Réfugiés : comment arrêter notre barbarie aux frontières

La crainte de l’immigration fausse complètement les comportements et nous fera apparaître comme des criminels devant l’Histoire.

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Réfugiés : comment arrêter notre barbarie aux frontières

Publié le 25 septembre 2020
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Par Yves Montenay.

Le camp de migrants de l’île de Lesbos, en Grèce face à la Turquie vient de brûler. Les médias internationaux en parlent enfin. En tant que démographe suivant l’évolution de l’immigration en Europe, je suis honteux de voir le comportement européen aux frontières.

Que l’on soit pour ou contre l’immigration, on ne traite pas les gens ainsi, on ne les repousse pas dans la mer comme cela commence à se faire en Grèce, on ne les entasse pas à 12 000 dans un camp de 2000 places comme à Lesbos.

Mais autour de moi, le virus a rendu tout le monde sourd et aveugle.

Il a fallu que le camp brûle, que 12 000 personnes exaspérées par une attente de plusieurs années dans la merde (pour parler concrètement) se trouvent dans la rue, et que les populations locales prennent peur et se barricadent dans leurs villages pour que cela atteigne l’opinion publique européenne.

La candidate à la présidentielle portugaise, Marissa Matias, témoigne d’une situation inhumaine : 3000 migrants du camp de Lesbos détruit par l’incendie viennent d’être transférés dans le camp déjà surpeuplé de Kara Tepe (à environ 2,5 km au nord-est de Mytilène, la capitale de l’île de Lesbos).

Ceux contaminés par le covid seraient parqués dans une partie sans eau ni électricité, et avec des sanitaires très insuffisants. Ces 3000 migrants arrivant à Kara Tepe bénéficient d’une tente et sont enregistrés pour d’éventuelles formalités futures. Les autres préfèrent rester dehors, mais sont soumis à des attaques de l’extrême droite.

On a là une belle illustration du cercle vicieux dans lequel nous sommes tombés.

Un réfugié afghan arrivé avec son oncle sa tante et leurs six enfants sont à Lesbos depuis neuf mois. Depuis l’incendie, ils ont passé une semaine à la belle étoile, et quand la police est arrivée pour « nettoyer », elle a détruit et dispersé le début de l’abri en carton qu’ils avaient bricolé, probablement sous la pression de la population indigène qui s’indigne de la saleté.

Ils déclarent que le pire est de ne pas savoir combien de mois ça va encore durer. Pour l’instant, ils ne peuvent pas sortir à cause de la quarantaine imposée à une partie du camp suite à la découverte de contaminations.

Ce réfugié avait une bonne situation en Afghanistan, mais il a fui à cause des violences et des attentats répétés des talibans et de l’État islamique (condensé d’un témoignage de Migreurop)

 

Réfugiés : l’accueil n’est pas l’immigration

Ce drame de Lesbos était prévisible depuis plusieurs mois, et s’ajoute à d’autres rejets violents et honteux qui se multiplient dans toute l’Europe du sud et de l’est.

Juridiquement c’est une conséquence des accords dits Dublin III qui prévoient que le traitement administratif des migrants doit se faire là où ils arrivent, ce qui permet aux pays européens n’ayant pas de frontières sur l’extérieur d’en laisser la charge aux autres, c’est-à-dire principalement à la Grèce, accessoirement à l’Italie et à l’Espagne.

Comme la première terre grecque que rencontre un migrant est une petite île, la population locale, sympathisante au début, est vite débordée et devient xénophobe et violente.

Mon oreille droite entend : « C’est certes affreux humainement, mais si on ne le fait pas, il y aura un appel d’air pour plus d’immigrés en Europe ».

Mon oreille gauche me dit que cette question de l’accueil ne concerne que quelques milliers de personnes. Et que même si elles devaient se renouveler assez souvent, ce ne serait toujours rien par rapport aux 500 millions d’Européens et aux 2,5 millions d’immigrants réguliers annuels.

On doit donc pouvoir gérer normalement cette question.

Mais nos dirigeants démocratiquement élus sont paralysés par la réticence des populations, donc des électeurs. Dans les couloirs de Bruxelles on dit que le premier gouvernement à ouvrir sa porte sera balayé aux prochaines élections.

En face, les milieux humanitaires, dont je lis attentivement les textes, ont tendance à dire que toute limitation des migrations est illégitime, alors que les lois actuelles sont des produits de la démocratie. Or, en défendant la population des camps avec de tels arguments, ils donnent l’impression de vouloir ouvrir l’immigration à des millions de personnes. Ce qui transforme un problème humanitaire limité en un débat sur l’immigration en général, et donc à la paralysie politique.

On en arrive à des comédies navrantes où des humanitaires apprennent aux candidats immigrants à réciter un discours imaginaire qui satisfasse aux conditions de l’asile politique… ce qui ne fait qu’aggraver le scepticisme et la réticence des administrations d’accueil !

Le problème est pourtant très loin des généralités sur l’immigration. Il est très simple : des individus pourrissent dans l’oisiveté alors qu’ils sont venus en Europe pour travailler, et en ont un besoin urgent.

La solution est donc évidente.

 

Laissez-les travailler !

Imaginez qu’au lieu d’attendre, de se morfondre, de trafiquer, de chaparder, les intéressés travaillent et gagnent leur vie. Ils retrouveraient leur dignité, l’accueil deviendrait efficace et coûterait infiniment moins cher.

Mais quel travail direz-vous ? Ne vous inquiétez pas, ils le trouveront tout seuls, il suffit de l’autoriser. Comme dans n’importe quelle économie, les hommes se donnent du travail mutuellement.

On peut d’ailleurs accélérer cette mise au travail en chargeant disons une personne sur vingt de veiller à l’hygiène du camp, moyennant une rémunération normale (ce qui sera économisé par ailleurs).

Les intéressés vont dépenser cette rémunération autour d’eux, en vêtements produits par leurs voisins et en nourriture qui devrait cesser d’être gratuite mais facturée une somme symbolique, pour eux dans un premier temps et progressivement pour tout le monde.

Et cette nourriture ne devrait pas être un monopole des ONG ou de l’administration mais pouvoir être produite par d’autres occupants du camp, ce qui implique de les laisser s’approvisionner à l’extérieur.

Je vous garantis que l’ambiance aussi bien dans le camp qu’aux alentours serait transformée.

Ce qui vaut pour un camp de réfugiés en attente vaut a fortiori pour quelques centaines de personnes dans une grande ville, si les pays européens ont enfin conscience de ce qui se passe et acceptent chacun quelques milliers de migrants. Là, l’autorisation suffirait, même pas besoin d’amorcer la pompe ! Peut-être, pour faciliter l’intégration au marché du travail pourrait-on autoriser les employeurs à ne payer que 80 % du SMIC pendant quelques mois.

Je remarque que suite à l’incendie du camp et aux reportages qui ont suivi, Bruxelles s’est enfin décidé à proposer de remettre en cause cet accord Dublin III. Reste maintenant à ce que les États membres acceptent…

 

Oubliez vos divergences sur l’immigration et occupez-vous de l’accueil

Je reviens à « l’appel d’air » : la crainte de l’immigration fausse complètement les comportements et nous fera apparaître comme des criminels devant l’Histoire.

L’immigration est une question importante qui mérite un examen très sérieux, et si possible un consensus. Ce sera l’objet de mes prochains articles.

Mais n’oubliez pas la conclusion de celui-ci : que vous soyez pour ou contre l’immigration, il faut régler ce problème de l’accueil, sinon vos enfants auront honte de vous !

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