Par Dan J. Mitchell, depuis les États-Unis.
Le marché libre et un État limité, voilà la formule gagnante de la croissance et de la prospérité. C’est même le seul moyen par lequel une nation pauvre peut devenir riche. C’est cette politique qui a aidé l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest à s’enrichir au XIXe siècle et c’est de cette façon que l’Asie s’est enrichie dans la deuxième moitié du XXe.
Inversement, aucun pays pauvre ayant mis en œuvre des politiques étatistes n’est devenu riche (c’est pourquoi aucun de mes amis de gauche n’a jamais pu trouver une bonne réponse à mon défi1).
Mais cela n’empêche pas certaines bureaucraties internationales d’inciter les nations pauvres à adopter de mauvaises politiques. J’ai écrit l’an dernier combien le Fonds Monétaire International faisait des efforts pernicieux pour augmenter les impôts en Afrique.
À présent c’est l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques qui cherche à pérenniser la pauvreté du plus pauvre des continents. Cette bureaucratie parisienne avance qu’il est « urgent » de lever des impôts supplémentaires :
« Le ratio impôts/PIB moyen pour les 26 pays participant à la nouvelle édition des Statistiques des recettes publiques en Afrique est resté inchangé en 2017, à 17,2 % pour la troisième année consécutive […] soulignant la nécessité d’agir de toute urgence pour accroître la mobilisation des ressources intérieures en Afrique. […]
La structure fiscale dans les pays participants a évolué au cours de la dernière décennie, avec une progression des recettes tirées de la TVA et de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) en 2017 par rapport à 2008.
Toutefois, les recettes fiscales issues de l’IRPP (15,4 % du total) et des cotisations de sécurité sociale (8,1 % du total) restent faibles en Afrique. Des réformes visant à élargir la base de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, […] et à étendre la couverture sociale peuvent accompagner les efforts de mobilisation des ressources intérieures et contribuer à une croissance inclusive. […]
Les impôts sur le patrimoine occupent une place beaucoup plus modeste dans la structure fiscale en Afrique que dans la région ALC et dans la zone OCDE, mais ont le potentiel de jouer un rôle clé. »
Avant d’expliquer pourquoi l’analyse de l’OCDE est erronée, voici quelques graphiques pour ceux qui veulent des détails par pays. Voici d’abord les taux d’imposition en pourcentage du PIB. Je comprends pourquoi l’Afrique du Sud va si mal.
Voici maintenant l’évolution de la fiscalité sur les 10 dernières années. Félicitations au Botswana.
La grande question est naturellement de savoir pourquoi l’OCDE insiste pour faire monter les impôts dans les pays pauvres. La véritable raison c’est que l’OCDE représente les intérêts des États, et que les politiciens veulent instinctivement davantage de moyens.
Pourtant la raison officielle, celle que les bureaucrates veulent que l’on croie – malgré des montagnes de preuves contraires – c’est que les impôts favorisent la prospérité. Et il n’y a pas que l’OCDE qui soutient cette théorie bizarre. Il est maintenant habituel dans les bureaucraties internationales de soutenir cette idée paradoxale, fondée sur la croyance que l’économie prospère lorsque l’État augmente ses dépenses.
P.S. : le grand défi économique de l’Afrique n’est pas la mauvaise politique fiscale. Si on examine les données du rapport sur la liberté économique de l’Institut Fraser, le continent a d’énormes problèmes de réglementation excessive et de mauvaise gouvernance. Ce qui est tragique c’est que l’OCDE n’incite pas à réformer ces aspects. Cet organisme veut plutôt aggraver la fiscalité.
P.P.S. : à vrai dire, l’OCDE ne fait pas de discrimination. Ses bureaucrates plaident aussi pour plus d’impôts dans d’autres régions pauvres, telles que l’Amérique latine et l’Asie.
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Traduction par fm06 pour Contrepoints de The OECD’s Recipe for Continuing Poverty in Africa
- « Citez un pays qui est devenu riche grâce à une politique étatiste. Citez un pays interventionniste avec une grosse administration qui fait mieux qu’un pays comparable ayant adopté le marché libre et une administration réduite ». ↩
On ne scie’pas la branche sur laquelle on est assis ,c’est valable pour toutes les organisations dites humanitaires ou autres.
Pourtant c’est bien ce qu’ils font, car en appauvrissant les pays c’est leur propre situation qu’ils mettent en péril.
Le seul aspect potentiellement positif proposé est de faire en sorte que le plus de personnes possible payent l’impôt sur le revenu, ce qui est responsabilisateur et correspond bien à l’éidée de la Flat Tax.
Pour le reste, il est évident que la réflexion des bureaucrates est tournée vers une conception étatisante de l’organisation du monde, déconnectée du réel, mais cela ne les intéresse pas.
Je lis la première phrase « Le marché libre et un État limité, (…). C’est même le seul moyen par lequel une nation pauvre peut devenir riche. » et je pense directement à Singapour et à la Corée du Sud, 2 exemples parmi d’autres. La Chine aussi. Le Vietnam dans une moindre mesure.
Jamais je n’oserais dire que un Etat fort est forcément bon pour la croissance, loin de là, mais l’auteur se plante dans le mur dès la première phrase.
La bureaucratie a une si haute opinion d’elle-même qu’elle est incapable d’imaginer des solutions autres que bureaucratiques aux problèmes du monde.
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