Le million qui ne vous sert à rien

Imaginez que les autorités envoient un chèque d’un million de dollars à tout le monde. Nous serions tous riches, pas vrai ? Eh bien non, en réalité. Explication.

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My 1st million by Jeremy Lim (CC BY-NC-ND 2.0)

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Le million qui ne vous sert à rien

Publié le 7 juillet 2019
- A +

Par Bill Bonner.

L’inflation est nuisible, mais c’est désormais le seul recours à disposition des autorités pour éviter la catastrophe.

Le seul véritable actif qu’ont les gens à leur disposition, c’est leur temps. Mais en 2018, il fallait environ deux fois plus d’heures de travail au citoyen américain moyen pour s’acheter une maison ou une voiture moyenne par rapport aux années 1970.

L’inflation de la Fed a gonflé les prix des actifs des riches ; elle n’a pas ajouté une seule seconde au temps du travailleur… ni augmenté la richesse de l’économie.

Et si on vous donnait 1 million ?

L’inflation n’est qu’une ruse, une tromperie. Imaginez que les autorités envoient un chèque d’un million de dollars à tout le monde.

Nous serions tous riches, pas vrai ? Bien sûr que non. Les prix grimperaient. Et nous serions bien vite de retour à la case départ.

Mais entre le moment où nous avons encaissé notre chèque et celui où les prix ont augmenté en conséquence… nous nous sentirions riches.

Nous dépenserions comme si nous l’étions. Les commerçants et les fabricants augmenteraient la production pour répondre à la nouvelle demande. Cela ressemblerait donc à un véritable boom… pendant un temps.

Tel est le prétendu “effet richesse” sur lequel pariaient les autorités. Si une hausse des prix des actions pousse les gens à se sentir plus riches, ils iront dépenser leur argent !

Sauf qu’une entreprise ne peut pas vraiment faire de gains en vendant des biens et des services à des gens qui ne peuvent pas vraiment se les permettre. Avant longtemps, les consommateurs, les entreprises et les investisseurs réaliseraient qu’ils ont trop dépensé, trop construit, trop engagé.

Ils devraient alors réduire l’allure… produisant un krach égal et opposé au boom factice qui l’a précédé.

On achète des produits avec des produits

Chaque boom basé sur de l’inflation plutôt que sur des revenus réels est condamné à échouer.

Comme le disait l’économiste Jean-Baptiste Say, on achète des produits avec des produits, non avec de l’argent.

Il voulait dire par là que la richesse réelle est la capacité à fournir des biens et des services aux autres – soit, en fin de compte, une mesure de votre temps et de votre productivité. Le temps ne peut être augmenté. Seule la productivité peut être améliorée mais c’est un processus long et exigeant.

Et peu importe que l’on distribue des morceaux de papiers imprimés. Au lieu de stimuler la croissance et la productivité, l’inflation fait tout le contraire. Elle fausse, masque et censure l’information essentielle sur les prix dont les gens ont besoin pour prendre des décisions.

Le résultat est toujours négatif – des bulles, des crises… et une baisse des taux de croissance. Si l’on lisse la croissance US – en se basant sur la moyenne mobile à 10 ans – des deux dernières décennies, on s’aperçoit qu’elle atteint tout juste la moitié de celle des deux décennies précédentes.

Cela nous ramène au vieux dicton de Richard Russell : l’inflation ou la mort. La croissance du PIB réel décline. Une récession se prépare. Le seul moyen pour les autorités de maintenir cette expansion inflationniste, c’est encore plus d’inflation. Où est-ce que cela nous mène ?

Pour plus d’informations, c’est ici.

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  • On pourra aussi se souvenir de la célèbre parabole : « Donne un poisson à un homme, tu le nourris pour un jour. Apprends lui à pêcher, il se nourrira toute sa vie. »

    • Je connais pour ma part la variante belge :
      Donne un poisson à un Belge tu le nourris une fois. Apprends lui à pêcher, tu le nourris pour toujours, une fois !

  • Tiens ! Tiens ! On croyait que Karl Marx et John Maynard Keynes avaient réfuté Jean-Baptiste Say, définitivement et sans appel, et revoilà l’inventeur de l’entrepreneur sur le devant de la scène ! Merci Bill Bonner pour cette réhabilitation. Mais n’oublions pas que Say niait toute éventualité de surproduction, et là, il faut dire qu’il exagérait un peu. Il faudrait affiner l’analyse.

  • J’hallucine toujours de voir des gens s’endetter sur des décennies pour acquérir un logement et finir propriétaires une fois vieux ou morts.

    • En principe, on n’emprunte que pour acheter tout de suite. Le fait que vous ayez un emprunt à rembourser n’empêche pas que vous êtes propriétaire.

      • @xc c’est vrai, mais pas en droit américain: vous n’êtes propriétaire qu’à la fin du remboursement. Ce qui a grandement facilité la recupération des logements par les banques lors de la crise des subprimes…

      • non en cas de défaut de paiement c’st e préteur qui recupere le bien

    • Ça dend sur combien de décennies et quand vous commencez votre emprunt.

    • Quand on est vieux et moins productif, il est hautement désirable d’être propriétaire de son logement au lieu de devoir payer des loyers avec un revenu plus faible.

      • @cavaignac
        Pas forcement vrai. Si vous avez achetez en 1970 pas tres cher et vous revendez au plus haut comme maintenant c est sur.
        Par contre acheter maintenant c est quasiment l assurance d une moins value dans 20-30 ans (qui pense sincerement que la FED/BCE vont continuer comme ca avec des taux negatifs jusqu en 2050 ?)
        Pire etre proprietaire augmente vos chances d etre chomeur (logique, vous pouvez pas facilement demenager)

        Et si on doit calculer il faut aussi prendre en compte que la personne qui n a pas achete de logement a plus d argent qu elle aurait pu investir ailleurs. Supposons qu elle ait achete un appartement a paris il y a 30 ans ou qu elle ait achete des actions apple au meme moment. Qui est gagnant ? (avec les actions apple vous n aurez aujourd hui plus besoin de travailler)

        • Oui mais on aurait pu aussi prendre des actions chez Lehman en suivant votre raisonnement, ça s’apparente plus à de la loterie.

        • « l’assurance d’une moins value » : logique d’investisseur. Le gars qui vit dans son logement se fiche de sa valeur monétaire. Pour l’action Apple, on ne vit pas dedans. Quant à la moins-value (question intéressant les héritiers), si l’appartement perd 50%, l’action Apple perdra 99%.

          Enfin, savoir s’il y a plus de chômeurs chez les propriétaires ou chez les locataires serait une statistique intéressante à établir.

          • la question n interesse pas que les heritiers. Il est aujourd hui assez rare de rester au meme endroit toute sa vie.
            Vous allez devoir vendre en cas de:
            – divorce
            – mutation (soit promotion soit simplement votre poste et supprime et vous devez trouver un autre job)

            Pour l influence du taux de proprietaire sur le choamge, voici les stats de l INSEE : https://insee.fr/fr/statistiques/3536038

            PS: non seulement je suis pas sur que Apple perd 99 % si l immobilier francais perd 50 %, mais meme si apple perdait 50 % pour une baisse de 20 % de l immobiler ca resterai rentable. En 10 ans, le cours a ete multiplie par 10. Supposez que vous ayez mit 100, vous avez aujourd hui 1000. avec une baisse de 50 % il vous reste 500 (soit 5 fois la mise)
            Avec de l immobilier, vous avez 100, vous avez du emprunter (disons que vous etes riche et vous avez 50 % d apport perso). donc votre appart vaut 200. A paris (cas tres favorable) il a double sur 10 ans, donc aujourd hui il vaut 400. Si on suppose une chute de 20 % il ne vaut plus que 320. Une fois l emprunt deduis (pour faire simple, je prends un taux de 0 %), il vous reste 220. A comparer avec les 500 d actions 😉

    • Je me suis endetté il y a 15 ans pour acheter une maison. Je n’en serai jamais propriétaire, vu que je n’aurai jamais les moyens de rembourser ma dette en entier (en Suisse, ce n’est pas comme en France, les banques nous obligent à amortir notre emprunt à hauteur de 1%/an et de conclure une assurance-vie liée à notre bien).

      Mais en attendant, pour ma maison de 4 chambres et 900m2 de terrain (avec piscine), je paye un « loyer » à ma banque beaucoup plus bas (près de deux fois moins) que ce que je payerais si j’habitais un appartement de 3 chambres, avec les nuisances habituelles des immeubles locatifs.

      Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter. Et plutôt 2 fois qu’une

    • le pb c’est que si tu es a la retraite et que tu doives payer un loyer
      le loyer augmentant plus vite que ta retraites un jour tu ne peux plus bouffer

  • Oui bien sûr! C’est comme augmenter le smic ou les prestations sociales, cela provoquera de l’inflation indésirable, mieux augmenter à l’infini les revenus des riches pour une inflation désirable.

    • Augmenter le smic ou les prestations sociales, ou encore passer aux 35h, ça se paye par 6,5 millions de chômeurs. Augmenter les prix des actifs des riches, ça se paye par une crise façon 1929.

      Les deux procédés sont des illusions économiques.

      Ni l’un, ni l’autre.

  • Je ne comprends pas ce que l’article veut expliquer, ce que l’auteur veut démontrer (sauf si c’est le fait que si tout le monde est riche, personne n’est riche, mais je n’ai plus 10 ans…).
    L’inflation est automatique dès qu’une personne/entreprise emprunte avec un taux d’intérêt, ce qui est tout le temps le cas. Le libéralisme économique crée l’inflation, c’est de l’offre et de la demande d’argent.

    • L’inflation est un phénomène monétaire consistant en une augmentation de la masse monétaire sans contrepartie d’augmentation des richesses créées.

      Il n’y a pas d’inflation si vous remboursez l’emprunt, puisque l’argent créé lors du prêt est détruit lors du remboursement. L’intérêt payé est une part de la richesse créée grâce à l’emprunt, destinée à rémunérer le prêteur pour le service rendu. L’intérêt est la rémunération du renoncement à une consommation immédiate. Les intérêts payés ne créent aucune inflation, pas plus que les salaires d’ailleurs (la courbe de Phillips est une profonde idiotie conceptuelle).

      Les faillites sont inflationnistes. Les dettes publiques impayables sont également inflationnistes puisque l’Etat ne crée aucune richesse au-delà de ses fonctions régaliennes. Les QE sont inflationnistes. L’argent créé sans contrepartie de richesse est inflationniste car cet argent ne peut plus être détruit en fin de compte.

      • merci pour cette explication plus sérieuse.
        Et la courbe de Phillips n’est pas une idiotie, c’est juste que vous n’êtes pas de cet avis….

        • Phillips a cru faire une immense découverte comblant les trous béants du vide sidéral keynésien mais ses données ne collaient qu’à une très courte période non significative. Sa thèse est fausse le reste du temps, avec une absence de relation positive inverse entre inflation et chômage. Créer de l’inflation n’a jamais fait baisser le chômage. Sans effort, on démontre même le contraire à long terme. Caramba, encore raté ! La théorie keynésienne et ses équations magiques ne sont décidément qu’une immense foutaise pour universitaires prétentieux.

          • Mais pourquoi il devrait avoir une relation inverse ? Et comment d’ailleurs ? Mettre la charrue avant les boeufs et dire que ça ne fonctionne pas, c’est étrange nan ?

  • « Le seul véritable actif qu’ont les gens à leur disposition, c’est leur temps. » J’ajouterai leur temps « en bonne santé ». Une des premières notions que les parents devraient inculquer a leurs enfants.
    Ou apprise à l’école dans quelques décennies …

  • l article est partiellement faux. le credit peu servir a amorcer la pompe.
    ex je vend des voitures a credit. comme je vends beaucoup de voitures, j embauche des ouvriers qui une fois payé vont consommer et donc injecter de l argent qui va permettre aux gens de rembourser le credit pour leurs voitures …

  • « La folie est de faire et de refaire la même chose en espérant des résultats différents » .- Albert Einstein

  • « La recette pour éviter une dépression est simple : évitez de tenter de démarrer une expansion économique  » – Murray N. Rothbard

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