Par Alexandre Massaux.
Le samedi 30 mars, la candidate progressiste Zuzana Čaputová est élue présidente de la République slovaque à l’issue du second tour avec 58 % des voix exprimées face au candidat social-démocrate Maros Sefcovic. Si les pouvoirs du président slovaque sont faibles, ce résultat est révélateur d’une tendance générale en Slovaquie.
Un contexte national marqué par la corruption et un sentiment pro-européen
Zuzana Čaputová a mis l’accent sur la lutte contre la corruption pendant sa campagne. Selon l’index 2018 de Transparency International, la République slovaque est classée 57 sur 180 en matière de corruption, ce qui la place après les pays d’Europe occidentale, mais aussi après la plupart de ses voisins frontaliers membres de l’UE comme la Pologne (36ème), la République tchèque (38ème) et l’Autriche (14ème). Seule la Hongrie (64ème) la dépasserait en matière de corruption. Ce problème impacte l’économie slovaque : selon l’index de liberté économique de l’Heritage Foundation, la Slovaquie, classée 65 sur 180, possède l’économie la moins libre du groupe de Visegrad en se situant juste après la Hongrie. Cette situation est due au manque de transparence d’une bureaucratie très présente et d’une des plus faibles confiance populaire envers la justice en l’Europe. Les institutions publiques, gangrenées par la corruption, sont incapables d’assurer l’État de droit correctement.
L’assassinat en janvier 2018 du journaliste slovaque Jan Kuciak et de sa fiancée alors qu’il enquêtait sur les liens entre des hommes politiques slovaques et la mafia calabraise a mis en évidence l’ampleur de la corruption et a été l’une des étincelles qui ont propulsé Zuzana Čaputová vers le sommet.
La corruption est un problème majeur en Slovaquie, mais le pays est animé d’un sentiment européen non négligeable. En effet, si les Slovaques sont à 35 % satisfaits de la gestion démocratique de leurs dirigeants nationaux, ils sont 45 % à approuver l’action démocratique au niveau européen. La confiance envers les institutions européennes est ainsi plus forte que celle envers les autorités slovaques. Il n’est pas surprenant que la rhétorique pro-européenne de Zuzana Čaputová ait été bien acceptée.
Une présidente plus progressiste que libérale
Beaucoup de médias ont attribué le qualificatif « libéral » à la nouvelle présidente. Dans les faits, elle s’inscrit davantage dans une politique progressiste basée sur l’écologie, l’autre cheval de bataille de Čaputová avec la corruption, reposant sur une plus grande intégration dans l’UE. Thèmes qui ne sont pas sans rappeler ceux que LREM utilise actuellement pour les élections européennes. Il s’agit plus d’un libéralisme au sens nord-américain du terme (social-démocrate) que du libéralisme classique.
Il convient toutefois de noter que le parti Slovaquie progressiste auquel Čaputová est rattachée est pro-entreprise en proposant une simplification administrative et législative ainsi qu’une baisse des taxes. Il sera intéressant de suivre laquelle de ces tendances sera dominante.
Une rupture improbable avec les autres membres de Visegrad
Si au premier abord, l’élection d’une candidate progressiste peut faire croire à une rupture entre la Slovaquie et ses voisins plus conservateurs, ce scénario reste pour l’instant improbable. Tout d’abord, la Slovaquie est dépendante commercialement de la République tchèque (2ème partenaire pour l’importation et l’exportation) et de la Pologne (3ème partenaire pour l’exportation et 6ème pour l’importation). D’où l’intérêt pour Bratislava de soigner les relations avec ses voisins.
De plus, la Slovaquie progressiste est membre du parti européen ALDE, dans lequel se trouve aussi ANO, le parti « populiste » au pouvoir en République tchèque. Il faut donc s’attendre à un dialogue, même informel entre les deux partis.
Enfin, on peut augurer une continuité voire un renforcement de la politique pro-OTAN de la Slovaquie qui était déjà présente sous le mandat du président actuel Andrej Kiska. La méfiance envers la Russie et le fort soutien envers l’Atlantique nord seront d’ailleurs des points de rapprochement entre Zuzana Čaputová et son homologue polonais.
En conclusion, il faut espérer que Zuzana Čaputová parvienne à créer un nouvel élan politique afin d’assainir le pays de la corruption et de permettre un développement économique des entreprises sans faire les mêmes erreurs qu’Emmanuel Macron :  un progressisme socialisant et des réglementations politiques.
« En conclusion, il faut espérer que Zuzana ÄŒaputová […] »
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Espérer ? Espérer ?!!! On a espéré que Macron le « social-libéral » serait davantage libéral que social. On a bien vu le résultat… En une fraction de seconde votre charmante Zuzana va vous faire cocu. Elle se mettra à cracher comme Macron sur le très méchant ultra-néolibéralisme, si ce n’est pas déjà le cas. Bref, il n’y a rien à espérer de tous ces politicards.
La nouvelle présidente est surtout dans les clous de l’euromondialisme. A l’instar de Macron, ces candidats-là ont davantage de chances d’accéder au pouvoir, appuyés qu’ils sont par le soft power.
“une alliée pour Macron en Europe centrale ?”
Ils ne sont pas pro européens, ils cherchent des alternatives. Pour le reste, le seul poids qu’ils prendront en compte (et comme le groupe de Visegrad), c’est celui de l’Allemagne. La réalité…
Comme Macron devrait trouver une entente formelle avec l’Italie et son gouvernement même politiquement différent. Parce que la réalité est la plus forte.
Dès que je lis “candidate progressiste”, une lumière rouge s’allume dans mon cerveau qui dit: DANGER.rnts
Progressiste et pro-EU, tous les ingrédients d’une femme catastrophe sont réunis.