’il est planqué, détourné, qu’il disparait quelque part et réapparait autre part.

    • Votre raisonnement est bancal, ou du moins partiel. Le problème n’est pas que les « (très) riches » cherchent à échapper à l’impôt. Le problème est le niveau confiscatoire de l’impôt, c’est-à-dire celui de la prédation étatique.

    • @ cactus : hélas, c’est complètement faux ! Il n’y a pas de paradis fiscaux, juste des pays qui ne spolient pas les gens.

      La France n’a qu’à baisser ses niveaux d’imposition, stabiliser sa fiscalité, simplifier tous ses codes de droits, (ce qui implique un sacré changement de mentalité de son Administration et de ses Fonctionnaires) et les riches reviendront entreprendre en France et y mettre leurs capitaux.
      Mais le plus difficile et le plus long, c’est le changement de mentalité de l’Administration et des politiques français, qui vivent de la spoliation des riches.

      • Breizh, ce n’est pas question de spoliation. Là où un pays normal a mis à disposition écoles et infrastructures permettant à une société d’engager des salariés et d’exercer son activité, un paradis fiscal récolte les fruits de ce travail.
        Si l’argent fraudé revenait dans les caisses de l’Etat, les impôts seraient moins élevés pour tout le monde.

        • Refuser de se laisser voler par les prédateurs n’a rien à voir avec de la fraude.
          Lire le magnifique article de Nathalie MP Mayer: « Qui vole qui déjà ».
          La prédation est sans limite et dire que si « l’argent fraudé revenait dans les caisses de l’Etat, les impôts seraient moins élevés » est du foutage de g. complet.

        • Ou qu’on aille, il faut payer pour ceux « qui nous protègent ». Que ce soit à Palerme ou à Paris, on n’a pas le choix.
          Ce système immoral ne tient que par l’intimidation. J’aimerais que nos maitres ne justifient pas leurs ponctions pour la justice sociale, mais juste parce qu’ils ont le monopole de la violence.
          Et ne nous parlez plus des monopoles de service public, comme l’école ou la CNAM, que chacun ici souhaite voir tomber.

        • ce pays normal n’a pas mis à disposition écoles et infrastructures, il le fait payer très cher pour un service très médiocre et surtout sans demander l’avis des contribuables qui paient !
          Si « le paradis fiscal récolte les fruits de ce travail », c’est tout simplement qu’il est plus intelligent que l’enfer fiscal.
          Rien n’empêche l’enfer fiscal de devenir un paradis fiscal en gérant beaucoup mieux ses sous et en se concentrant sur les tâches régaliennes et non sur l’arrosage des petits copains et autres électeurs potentiels.

          Un peu d’honnêteté oblige à reconnaitre que vu le montant des impôts, le service public français est très mauvais. La crise du covid le montre, notamment pour tous ceux qui n’ont pu se faire soigner pendant le confinement.

          • Pas de paradis fiscal sans enfer :-). Ces pays ne sont pas plus intelligents, ils sont juste plus amoraux.
            Breizh06 le dit bien, à Paris ou à Palerme, vous payez pour une protection. Dans le premier cas, c’est dans un état de droit. Dans le deuxième, vous n’avez pas grand chose à dire.
            Et en l’absence d’Etat (au sens large), n’importe quel groupe (comme la mafia) viendra vous proposer sa protection. Ou vous voler. La Somalie est un exemple de ce qui est défendu par certains ici. D’autres souhaitent un féodalisme capitaliste, avec système de castes. Pas moi. L’Etat-nation est peut-être un mythe, mais il remplit des rôles importants et efficaces. Cependant, et là je rejoins certains, il n’est pas le meilleur ou indispensable partout.
            Pour en revenir aux paradis fiscaux, ce sont à la fois des parasites du système financier et ils sont aussi indispensables, vu que la finance mondiale est un immense jeu de dupes. Les dettes publiques qui ne seront jamais remboursées sont le parfait exemple. Les sociétés fantômes qui ne produisent rien mais ont des milliards sont un autre exemple.

            • il y a plein d’autres états de droit qui coûtent à leurs citoyens/contribuables beaucoup moins cher pour des services bien plus efficaces.

              En arriver à comparer la France à la Somalie montre bien où en est la France avec ses quartiers émotifs notamment.

              « Les dettes publiques qui ne seront jamais remboursées sont le parfait exemple » ; curieusement, c’est le cas de la France écrasée d’impôts, mais pas celui de la Suisse, les Pays-bas, la Nouvelle Zélande, de l’Allemagne… qui, je le maintiens, sont bien plus intelligents que la France (et bien plus riches, mais beaucoup moins grande gueule).

              Ce sont des états comme la France (imitée par la commission européenne) qui parasitent la finance avec l’émission incontrôlée de monnaie, qui est effectivement un jeu de dupes que paieront les pauvres ; états fantômes qui ne produisent rien mais spolient beaucoup.

              • A vous lire, seuls les citoyens et entreprises françaises font de l’évasion et de la fraude fiscale.
                Dette publique ? Vous parlez de cette dette publique qu’il est intéressant de mettre par habitant, et où le Japon et Singapour (le très libéral et autoritaire Singapour) explosent les scores aux deux premières places ? Et où bien avant la France, on trouve le Canada, les USA et l’Irlande ? L’Espagne au même niveau que l’Allemagne ? L’Albanie, la Roumanie ou l’Argentine très en deça des pays que vous citez ?

        • Vous devriez postuler à la direction (pardon, au secrétariat général) du parti socialiste français, votre discours y serait très bien accueilli.

          • Sauf que je ne suis pas socialiste :-). Dommage.
            Pouvez-vous me dire où j’ai dit que je soutenais une lourde taxation ? Spécialement sur les riches ? Non bien sûr vous ne pouvez pas, vu que je ne l’ai pas dit. Dommage.
            Critiquer un système imparfait (ce qui veut dire partiellement efficace) ne fait pas de tout le monde un socialiste. Si vous n’étiez pas un troll doctrinaire binaire simpliste, vous le comprendriez.

    • Magnifique post ! C’est beau comme un article du Monde !

      Mettre dans le même sac « optimisation fiscale » et « fraude fiscale » vous place immédiatement du côté des gens malhonnêtes intellectuellement, dont les petites manigances rhétoriques visent uniquement à attiser la haine sociale en faisant passer ceux qui payent leurs impôts honnêtement (en bénéficiant légalement de mécanismes d’optimisation) pour des fraudeurs. L’entourloupe consiste à stigmatiser et désigner un ennemi imaginaire à abattre : le riche qui profiterait indûment du système. La réalité ? Ce sont ceux que les salopards désignent comme profiteurs du système qui contribuent le plus (et nettement plus) à ce système de spoliation.

      En effet rappelons qu’en France, ce sont les 10 % les plus aisés des foyers fiscaux qui paient 70 % de l’impôt sur le revenu (et les 2 % les plus riches paient plus de 40 % de cet impôt).

      • Bonjour Raphaël. L’optimisation fiscale n’est pas toujours de la fraude fiscale. La différence n’est pas toujours facile à faire. Entre bénéficier d’une déduction d’impôt ou faire des placements déductibles d’un coté et construire tout un système de gestion de fortune visant uniquement à éluder l’impôt d’autre part, c’est pas pareil. (et on ne parle pas ici de crime organisé).

    • Après s’être prétendu libéral, v’là-t’y pas qu’il se couronne capitaliste maintenant. Ohhhh, un champion du monde !

      • Bonjour Général Cavaignac. Je suis capitaliste en effet. Je sais d’où vient mon patrimoine. Mais comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, le capitalisme doit rester un outil, pas une fin.

  • Belle perpective pour enfin reconciler la société avec une economie de marché plus libre et responsable qui tourne le dos au croony capitalisme qui nous mène à la misère et à la révolution
    Cela passe par la restauration d’une simplification drastique des normes et lois puis lpar une vraie justice qui sanctionne le mensonge et la malhonneté

  • Excellent article de M. Campan.
    Grâce à un passage essentiel de son ouvrage « La théorie générale de l’interaction » j’ai compris pourquoi l’enseignement de l’économie en France n’est qu’une série d’inepties et de sophismes, bref du bourrage de crâne et de la propagande étatiste. M. Campan y explique qu’en réalité la science économique est une discipline subversive, « PARCE QU’ELLE CONSTITUE UNE MENACE A L’ORDRE ETABLI ET UN FREIN AUX AMBITIONS DU POUVOIR ».

    • la connaissance économique est une menace pour ceux qui ont usurpé le pouvoir (l’énarchie) !

    • Un Macron en roue libre n’hésiterait pas à dire que l’économie bien enseignée est un séparatisme. Il n’est pas loin le jour où il fera interdire son enseignement et brûler ses livres en place publique. Pas de chance pour lui et les hauts fonctionnaires de l’Etat obèse, l’économie est d’abord et avant tout une branche de la logique à la portée de chaque individu honnête, d’abord pour en deviner les prémisses correctes, puis dérouler les raisonnements imparables qui en découlent. Et les individus honnêtes sont toujours finalement plus nombreux que les truands de l’Etat obèse, déjà condamnés à l’échec, quand l’argent des autres vient à manquer.

      C’est bien pourquoi Bastiat a pu réfuter tous les socialismes plus d’un siècle avant qu’un quelconque Piketty soit en mesure d’ânonner ses fadaises délirantes.

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