Coronavirus : la crise amplifie les divisions entre États

Les divisions et tensions mises en avant actuellement ne sont pas nées lors de cette crise, elles existent depuis plusieurs années et montrent ainsi des causes plus profondes.

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Viktor Orbán By: European People's Party - CC BY 2.0

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Coronavirus : la crise amplifie les divisions entre États

Publié le 7 avril 2020
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Par Alexandre Massaux.

Accusation de coup d’État en Hongrie, critiques à l’encontre des Pays-Bas qui refusent les coronabonds, perte de confiance envers l’Union Européenne (UE) en Italie : l’actualité médiatique nous dresse le portrait d’une Europe divisée en pleine crise. Cette situation crée des inquiétudes concernant la gestion de crise au niveau européen. L’image envoyée est celle de tensions entre les différents membres de l’UE et tend à fragiliser cette dernière. Qu’en est-il vraiment et quelles solutions peuvent être proposées ?

Des divisions qui ne sont pas nouvelles

Les divisions et tensions mises en avant actuellement ne sont pas nées lors de cette crise, elles existent depuis plusieurs années et montrent ainsi des causes plus profondes.

Le renforcement des pouvoirs du gouvernement hongrois a commencé dès les années 2010. Viktor Orban, connu pour son admiration pour les figures conservatrices, ne cache pas vouloir accomplir un tournant gaulliste dans la politique hongroise. Si on peut arguer que De Gaulle a dirigé à une autre époque et dans un autre contexte, cette nostalgie reste présente en France comme dans un certain nombre de pays, et contribue à expliquer ce choix de politiques chez Viktor Orban.

Concernant les Pays-Bas, leur opposition aux politiques dépensières promues par d’autres États membres de l’UE existe depuis le Brexit. À la fois membre des Frugal Five et de la nouvelle ligue hanséatique, Amsterdam tend à être le porte-parole de ces deux groupes qui prônent une gestion rigoureuse des dépenses publiques au niveau européen.

Une position qui fait écho à la situation économique interne de ces pays. Dès lors, le refus des coronabonds par le Premier ministre néerlandais Mark Rutte n’est absolument pas une nouveauté, celui-ci s’étant opposé à la France sur le budget commun de la zone euro dès 2018 et aux pays du sud et de l’est au début 2020 sur l’élaboration du nouveau budget de l’UE.

Le danger de chercher des boucs émissaires

Du fait de la situation d’urgence liée à la crise du Covid-19, ces divergences prennent une ampleur politique plus accentuée qu’à la normale. Néanmoins, les critiques trahissent une envie de trouver des boucs émissaires. L’Europe de l’ouest s’exaspère de la politique d’Orban qui a renforcé son pouvoir tout en étant le second bénéficiaire net des aides européennes. L’Europe du sud, région la plus touchée par le coronavirus sur le continent, critique les Pays-Bas et les autres Frugal Five pour leur manque de solidarité.

Le problème étant que cette attitude politique ne conduira qu’à la division de l’UE. S’il est vrai que les libertés publiques ont baissé en Hongrie, la crise du coronavirus a abouti à des restrictions de libertés dans la plupart des pays d’Europe et en Amérique du Nord. Certes, certains aspects de la loi hongroise dans la lutte contre le coronavirus sont problématiques dans leur application comme les un à cinq ans d’emprisonnement pour propagation de fausses nouvelles (la loi anti fake-news française, tout aussi critiquable sur son principe, n’est pas aussi sévère et ne prévoit pas de la prison). Néanmoins, est-il judicieux de se concentrer sur Viktor Orban à l’heure où la plupart des pays européens ont fermé leurs frontières et restreint la circulation des personnes ?

De la même manière, est-ce le moment de se focaliser sur le manque de solidarité des Frugal Five alors qu’ils représentent à eux seuls la moitié des contributions nettes au budget européen et qu’ils sont donc essentiels pour relancer la machine européenne ?

Le respect du droit comme solution

Si l’UE et ses membres veulent sortir de ce marasme politique, une des solutions serait juridique : le respect des règles de droits au niveau européen et national par tous ses membres. Le non-respect des règles budgétaires européennes par un grand nombre d’États (qui pourtant les ont votées au début) a conduit à cette situation dans laquelle les États qui se sont montrés précautionneux dans ce domaine sont désormais réticents à aider les autres.

De la même manière, la Hongrie et la Pologne ont souvent pointé du doigt le relâchement du respect de l’État de droit dans les pays d’Europe de l’ouest comme la France pour justifier leur politique. Il leur aurait été plus difficile de tenir ce discours si l’Europe de l’ouest montrait l’exemple.

Par conséquent au lieu de multiplier les normes, il conviendrait de revenir à des bases fondamentales juridiques et s’assurer du respect de celles-ci. C’est de cette manière que l’UE et ses membres pourront relever les défis actuels et futurs.

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  • Vœux pieux ! Pour 2020, les ressources nettes du budget général de l’État français sont de 250 Md et le budget est voté pour dépenser 347 Md, soit un solde de -93 Md. L’Italie, elle, vient de « débloquer » la modique somme de 400 Md pour aider son économie suite à la crise Covid. La France va suivre. Chez nous, comme chez les Italiens, je suppose, les revendications pour annuler les dettes dues au Covid commencent à voir le jour dans les médias. Il semble que dans les pays du Club Med, la détestation du capitalisme n’est en fait qu’une détestation de soi-même, face au désir incontrôlé et, cela à tous les étages de la société, de mutualiser ses dettes mais surtout pas ses profits. Ca me rappelle ces alcooliques qui tapent tout le monde pour s’acheter de la gnole et qui ne partage pas, addiction oblige.

  • certains dirigeant européen auront des comptes à rendre après la crise du coronavirus ; raison pour laquelle macron veut supprimer  » la cour de justice de la république  » tout en continuant à protéger ses ministres dans l’exercice de leur fonction ; il n’y a pas que viktor orban qui se comporte comme un dictateur ;

    • Pas besoin de supprimer la CJR. Suffit de passer un coup de fil pour demander que toutes les plaintes soient déclarées irrecevables. Ce qui adviendra.

      Tous les médecins qui ont failli dans cette affaire ne seront pas radiés de l’ordre. En revanche, j’invite leurs patients à les boycotter pour qu’ils perdent définitivement leur job. Ils sont le déshonneur de leur profession. Oh wait, ils ne savent même pas ce qu’est l’honneur.

      Fabius et Dufoix se fendent la gueule.

  • S’il y a une chose qui aura été mise en évidence lors de cette crise avec une clarté effroyable, c ‘est que l’UE ne sert à rien. Pire: alors qu’ils auraient pu tenter de faire semblant d’exister, le mot d’ordre chez les euro-bureaucrates a été, dès le départ: « tous aux abris! ». Il y a beaucoup d’économies à faire dans ce fratras de sert-à-riens.

    • L’UE ne sert à rien. un peu facile. Dois je rappeler que même en France, les politiques de santé sont contradictoires, avec Marseille qui suit sa route (avec un certain succès semble t il). Doit on en conclure que la France ne sert à rien?

      • Vous confondez la France et l’Etat. La santé est un problème individuel qui ne concerne que deux personnes : le malade et son médecin. Quand je suis malade, je vais voir un médecin, pas la France ni l’Etat ni l’UE.

        Eh oui, l’UE ne sert à rien sinon à engraisser une cohorte de parasites, vous savez ces gens dont le seul acte de présence au parlement est de pointer pour pour toucher le chèque à la fin du mois.

    • l’UE n’a rien à voir, ca ne fait pas partie de ses attributions. Faut arrêter de dire quand un truc merde en France c’est la faute à l’UE. Il n’y a pas de ministre de la santé européen ! Les foirages c’est Sibeth, Buzyn, Philippe. Si vous voulez voir en mode international, c’est directement l’OMS et ils n’ont pas été bien clair non plus.

  • Le leitmotiv de la politique française depuis un siècle: « L’Allemagne paiera » . Celle-ci finira effectivement soit par payer – un gouffre sans fin – soit, ce qui est le plus probable, par reconnaître l’échec de l’euro.

    • Tout à fait. Pourquoi les fourmis paieraient-elles pour les irresponsables cigales? Où va tout ce « pognon de dingue » comme dirait-l’autre!

  • « Par conséquent au lieu de multiplier les normes, il conviendrait de revenir à des bases fondamentales juridiques et s’assurer du respect de celles-ci. »
    Vous plaisantez? Cela impliquera des politiques très impopulaires dans les pays du sud de l’Europe donc la perte du pouvoir des hommes politiques qui tenteraient de les instituer. C’est impensable sauf à trouver du personnel politique très très courageux… N’est pas Schröder qui veut!

    « Le problème étant que cette attitude politique ne conduira qu’à la division de l’UE. »
    Et alors? Ce ne sera un problème que pour les pays dispendieux et irresponsables qui se retrouveront entre eux.
    Les conséquences de cette épidémie pourrait accélérer le mouvement.
    Une Europe constituée des pays responsables politiquement et économiquement serait à même de bien fonctionner et de devenir un interlocuteur de poids pour le reste du monde.
    L’Europe du Sud existera en tant qu’exemple de ce qu’il ne faut pas faire et vivra principalement du tourisme de l’Europe du Nord qui viendra se divertir et se reposer chez à elle pour profiter de son marasme économique. 🙂

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