Par André Heitz.
C’est une décision d’un juge fédéral de Miami (Floride, États-Unis d’Amérique) qui n’a pas fait les gros titres dans ce pays.
On ne saurait donc reprocher à la médiasphère française de l’avoir ignorée. On ne peut pas en dire autant de la décision de l’Agence pour la Protection de l’Environnement (EPA) du 8 août 2019 de ne plus tolérer « les étiquettes de produits affirmant que le glyphosate est connu comme cancérigène – une affirmation fausse ne respectant pas les exigences en matière d’étiquetage de la Loi fédérale sur les insecticides, les fongicides et les rodenticides (FIFRA) ». Cette décision est un gros caillou jeté dans la mare où s’ébattent les avocats prédateurs avides de faire les poches de Bayer/Monsanto. Celle du juge est un petit caillou qui a son importance.
Le glyphosate est partout. Et alors ?
Les officines d’information et de désinformation souvent qualifiées d’« ONG » s’activent des deux côtés de l’Atlantique pour trouver des résidus de glyphosate dans diverses matrices, qui dans le pipi (en France), qui plus particulièrement dans les céréales pour petits-déjeuners (des deux côtés de l’Océan).
« Des quantités significatives de glyphosate ont été découvertes dans toute une gamme de céréales pour petits- déjeuners destinées aux enfants américains, s’alarme une étude publiée par l’un des principaux organismes de santé publique des États-Unis »,
écrivait ainsi Cnews (France) le 16 août 2018.
Figurez-vous, en août 2018, sur 45 échantillons conventionnels et 16 échantillons bio (souvent deux par marque et produit), l’Environmental Working Group a détecté du glyphosate dans 43 et 5 échantillons, respectivement ; 31 échantillons conventionnels dépassaient la limite autoproclamée de l’EWG de 160 ppb (160 microgrammes par kilogramme de produit – sachant que la limite maximale de résidus a été fixée pour l’avoine à 20 milligrammes par kilogramme (20 000 microgrammes par kilogramme) dans l’Union Européenne.
Il n’en fallut pas plus pour que soit lancée une action collective par un cabinet d’avocats prédateurs dans le district sud de la Floride contre General Mills, sur la base de l’allégation que les Cheerios et Honey Nut Cheerios achetés et consommés par la requérante de proue, Mme Mounira Doss, contenaient des niveaux non divulgués de glyphosate et que, notamment :
« Des preuves scientifiques montrent que même des concentrations extrêmement faibles de glyphosate peuvent être nocives pour la santé humaine. La recherche montre que l’exposition au glyphosate peut être cancéreuse [sic], altérer et endommager les hormones du corps, les reins et le foie.
- Le Centre International de Recherche sur le Cancer, une partie de l’Organisation Mondiale de la Santé, classe le glyphosate comme “probablement cancérogène pour l’homme”. Le CIRC a noté qu’il y a des preuves limitées de cancérogénicité chez l’homme pour le lymphome non hodgkinien, et qu’il y a des preuves convaincantes que le glyphosate peut provoquer le cancer chez les animaux de laboratoire. »
Bien évidemment, les arguments se sont aussi étendus aux questions d’information (prétendument insuffisante) du consommateur et de pratiques commerciales (prétendument déloyales et fautives). Ah ! Si Mme Mounira Doss avait su, elle n’aurait pas acheté des Cheerios…
Jusque dans votre bol de céréales
Notons que l’action a été dirigée contre General Mills en particulier sur la base des allégations de l’EWG : selon cette officine, les échantillons de Cheerios et Honey Nut Cheerios qu’elle a fait analyser auraient contenu de 470 à 530 ppb de glyphosate, alors qu’un autre produit était affiché à 1300 ppb (6,5 % de la LMR européenne). Ne croyez pas que Quaker Oats l’ait échappé belle : la maison mère Pepsico est la cible d’un autre cabinet d’avocats prédateurs en Californie.
Le 14 juin 2019, le juge Robert N. Scola, Jr a rejeté la plainte notamment sur la base de la décision de la Cour Suprême dans Spokeo v. Robins.
Selon cette décision, « le demandeur doit démontrer qu’il a subi une atteinte à un intérêt juridiquement protégé, concrète et caractérisée [particularized], et réelle ou imminente, et non conjecturale ou hypothétique. »
Et le constat du juge est accablant : « Tous les risques hypothétiques pour la santé auxquels Doss fait allusion sont bien trop spéculatifs pour fabriquer un intérêt à agir [standing] dans ce cas. »
Cette décision, prononcée par un juge de district, ne fait évidemment pas jurisprudence. Elle est néanmoins intéressante.
Le juge français qui sera saisi d’une forme française de recours collectif – des plaintes individuelles de « pisseurs involontaires de glyphosate » regroupées et pilotées par une entité activiste et un avocat – suivra-t-il le même raisonnement (qui n’est que l’application du b.a.ba du droit) ?
j’ai tout dit sur le glyphosate .. il faut le tuer pas parce qu’il est dangereux mais parce qu’il ne rapporte plus rien.. il n’est pas cher a produire et toute le monde peut en faire sans rien payer a bayer..
attendez le prochain et regardez les prix .. bande de benets
Probablement vrai sur le fond, mais pas tout a fait dans le détail. J’ai besoin d’un peu de Glyphosate chaque année pour entretenir le tour de la Maison. Le prix n’a pas baissé, et c’est très compliqué d’en acquérir un bidon. les prix de détails des “prêt a l’emploi” pour les gogos a été multiplié par dix ! Les rayons des jardineries se sont remplis de lances avec cartouches de Gaz jetables pour griller les herbes en surface en produisant gaiement du CO2. Le chiendent ainsi traité repart encore plus violement des les premières goutelettes d’eau …
Les produits actuellement vendus sous la marque “Roundup” ne contiennent pas de glyphosate – lu dans un article sur ce site il y a quelques mois. Le glyphosate est actuellement interdit de vente aux particuliers dans notre beau pays (on se demande encore pourquoi le saucisson, pourtant cancérigène certain, ne l’est pas…)
Par contre, ces produits sont effectivement vendus au même prix qu’avant, pour une efficacité environ 10 fois moindre. Et les alternatives proposées par nos bien pensants sont juste grotesques (quel est le bilan carbone d’un désherbage thermique ou à l’eau chaude ?)
Le Glyphosate était vendu jusque le fin de 2018 à un prix tout à fait raisonnable : environ 15 euros le litre marque Glypher à diluer cela permettait de traiter plus de 3000 m2.
En 2019 on ne trouve plus que que son remplaçant déjà dilué bien moins efficace, en bidon de 5 litres permettant de traiter environ 800 m2 au prix de 40 à 45 €
“… risques pour les hormones, les reins et le foie” : ils faudrait déjà qu’ils arrêtent d’ingérer leurs fastfood et leurs sodas… Ca ira beaucoup mieux après…
Il n’y a aucun risque! Il suffit de lire l’étude épidémiologique de l’INSERM sur le monde paysan qui révèle qu’ils sont moins affectés par le cancer, alors que les plus exposés au glyphosate: http://cancerspreventions.fr/wp-content/uploads/2014/12/AGRICAN.pdf
Les écolos prétendent que c’est scientifiquement prouvé? Comme le réchauffement anthropique?
Enfin, une information réjouissante : un “petit” juge a fait preuve de bon sens ; dommage que ce ne soit pas jurisprudentiel…