Par Ferghane Azihari.
Un article de l’Iref-Europe
Après le rejet de la candidature de Sylvie Goulard par le Parlement européen, le gouvernement français a proposé le nom de Thierry Breton pour le poste de Commissaire européen. S’il est accepté, M. Breton obtiendra le large portefeuille du marché intérieur. Il comprendra aussi la politique industrielle, le numérique ainsi que l’industrie de la défense et de l’espace.
Les qualités personnelles de M. Breton ne font pas débat. Ingénieur de formation et entrepreneur respecté dans le milieu des affaires, il s’est illustré comme redresseur d’entreprises et a un bilan intéressant à faire valoir dans le secteur privé. Mais se montrer productif dans le secteur privé n’est en rien un gage d’efficacité dans le secteur public. Car la politique n’est pas toujours encline à récompenser les actions productives. Et on peut douter qu’avec ce portefeuille, M. Breton puisse vraiment donner sa mesure dans ce domaine…
En effet, la politique industrielle peut être décrite comme le fait de donner à quelques fonctionnaires le pouvoir de dépenser l’argent des contribuables dans des projets à l’utilité incertaine. Cela n’a rien d’étonnant dans la mesure où les fonctionnaires ne sont guère incités à se montrer diligents avec un argent qui n’est pas le leur. Cette absence de motivation explique les nombreux ratés de la politique industrielle française abondamment commentés par l’IREF. En quoi des fonctionnaires européens seraient-ils mieux qualifiés que des fonctionnaires français pour sélectionner à la place des contribuables les secteurs qui méritent d’être soutenus ?
La capacité d’une civilisation à faire émerger des champions industriels ne dépend pas de l’autorité discrétionnaire de quelques fonctionnaires. Elle dépend de son flair pour récompenser des entrepreneurs innovants et compétitifs. D’où la nécessité de lever les obstacles à la liberté du commerce et de l’industrie ainsi que les restrictions qui nuisent à l’investissement, l’épargne et l’entrepreneuriat.
L’Union européenne n’est pas parfaite en la matière. La politique de concurrence a toujours tendance à revêtir les habits du protectionnisme. La Banque centrale européenne décourage l’épargne, elle encourage plutôt les investissements faiblement productifs et la survie des « firmes zombies ». Les obstacles non tarifaires uniformisés à l’échelle du continent sont autant de barrières à l’entrepreneuriat. Si l’Europe veut retrouver un leadership économique, industriel, et technologique, elle doit donc se débarrasser de ses réflexes dirigistes et offrir un environnement compétitif aux entrepreneurs.
La fonction à laquelle Thierry Breton est candidat ne l’encouragera pas à mettre en œuvre un agenda favorable à la liberté du commerce. En outre, il s’est récemment illustré par de multiples opinions protectionnistes et dirigistes peu compatibles avec les solutions décrites ci-dessous.
Dans un entretien pour Les Échos, loin de remettre en question le désastreux RGPD, il s’est prononcé en faveur du protectionnisme numérique alors que l’enjeu réside dans la levée de toutes les mesures de ce genre qui entravent encore l’adoption des économies d’échelle pour le stockage des données.
Il estime nécessaire d’aborder la question du démantèlement des GAFA, surfant ainsi sur les jalousies européennes envers les firmes américaines les plus innovantes. Or nous savons que le démantèlement de firmes dont la qualité réside dans les effets de réseau se traduira par une dégradation de la situation des consommateurs.
Le projet de Facebook d’émettre une monnaie privée ne semble pas susciter chez lui un grand enthousiasme. Or à l’heure où les banques centrales faussent les monnaies officielles et les marchés de capitaux, nous devons accroître la concurrence dans les services monétaires et financiers.
Ces prises de position de M. Breton sont autant de signaux qui peuvent faire douter qu’une fois à Bruxelles, il se comportera en ami de l’innovation et de l’entrepreneuriat.
« La politique a sa source dans la perversité plus que dans la grandeur de l’esprit humain. », disait Voltaire. En l’occurrence, tout semble indiquer que Thierry Breton serait plus utile à la société en restant dans le secteur privé. Mieux vaut un entrepreneur talentueux qu’un politique déterminé – ou contraint – à mettre en œuvre des mesures qui seraient délétères pour l’économie européenne.
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Est il vraiment multitaches , s’occuper de tout est tres different de s’occuper d’une entreprise…et puis passer du privé a la politique d’alcoves ou derrrere chaque tenture un poignard vous guette….il faut plus que du talent ..esperons qu’il ne se lance pas la dedans sur un coup de tete ou apres un bon repas bien arrosê avec notre machiavélique président.
multi je sais pas ….après …^^
de toute façon en europe c’est un tel merdier que je reprendrais l’adage americain
« any turkey for president’
Je trouve que l auteur a un tropisme pro gafa un peu inquietant.
Trouver le libra de Facebook formidable alors que cette societe c est illustree par le peu de cas qu ellle fait de la vie privee …
Les GAFA posent maintenant un Probleme a cause de leur taille. Ils sont tellement puissant qu ils peuvent bloquer l innovation (soit en rachetant la start up soit en la coulant). Les monopoles (privés ou public) ne sont pas bon pour la concurrence. Et il faut bien reconnaitre que dans leur domaine ils sont en quasi monopole
Le Libra ne vous plait pas ❓
C’est simple : n’en achetez pas. Mais laissez les autres libres de suivre votre choix. Ou pas.
Ce n’est pas faux, surtout que les GAFA pratiquent une censure politisée dans un échange bien compris de connivence et d’indulgence gafa/politiques (essentiellement américain, essentiellement de gauche) mais il faudrait regarder sur le long terme.
Une boite qui vire à la bureaucratie figée avec des tendances liberticides fini par faire de la merde et les gens s’en détournent.
J’ai bien peur que TOUTE entreprise vire à la bureaucratie à partir d’une certaine taille.
Aucun arbre ne peut grandir à l’infini. Arrive toujours un moment où il se brise et tombe. Dans l’interim il fait beaucoup d’ombre et beaucoup de casse quand il tombe. Il en va de même des grandes entreprises.
Et quand les lois anti-trust sont bafouées, le capitalisme de connivence bat son plein.
@ cdg : si Facebook enfreint les droits fondamentaux, elle doit être punis par la loi, point.
L’auteur dit simplement qu’il faut la concurrence dans l’établissement de monnaies non monopolistiques.
Sur le monopole des GAFA, tjrs la même ignorance économique : un monopole ne peut être qu’étatique. Les GAFA n’ont aucun monopole (cela me rappelle le discours sur le monopole de Nokia sur les téléphones en l’an 2000, comme quoi il fallait absolument faire quelque chose sinon Nokia détruirait toute concurrence. cf 20 ans plus tard …) Comment peuvent-ils bloquer l’innovation en rachetant une start up ou en la coulant ? comment peuvent-ils faire ???
Stephane12 – « un monopole ne peut être qu’étatique. »
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Parfaitement exact mais les GAFA ont quand même un léger problème d’étatisme.
Leur poids social fait peur ou attirent les politiques qui ne cessent de vouloir les contrôler avec des lois et les GAFA en retour ne cessent de leur faire des appels du pied pour obtenir des indulgences. En l’occurrence ils « invisibilisent » la droite américaine à coup de censure et de manipulation des recherches ce qui plait beaucoup aux démocrates qui vont chercher à les protéger.
C’est le même phénomène avec les « ultra-riches » dont beaucoup sont « de gauche » pour ne pas être emmerdé par les socialo-moralistes.
Les gafas sont inevitables , leur clients sont des milliards !
L’UE est en train de virer à la bureaucratie soviétoïde, des gens non élus passent leur journée à pondre des lois et des normes qui s’appliquent en masse à des pays et des peuples très différents, ça ne peut pas marcher.
Selon l’analyste libéral Charles Gave, la monnaie unique avait déjà flingué les signaux « prix » qu’étaient les taux de change entre des pays cigale comme la France et l’Italie et des pays fourmis comme ceux du nord et le QE de la BCE a rendu tous les prix fous avec des taux négatif.
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Il n’y a strictement rien à attendre de qui que ce soit a Bruxelles, au mieux les bons sont noyés dans la masse des mauvais qui se reproduisent comme des termites de la liberté.
C’est dû à l’influence de la France qui a transposé sa bureaucratie à Bruxelles!
La trajectoire du « machin » est à peu prêt inévitable vu son organisation mais les dirigeants français ont bien accéléré le mouvement et bien pourris l’économie, le QE n’est utile qu’a des pays surendettés avec en tête la France.
« entrepreneur respecté » : peut-on préciser ?
Ce que je sais c’est qu’il a planqué son fric ( et il a bien raison) en se retirant de toutes ses activités actuelles). On parle de 38 Millions d’euros. Bingo…..maintenat on peut lui donner le Commissariat à la Pauvreté.
Le départ de Thierry Breton du secteur privé est d’abord une grande perte pour le privé.
Espérons que son imprégnation en tant qu’entrepreneur soit le gage de moins d’erreurs dans sa nouvelle charge.