Emmanuel Macron rejoue la petite musique de l’État-stratège

Pressé par les événements, le gouvernement prend à nouveau le risque de communiquer plutôt que de proposer une solution raisonnable et efficace.

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Emmanuel Macron by Jacques Paquier (CC BY 2.0) - https://www.flickr.com/photos/125671268@N02/32605283887/

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Emmanuel Macron rejoue la petite musique de l’État-stratège

Publié le 1 avril 2020
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Par Frédéric Mas.

Emmanuel Macron s’est exprimé devant les caméras lors de sa visite de l’usine de masques Kolmi-Hopen à Saint Barthélémy d’Anjou sur la nécessité de produire davantage français. Le président de la République a ainsi déclaré que le caractère stratégique de certains biens demandait d’imposer la souveraineté européenne.

Dans un discours aux tonalités souverainistes, Emmanuel Macron a affirmé la nécessité de produire sur le sol national pour limiter la dépendance du pays. Il s’agissait ici de répondre aux critiques survenues avec la pandémie du coronavirus, qui a révélé au grand public la grande dépendance de l’Europe vis-à-vis de la production chinoise en particulier en matière de masques médicaux.

La tonalité presque nationaliste du discours présidentiel n’a pas échappé à l’extrême droite et à l’extrême gauche, qui ont raillé le « ralliement » de dernière minute du président de la République. Face aux difficultés rencontrées par l’exécutif et à la crise de confiance dans l’action de l’État, Emmanuel Macron a décidé de rejouer la partition bien connue de l’État stratège nécessaire à la protection des intérêts économiques nationaux. Il lui fallait endosser le rôle de pompier pour éteindre le feu de la contestation de sa gestion de crise.

Un nouvel exercice de communication ?

Pressé par les événements, le gouvernement prend à nouveau le risque de communiquer plutôt que de proposer une solution raisonnable et efficace. Parler d’État-stratège et de protectionnisme peut rassurer les citoyens qui craignent aujourd’hui pour leurs emplois menacés par la concurrence et la récession qui vient, mais c’est une solution à très court terme.

Combien pourrait coûter la « relocalisation » des industries stratégiques ? Et surtout, qui va supporter le coût de ces relocalisations ? On le devine assez facilement, une nouvelle fois, si le gouvernement tient parole, l’État financera, et pour financer, il trouvera l’argent dans les poches des Français, le tout pour des résultats incertains.

On se souvient de l’intervention de l’État stratège dans l’affaire Alstom pour éviter la fermeture de son site de Belfort en 2016.  Afin d’éviter le déplacement de 400 emplois de Belfort vers l’Alsace voisine, le gouvernement avait décidé de dépenser 500 millions d’euros et d’acheter des rames TGV spécialement pour l’occasion.

Comme le rappelait Eddie Willers dans Contrepoints :

« Faites un rapide calcul vous obtenez un coût par emploi protégé du déplacement de 1,25 million d’euros. Le gouvernement rétorquera que ce sont aussi les emplois chez les sous-traitants qui ont aussi été sauvés. Sauf que rien ne dit que ces sous-traitants n’auraient pas continué à travailler avec le site alsacien du Groupe. Nous sommes donc bien face à des montants faramineux face à ce que nous appellerons abusivement des sauvetages d’emplois. »

Le mirage de l’État actionnaire

Alstom n’a pas seulement bénéficié de l’aide de l’État pour éviter la « relocalisation » de l’usine. Il était également présent en tant qu’actionnaire. Il n’a pas fait preuve vision stratégique à long terme, et Michel Albouy s’interrogeait dans les colonnes de Contrepoints à ce sujet :

« Dans le passé, l’État sous la houlette du Général de Gaulle et de ses successeurs a su jouer son rôle stratégique pour faire de l’industrie française un champion mondial. Citons notamment le nucléaire, le TGV, l’aéronautique et l’espace. C’était un autre monde. Mais aujourd’hui, dans une économie mondialisée dans laquelle ce sont les entreprises qui sont en première ligne, quels sont son bilan et ses marges de manœuvre ? »

Le meilleur moyen d’aider nos entreprises est de tout faire pour sortir de l’économie de guerre, qui est l’autre nom de l’économie administrée et de revenir à la libre entreprise pour renouer avec la prospérité.

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  • De puis des dizaines d’années, on a voulu économiser sur la consommation, en faisant fabriquer dans les pays à bas coûts, pour pouvoir payer plus de fonctionnaires, distribuer plus d’argent public à tort et à travers. On paye aujourd’hui le prix de ces politiques idiotes.

    • Depuis des années on a renoncer à faire les efforts nécessaires pour rester compétitif et on s’est endetté sans compter pour compenser la perte de richesse inévitable ce qui au final n’est qu’une autre forme d’apauvrissement.
      Depuis des années on a cru que notre niveau de richesse était une chose acquise (les fameux droizaki) et on a empiler les réglementations qui on sclérosé le pays et qui l’empêche d’évoluer et de progresser.
      Il n’y a aucun mystère dans l’état de France et à chaque fois qu’on découvre une faille son origine se trouve dans l’intervention de l’état.

  • Quand on voit « tout » l’écosystème des startups faire les yeux doux à cet incapable, les GAFAM doivent trembler pour leur futur…

  • Sur les relocalisations et leur coût, il me semble que la crise actuelle montre que l’on ne peut pas réduire les motivations des décisions à une question de rentabilité, même si c’est un facteur important.

    • Je rejoins tout à fait Gerald555 sur le choix de faire un pays de fonctionnaires au détriment d’autres impératifs

  • C’est l’Etat-stratège qui est responsable de ce mer..er. Encore plus de cet Etat-stratège ?

  • Moins d’Etat sera la seule issue après avoir essayé le « Toujours plus » depuis 40 ans ,on voit le résultat.
    En Allemagne peu évoqué dans les merdias,encore moins que la Corée du sud mais c’est loin c’est moins gênant,alors que la très proche Allemagne a une approche totalement différente avec 8 fois moins de décès pour un nombre de cas identique.
    Là encore l’Etat stratège se révèle un piètre acteur ,la DGS est un de ces acteurs étatique, en Allemagne l’Institut Robert Koch ,conseil scientifique de la crise est….indépendant.

  • Les despotes qui ont tous les pouvoirs devront assumer toutes les responsabilités de leurs actes.

    Et chaque jour qui passe, les morts viendront alourdir un peu plus les éléments à charge.

  • l’économie de guerre, ou l’économie de pénurie, ou l’économie socialiste…

    j’ai du mal à comprendre comment beaucoup arrivent encore à écouter notre président, parce que « de tous ceux qui n’ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent » (Pierre Desproges bien sûr).

  • La citation de Michel Albouy est bien malvenue, faire du TGV, du nucléaire, de l’aéronautique et de l’espace des exemples, c’est franchement le miroir aux alouettes : un flux de pognon déversé sur des productions monopolistiques, lesquelles n’ont quasiment jamais connu le succès commercial, si ce n’est pour Airbus, mais fait avec les allemands et les anglais, ou pour Aérospatiale, idem et en sursis maintenant que des concurrents privés américains débarquent sur le marché.

  • Le problème, c’est que pour confier une « stratégie » à quelqu’un, en général on se renseigne sur son expérience et ses résultats.
    Pour ce qui concerne l’Etat Français, c’est un désastre total. Le seul domaine dans lequel il est performant, c’est la collecte de taxes… Ce sont les seules administrations qui fonctionnent parfaitement, même en temps de crise.
    Moralité : il faudra vraiment passer à « moins d’Etat » si on veut avoir la moindre chance de s’en sortir à l’issue de cette crise !

  • Macro en a profité pour fustiger ceux qui veulent faire « des procès » alors que l’on est « encore en guerre ». Peut etre faudrait il rappeler que, pendant les guerres, les généraux qui se sont mal comportés ou ont faillis sont tout simplement « limogés ». En 1914 , après les désastres militaires aux frontières (400.000 morts en deux mois) plusieurs dizaines de généraux ont été mis à la rtraite , et pour certains placés dans la réserve à Limoges. C’est meme de cette époque que vient le terme « limoger ».
    Pourquoi ne pas limoger tout de suite tous ceux qui ont mentis aux Français ?

  • L’État stratège évoqué par Frédéric Mas est une conception d’organisation d’un pays soumis à ue planification déterminant des objectifs à atteindre et des cheminements à respecter.
    Un tel concept Étatique implique le contrôle de la production et le contrôle de la distribution. Il ne peut fonctionner qu’au mépris des libertés et qu’auprès de ressortissants contraints d’accepter des sacrifices importants.
    Or, dans la véritable friche industrielle qu’est devenue la France, en quoi pourrait consister la stratégie de L’État si ce n’est dans une planification des restrictions à la consommation!…

  • j’imagine la claque au prochaines élections.. çà ne va plus etre du dégagisme mis du destop dans les tuyaux

  • Le « Phraseux », le pervers, Macron, ne se « révèle » que très lentement aux yeux des gogos qui l’on mis en place.
    Il serait fou d’espérer qu’il puisse s’éliminer naturellement comme le communisme en URSS. Nous devons agir avec une grande vigueur , dés la première minute de d déconfinement.

  • Apparemment le mot Macron bloquerait a la modération ….

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