Par Patrick Aulnas.
Le nationalisme a repris de la vigueur dans les pays occidentaux. Des dirigeants glorifiant l’État-nation accèdent au pouvoir (Trump aux États-Unis, Orban en Hongrie, Salvini en Italie) et les partis politiques ouvertement nationalistes ont le vent en poupe dans plusieurs pays (Rassemblement national en France, Alternative für Deutschland en Allemagne, Brexit Party de Nigel Farage au Royaume-Uni). L’État-nation, fragilisé par la mondialisation retrouverait-il une nouvelle jeunesse ?
Le concept d’État-nation
Le concept d’État-nation se rattache aux ordres imaginaires créés par l’Homme pour agencer le monde. Autrement dit, ce concept n’existe que dans l’esprit de ceux qui y croient. Nous appartenons sans aucun doute possible à un groupe qui s’appelle l’humanité car tous les Homo sapiens possèdent des caractéristiques biologiques communes.
Sur notre petite planète, nous pouvons aussi nous rattacher à une zone géographique restreinte, par exemple le territoire français, parce que nous avons vécu l’essentiel de notre vie sur ce territoire. Mais aller au-delà relève d’une construction intellectuelle pure, c’est-à-dire de notre imagination. Trois éléments sont intellectuellement rapprochés pour élaborer le concept d’État-nation : l’histoire, la culture, la langue.
L’histoire commune d’un groupe d’Hommes (par exemple les Français) n’est qu’une reconstitution partielle et constamment remise en cause du passé. Rien n’est plus évolutif que l’histoire. L’image de leur passé que possédaient les rares hommes cultivés du XVIIe siècle n’a rien de commun avec celle qui nous est proposée aujourd’hui.
Attribuer une identité culturelle précise à un groupe (par exemple les Français) est certes tentant. Mais chacun sait que cette identité subit des influences externes multiples et qu’elle varie considérablement selon l’histoire individuelle. Chaque Homme possède une identité, mais aucun ne possède la même. Nous sommes tous uniques et irremplaçables.
Quant à la langue que nous parlons quotidiennement, elle n’est que le produit circonstanciel d’influences multiples. Mes arrière-grands-parents parlaient breton. Pour d’autres, ce sera le basque, le flamand, le catalan, le corse, l’italien, l’arabe, etc. Le français, imposé par l’État, ne devient que tout récemment la langue véhiculaire commune. Les langues vernaculaires étaient celles du quotidien dans toutes les campagnes jusqu’au XIXe siècle.
L’État-nation est un ordre imaginaire
Ce rapide tour d’horizon permet de comprendre la fragilité du concept d’État-nation, souvent présenté comme la conjonction d’une langue, d’une culture et d’une histoire sur un territoire dirigé par une organisation politique qualifiée d’État. Dans nos démocraties, les politiciens qui prétendent nous diriger ont évidemment tout intérêt à instiller dans l’esprit de leurs électeurs des croyances diverses permettant de cimenter le groupe. Mais il ne s’agit que de constructions imaginaires utilisant une sélection d’éléments puisés dans le réel, de façon à produire un concept permettant de souder le groupe sur des valeurs communes et de pouvoir le manipuler politiquement.
Le concept d’État-nation présente donc une grande fragilité dans la mesure où il n’est qu’une croyance, une adhésion à une construction intellectuelle assez factice, au service du pouvoir. Yuval Noah Harari appelle ordre imaginaire ces constructions de l’intelligence humaine qui ne possèdent pas de réalité tangible mais reposent sur une adhésion à un ensemble de croyances collectives. Les religions sont aussi des ordres imaginaires. Les ordres imaginaires caractérisent notre espèce. Ils sont le produit de notre singularité : l’intelligence. Ils jouent un rôle fondamental dans notre histoire.
Peur de l’avenir et repli sur l’État-nation
Nous vivons le tout début d’une époque nouvelle de l’histoire de l’humanité caractérisée par la construction d’une intelligence collective à l’échelle planétaire. Notre patrimoine cognitif se globalise sous l’effet des capacités d’échange et de stockage de l’information. La numérisation de l’information, qui n’en est qu’à ses débuts, conduit à l’Intelligence Artificielle et probablement, à plus long terme, à un dépassement de l’espèce Homo sapiens.
Nous percevons surtout aujourd’hui les effets économiques et sociaux de ce phénomène, que nous qualifions de mondialisation. Par définition, cette globalisation de l’activité humaine à l’échelle planétaire remet en cause la structure politique traditionnelle fondée sur l’État-nation. La fragilisation du cadre politique ancien conduit évidemment les conservateurs à crier à la catastrophe : l’avenir est incertain et dangereux, conservons l’ancien État-nation qui a fait ses preuves.
Il en résulte une exploitation politique de la peur de l’avenir et des propositions programmatiques des partis politiques axées sur le renforcement de la cohésion du groupe humain national : protectionnisme économique, valorisation de l’identité culturelle spécifique.
La réalité historique émergente, qui repose sur l’utilisation de nouvelles connaissances scientifiques et techniques, chagrine beaucoup les nationalistes. Doit-on renoncer au confort d’un ordre imaginaire ancien, l’État-nation, apparu au cours des quatre ou cinq derniers siècles ? Nos conservateurs-nationalistes répondent fermement par la négative et défendent bec et ongles la nation en promettant sécurité et protection contre l’aventurisme mondialiste.
Les nationalistes résisteront mais perdront
Bien évidemment, cela n’aura aucun effet à long terme. On n’arrête pas durablement les développements de l’intelligence humaine en renforçant l’adhésion à un ordre imaginaire ancien. Si celui-ci s’effrite parce qu’un autre est en cours d’élaboration, tous les discours politiques et toutes les promesses démagogiques ne pourront rien pour maintenir une construction intellectuelle qui ne reçoit plus l’adhésion de tous.
Le modèle de l’État-nation va donc évoluer fortement puis être remplacé par un autre ordre imaginaire, dont nous ne savons encore rien. Nous ignorons également tout de la durée de cette transition, qui peut prendre des siècles. L’Union européenne en construction est sans doute le meilleur exemple de dépassement institutionnel de l’État-nation. Chacun peut observer que depuis le traité de Rome de 1957, il a fallu beaucoup de ténacité et de pragmatisme pour construire une entité politique sui generis. Le nationalisme ne se console pas de cette réussite : Trump veut la détruire et les brexiters britanniques veulent la quitter.
Ce ne sont là que les débuts des grands conflits qui ne manqueront pas de parsemer le déclin de l’État-nation.
J’apprécie vos articles Mr Aulnas. Non pas parce que j’y adhère, bien au contraire souvent, à l’image de celui-ci qui me paraît rempli de sophismes et d’assertions.
Mais parce qu’il est bon d’entendre un avis divergent, d’éviter l’entre-soi, aussi isolé fût-il suite à la désertion compréhensible des macronistes. Et puis j’aime trop la liberté pour retirer aux autres la leur et le droit de s’exprimer.
Le seul souci avec la fausse citation de Voltaire, que vous rappelez dans votre propos (« j’ai raison et vous avez tort, mais je donnerais ma vie pour votre droit d’avoir tort »), c’est qu’elle est à sens unique.
Les tolérants (les libéraux, les démocrates) l’appliquent, mais pas les totalitaires socialistoïdes (« vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires »).
La démocratie est son propre ennemi, et le pire. Nous vivons dans un dilemme permanent.
Il suffit de voir les différences de mode de vie et surtout d’appréciation de la réalité entre un français et un italien (considéré comme très proche) pour percevoir que malgré son coté artificiel l’etat nation représente une réalité forte (meme si décriée en particulier en Italie).
De plus l’europe quand j’avais 20 ans représentait un futur positif, quand je vois mes enfants l’europe est devenu un machin qui n’incarne qu’un monde artificiel sans ame ni projet.
Enfin ce coté village mondial n’existe que dans la haute bourgeoisie mondialisée, il n’y a qu’ avoir les pays du moyen orient ou de l’asie pour comprendre que nous sommes loin de dépasser ces frontières (là bas le racisme n’est pas qu’un concept !)
Bref l’etat nation évoluera mais l’homme a besoin de se rattacher à un groupe au-dela de sa famille et de mettre une frontière entre nous et les autres, l’idéal (à metter en place par l’etat) étant que chacun prospère chez soi et non contre les autres.
Certe l’état nation evoluera
Les Italiens sont une communauté culturelle, les Allemands une communauté linguistique, les Français sont une nation, sans plus…
Encore du grand Aulnas 🙂
Il nous ressort le vieux sophisme marxiste du sens de l’histoire. Vous êtes condamné par l’histoire, alors abandonnez la lutte, et livrez votre liberté, vos biens et vos personnes à la clique mondialiste, qui, elle gagnera parce qu’elle est l’avenir. On a vu ce que ça a donné avec les communistes qui étaient aussi dans le sen de l’histoire 🙂
Le retour a l’etat nation n’est qu’une etape a mon avis. L’etape suivante est la ville-etat, processus deja en cours avec la concentration de richesse dans quelques endroits particuliers, Londres, Paris, New York, San Francisco, etc. Ces villes etats vont accaparer de plus en plus de ressources et laisseront les regions periferiques exsangues. Voire les gilets jaunes. Les periferies voudront se separer et vont re apprendre le Breton.
je pense plutôt aux sociétés états .. que ferait la france si google décidait de la quitter?
on peut avoir en effet une concetration des richesses dans quelques villes, un peu comme l italise de la renaissance.
Par contre je suis pas sur que ca soit le scenario le plus probable, car ces villes-monde ont besoin de paix pour properer (sinon elles sont juste des proies tentantes et se feront envahir et piller comme rome au V sciecle).
Et va t on vers une Periode de paix ? les populations abandonnees des USA ou de France au profit de San francisco ou Paris vont elles accepter de couler sans se rebeller ?
Ville-etat:
effectivement, c’est en cours, même en France: ce sont les métropôles qui décident pour le département/région: Toulouse, Rennes, Nantes, Bordeaux, Lyon…
Ainsi, j’ai remarqué que dans la volte face du gouvernement sur la limitation de vitesse à 80 km/h et la décision renvoyée aux départements, les départements du 35 et 44 ont décidé de conserver cette limitation. C’est pour moi, un signe ultime de mépris de ces métropoles (Rennes et Nantes) pour le reste de la population qui est impactée par cette limitation.
ça risque de mal se passer.
L’Etat nation avait l’avantage de réunir des gens appartenant à des tribus ethniques et culturelles diverses, autour d’un « noyau » commun qui permettait de surpasser ces différences. On peut légitimement regretter que cela soit se souvent passé par la contrainte.
En son absence, les particularismes semblent s »exacerber lorsque chacun revendique son appartenance tribale – au sens ethnique mais aussi sexuelle, politique ou religieuse. Le problème étant que la tendance naturelle humaine est de se définir par « eux contre nous ».
Il y a sûrement des évolutions de gouvernance et d’appartenance à imaginer, mais la tendance sociétale actuelle en occident est à un morcellement en groupes sectaires se menant une guéguerre permanente. Parce que les valeurs des uns et des autres sont réputées égales, il n’y a pas lieu de chercher un compromis.
Et comme le signale rivalta dans son commentaire plus haut, des zones du monde en pleine expansion sont loin d’abandonner leurs Etats-nations.
Le probleme n’est pas biologique Monsieur Aulnas
il est religieux , ou culturel..
Quand on voit que certaines cultures sont imperméables a l’assimilation a la 4 eme generation , on est en droit de se poser des questions sur les moyens qu’auraient les états nation d’endiguer a menace (oui c’est une menace , le 14 juillet vous en avez eu la preuve avec le match de l’Algérie, çà va etre difficile a nier)
Alors oui , l’identité nationale c’est important et le laxisme internationaliste de gauche sous couvert d’humanisme qui cherchent cet électorat est lamentable
La gauche a deja des comptes a rendre .. çà ne va pas aller en s’améliorant
Si ce Monsieur s’aventure sur la théorie du mythe, on pourrait lui rétorquer que toutes les constructions sociales ne sont que des mythes. Absolument toutes. Y compris l’universalisme qu’il défend si maladroitement.
A l’évidence, il n’a pas compris Yuval Noah Harari qu’il cite pourtant dans son texte.
Ce qui me gêne profondément chez les contempteurs de l’état-nation, c’est la géométrie très variable de leurs raisonnements. Notamment lorsqu’ils sont amenés à théoriser sur l’identité, l’histoire, la culture des minorités.
Mais, en l’occurrence, il s’agit d’un procès d’intention puisqu’il ne s’est pas exprimé sur le sujet.
Et puis les arguments ne manquent pas pour réduire cet article à ce qu’il est. Une très mauvaise copie de collégien endoctriné à l’idéologie mondialiste.
A ne pas confondre avec la mondialisation. Ce que fait pourtant allégrement ce Monsieur.
Et puis il y a tout le reste. Si l’histoire est une construction, pas les faits. Dire que la culture évolue est une démonstration de son existence. Idem pour la langue.
Considérer que tout ce qui n’est pas immuable depuis la nuit des temps ne possède ni histoire, ni culture, ni identité, ni langue communes est un idiotie grotesque.
Mais nous sommes habitués avec cet intervenant.
Yuval Noah Harari défend l’idée que les progrès de l’humanité se sont construits avec et grâce aux mythes partagés entre les hommes. Sans eux, rien ne se serait produit. Il cite, entre autres exemples, celui la monnaie qui n’a que la valeur de confiance que nous lui accordons. Un mythe à l’état pur.
Dans son second livre, il invite à dépasser les mythes pour fonder un avenir commun à l’humanité.
Si je ne partage pas la totalité de ses thèses, ça a une autre gueule que le psittacisme étroit d’Aulnas quand même !
L’Etat-nation construction imaginaire? Au bout de siècles d’histoire eux aussi imaginaires? Les détives actuelles de l’Etat français ne doivent pas faire oublier qu’en principe l’Etat est au service d’une population, et non dévolu à assurer d’abord sa survie.
L’homme est un être social, l’échange lui est nécessaire. Mais l’enracinement ne l’est pas moins. L’Etat-nation peut être vu comme le compromis entre ces deux nécessités, dans une limite géographique et culturelle qui permet la libre décision collective.
Quand l’auteur dit que « cette globalisation de l’activité humaine à l’échelle planétaire remet en cause la structure politique traditionnelle fondée sur l’État-nation », c’est exact. Mais cette globalisation a été voulue par les mondialistes d’aujourd’hui, dans la forme économique et juridique qu’elle a adoptée, justement pour abolir les Etats-nations.
Depuis Thomas More et son Utopia (paru en 1516, il décrit un monde unifié sans propriété privée et sans monnaie tandis que les habitants sont obligés de déménager tous les dix ans afin de ne pas s’enraciner…), les utopies d’unification mondiale ont émaillé l’histoire. Et la traduction politique de ces utopies ne peut être que totalitaire.
« L’Union européenne en construction est sans doute le meilleur exemple de dépassement institutionnel de l’État-nation. » Oui, l’UE a même été voulue comme le le laboratoire de cette supranationalité voulue par les utopistes d’aujourd’hui.
Reste à savoir si les peuples (dans leur ensemble, et pas seulement les « premiers de cordée ») y gagnent en liberté et en prospérité.
« Nous appartenons sans aucun doute possible à un groupe qui s’appelle l’humanité car tous les Homo sapiens possèdent des caractéristiques biologiques communes. »
Et les chiens aussi appartiennent à un seul groupe, qu’ils soient des Saint Bernard ou des chihuahua. Aucune différence. Sacré Aulnas !
Et les loups et les coyotes qui sont génétiquement interféconds aussi…
« L’ÉTAT-NATION EST UN ORDRE IMAGINAIRE »
Si nous admettons ce postulat, en quoi l’UE est-elle alors différente?
Mais bien sûr ce postulat s’écroule dès que l’on considère que l’histoire d’une nation n’est pas une simple construction sociale ou mentale. L’Histoire hein, avec un grand H, pas les histoires qu’on se raconte pour se rassurer, ou pour embobiner les autres, par exemple les habitants des différents pays de l’Europe.
L’UE n’est pas l’Europe, et l’Histoire ne s’écrit pas à coup de décrets, de lois, et d’éléments de langage politiciens, ne vous en déplaise, Mr Aulnas. Nul ne peut dire ce qu’il adviendra des pays et des unions de tout poil dans le futur en effet, mais dans ce cas vous êtes mal placé pour sous-entendre que l’UE est un processus inéluctable.
J’ai l’impression, mais dites moi si je me trompe, que beaucoup des conflits idéologiques qui nous opposent sur ce thème viennent d’une conception très extensive, pour ne pas dire totalitaire, de l’état-nation. Nous sommes tellement plongés dans cet univers que nous ne parvenons plus à imaginer que d’autres puissent être possibles. Pour nous, l’état-nation c’est forcément un peu « ein Volk, ein Reich, ein Führer » (et un point Godwin pour bibi). Sur un territoire donné, un Etat s’occupe de tout pour les habitants, de la crèche au tombeau, sous couvert de démocratie dans le meilleur des cas, sinon tant pis. Des habitants sommés de payer leurs impôts avec le sourire (taxation is theft) et de mourir pour le drapeau lors de violentes confrontations avec d’autres états-nations. Et comme c’est ainsi depuis que le monde est monde, personne ne sait comment en sortir, même en pensée.
Si l’Etat voulait bien se contenter de faire son job, à savoir la Justice et la Sécurit, pour que chacun puisse vaquer à ses affaires en toute quiétude, si les chefs d’état, au lieu de se prendre pour les pères du peuple, mais sans l’onction divine, ce qui a nettement moins d’allure, voulaient bien cesser de nous emmerder à passer à la télé 24h/24, nous n’aurions pas toutes ces passionnantes controverses.
On est tous d’accord pour que l’état se recentre sur ces vrais missions plutôt que de gérer un élevage … mais une société totalement ouverte peuplée d’individus atomisés a t’elle « besoin » de plus de socialisme ou moins …? C’est là que le bas blesse.
Si l’Etat se recentre sur ses vraies missions (pas de polémiques, merci), la question de plus ou moins de socialisme disparaît. Le socialisme c’est l’Etat tout puissant, nécessairement. « Une société totalement ouverte », oui, bien sûr, « peuplée d’individus atomisés » … ??? Où est le lien logique entre les 2 idées ? (Je traduis individus atomisés » par « individus isolés », parce qu’une fois tout le monde atomisé, grâce aux guerres entre états-nations, il n’y a plus de problème du tout).
Dommage, ce sujet est très intéressant mais l’auteur tombe dans la facilité des grands discours sans réelle réflexion, à ce titre son évocation du prétendu succès de l’UE et du rétrograde brexit est emblématique de la pauvreté de son raisonnement.
La réalité justement c’est que tandis que cela est parfaitement vrai :
» Mais il ne s’agit que de constructions imaginaires utilisant une sélection d’éléments puisés dans le réel, de façon à produire un concept permettant de souder le groupe sur des valeurs communes et de pouvoir le manipuler politiquement. »
L’alternative ce n’est pas une belle société libérale libérée du joug de l’État mais Bruxelles … Splendide! quel grand succés!
L’alternative à l’état nation et ses énormes travers (on sait de quoi on parle en tant que Francais) a en réalité beaucoup plus de chance de tourner en dictature molle mondiale techno-socialiste (car oui et c’est absolument fondamental: une société hyper atomisée d’individus sans liens appelle a plus de socialisme pas à moins (cela pour compenser le manque de solidarités naturelles)
Bref, sujet très intéressant mais il faut arrêter de planer et penser que l’alternative est forcement meilleure
J’aime bien prendre de temps en temps la défense de mon collègue Patrick, dont les billets suscitent toujours des réactions nombreuses. C’est ça le talent.
Avec un brin de mauvaise foi, on pourrait nier qu’il propose l’UE comme alternative à une société libérale. Sans doute aura-t-il à cœur d’éclaircir lui-même ce point d’ombre.
Ce qui me fait tiquer dans vos propos, cher Yep3000, c’est encore votre vision d’un société libérale forcément atomisée. Selon vous ce serait ça le libéralisme, des gens qui vivent les uns à côté des autres sans se voir ni se parler ? Quelle idée lugubre. Une idée lugubre qui cadre bien plus avec notre société française actuelle, socialiste en diable.
Quand les libéraux parlent d’une société libérale, ils parlent souvent de la grande société. Pourquoi voulez-vous que les liens de solidarité disparaissent parce que l’échelle s’agrandit ? Notez plutôt que les liens « naturels » de solidarité n’ont jamais dépassé un cadre assez étroit, composé de votre famille et de vos amis et voisins. Il n’y a aucune raison que ce cercle s’étende comme par magie. Mais il n’y a pas non plus besoin de l’Etat pour faire mieux, les assurances et toutes sortes d’associations font ça très bien et à moindre coût.
Non le socialisme ne compense pas des solidarités menacées par le grand méchant loup libéral atomisateur. D’une part parce qu’il n’y a pas de grand méchant loup atomisateur. D’autre part le socialisme pervertit ces solidarités (qu’est-ce qu’une solidarité sir elle est obligatoire ?) et surtout les gaspillent, par exemple en homards et grands crus.
Ah parce que vous croyez vraiment que les démocraties reposent sur le demos ? La nation est un totem fabriqué par les gouvernements pour recruter des troufions et les envoyer se faire trouer la peau sans les payer.
Obedience is not patriotism.
Patriotism is love of your country, not your government.
Don’t tread on me.
Absolument de votre avis !
Je fais partie d’un peuple qui selon certains ministres n’existe pas, ballotté depuis des siècles entre deux nationalismes, envoyé par les uns à Stalingrad, par les autres à Dien bien phu ou en Kabilie…
En fait, pour la Russie, c’était pas nouveau, puisque Napoléon (le seul corse jacobin) a employé 70 généraux alsaciens (dont 24 ont leur nom gravé sur l’Arc de Triomphe) en disant: « peu importe qu’ils baragouinent dans leur langue, pourvu qu’ils sabrent à la française »…
Alors ‘ vivent les peuples ! ‘ et au diable les nations.
La grande erreur serait de penser que, parce que l’Etat-Nation est effectivement un ordre imaginaire, la Nation le serait également. Rien n’est plus faux.
Les Nations ont une existence physique, charnelle, incarnée, inscrite dans chaque humain. La meilleure construction politique, quand bien même elle serait universelle, ne suffirait pas à les faire disparaître. Il faudra se mouiller pour qui veut les détruire, mettre les mains dans le cambouis, perdre tout lien avec la morale universelle, assumer l’immensité du crime idéologique. La seule méthode possible pour détruire les Nations se résume en un mot : tuer.
Détruire une Nation n’est pas une opération aisée. Les Nations génèrent naturellement les anticorps nécessaires pour se protéger de leurs agresseurs, à commencer par les traîtres dans leur rangs, tout en leur réservant des surprises. Des Nations ennemies de toujours peuvent par exemple s’entendre un temps pour contrer ensemble la menace.
Dit autrement, une construction politique qui nierait les Nations est d’avance condamnée à l’échec. Même si elle connaissait un premier succès, elle serait établie sur des fondations illégitimes et finirait pas s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions.
La confusion entre l’Etat-Nation et la Nation est d’ailleurs une des multiples faiblesses des amusantes élucubrations de Harari. A classer verticalement sans perdre trop de temps avec ça.
Je partage en tout point la première partie de votre commentaire. Y compris dans sa forme.
Par contre, je n’ai pas votre optimisme pour penser que les Nations résistent, en dernier recours, à tous leurs assaillants.
C’est ainsi que la France est en passe de disparaître à jamais. Après l’avoir ruinée et mise à genou économiquement, la chienlit s’attaque désormais à ce qu’elle est fondamentalement, dans son essence.
Et force est de constater qu’ils réussissent, là-aussi, dans leur entreprise mortifère, guidée par la détestation viscérale de ce que nous sommes.
Ne soyez pas pessimiste.
Nous subissons la tendance actuelle (le mondialisme, perversion politicienne de la mondialisation) qui voudrait nous imposer l’Etat (obèse) sans la Nation, dirigée par une mafia désincarnée de technocrates hors de contrôle et d’élites complices. Macron est l’archétype de cette tendance. L’écologie est son bras armé idéologique. L’UE est sa caricature. Greta à l’Assemblée est son moment ridicule.
Mais, à terme, la réussite de ce modèle insupportable est impossible. A la place, il se pourrait bien qu’on voit fleurir des Nations sans Etat (obèse). Le rêve idiot d’un gouvernement mondial, dernier avatar du collectivisme du XXe siècle, va se fracasser sur le réel.
Le collectivisme du XXe siècle utilise une nouvelle arme dans la déconstruction nationale.
En l’occurrence, celle, terrible, sans appel, du multiculturalisme et de l’immigration de masse.
La coalition de circonstance entre les forces de gauches et des cultures exogènes, ayant en point commun la détestation sans limites de l’occident, se vérifie dans de nombreux pays européens. Pays-Bas, Belgique et, bien évidemment France….
Dernièrement, de nombreux épisodes de la crise des gilets jaunes ont illustré cette tendance de fond.
À terme, cette coalition implosera évidemment, mais il sera trop tard pour les gentilshommes et pour ce que fut notre pays.
« L’Union européenne en construction est sans doute le meilleur exemple de dépassement institutionnel de l’État-nation. Chacun peut observer que depuis le traité de Rome de 1957, il a fallu beaucoup de ténacité et de pragmatisme pour construire une entité politique sui generis ».
Le choix des mots est troublant. Ténacité et pragmatisme, no less.
L’UE est un projet politique qui se définit comme une union politique toujours plus étroite entre bientôt 27 états nations plus ou moins démocratiques. Or, le futur ex 28eme a été le seul a soumettre cette orientation au vote populaire. Ce qui, d’après l’auteur, ne peut s’expliquer que par une motivation nationaliste. Simpliste et parfaitement absurde.
Prétendre construire une union politique sans jamais avoir pris la peine de valider cette politique par les urnes est absolument absurde. Ou plus pragmatique, c’est une ébauche de tyrannie qui se passe de l’assentiment de ses administrés et érigent ses règles d’auto gestion au jour le jour comme il vient de nous l’être démontré très récemment.