Par Johan Rivalland.
Ce petit ouvrage très court n’en est pas moins profond, autant que l’est l’auteur par son œuvre. Malheureusement disparu aujourd’hui, il fait partie des grands intellectuels de notre temps.
Vladimir Volkoff examine ici, avec un regard critique et beaucoup de justesse, les fondements de la démocratie et se pose la question des défauts, dangers et insuffisances qui y sont inhérents.
En 21 titres explicites, il précise sa pensée et explique les raisons qui lui font penser que ce système démocratique est loin d’être celui dont les nobles principes dissimulent en réalité une grande part d’illusion.
La démocratie, une nouvelle religion ?
Vladimir Volkoff compare, de fait, la démocratie à une nouvelle religion, tant celle-ci est aujourd’hui considérée comme la seule voie de salut. Ce qui revient à nier le fait que d’autres formes de gouvernement aient pu mener à des progrès de la liberté et de la société en général.
Pire encore, « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple », dans sa conception idéaliste néglige le fait que tous les totalitarismes et fascismes sont issus de la démocratie elle-même, alors qu’ils sont présentés de manière habituelle comme ses antonymes.
L’idéal populaire du communisme en témoigne, lui qui a abouti aux plus grandes tyrannies.
« Selon cette philosophie de la démocratie, […] tout ce que veut le peuple est bon par définition. Si le peuple veut la chasteté des mœurs, elle est bonne ; si on veut le relâchement, il est bon. S’il veut la paix, c’est parfait ; s’il veut la guerre, c’est parfait aussi. S’il veut détruire les autres peuples, c’est son droit ; s’il veut se détruire lui-même, grand bien lui fasse.
Voudrait-il, comme l’écrit Jean Madiran, décréter juste l’injuste, bien le mal, interdire le licite, obligatoire le monstrueux, et retoucher dans ce sens jusqu’à la Constitution : il n’y a contre cette volonté populaire aucun recours démocratiquement légal ni légitime. C’est la démocratie moderne. »
Lorsqu’on sait la très faible avance que peut avoir une majorité et surtout son caractère changeant en fonction de multiples paramètres, on peut effectivement s’interroger de bon droit, sans pour autant devoir être assimilé de manière réductrice à un adversaire de la démocratie.
Liberté et démocratie
Ainsi, un pays comme la France, reconnu comme démocratique, n’est-il par exemple pas très bien classé dans les études s’intéressant au degré de liberté individuelle dont disposent ses habitants.
En revanche, nombreux sont les auteurs à citer, entre autres, Hong-Kong ou le Chili comme des pays où règne un degré relativement élevé de liberté individuelle, alors même qu’il s’agit de régimes autoritaires (par opposition à démocratiques) ou qui l’ont été encore récemment.
Pour prolonger le raisonnement, on peut citer Pascal Salin (voir son ouvrage Libéralisme), énonçant l’idée suivante :
« En fait, et contrairement à l’idéologie social-démocrate courante, la liberté et la démocratie ne sont pas la même chose.
Nous devons nous débarrasser du préjugé habituel et dominant selon lequel le degré de démocratie est le critère unique pour évaluer le fonctionnement d’une société ou même d’une organisation quelconque.
Le problème de la démocratie concerne en effet uniquement l’organisation du gouvernement, dans la mesure où il existe…
À la limite, si un État n’a strictement aucun pouvoir, il importe peu qu’il soit ou non démocratique. »
De nombreux exemples, là encore, permettraient d’illustrer cette affirmation. Et il serait tout à fait illusoire de considérer que le seul suffrage universel soit une garantie de liberté pour les individus.
Rien n’indique que le pouvoir, une fois conquis, sera exercé de manière satisfaisante ; les exemples abondent, hélas, pour prouver le contraire.
À l’inverse, de nombreuses périodes de l’Histoire ont été florissantes sur de très nombreux plans, notamment artistique, grâce à un contexte de très grande liberté et ce, sous des régimes non démocratiques.
Comme le remarquait, pour conclure, Jean-François Revel :
« D’un point de vue statistique, et à moins de confondre jugement de fait et jugement de valeur, on ne peut tenir pour normales les démocraties et pour déviants et anomiques des régimes ou activités qui ont façonné, en pratique, le monde contemporain beaucoup plus que ne l’ont fait les démocraties. »
Il notait, par ailleurs, que le pouvoir judiciaire était beaucoup plus indépendant de l’exécutif avant 1789 qu’après, ce qui n’est pas négligeable lorsqu’on parle de respect des droits, et donc de liberté.
- Vladimir Volkoff, Pourquoi je suis moyennement démocrate, Éditions du Rocher, avril 2002, 100 pages.
Article initialement publié en mars 2014.
très intéressant.
Merci !
Une démocratie sans contrôle est un leurre
La démocratie ce n’ est pas l’ arrivée du messie ; il faut du temps , il faut une pratique comme un métier ! il faut 1 ou 2 générations à mon avis .
Le Peuple c’ est le coté joli de la médaille mais l’autre face c’ est la Masse , le crétinisme
Un avantage c’ est que les gens sont RESPONSABLES y compris lorsqu’ ils se trompent donc en souffrir et RECTIFIER par la suite alors les tyrans et les vaniteux n’ admettent jamais qu’ ils puissent se tromper
La démocratie une religion ? oui pour des gens simplistes
Ce mot est de toute façon soit manipulé ou victime de confusion des esprits voici un ex : dans ma commune une seconde liste se présente comme Démocratie Participative » un pléonasme .
Hum, le problème étant qu’on a déjà des gens souffrant du complexe de supériorité comme dirigeants…
Bref, on est toujours le crétin de quelqu’un d’autre, à méditer.
Il faut du civisme et du capital social. https://economiepublique.blogspot.com/2019/01/capital-social-et-leviathan.html
Sinon, plus on laisse le temps passer, plus on renforce certains comportements.
Les francais n’ont pas voulu rectifier leur manque de compétitivité qui augmente depuis 50ans a cause de la structure des coûts sociaux.
La France n’est PAS une démocratie. Le peuple n’a voté aucune de ses 100’000 lois, aucun de ses 400’000 décrets.
La Suisse est une démocratie, le Canada est une démocratie, la Nouvelle-Zélande est une démocratie, l’Australie est une démocratie, l’Irlande est une démocratie, le Danemark est une démocratie.
Ces pays sont TOUS dans le top 10 pour l’indice de libéralisme économique, l’auteur vit sur une autre planète.
http://www.heritage.org/index/
C’est fatiguant ces rengaines anti-démocratie de la part de certains libéraux dans un pays qui est, de fait, une monarchie élective doublé d’une aristocratie consanguine. C’est la pneumonie qui se fout de l’antibiotique !
Un article contrepoint qui MESURE dans le monde RÉEL exactement l’inverse du tissu de citations plus ou moins fumeuse de l’auteur:
« La liberté est également, sans surprise, corrélée à la démocratie, déjà mesurée elle par un Democracy Index: »
http://www.contrepoints.org/2013/01/10/110829-premier-indice-liberte-humaine
+1
La France, la Turquie, l’Argentine, l’inde et le Zimbabwe sont aussi des démocraties. Il y a en effet un lien entre la qualité des institutions, le capital social et le libéralisme, le niveau de prélèvements: https://economiepublique.blogspot.com/2019/01/capital-social-et-leviathan.html
« tous les totalitarismes et fascismes sont issus de la démocratie »
De nombreux dictateurs ont été, effectivement, élu. Mais ce qui défini une dictature, c’est justement le fait qu’une personne décrète qu’elle est mieux placée que les autres pour décider, contre l’avis de la majorité, de ce qui est bien pour elle et garde le pouvoir par la force.
mais est ce que nos dirigeants ne se comportent pas ( la durée de leur mandat ) comme vous le décrivez pour les dictateurs ??? en dehors de remettre leur mandat en jeu contre des promesses ruineuses pour le pays où est la différence ????
C’est un peu ça robin 35, on a le droit de changer de dictateur tous les cinq ans. C’est déjà pas si mal.
Votre citation de Revel est une arnaque. Le propos de Revel est que les démocraties sont fragiles, qu’il faut les protéger, et non qu’elles sont improbables ou anecdotiques. Revel était un grand défenseur de la démocratie.
Quant au totalitarisme enfanté par la démocratie, c’est totalement faux. Vous n’en savez pas assez sur l’histoire du totalitarisme pour comprendre que vous n’y comprenez rien.
Par pitié, n’abordez jamais ces sujets avec vos élèves, nous avons bien assez de crétins comme ça.
Volkoff, pas plus que Tocqueville, Churchill, Revel et bien d’autres encore chacun à sa manière, ne s’est bien évidemment présenté comme anti-démocrate. Ce n’est pas le propos.
L’objet de leurs écrits est la mise en garde contre les défauts et les dangers liés au système démocratique et la fragilité qui lui est inhérente. C’est un point de vue critique.
Quant à la citation de Revel, elle ne trahit nullement sa pensée. Puisque vous connaissez bien celle-ci, vous savez qu’il est question ici, pour Jean-François Revel, de replacer les choses dans leur juste dimension, en rappelant que les démocraties sont somme toute assez récentes, fragiles comme vous le dites, et pas un modèle unique et dominant.
Il montre à de nombreuses reprises, dans ses écrits, que nous aurions tort de nous présenter en donneurs de leçons en la matière (et l’actualité récente en divers endroits de la planète, mais pas seulement, pourrait tendre à le montrer).
Comme le relève noe plus haut, la démocratie est un processus lent, qui ne peut s’improviser, que l’on ne peut imposer de force. Et comme l’indique Ilmryn, sa définition même n’a rien d’évident (lui faisant conclure que la France n’en respecte pas les principes fondamentaux et n’en serait donc pas une).
Quant à mes élèves, merci de ne pas mélanger les choses. J’exerce mon métier honnêtement et en toute impartialité, sans faire de prosélytisme ou quoi que ce soit qui s’y apparenterait. Je n’ai nullement à en parler ici. Mes articles sont écrits librement, sans rapport avec mon activité professionnelle, et sans que je sois rétribué pour cela.
Si vous jugez que je ne comprends rien à certains sujets, soit. Je ne prétends et n’ai jamais prétendu, en aucun cas, être un savant et suis tout à fait prêt à accepter l’idée d’être un ignorant, ce dont je me sens effectivement plus proche. En revanche, puisque vous, apparemment, savez, je ne demande pas mieux que d’apprendre. Faites-nous donc partager vos connaissances ou analyses, ce serait une bonne chose. L’idée du « totalitarisme enfanté par la démocratie » a été mise en lumière notamment par Tocqueville, je n’invente rien. Maintenant, si je l’ai mal comprise, merci de nous éclairer.
Cordialement.
Johan Rivalland: « L’objet de leurs écrits est la mise en garde contre les défauts et les dangers liés au système démocratique et la fragilité qui lui est inhérente. »
Dans un pays qui n’est PAS une démocratie et qui est 60 place derrière les vraies démocratie pour la liberté économique, mettre en garde contre les défauts de la démocratie est une priorité il est vrai.
Classement Liberté économique:
———————————————–
3-Australie
4-Suisse
5-Nouvelle
6-Canada
…
…
…
70EME – France – Monarchie élective = Articles pour mettre en garde contre la démocratie (wtf !???)
Dans les 10 premiers vous retrouvez les meilleures démocraties, elles sont toutes bien classée ce n’est pas compliqué de croiser les deux indicateurs:
http://www.heritage.org/index/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_d%C3%A9mocratie
L’Université de Chicago nous avait classé dans les dictatures administratives, ce qui n’est pas loin d’être vrai.
Essayons de ne pas être binaire : la meilleure explication c’est qu’entre la « meilleure » démocratie et le « pire » totalitarisme, on trouve toute une gamme de régimes. Chacun est libre de mettre le curseur où il veut pour décrire notre pays. Tant qu’on a la possibilité de se barrer avec le premier avion, bateau, train, bus, etc… sans que vos proches ne soient sanctionnés, on est pas encore dans le pire.
Plus on en sait, plus on sait que l’on en ignore.
Une démocratie sans contrôle est un leurre !
Afin qu’il soit mis en place, point n’est besoin de bouleverser de fond en comble les différentes constitutions des pays dit démocratiques en particuliers occidentaux (+japon et Corée du Sud) pour améliorer vraiment leurs fonctionnements.
Il suffit de diviser par 2 ou 3 les effectifs des élus et à ce qui reste adjoindre pour chacun de 8 à 10 citoyens retraités en bonne santé (du cantonnier à l’ex PDG) , issus des circonscriptions avoisinantes (pour éviter le phénomène de collusion, sauf à récuser certains d’entre eux) désignés par le sort, pour une partie de la durée du mandat de l’élu et ainsi de suite . . .
Je vous laisse imaginer les implications bienfaitrices d’un tel système.
Intéressant, cependant si on se réfère à la base : les conditions nécessaires pour une démocratie que l’on peut extraire de la République de Platon par exemple, nous sommes très loin de la démocratie.
Mais toute réflexion est bienvenue.
PS : Il y a une chose assez facile à démontrer quand on en revient aux fondamentaux : le libéralisme et la démocratie sont incompatibles et ne peuvent coexister qu’en concurrence.
Et si vous lisez entre les lignes, ça veut dire que les libéraux ne sont pas démocrates. C’est pas une tare mais… il faudrait choisir son camp
blue: « Il y a une chose assez facile à démontrer quand on en revient aux fondamentaux : le libéralisme et la démocratie sont incompatibles »
Les « libéraux » croient donc au marché, au choix des gens concernant les produits, les services, mais pas au marché des la législation, le choix des lois de la fiscalité. (même si il est imparfait)
C’est délirant.
D’autant plus que les pays les plus libres économiquement et civilement sont les plus démocratiques.
…Et que part défaut ce sera donc un marché de lois décrétées par un très petit nombre de gens, taillées sur mesure pour leurs clients et amis.
Sans rire les libéraux français « quand on en revient aux fondamentaux » préférèrent cela !???
Ce pays est vraiment foutu :facepalm:
Le verbe croire que vous utilisez illustre parfaitement ce que je disais…
Et excusez moi, je ne comprend pas du tout le reste de la réponse
« les pays les plus libre économiquement et civilement sont les plus démocratiques aussi »
C’est quoi un pays démocratique ? Comment ça se reconnait ? c’est quoi une démocratie ? apres on pourra discuter ^^
et pour votre dernière réponse , ce n’est pas trés loin de ça, je ne vois par pourquoi la nature humaine aurait changé d’un coup…
Le bouquin de Volkoff, que j’avais lu à sa sortie, est effectivement très pertinent. Ceci dit, les limites de la démocratie sont connues de longue date: Platon nous raconte comment la démocratie athénienne est morte. Des démagogues manipulent le peuple et l’entraînent dans des guerres suicidaires avec Sparte. Athènes en sort ruinée et affaiblie, prête pour tomber sous le joug d’Alexandre le Grand.
La démocratie c’est la loi de la majorité. Or une majorité peut décider de supprimer la liberté. C’est pourquoi la liberté doit être ancrée dans la notion de droit naturel et doit être garantie par des textes supérieurs aux lois: constitutions, chartes, déclarations des droits de l’homme…
La meilleure garantie de la liberté c’est l’attachement viscéral que les citoyens lui portent (cf. la Grande Bretagne).
Sans justice tout ça n’est que du vent. Même marqué dans la constitution… Qui vérifie la constitutionnalité des lois votées… D’ex politicards qui n’ont vraiment rien à faire là.
Pareil pour la justice, c’est tout le problème des humains qui doivent se prémunir eux-mêmes contre leurs travers et diversités sans jamais pouvoir prétendre à un absolu de justice.
La. Démocratie n’est que l’élection de gens imposés par les élites, si l’élite est de bonne qualité, ça marche sur des roulettes quand l’élite est médiocre.. Vous êtes en France.
La démocratie est le stade ultime de la dictature de la marchandise.
Les anciens Grecs disaient que le meilleur régime politique est la tyrannie- à condition d’avoir un bon tyran. Et ils ajoutaient que les bons tyrans sont très rares.
Ca rejoint la critique de RKL dans Procruste at Large: https://economiepublique.blogspot.com/2020/06/critique-de-lochlocratie-par-erik.html