Afrique du Sud : acharnement contre le secteur privé de la santé

Le gouvernement est tellement préoccupé à essayer de contrôler le secteur privé qu’il ignore les souffrances qu’il cause aux patients du secteur public en raison des défaillances de sa gestion.

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Afrique du Sud : acharnement contre le secteur privé de la santé

Publié le 16 mai 2019
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Par Jasson Urbach.
Un article de Libre Afrique

Dans une réponse écrite à une question posée au Parlement, le ministre du Développement économique, Ebrahim Patel, a révélé que l’enquête sur le marché privé de la santé (HMI) avait coûté 197 millions de rands aux contribuables. Rappelons qu’en 2014, la Commission de la concurrence a lancé l’enquête sur les soins de santé privés après que le ministre de la Santé a émis l’hypothèse qu’ils étaient trop chers.

Le ministre a toujours soutenu que les deux conditions préalables à l’introduction de la NHI (assurance santé nationale) sur lesquelles il n’allait pas transiger étaient : « Refonder la qualité des soins dans le système de santé publique et réguler les prix des soins de santé dans le secteur privé ».

Quelques chiffres éclairant les dépenses de santé

Dès le début, l’HMI a été un fiasco et son objectif était d’évidence de créer un prétexte légitime pour justifier pourquoi le gouvernement devrait réglementer davantage l’un des secteurs déjà les plus réglementés de l’économie en vue de l’introduction de son système national d’assurance maladie (NHI), et aussi pour détourner l’attention du mauvais état du secteur de la santé publique.

Compte tenu du coût de l’HMI, il ne s’agissait certainement pas d’une utilisation judicieuse des maigres ressources des contribuables. L’argent aurait pu être beaucoup mieux utilisé s’il avait été dépensé directement pour aider les pauvres. Il aurait pu servir à payer 145 nouveaux médecins et financer 656 cliniques de soins de santé primaires capables de traiter 1 416 960 patients par an.

Alternativement, l’argent aurait pu être dépensé dans 1 790 maisons RDP (logements sociaux) et offrir un toit à 7 163 personnes, ou payer 83 829 titres de propriété pour ceux qui, plus de deux décennies après la fin de l’apartheid, ne sont toujours pas propriétaires de leurs maisons.

Selon les « Indicateurs de développement dans le monde » publiés par la Banque mondiale, les dépenses de santé en Afrique du Sud sont passées de 7,4 % du PIB en 2000 à 8,2 % en 2015. Plus précisément, la part des dépenses de santé publiques en pourcentage des dépenses de santé courantes est passée de 37 % à 54 % sur la même période. En revanche, les dépenses de santé privées par rapport aux dépenses de santé courantes sont passées de 62 % à 44 %. Le secteur privé a donc été de plus en plus désavantagé.

Les données de la Banque mondiale révèlent également que les dépenses de santé publique par habitant de l’Afrique du Sud s’élevent à 582 dollars (mesurées en dollars internationaux rajustés en fonction de la PPA) dépassant la moyenne des dépenses de santé publique des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, soit 517 dollars par habitant.

Cependant, les résultats en matière de santé de l’Afrique du Sud sont bien pires que ceux de nos pairs. En Afrique du Sud, l’espérance de vie moyenne est de 62,8 ans contre 75,3 ans dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Le taux de mortalité maternelle en Afrique du Sud est de 138 (pour 100 000 naissances), contre 41 dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Quant au taux de mortalité infantile, il est de 28,8 (pour 1000 naissances) en Afrique du Sud, contre 11,6 dans les pays à revenu moyen-supérieur.

Le gouvernement sud-africain dépense plus par personne que nos pairs, mais ses résultats en matière de santé sont bien pires. En termes simples, le gouvernement gère mal l’argent des contribuables.

L’aveuglement  ciblé du gouvernement

Le gouvernement est tellement préoccupé à essayer de contrôler le secteur privé qu’il ignore les souffrances qu’il cause aux patients du secteur public en raison des défaillances de sa gestion. Selon un rapport du Bureau de la conformité aux normes de santé (OHSC), sur les 696 hôpitaux et cliniques qu’il a inspectés en 2016-2017, seuls six étaient conformes aux normes du ministère de la Santé pour atteindre la « note de passage » de 80 %.

Dans ce même rapport, il ressort que 26 % des établissements publics inspectés présentaient une non-conformité critique et 36 % une non-conformité. Sans surprise, entre mars 2015 et 2018, les plaintes pour négligence médicale contre l’État sont passées de 28,6 milliards à 80,4 milliards de rands. Cependant, le gouvernement a l’intention de marginaliser davantage le secteur privé des soins de santé en imposant son système inapplicable et non réalisable.

Quelle voie réaliste ?

Compte tenu du déficit budgétaire important et croissant de l’Afrique du Sud, et que les Sud-Africains ne comprennent pas les détails techniques du NHI, y compris le coût et les ressources supplémentaires financières et humaines nécessaires pour administrer un tel programme, le gouvernement devrait se concentrer sur le financement de soins de santé de qualité pour les pauvres plutôt que de tenter une prise de contrôle globale du secteur de la santé.

Pour réaliser les soins de santé universels, le gouvernement doit reconnaître le rôle joué par le secteur privé dans l’amélioration de l’accès aux soins de santé de qualité et devrait plutôt l’encourager à se développer, à innover et à se développer, ce qui serait non seulement bénéfique pour la santé financière de l’Afrique du Sud, mais aussi permettrait d’offrir de meilleurs services sanitaires aux pauvres, ce qui est sûrement l’objectif que nous visons tous.

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  • À vrai dire, la politique sanitaire de l’AdS n’est pas foncièrement différente de celle de la France : le « privé bashing »…

  • Les commentaires sont fermés.

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