Santé en Afrique du Sud : des solutions low-cost incontournables

Le marché privé de la santé peut aider à améliorer le système de soin et l’accès aux médicaments.

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Colis de médicaments (Crédits : Arrels Fundació, Creative Commons)

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Santé en Afrique du Sud : des solutions low-cost incontournables

Publié le 23 novembre 2019
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Par Jasson Urbach1.

L’alliance mondiale de Think Tanks a appelé récemment les États à supprimer les obstacles qui entravent l’accès aux médicaments.

Son rapport intitulé « Accélérer l’accès aux médicaments : recommandations politiques pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) liés à la santé », contient plusieurs mesures peu coûteuses que les gouvernements pourraient implémenter immédiatement, notamment la réduction des formalités administratives, l’allégement des taxes sur les médicaments et l’amélioration de l’accès à un marché de l’assurance santé fonctionnant correctement.

Les soins de santé ne doivent pas être forcément publics

Le gouvernement de l’Afrique du Sud utilise souvent l’objectif de la couverture maladie universelle pour justifier un système contrôlé et administré de manière centralisée qu’il appelle l’assurance maladie nationale (NHI). Cependant, comme le déclare le directeur général de l’OMS,

Toutes les routes mènent à la couverture sanitaire universelle [mais]… les pays empruntent des voies différentes faisant appel à des prestataires publics ou privés, bien que les finances publiques soient toujours nécessaires pour fournir une protection sociale aux pauvres, pour améliorer l’équité et pour que personne ne soit laissé pour compte.

Compte tenu des ressources financières et humaines considérables du secteur privé de la santé, la poursuite et le développement de ce secteur sont essentiels à la santé, au bien-être et à la capacité globale du pays d’atteindre la couverture sanitaire universelle.

Pourtant, le dernier projet de loi sur la NHI vise à limiter les régimes d’assurance maladie à une couverture complémentaire et leur interdit de couvrir l’ensemble des avantages sociaux prévus par l’assurance maladie.

Le projet de loi suggère également de supprimer les crédits d’impôt des régimes médicaux. Combinées, ces deux propositions risquent de détruire le marché privé de la santé car sans financement, le secteur sera gravement pénalisé.

Dominic Montagu, épidémiologiste à l’Université de Californie, avait déclaré :

L’idée selon laquelle faire participer le secteur privé est contraire à la couverture maladie universelle est bizarre… plus des deux tiers de toutes les dépenses des pays de l’OCDE comptent principalement sur des soins ambulatoires privés et certains des pays les plus performants fournissent également la majorité des soins hospitaliers dans des hôpitaux privés.

Tous ces pays ont atteint la couverture sanitaire universelle et un taux élevé de satisfaction des patients. En outre, selon Montagu,

le secteur privé fournit également jusqu’à 80 % des soins de santé dans de nombreux pays en développement.

L’OMS note également l’importance des finances publiques pour assurer la protection sociale des pauvres.

En laissant le marché privé seul pour aider ceux qui sont en mesure de financer leurs propres soins de santé, le gouvernement peut concentrer les ressources limitées des contribuables sur les plus démunis, tandis que le secteur privé peut se développer et innover.

Un État corrompu

Un tel scénario serait non seulement bénéfique pour la santé financière de l’Afrique du Sud, mais également pour de meilleurs résultats en matière de santé pour les pauvres, qui seraient autrement contraints de faire partie du système de santé défaillant du gouvernement.

Au lieu de concentrer le pouvoir entre les mains d’un État corrompu et inefficace par le biais de l’assurance-maladie obligatoire, une approche beaucoup plus raisonnable, rationnelle et durable pour parvenir à la couverture maladie universelle consisterait à réparer le système de santé public défaillant que le président Cyril Ramaphosa a lui-même reconnu être en crise et élargir l’assurance maladie privée afin que les personnes puissent avoir accès à des soins de qualité.

En jetant les bases de la NHI, le gouvernement a progressivement rendu plus chère la satisfaction des besoins en matière de soins de santé, tout en augmentant le nombre de personnes s’appuyant sur un système de santé publique déjà surchargé.

Ainsi, le gouvernement augmente artificiellement le prix de la couverture médicale en obligeant les personnes en bonne santé à accorder des subventions croisées à celles en mauvaise santé.

Une personne présentant un risque beaucoup plus faible de tomber malade est facturée le même montant que celle présentant un risque beaucoup plus élevé. Le gouvernement oblige également chaque option médicale à fournir un package minimum d’avantages, appelé PMB.

Tous les bénéficiaires de l’assistance médicale sont couverts par ces avantages même s’ils n’ont pas besoin de cette couverture. Ces PMB coûtent en moyenne 800 rands par mois, ce qui empêche immédiatement la plupart des habitants d’obtenir une couverture privée.

Si le gouvernement peut détruire le marché privé des soins de santé, il n’aura aucune concurrence pour la NHU contrôlée et administrée de manière centralisée, et les citoyens seront contraints de subir un système de santé public défaillant.

Réforme urgente

Si le gouvernement voulait véritablement voir un meilleur accès à des soins de qualité, il financerait les soins des plus pauvres et des plus vulnérables et les laisserait décider où ils veulent dépenser l’argent qui leur a été transféré des autres contribuables destiné à améliorer leur santé, et il permettrait au secteur privé de rivaliser pour servir les clients.

L’État pourrait également améliorer considérablement l’accès aux médicaments en supprimant la TVA perçue sur les médicaments vendus dans le secteur privé (le secteur public n’est pas soumis à la TVA sur les médicaments).

Cela n’a aucun sens de taxer les malades et les plus vulnérables de la société.

Une autre réforme urgente consisterait à revoir le processus d’enregistrement d’un médicament. L’organisme de réglementation des médicaments de l’Afrique du Sud a un retard de plus de 16 000 médicaments à approuver, ce qui pourrait prendre plus de six ans pour le faire.

Bon nombre de ces médicaments ont déjà été approuvés par un organisme de réglementation pharmaceutique des pays avancés. Non seulement ces retards réduisent les revenus et augmentent les coûts pour les fabricants de médicaments, mais ils retardent également l’accès des patients aux médicaments.

Le processus d’approbation pourrait être grandement amélioré si l’on reconnaissait le travail effectué par d’autres autorités de réglementation rigoureuses.

Ce sont quelques-unes des solutions à faible coût proposées dans le rapport de l’Alliance mondiale des Think Tanks.

Si les gouvernements tiennent vraiment à respecter leurs engagements au titre des ODD liés à la santé, ces solutions pratiques devraient être mises en œuvre sans aucune hésitation.

Sur le web

  1. Article initialement publié en anglais par la Free Market Foundation – Traduction réalisée par Libre Afrique (Version élaguée).
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  • Les médicaments occidentaux sont très puissants, bien entendus les effets secondaires si mal employés aussi.
    L’Afrique est démographiquement jeune et le restera parce que c’est le seul continent à n’avoir pas effectué sa transition démographique et ce n’est pas prêt d’arriver.
    En cause la mortalité infantile et l’extrême pauvreté (les 54 pays africains produisent à peine plus que la seule Corée du Sud) due à l’absence presque totale d’économie de marché libre et capitaliste. Celui qui considère que tout est une « marchandise » et qui fait d’énormes « profits ».
    Moyennant quoi, les occidentaux croulent sous les biens et ne meurent plus de malnutrition et des maladies qui font encore d’énormes ravages en Afrique.
    .
    « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. » – Adam Smith

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