Le Big Data ou la médecine de Molière ?

OPINION : les déclarations à l’emporte-pièce de Didier Raoult alimentent une mécanique toxique dans laquelle la « science » ne s’effectue plus selon des principes de rationalité mais selon l’affirmation incantatoire autosuffisante.

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Big data by Merrill College of Journalism(CC BY-NC 2.0)

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Le Big Data ou la médecine de Molière ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 2 juin 2020
- A +

Par Thierry Berthier.

 

 

« Le Big Data…, une fantaisie délirante ! »

Voici donc l’une des dernières affirmations tonitruantes prononcée – à 4 mn 20 – par le professeur Raoult dans cette vidéo postée le 25 mai 2020 sur YouTube.

Ce jugement sans appel pourrait faire sourire lors d’un apéritif festif bien arrosé entre amis data scientists réunis au fond d’un bar, mais son contexte est tout autre, situé au cœur d’une polémique clivante sur l’efficacité présumée du protocole proposé par Didier Raoult.

Conforme au personnage de savant proche du peuple, incompris des élites, qu’il s’est construit au fil des semaines, la critique du Big Data résonne comme une attaque plus générale sur les sciences dures, les statistiques, les mathématiques, qu’il oppose sans vergogne aux sciences de l’Homme, celles du vivant, du ressenti, du vrai.

C’est aussi un refus catégorique de toute modernité au profit d’un arbitrage radical pour la médecine du XVIIIe siècle, celle qui se pratique grâce aux cinq sens, sans outil, sans artifice, sans donnée. Le « c’était mieux avant » complète en filigrane la sentence de Didier Raoult.

Pourquoi cette déclaration est-elle toxique ?

Jeter le discrédit sur la science des données sans être un expert de la discipline et sans fournir le moindre argument rationnel étayant la critique relève de la désinformation la plus complète.

Didier Raoult s’est-il déjà intéressé aux réussites du Big Data ? Sait-il que ses collègues scientifiques chinois n’ont mis que 14 jours pour dresser la carte génétique du coronavirus grâce aux sciences des données, au Big Data ? Sait-il que la recherche de nouvelles molécules s’appuie sur les données massives et sur les statistiques ?

Les exemples sont nombreux, de progrès médicaux directement liés à l’usage de la science des données, de leur géométrie subtile et de l’apprentissage automatique.

Le professeur Raoult devrait faire preuve de plus d’humilité et observer, par exemple, le rôle déterminant des données massives dans le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer. Les travaux du professeur Stéphanie Allassonnière1 ont permis de gagner deux précieuses années dans le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer ! Ce travail remarquable s’appuie directement sur l’exploitation des données massives et sur la puissance des modèles statistiques mis en place.

La science des données associée au génie humain a démontré toute sa puissance dans la résolution de problèmes complexes en génétique, en biochimie, en imagerie médicale et dans toutes les disciplines scientifiques.

Les déclarations à l’emporte-pièce de Didier Raoult alimentent une mécanique extrêmement toxique dans laquelle la « science » ne s’effectue plus selon des principes de rationalité mais selon l’affirmation incantatoire autosuffisante.

Le public sensible au discours Raoult reste majoritairement éloigné des règles de bonne pratique scientifique et ne dispose d’aucun référentiel alternatif lui permettant d’arbitrer. L’argumentaire du « complot mondial construit contre le professeur Raoult » verrouille strictement le débat et le réduit au champ polémique. Plus aucun argument rationnel n’est audible par la communauté pro-Raoult qui s’enferme dans une forme de victimisation suggérée par le guide qu’il faut suivre.

Le premier danger est celui d’une décrédibilisation de la communauté scientifique et de la pratique scientifique comme cela a eu lieu pour le personnel politique. Les puissants courants populistes associés aux courants complotistes sapent le consensus de rationalité et installent le sentiment du « tous pourris » dans les esprits en quête d’arguments manichéens.

Dans cette dynamique, chacun devient expert en quelques clics dans le domaine de son choix et se forge une croyance résistante à l’argument scientifique. Le risque d’une radicalisation d’une partie de la société contre les sciences et les technologies devient alors réel avec toutes les dérives collatérales imaginables. Le contexte de crise sanitaire, d’incertitude et de peur de la mort renforce cette dynamique de glissement vers l’irrationnel.

Le second danger est celui d’un retard possible de la France dans la course technologique mondiale qui oppose la Chine aux États-Unis. Un fort courant anti-scientifique et irrationnel traversant une partie de la population française aurait un effet catastrophique sur notre positionnement dans la course mondiale à l’innovation. D’ores et déjà, les propos de Didier Raoult sur le Big Data discréditent et éclaboussent l’ensemble de la communauté scientifique française.

Quelles sont alors les pistes pour casser cette mécanique du rejet de la technologie ?

Redonner le goût des sciences et de la preuve

Quand la dérive vers une « pseudo science populiste » est constatée, il devient urgent de mettre en place des outils cognitifs qui permettent de la contrer. La communauté scientifique dans son ensemble doit être intransigeante face à ses membres lorsque ceux-ci traversent la ligne rouge et sortent du champ de la rationalité.

Le système éducatif doit fournir des jalons efficaces renforçant le libre arbitre des plus jeunes face aux contre-discours irrationnels. Les enseignants doivent redonner le goût des sciences à leurs élèves et plus particulièrement celui de la démonstration scientifique.

Les médias ont un rôle à jouer dans la classification et la validation de l’information qui devrait être systématiquement présentée avec une probabilité de véracité. Le Big Data peut à ce titre fournir des solutions efficaces permettant de qualifier ou de réfuter une information.

La classe politique doit éviter de prendre part aux polémiques scientifiques lorsqu’elle ne maîtrise pas la discipline questionnée. Enfin, chacun doit faire preuve d’une grande humilité face à la complexité ambiante.

Article initialement publié sur European Scientist

  1. Gaussian Graphical Model exploration and selection in high dimension low sample size setting. T. Lartigue, S. Bottani, S. Baron, O. Colliot, S. Durrleman, S. Allassonnière for the Alzheimer’s Disease Neuroimaging Initiative. IEEE Transactions on Pattern Analysis and Machine Intelligence, 2020.
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  • En l’occurence, le Big Data est un peu tombé à côté de la plaque…
    Au mieux, l’étude publiée dans le Lancet ne nous apprend rien de plus que ce qui ait déjà été dit, depuis longtemps, y compris par Raoult lui-même : le traitement HCQ+AZT est inefficace à un stade avancé de la maladie.
    Au pire, elle apparaît de moins en moins crédible…
    Par ailleurs renvoyer Raoult à la médecine de Molière est peu pertinent. D’une part vu le pedigree du bonhomme (*), d’autre part vu certaines de ses positions, tout ce qu’il y a de plus scientifique, qui montrent qu’il a eu raison avant et contre tout le monde :
    – tester, isoler, traiter, quand certains Diafoirus ministériels jugeaient que masques, tests ne servaient à rien avant de déclarer le confinement total, pratique plus que moyenâgeuse – l’absence de 2eme vague, d’après la connaissance que nous avons des épidémies à caractère ORL, quand certains analystes nous prédisaient 80000 morts supplémentaires quelques temps après le deconfinement.
    Alors où sont les Diafoireux ?

    (*) Sans oublier son vif intérêt pour les avancées techniques de toutes sortes et son refus de voir dans le progrès une source mortifère… Vraiment, c’est lui faire un mauvais procès que de le renvoyer à des temps obscurantistes !

    • Raoult en remet une couche (pour les malentendants) :
      https://youtu.be/zUbiYhknaK0

    • Le caractère incantatoire de Raoult est insupportable. En aucun cas son pedigree qu’il met en avant de manière puérile n’est une garantie scientifique de sérieux. Bien au contraire. C’est très suspect. Toutes les revues scientifiques sérieuses, et the Lancet en est une, traitent les chercheurs qui publient sur un plan d’égalité. Affirmer l’inverse comme le demande Raoult est indécent et le sort complètement du schéma scientifique de traçabilité de ses travaux. D’ailleurs les premiers brouillons qui sont sortis sont de simples brouillons et n’ont aucune valeur scientifique. Raoult discrédite la communauté par son attitude. Une honte simplement. Et ses approchent scientifiques, elles viennent de l’OMS et des chinois… pas de lui !!

  • Article orienté par des préjugés défavorables au professeur Raoult. Le big data est comparable à la langue d’Aspe, il peut être la meilleure comme la pire des choses. Pour qu’il soit la meilleure des choses, il faut que les personnes qui manipulent la masse de données soient compétentes aussi dans le domaine à étudier, De plus comme le démontre la dernière étude qui fait tant de buzz, on peut obtenir les résultats que l’on veut si on triche sur les données…
    En ce qui concerne l’éducation je pense qu’il serait urgent de renforcer le raisonnement scientifique dans la formation des élèves, le niveau des politiques et journalistes paraît fort bas en ce domaine….

    • Oui, renforcer le raisonnement scientifique dans la formation, mais ça risque fort de rester un voeu pieux. Le pouvoir est aujourd’hui aux mains de gens qui ont tout à perdre d’une généralisation de l’esprit scientifique ! Ce serait d’ailleurs intéressant que les sondages d’opinion distinguent chez les sondés des catégories de formation scientifique plutôt que des catégories de sympathie envers tel ou tel parti.

  • Fallait oser écrire cet article quand on se rend compte de l’escroquerie de l’article du Lancet et de ses big data produites artificiellement par une coquille vide nommée Surgisphere et surgie soudainement de nulle part !!
    Je retiens le nom de l’auteur de cet article, ça m’évitera de perdre mon temps à l’avenir s’il récidive ici.

    • Je suppose que vous avez aussi mis The Lancet sur votre liste noire.

      • Oui…le Lancet est sur la liste noire et pourtant ….je suis médecin….et extrêmement déçu de la déchéance passive de ces merveilleux et solides publications du Lancet et du new england journal of médecine….il reste d’ailleurs des articles de première qualité et importance mais on n’en peut pas tolérer que ,au moins, 50/100 des essais cliniques soient falsifiés par la corruption des laboratoires pharmaceutiques….c’est tout simplement criminel car les erreurs dé prescriptions induites sont à la source de effets sur les malades….
        Quant au raisonnement purement mathématique mâtiné d’informatique , il a largement été démontré que la panique mondiale à propos du covid provient d’une erreur de simulation informatique d’ » éminent professeur » du london royal hospital….alors des progrès dans l’efficacité de compilation des grandes séries : oui mais pour ce qui est de la prise intelligente de décision , c’est une toute autre histoire car il faudrait d’abord que l’homme apprenne à rester maître de la machine…et à ne pas l’orienter selon ses désirs….
        Quant au professeur Raoult, hormis quelques dérapages, il s’est comporté en médecin soignant, voulant soulagé les malades, sans aucune arrière pensée ….sa grande expérience africaine au contact de nombreux virus lui a seulement servi de ligne de conduite….les procès d’intention ont fait le reste…..la médecine n’est toujours pas une science exacte, le sera t elle un jour?

        • Les lecteurs ont probablement plus évolué que les revues scientifiques. Ils veulent du tout cuit, et offrent ainsi d’eux-mêmes le pain béni à ceux qui cherchent à influencer leurs décisions. Le monde marche aujourd’hui par slogans, et les raisonnements mathématiques et les outils informatiques, qui devraient présider aux choix éclairés, sont utilisés, le plus souvent a posteriori, pour prétendre justifier les slogans qui plaisent le plus. De la pure paresse intellectuelle. Presque la même paresse que celle qui conduit les personnes moyennement à l’aise avec les choses scientifiques à en appeler aux bonnes intentions ou à d’autres logiques biaisées. Trop facile d’accuser des simulations erronées quand on frôle la saturation du système hospitalier. Trop facile de se poser en médecin soignant quand on a fait ce qu’il fallait pour obtenir la direction d’un institut. Alors oui, la médecine ne sera jamais une science exacte, mais elle a plus à gagner à un comportement scientifique de ses acteurs qu’aux bons sentiments qu’ils affichent dans les médias.

    • C’est la meilleure… indécrottable les médecins. Il peut y avoir un article contestable, mais de là à parler d’escroquerie, il faut se calmer. Quant on constate le nombre d’âneries dans les prescriptions, le non-suivi sur des années des chiffres des prises de sang… la médecine doit faire sa révolution scientifique et vite.

  • Il va faire une crise de(crosse de) hockey notre mathématicien. Pourtant jusqu’à présent, le big data nous a toujours trompé… Enfin pas les datas mais le big looser qui les exploite, il fini toujours par se faire prendre.

  • Très bon article. A propos de l’esprit scientifique, il faudrait plus de méthode de comportement surtout pour les sciences humaines. Pour les économistes je propose :
    Les dix commandements
    Tu seras un économiste mon fils

    – Une intention scientifique tu adopteras, l’analyse et l’action politique tu distingueras
    – Ta morale, tes convictions politiques, ton idéologie, ton école de pensée tu oublieras
    – Les mathématiques, en langage de cohérence et non pas en preuve de vérité tu utiliseras
    – Entre la réalité économique les statistiques et les théories, les grands écarts tu mesureras
    – Dans ta caisse à outils du plus grand nombre de théories tu disposeras
    – Corrélation et causalités entre variables tu ne confondras pas, de la mono-causalité tu te méfieras
    – Dans tes vérifications empiriques les marges d’erreurs tu intègreras
    – Les sources de tes statistiques tu préciseras
    – Les environnements, géographiques, sociologiques, politiques, le changement et la notion de temps tu n’oublieras pas
    – Modestie, humilité voire doute à l’égard de tes prévisions « toutes choses égales par ailleurs » tu adopteras
    Bernard Biedermann

  • Le problème n’est pas le big data mais ce qu’on en fait.
    Du bon et du mauvais !
    Comme dit l’expression populaire : ce qui est pratique avec les chiffres, c’est qu’on peut leur faire dire ce que l’on veut…
    Le point ou je rejoins l’auteur, mais je pense malheureusement que c’est sans espoir, c’est « Le système éducatif doit fournir des jalons efficaces renforçant le libre arbitre des jeunes »…

  • Berthier fait des reproches non pas au Pr Raoult, mais soit à l’image détestable qu’ont dépeint les média, soit à l’homme de paille qu’il voudrait abattre. Dans les 2 cas, même trompé il eut été honnête de faire quelques recherches sur les travaux de Raoult avant d’écrire. Il existe suffisamment de vidéo sur le site de l’IHU qui montre qu’il est « moderne » sur l’utilisation des techniques, compétent sur la méthode scientifique et accessoirement en relation avec des chercheurs chinois.

    Berthier parle de 2 dangers
    – La crédibilité de la science. Ce n’est pas la science qui est en cause, c’est l’abus des modèles par rapport aux données réelles. Quand on est mathématicien, je comprends que le poil peut s’hérisser, mais il devrait se justifier des travaux de Ferguson – un homologue – et de ses prédictions qui ont entraînés des politiques d’état d’urgence sans fin.
    – Le retard dans les sciences est un problème qui a été relevé et signalé par le Pr Raoult. Encore une fois, l’ignorance de Berthier sur l’homme qu’il attaque est inacceptable. Et son point de vue sur la bonne ou la mauvaise information est critiquable pour la liberté d’expression. Sans compter que la presse PC ou consensuelle n’aura aucun effet sur les capacité d’un pays à gagner les défis scientifiques: c’est de la stratégie d’état.

    La conclusion est ridicule : 3 § de wishfull thinking : censure dans les média, une meilleure éducation, et la petite phrase habituelle contre les politiques.

  • « C’est aussi un refus catégorique de toute modernité au profit d’un arbitrage radical pour la médecine du XVIIIe siècle, celle qui se pratique grâce aux cinq sens, sans outil, sans artifice, sans donnée. »
    Donc, au choix :
    * les analyses, la PCR, les rayons X, les IRM, …. sont du Big Data
    * Raoult est contre les analyses, la PCR, …

    Evidemment, aucun des deux, ce procès d’intention et cette caricature font que cet article est une illustration de la maxime « tout ce qui est excessif est insignifiant ».

  • On peut penser que, d’une part les dossiers cliniques du Professeur Raoult sont très bien tenus et que d’autre part, l’ensemble de leurs données ont été déjà analysés de multiples fois de manière informatique, justement de type bigdata. Il me semble que le Professeur Raoult s’insurgeait contre certaines formes d’analyses (et toute la communauté scientifique lui a emboîté le pas) avec des données dont on ne sait pas grand chose (les Australiens s’en sont indignés, pensez-donc, l’hydroxychloroquine et le virus associés ont tués plus dans 5 hôpitaux (71) que dans toute l’Australie (67). L’analyse statistique des données est une excellente chose et permet de faire ressortir des variables qui seraient restées masquées dans leur masse mais la constitution de l’outil à analyser (les données cohérentes) est aussi un problème majeur à respecter. Les fameux torchons et serviettes de nos grands-mères.

  • La collation de nombreuses données et leur interprétation globale, même avec des méthodes statistiques ne peut donner que des interprétations ayant une certaine certaine probabilité d’être vraies. On a reproché le manque de preuves statistiques au groupe Raoult mais tous leurs résultats sont traités par un ou plusieurs statisticiens compétents. Dès lors que l’on veut infirmer une conclusion comme l’efficacité de HQ + Az sur les malades covid19, il faut reproduire exactement les mêmes protocoles que ceux que l’on veut infirmer (ou confirmer). Cela n’est pas le cas d’une méta-analyse et ce n’est même pas le cas non plus des essais n’ayant pas utilisé la même dose, ni le même temps après le test, ni le suivi de la charge virale. Je ne pensais pas que la mauvaise foi régnait dans le milieu para-scientifique à ce point.

    • N’importe quel statisticien aujourd’hui a l’air compétent dès qu’il a une boite à outils informatique qui lui calcule des p-values. La compétence, ce devrait être savoir poser un problème, construire son étude, et tirer les bonnes conclusions. Quand on affirme l’efficacité de quelque chose, on explique pourquoi les cas où elle était improbable ont été éliminés de l’expérience.

      • Vous répétez en boucle l’argutie des exclusions. Il aurait donc fallu tester le protocole sur des personnes pour lesquelles on savait à l’avance qu’il était inutile (trop tard) ou dangereux (problème cardiaque par exemple).

        La nécessité médicale passe avant les exigences scientifiques. La science n’est qu’un outil au service de la médecine, certainement pas l’inverse, sinon les malades ne sont plus que des cobayes livrés aux mains de petits Mengele de labo. L’exigence fanatique du plus haut degré de preuve scientifique ne tient pas la route quand il s’agit d’abord de soigner.

        Va-t-on interdire les parachutes tant que leur efficacité n’aura pas été validée par une étude en double aveugle avec groupe témoin ? C’est ridicule.

        • Va-t-on faire sauter en parachute tous les passagers alors que l’avion n’est pas en difficulté ?

        • Le propre de l’esprit scientifique est aussi d’utiliser un vocabulaire neutre. Manifestement, ça n’est pas votre tasse de thé…

          • Mouais : fidèles, gourou, druide, populiste et j’en passe. Sûr que le vocabulaire employé n’a pas contribué à élever le débat. Mais pour ne pas avoir à se plaindre, il ne fallait pas commencer.

            • donnez des données qui prouvent que le traitement raoult marche..raoult l’affirme depuis deux mois…donc ça doit exister…

              ou alors sontr affirmation j’ai le traitement est foireuse..

              et pas y a plein d’etudes..une assez claire…

              autant je n’ai RIEN à redire si des gens acceptent de prendre le traitement raout sut la confiance qu’il lui accorde.. autant , je vois pas trop les preuves…
              fort bien je suis un crétin, ça me va..

          • @ MichelO
            Errare humanum est, perseverare diabolicum. Comme l’auteur de l’article, vous semblez oublier qu’un raisonnement scientifique (un choisi parmi d’autres car aucun n’a de valeur absolue) n’est qu’une aide pour l’intelligence humaine. Quand la science a atteint ses limites, c’est l’intelligence qui doit prendre le relai, ie qu’elle doit prendre son envol et s’affranchir de règles devenues stupides. L’exercice de cette liberté ne peut se faire qu’avec un niveau de conscience suffisant, et c’est la garantie que peut offrir le Professeur Raoult, ainsi que les médecins qui prennent la responsabilité, avec leurs patients, de prescrire un traitement imparfaitement validé à défaut d’un traitement dûment validé tant qu’il n’existe pas. La conscience des uns inspirent la confiance des autres, et la confiance ainsi accordée n’est pas de la crédulité.

            A quoi nous servirait-il d’être intelligent si nous ne devions agir qu’avec des certitudes? La condamnation morale et pseudo-scientifique du Professeur Raoult me fait penser aux procès en sorcellerie aux temps des inquisitions. A ce sujet, John Irving, avec l’ouvrage et le film « L’oeuvre de Dieu, la part du diable », a très bien alimenté la réflexion pour montrer les failles du puritanisme et défendre la supériorité de l’exercice de la conscience sur le respect des règles quand celles-ci ayant atteint leurs limites nous rendent la liberté de nous en affranchir pour exercer notre conscience.

            La rage insensée de ceux qui s’en prennent à Didier Raoult (et aux médecins libéraux qui entendent prescrire un traitement en conscience) me semble être une manifestation de plus du puritanisme remis au goût du jour avec l’écologie punitive, l’étatisme confiscatoire, l’appel à des cautions scientifiques illusoires et toutes les manoeuvres politiciennes orchestrées pour détruire nos libertés. Par principe.

            Moi aussi je veux bien farouchement défendre les méthodes scientifiques mais elles ont leurs limites et, quand elles les dépassent, elles ne sont que des armes dirigées contre les populations pour asseoir des dictatures. Il vient toujours un moment où ce qui prime, au détriment de règles devenues obtuses, c’est la conscience et l’affirmation d’une liberté qui est celle de notre conscience.

            Ce n’est pas la science qui nous affranchit de l’obscurantisme, c’est la conscience, et nous n’en aurons jamais la certitude. Donc mieux vaut la liberté d’exercice de Didier Raoult, et celle des médecins libéraux assez formés et expérimentés pour développer un haut niveau de conscience, que les diktats de leurs détracteurs bêtement liberticides.

            • Je suis bien d’accord qu’en l’absence de traitement dûment validé, c’est au médecin de choisir, en accord avec son patient, la « moins mauvaise solution ». Et que les politiciens n’ont pas à y mettre leur nez. Toutefois, ça reste la moins mauvaise solution, et si chacun cesse d’en être conscient, on quitte le domaine de la défense des libertés pour celui de la défense du charlatanisme. Entendons-nous bien, je ne dis pas que Raoult soit un charlatan, je prétends que son refus de bien répéter systématiquement que ce qu’il prescrit est « faute de mieux » ouvre la porte à tous les charlatans. Et comme il ne faut pas compter non plus sur les procédures étatiques pour protéger du charlatanisme, nous sommes mal partis. Conscience sans science n’est que ruine de la raison, et ne nous affranchit nullement de l’obscurantisme.
              Il est particulièrement dommage que l’article n’ait pas choisi de s’appuyer sur le RCA plutôt que sur Raoult, les positions n’auraient pas été aussi violentes et peut-être pas aussi promptes à refouler la science, la vraie, pas les affirmations prétendument scientifiques des politiciens…

            • La science est juste le résultat de l’intelligence. Donc les mettre en opposition est une ineptie. Entre parenthèse, quand on se gargarise de titres et autres hochets sociaux comme le savant de Marseille, après avoir raconté des fariboles de tout genre, on n’a pas de doute, ce monsieur déraille et depuis pas mal de temps. Etre et avoir été, comme le Pr. Montagnier. On peut être bon un jour, et très mauvais un autre. Quand j’entends dire que l’Afrique n’est pas touchée car elle prend de la chloroquine, de qui se moque-t-on ? C’est la pyramide des âges (à cause de la létalité différentielle avec l’âge) et la densité de population qui fond la gravité de la situation dans certains pays et pas dans d’autres. A titre indicatif, la dynamique de l’épidémie en Suède est comme aux Etats-Unis ! Regardez les chiffres. Tout est dans le rapport des populations (car pyramide des âges voisines). Donc aucune chasse aux sorcières avec Raoult, juste recadrer un pédant, un arrogant, bref un tartarin, qui raconte des bêtises et qui devrait se taire. Les seules choses sensées qu’il ait pu dire viennent des chinois ou de l’OMS et qu’il reprend à son compte. Quant à sa cohorte, la plus grande du monde…. il y en a qui doivent rigoler…

              • « Regardez les chiffres. Tout est dans le rapport des populations (car pyramide des âges voisines) »

                Justement, on regarde les chiffres. Aux USA, les moins de 15 ans représentent 19% de la population (18% en Suède) et les plus de 65 ans 16% (20% en Suède), soit une différence significative. La Suède est plutôt proche de la France (resp. 18% et 19%), ce qui permet accessoirement de comparer l’efficacité des stratégies de confinement. Si vous voulez chercher des écarts encore plus significatifs, vous pouvez comparer le Brésil (resp 23% et 9%) et le Japon (resp. 13% et 28%).

                Quand on ne sait pas, on demande.

  • plus les big data sont émaillées d’erreur, approximations et autres modes avec manques et plus les résultats sont aléatoires . . .

  • Jeter le discrédit sur la science médicale sans être un expert de la discipline et sans fournir le moindre argument rationnel étayant la critique des données (bidonnées) relève de la désinformation la plus complète.
    Il est aussi facile de faire dire ce que l’on veut a une phrase ou a une stat !!

  • Thiery Berthier décrédibilise la science qu’il prétend défendre en entérinant de fait tous les biais qui entachent cette étude « big data ». Ce sont eux que critique, à juste titre, Didier Raoult, et non pas la science statistique qu’il utilise en permanence, mais cette fois à bon escient, dans ses nombreuses publications qui font autorité dans le monde entier. D’ailleurs, beaucoup d’autres médecins sont tout aussi critiques vis-à-vis de l’article de The Lancet. A y bien regarder, cette étude du Lancet conforte en fait le traitement du docteur Raoult puisqu’elle semble avoir concerné essentiellement des patients à un stade avancé de la maladie alors que Didier Raoult a toujours dit qu’il fallait traiter dès dépistage et que son traitement n’avait plus d’efficacité s’il était appliqué tardivement. Didier Raoult, qui dit souvent lui-même « je ne sais pas » dit, dans une interview, que les seules fois où il se met vraiment en colère, c’est quand ses étudiants lui font une réponse fausse au lieu de reconnaître leur ignorance. Thiery Berthier serait bien avisé de s’en inspirer.

  • La question n’est pas celle de la valeur ou non des analyses en big data, mais si celle du Lancet a été correctement conduite ou non.
    L’ayant lue (ce que nombre de commentateurs ici et hors Contrepoints n’ont pas fait), j’affirme que c’est du travail baclé et même suspect dont le seul but était de laisser une voie ouverte aux anti-viraux 100 fois plus chers que la chloroquine.
    La seule erreur de Raoult a été de mélanger toutes les études qui utilisent le big data, dont certaines sont bien menées et utiles à la science et celle de ces auteurs qui n’auraient jamais dûs être publiés dans le Lancet.
    Quand il y a des milliards en jeu, follow the money!

  • personne n’a de problème avec la science mais il faut tout de même garder à l’esprit que la recherche scientifique c’est d’abord énormément d’échec, de théorie non pertinente, de résultats qui s’avèrent faux, bref c’est la jungle. Que des résultats soitent obtenu personnen n’en doute mais la science est loin de tenir toutes ses promesses (promesses faite le plus souvent non par des scientifiques mais par des politiciens).
    Quant au statistiques, cet animal là est aussi dangereux à manipuler qu’un tigre en cage. Les statistiques n’ont un intérêt que si et seulement si on détient au départ toutes les variables pertinentes.

  • Les modèles mathématiques sont utiles, mais ils ont leurs limites, surtout en matière prédictive (ex le fameux réchauffement).
    La médecine est un art et si Raoult ne fait pas du big data l’alplha et l’oméga de la médecine, il ne néglige pas pour autant les chiffres, ceux de la réalité: nombre de gens dépistés, soignés, nombre de morts. Et il fait cela depuis des années avec toutes les infections que traite son institut…
    Le big data, c’est par exemple l’ «étude» du Lancet…
    Rappelons que c’est grâce aux modèles de Neil Ferguson que tous les pays se sont retrouvés plus ou moins confinés…

  • L’auteur de l’article fait un contresens malveillant au sujet de ce qu’affirme Raoult au sujet du fameux article du Lancet, qui tire une conclusion médicale (d’ailleurs vraisemblablement inventée) de l’examen de données « en masse » (big data) radicalement contraire à ce que voit Raoult dans son expérience effective.
    L’opposition faite est ainsi entre (il s’agit d’une opposition, non d’une qualification, ce que l’auteur fait semblent de croire) faits abstraits non vérifiés pris comme matière première et observation du réel et des patients (nous parlons ici de médecine).

    Cette opposition a d’ailleurs une autre instance, celle encore plus ravageuse, c’est celle entre la prédiction du statisticien fou (Ferguson) dont le modèle stochastique en milliers de lignes de code C++ a stupéfait l’informatique qui prévoyait des millions de morts a convaincu les dirigeants du monde de suicider leurs économies plutôt que de considérer les observations pratiques que pourraient accumuler les virologues et les médecins.

    Encore une autre; décidément, le big data semble être mort du coronavirus: l’ opposition entre essais cliniques randomisés contrôlés par les meilleurs statisticiens et la ruée en pleine épidémie vers le seul traitement possible se résout finalement en l’impossibilité pour les fameux essais de délivrer un quelconque résultat, tandis que l’épidémie étant finie, on en est réduit à compter les morts et les guéris…

    Le sinistre scientisme (en plus européen, le jeu de mot sur « scientist » ne pouvant être manqué, car chauvins, nous moquerons les expressions de langage qui nous semble impropres dans le sabir engliche) de l’auteur de l’article fut donc complètement défait, ridiculisé et humilié pendant ces deux derniers mois.

    Nous le laisserons donc exsangue, compter avec ses pauvres doigts nos 40 000 morts, et nos entreprises ruinées et nous remercierons la science et la bureaucratie française qu’il vante tant d’avoir organisé tout cela.

    Des insultes graveleuses me viennent à l’esprit.

  • Que penser de rigolos prétentieux qui enfoncent une porte ouverte?

  • Je vois que vous devenez de plus en plus tolérant
    Vous coupez l’écriture d’un commentaire en plein milieu.
    Les mathématiques sont excellentes. Si ce monsieur se trouve à Patzun au Guatemala en pleine nuit avec une crise de colique néphrétique. Il regardera son ordinateur pour se soulager.
    Durant cette pandémie de nombreux patrons ont reconnu Que la médecine n’était pas une science
    Avant de mourir je préférerais trouver Raoult qu’un ordinateur
    Je ne vous félicite pas de votre attitude intolérante
    Ne mettez pas dans vos pages d’écrire à la rédaction en cas de problème,,,,,, car elle ne répond pas

  • Vous avez raison mais il y a aussi, comme vous dites, une pseudo-science populiste portée par les pouvoirs politique et médiatique, véhiculée par des organismes ad-hoc tels que l’IPCC (alias GIEC) capables de tromper même de véritables scientifiques. Comment voulez-vous que le français moyen fasse le tri?
    La science, comme les autres arts, ne devrait pas être une affaire d’Etat pour qu’on y voie plus clair.

  • Les commentaires sont fermés.

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