Montres vintage et d’occasion : un marché plus sûr ?

Le marché de la montre vintage représente une part importante du secteur de l’horlogerie en général et plusieurs marques et maisons actives dans l’industrie semblent bien avoir décidé de s’y attaquer sérieusement.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Carl F. Bucherer Patravi TravelGraph by kitchener.lord(CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Montres vintage et d’occasion : un marché plus sûr ?

Publié le 4 avril 2020
- A +

Par Théophile Gacogne.

Que ce soit pour des achats en ligne ou en physique, les options qui permettent de limiter les risques d’arnaque au maximum sont de plus en plus nombreuses et accessibles. Voyons ce que l’on nous propose et ce qui semble être en phase de changement sur le marché de l’occasion pour les montres mécaniques de luxe ; oui, aujourd’hui on parle de montres mécaniques principalement et non pas de montres connectées.

Montres vintage : des grands noms dans la course

En 2018, le groupe Richemont, qui possède les marques Cartier, Beaume et Mercier, IWC, A. Lange & Söhne, Panerai, Jaeger Lecoultre et j’en passe, a fait l’acquisition de la société gérant le site Watchfinder & Co. Il s’agissait déjà à l’époque de l’un des plus gros portails en ligne de vente de montres d’occasion en tout genre. Le site a été créé en 2002 en Grande-Bretagne et employait déjà 200 personnes au moment de l’acquisition.

En plus du site, Watchfinder & Co avait également ouvert des boutiques sur le sol anglais vendant elles aussi des montres d’occasion. Richemont possède donc une plateforme qui vend ses propres montres d’occasion, mais également celles des marques concurrentes.

La même année, Audemars Piguet, la prestigieuse marque suisse à l’origine de l’iconique Royal Oak dessinée par Gérald Genta, avait annoncé se pencher sur les possibilités de vendre certaines de leurs montres d’occasion par l’intermédiaire d’une partie de leur réseau de distribution existant.

C’est également en 2018 que le groupe LVMH avait annoncé son intérêt pour la vente de modèles de montres d’occasion, incluant bien évidemment ses propres marques comme Hublot et Tag Heuer.

Bucherer, un revendeur de montres et de bijoux de luxe spécialiste du secteur depuis 1888 s’est également lancé dans la vente de montres d’occasion sur son site internet et dans une boutique, la Bucherer Gallery, située à Paris. Le groupe avait fait l’annonce de cette décision en septembre 2019 et vient de commencer cette nouvelle activité en mars 2020.

On se rend donc bien compte que certains grands noms du secteur adaptent leurs stratégies à la demande, mais cela n’a pas toujours été le cas.

Des indépendants spécialistes de la montre vintage

En effet, la quasi-totalité des maisons horlogères suisses semblait s’être mise d’accord depuis des siècles pour refuser de vendre des montres d’occasion. La logique sous-tendant ce choix était que cela aurait un effet négatif sur les ventes de montres neuves et donc affecterait le business tout entier. Cette décision unanime a fait le bonheur d’acteurs indépendants depuis toujours.

Parmi les plus récents et les plus actifs, on peut nommer Chrono24, un site internet faisant lui aussi office de portail de vente, d’achat et de recherche de montres d’occasion, vintage ou non. Ce site allemand a pris une ampleur considérable ces dernières années et a aujourd’hui une vraie renommée internationale parmi les connaisseurs et les néophytes du secteur.

Watchfinder & Co était lui aussi un acteur indépendant avant son rachat en 2018. En 2016, il totalisait plus de 75 millions d’euros de transaction. Il a également été décoré au niveau international par plusieurs prix pour sa réussite et sa croissance fulgurante.

Les acheteurs ont pris l’habitude de se renseigner sur internet, puis d’acheter sur des plateformes de vente reconnues, si possible à des vendeurs de confiance selon les autres utilisateurs. L’un des principaux freins reste la peur de problèmes d’authenticité ou de qualité, même si les plateformes font leur possible pour rassurer et authentifier les produits.

Un changement stratégique bénéfique pour tous

Le marché de la montre vintage et de la montre d’occasion étant de plus en plus important, quelques gros du secteur ont donc finalement décidé de réorienter leurs stratégies, probablement dans le but de contrôler cette partie de la distribution qui était jusqu’alors complètement indépendante de leurs activités.

De prime abord, on peut se poser des questions sur le résultat d’une telle décision. Mais en y réfléchissant, on se rend compte qu’il s’agit d’une bonne nouvelle pour les maisons horlogères, comme pour les collectionneurs et autres amateurs de l’horlogerie.

En effet, ces acteurs incontournables du secteur se doivent de respecter une certaine image. Ils proposent donc des garanties sur les montres qu’ils vendent, tant au niveau de la provenance que de l’état de la pièce en question.

Chez Bucherer par exemple, toutes les montres d’occasion sont vendues avec une garantie de deux ans. Elles sont toutes ouvertes par des experts, authentifiées et réparées s’il le faut avant d’être proposées au public. Les autres maisons vendant des pièces non-neuves se doivent de proposer un service similaire pour sortir leur épingle du jeu.

Le fait d’avoir accès à ces montres authentifiées et en parfait état dans des magasins physiques est également une grande nouvelle. Watchfinder & Co et Chrono24 collaboraient déjà avec des boutiques et des salles de vente aux enchères, mais ce que propose Bucherer et d’autres permet de voir les montres directement et d’intensifier l’expérience d’achat pour les clients.

La montre vintage a donc de beaux jours devant elle et l’industrie toute entière en prend doucement conscience. Le fait que des mastodontes de l’horlogerie se mettent à proposer des montres d’occasion va permettre un renforcement du contrôle de la qualité et de l’authenticité des pièces revendues.

Les autres acteurs indépendants vont eux aussi devoir s’aligner sur ces garanties s’ils veulent rester dans la course. Autrement dit, nous allons enfin pouvoir acheter une Rolex d’occasion l’esprit tranquille, et ça, ça n’a pas de prix.

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • L’idée que l’occasion aurait un « effet négatif sur les ventes de montres neuves » est une des fausses idées économiques les plus stupides et nocives jamais imaginées.

    C’est en effet exactement le contraire qui se passe et un marché dynamique et fiable de l’occasion est un moteur indispensable pour la croissance des ventes dans le neuf. L’explication est d’une évidence biblique. L’occasion rend solvables les acheteurs potentiels dans le neuf, soutenant indirectement les prix et les quantités.

    C’est particulièrement vrai pour les biens de consommation à longue durée de vie, par exemple l’automobile, les montres, les instruments de musique… C’est tellement vrai que ces biens de consommation sont parfois confondus à tort avec des investissements.

    C’est tout aussi vrai pour les biens d’investissement, les marchés boursiers étant le meilleur exemple, peu importe qu’ils soient des marchés de valeur, de change ou de commerce.

    C’est enfin vrai pour les biens intermédiaires entre consommation et investissement, essentiellement l’immobilier. Mais on peut aussi bien penser à l’or ou aux pierres précieuses. Qu’est-ce qu’une bague de fiançailles ou une chaîne en or sinon des coffres-forts portatifs, preuves d’amour utiles pour surmonter les temps difficiles ?

    En réalité, un marché de l’occasion est un de ces rares biens communs précieux dont les externalités positives sont innombrables. Ceux qui s’opposent aux marchés d’occasion, notamment ceux qui réclament la fermeture des marchés boursiers, quels que soient leurs prétextes moisis, sont des idiots nuisibles qu’il convient de mettre hors d’état de nuire avec la même fermeté qu’on réserve aux criminels endurcis, surtout lorsque ce sont des politiciens.

  • Merci à l’auteur pour ce poste inhabituel, qui nous change du quotidien…

    Dommage j’arrive trop tard. J’espère de tout cœur qu’il y aura une suite… un passionné.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
6
Sauvegarder cet article
La dérive de Disney, commencée il y a plusieurs années, est illustrée par Samuel Fitoussi, dans Woke fiction, son ouvrage sur les fictions. Il compare l’évolution du caractère de Mulan entre la version de 1998 et celle de 2020.

Il écrit :

« Dans la version de 1998, le personnage éponyme, jeune femme courageuse, se déguise en homme et s’engage dans l’armée pour défendre son pays. Plus frêle et plus faible que toutes les autres recrues, elle est d’abord une piètre combattante […]. Déterminée, elle progresse, compense ses lacunes phys... Poursuivre la lecture

Le Ministère du futur est le titre du dernier livre de Kim Stanley Robinson, un grand auteur de science-fiction qui se revendique de la gauche et de l’utopie.

 

L’avenir, c'est le passé

La thèse qu’il défend dans ce roman est que nous n’avons plus le temps d’inventer un modèle économique alternatif pour assurer « la survie de la biosphère ». La seule approche réaliste pour y parvenir serait de recycler d’urgence « de vieilles idées en les poussant plus loin ».

À ses yeux, John Maynard Keynes est l’auteur de la princi... Poursuivre la lecture

0
Sauvegarder cet article

Dans son quatrième rapport publié le 23 octobre, le Conseil national de productivité revient sur la performance économique française de ces derniers mois, les effets de l'optimisation fiscale sur la productivité et les actions pour le climat qui lui paraissent nécessaires à l'atteinte des objectifs de transition énergétique.

Sur ce dernier point, le rapport est particulièrement approfondi et mérite une lecture attentive.

En premier lieu, le rapport indique :

« Les études [...] suggèrent que l’impact à long terme de la tra... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles