Pourquoi cette guerre pour le contrôle des monnaies numériques ?

Les banques centrales souhaitent prendre le contrôle des monnaies numériques pour imposer la société sans cash, limiter le rôle des banques et contrôler les citoyens.

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Bitcoin (CC BY 2.0)

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Pourquoi cette guerre pour le contrôle des monnaies numériques ?

Publié le 30 décembre 2018
- A +

Par Dan Denning.

Nous avons vu que la Banque d’Angleterre, le FMI et la Banque de France ont délibérément et simultanément attaqué le bitcoin.

Les élites financières ont également mené leur attaque contre les cryptos par le biais des grands medias d’information au cours des dernières semaines. L’économiste Nouriel Roubini a défendu dans The Guardian la création d’une monnaie numérique émise par les banques centrales afin de remplacer le système de paiement actuel et de retirer aux banques commerciales leur pouvoir de création monétaire (elles conserveraient cependant la possibilité de prêter, à la condition de conserver un taux de réserve de 100 %).

La monnaie numérique imaginée par Roubini ne serait pas adossée à la technologie blockchain (qui est selon lui trop coûteuse, non sécurisée et non adaptée à un usage à grande échelle). D’après Roubini, il est également préférable d’oublier l’idée d’une monnaie décentralisée. La centralisation serait désirable (et nécessaire) afin de maintenir le contrôle des autorités sur la monnaie.

Il n’y a qu’un seul petit problème : dans ce système, quel serait le rôle des banques ? Vous savez, ces institutions qui dirigent Wall Street et contrôlent le système de la Réserve fédérale américaine… D’après Roubini (j’ai mis en gras la partie qui me semble la plus importante) :

« Le problème principal avec ce nouveau système est qu’il serait profondément disruptif pour le système actuel de réserve fractionnaire par le biais duquel les banques commerciales sont autorisées à prêter davantage que le montant des dépôts à vue dont elles disposent.

Les banques ont besoin de dépôts afin de prêter et d’investir. Si l’ensemble des dépôts étaient transférés des banques privées vers le nouveau système de monnaie numérique émise par la banque centrale, alors les banques traditionnelles verraient leur rôle changer radicalement. Elles ne seraient plus que des intermédiaires de crédit, empruntant des fonds à long terme (au lieu d’utiliser les dépôts à vue) pour financer les prêts qu’elles accordent sur des échéances longues (par exemple les prêts immobiliers).

En d’autres termes, le système de réserve fractionnaire serait remplacé par un système de ‘monnaie pleine’ administré principalement par les banques centrales. Il s’agirait d’une véritable révolution financière, une révolution qui apporterait de nombreux avantages. Les banques centrales seraient dans une bien meilleure position pour être capables de prévenir les bulles de crédit, empêcher les paniques bancaires, améliorer l’adéquation des durées de maturité entre les crédits émis et leur refinancement par les banques, et réguler le niveau de risque pris par les banques privées dans le cadre de leurs activités de crédit. »

L’objectif fondamental est le contrôle. Les cryptos et le bitcoin menacent la capacité des élites à nous contrôler. Elles n’ont aucune place dans ce système. Bitcoin a été poignardé dans le dos par le FMI, la SEC et la NSA.

À la place, les autorités veulent nous imposer un système de monnaie numérique, interdisant aux citoyens d’avoir recours à l’argent liquide. Cela implique pour nous citoyens la disparition de toute notion d’anonymat dans les transactions que nous réalisons : les autorités pourront connaître chacun de nos faits et gestes. En d’autres termes, ce serait notre pire cauchemar.

Un tournant historique pour le système monétaire actuel

Nous sommes aujourd’hui face à un carrefour historique pour le système monétaire. L’industrie financière veut contrôler le système monétaire car c’est le moyen le plus rapide d’accumuler de vastes fortunes.

Le contrôle du système monétaire est un moyen pour obtenir davantage de richesse. Le pouvoir de création monétaire détenu par les banques est important, mais il n’est qu’un moyen pour atteindre leur véritable objectif, l’enrichissement sans limite.

En revanche, les psychopathes étatistes et autoritaires veulent le contrôle du système monétaire car c’est un moyen pour eux d’obtenir le pouvoir politique, leur objectif ultime. C’est pour cette raison qu’ils se livrent à une véritable guerre contre le cash, comme nous l’expliquons depuis des années. C’est une guerre contre votre liberté de générer et détenir de la richesse en dehors du système financier.

La fin de la convertibilité directe du dollar américain en or n’était qu’une première étape.  Les nombreuses lois et réglementations, qui permettent par exemple aux autorités dans certains pays de confisquer systématiquement de larges quantités d’argent liquide détenue par des personnes accusées d’un crime avant même d’avoir été jugées, est une autre illustration de cette guerre.

L’assassinat du bitcoin est la prochaine étape.

Le système monétaire, avec l’avènement des nouvelles technologies et d’une société ou presque tous les paiements sont électroniques, constitue à présent le moyen le plus rapide, le moins coûteux et le plus facile pour contrôler la vie et les choix de milliards d’individus.

Le système de réserve fractionnaire est une stratégie éprouvée pour obtenir le contrôle de la création monétaire et ainsi accumuler de larges fortunes.

Mais l’idée fait son chemin que la banque centrale devrait émettre directement sa propre monnaie numérique. Cette revendication implique que le pouvoir de création monétaire devrait être centralisé afin de donner aux autorités le pouvoir de contrôler et de contraindre la population, de lui imposer de respecter des standards moraux jugés supérieurs.

Le camp de la finance risque d’être pris de court par le camp des autorités étatiques dans cette guerre des monnaies numériques. Dans tous les cas, les citoyens se retrouveront otages au milieu des tirs croisés dans cette bataille pour le contrôle monétaire. Vous devez vous y préparer dès maintenant afin d’être protégé le moment venu.

Pour plus d’informations, c’est ici.

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  • un black out total et mondial et tout le monde se retrouvera sur la paille ; ne riez pas , cela peut se produire ;

  • Se protéger… mais comment ?

  • A mon avis un bon système monétaire est un système dans lequel la création monétaire se fait en échange d’un projet sérieux : la banque ouvre une ligne de crédit et en échange met dans son bilan un titre de propriété sur le projet correspondant. Si la banque a sélectionné soigneusement les projets, il y aura peu de défauts qui pourront être compensés par une partie du taux d’intérêt. Et bien entendu au fur et à mesure de l’avancement du projet, il y aura destruction progressive et simultanée de la monnaie créée initialement et du titre de propriété inscrit au bilan de la banque.
    Le nœud de l’opération est la sélection des projets. Des banques situées au plus près de la demande de crédit sont vraisemblablement bien mieux armées pour cela qu’une banque centrale irresponsable (elle ne peut pas faire faillite) ayant le monopole de la création monétaire.

  • Le contrôle du citoyen par des élites autoproclamées technocratiques, voilà le projet qui date d’une bonne centaine d’années (Milner & co).
    C’est contre ce projet liberticide à la Jean Monnet que nous devons lutter de toutes nos forces.

  • Article aux arguments incompréhensibles.

    On nous a répété sur tous les tons, avec des trémolos dans la voix, que le bitcoin, parce qu’il était totalement décentralisé, ne craignait rien, était invulnérable aux attaques des étatistes collectivistes, qu’il était la solution miracle de la décentralisation du pouvoir monétaire et pour se passer d’intermédiaires. Et voilà qu’en moins de trois misérables déclarations en apparence coordonnées (BoE, FMI, BCE), en raison d’une vile spéculation de bas étage, on pleurniche parce qu’il menacerait de s’effondrer.

    Dites-vous bien que si une spéculation a été suffisante pour faire chuter la valeur d’un actif, c’est que cette spéculation était nécessaire, utile et justifiée. Inversement, lorsque la valeur d’un actif est juste et légitime, aucune spéculation ne peut espérer l’entamer.

    Par ailleurs, en quoi la création d’une monnaie numérique par les banques centrales pourrait-elle menacer le bitcoin ? Il existe déjà plusieurs milliers de cryptos. Une de plus ou de moins dans le paysage ne devrait rien changer à la situation, peu importe qui l’émet, tant qu’on ne nous oblige pas à l’utiliser.

    Au risque de se répéter, c’est ne rien comprendre à la monnaie que s’attaquer au principe des réserves fractionnaires. La maladie monétaire est ailleurs. Elle provient du monopole de création monétaire attribué aux banques centrales et de la solidarité de fait imposée par l’usage d’une monnaie unique par l’ensemble des banques d’un territoire donné. Si on espère sortir par le haut de la série des crises monétaires et financières, il convient d’imposer la concurrence monétaire selon un principe simple, contraignant chaque banque à gérer sa propre monnaie. La concurrence monétaire est la condition nécessaire et suffisante de la fiabilité, de la résilience et de l’efficacité d’un système monétaire moderne. La concurrence doit être imposée par la force publique aux banquiers qui prétendent jouir du pouvoir de création monétaire, avec comme conséquence que la force publique ne doit pas disposer elle-même du pouvoir de création monétaire, en respect du principe de séparation des pouvoirs.

    Au moins, la tentative des crytomonnaies nous aura appris une vérité essentielle de la monnaie : l’effondrement d’une cryptomonnaie que nous ne possédons pas nous indiffère car nous ne sommes pas solidaires des porteurs de cette monnaie. De la même manière, en Europe, l’effondrement du bolivar vénézuélien nous est indifférent, parce que nous ne sommes pas solidaires des porteurs de cette monnaie faillie. En revanche, si nous avions été obligés de l’utiliser par la contrainte d’un pouvoir centralisé, nous serions tous sévèrement appauvris. Ceci est également vrai pour l’euro ou le dollar par exemple. L’existence du monopole monétaire de la BCE ou celui de la Fed est un danger permanent intolérable qui menace nos existences. Il convient d’y mettre un terme, et le plus rapidement sera le mieux.

    • Largement d’accord avec vous. Il est vrai que la BCE crée beaucoup trop de monnaie mais il est faux qu’elle ait un monopole. Toutes les banques privées distribuent bien plus de crédits que leurs fonds propres, ce qui est une création monétaire importante. Le problème c’est que les états par des réglementations contraignantes forcent les banques et assureurs à acheter beaucoup de dette publique. Les banques (et c’est bien compréhensible !) s’empressent de les refourguer immédiatement à la BCE dont le bilan est saturé de dettes publiques. C’est bien là le vice profond du système. Alors que la banque centrale ne devrait limiter son action qu’à de l’escompte de court terme, tout se passe comme si elle achetait directement (qu’il y ait un intermédiaire ne change rien) des masses de dettes publiques. Il est vrai que ces dettes publiques sont une contrepartie assez sure mais elles ne sont hélas pas gagées par des projets de production mais seulement par des promesses de lever des impôt futurs. C’est une différence de taille car un projet de production signifie une augmentation à venir de la production alors qu’un projet de levée d’impôts n’implique aucune augmentation future de production. Bien au contraire la perspective d’impôts plus lourds ne peut que décourager (ou faire fuir) les entrepreneurs.
      C’est toute la différence entre dette privée et dette publique. Si l’augmentation de la première peut stimuler l’économie (seulement si les banques sont sélectives bien sur), l’augmentation de la deuxième ne peut que la déprimer.

      • Les banques créent de la monnaie par délégation de la BCE. Mais c’est bien cette dernière qui est entièrement responsable en dernier ressort de la création monétaire.

        Si une banque fait faillite, nous sommes obligés, soit de la renflouer, soit de subir l’inflation induite par ses pertes. Dans tous les cas, nous sommes appauvris sans raison, collectivement contraints à assumer les pertes des banquiers par le biais du monopole de l’euro. Sachant cela, les banquiers peuvent choisir de faire n’importe quoi. Ils se déchargent sur nous des conséquences de leurs décisions, de leurs responsabilités individuelles, au lieu d’être personnellement ruinés. Contraints par la banque centrale, nous sommes leur garantie en dernier ressort, ce qui leur donne un pouvoir injustifié sur toute la population soumise au monopole.

        Il est nécessaire de casser le lien de solidarité forcée en cassant le monopole monétaire de la banque centrale. Le monopole monétaire est l’antithèse du véritable capitalisme et de la responsabilité personnelle et de la prise de risque raisonnée qu’il implique.

        Pire encore, le monopole empêche la découverte du véritable prix de l’argent, une des informations les plus importantes d’une économie, et nous devons à la place subir un tarif administratif de la monnaie, tarif décidé par quelques fonctionnaires incompétents par destination, ainsi que les taux négatifs le démontrent amplement, jusqu’à l’absurde.

      • Vive le troc!
        Et si Internet peut servir à quelquechose, c’est bien à le généraliser.

    • Une question :
      Pourrait-on vraiment instituer une concurrence monétaire sans passer par un étalon métal, ou autre…
      Dit autrement, si l’état doit garantir les contrats entre créateurs et utilisateurs de monnaie, ne faudrait-il pas une définition « physique » de ce que serait la monnaie ?

      • Plutôt que l’étalon métal, je vous propose l’étalon-cigare ou l’étalon-cognac. Attention à ne pas consommer ! Plus sérieusement, quel est l’intérêt d’un étalon physique alors que nous sommes les véritables étalons de la valeur, chacun selon notre rationalité ?

        • Nous sommes effectivement juge de la valeur que nous donnons au choses, mais notre jugement se fait aussi dans un environnement, dans une histoire, qui nous influence. Alors c’est vrai pourquoi pas l’étalon cognac ? Mais la concurrence ne se nourrit elle pas d’une obligation de loyauté ; comment « exprimer » cette loyauté. Bitcoin par exemple nous dit : il n’y aura pas plus de X bitcoins créé. n’est il pas nécessaire pour chacun de nous d’avoir une certitude pour espérer un jour un système plus sain ?

        • Je relance !
          non que je fasse une fixation sur le métal, mais parce mes questions me permettent d’ordonner mes idées.
          Je mesure que votre trait d’ironie proposant une indexation sur les cigares ou le cognac n’a en effet rien de déplacé. Comment, quidam, apprécierai je mieux la valeur de la monnaie au prétexte qu’elle serait exprimé en une seule contrepartie. Mais surtout, mon appréciation est-elle utile ? Pour que la concurrence soit efficace, il faut une boucle de réaction, qu’un signal soit perceptible par l’utilisateur. N’est-ce pas, moins que la concurrence, ce signal qui fait défaut ?
          Les ouvrages traitant l’histoire de la banque libre, alors que la monnaie était adossée à un métal, nous montrent une boucle de réaction assez courte. C’est dans les chambres de compensations qu’étaient « suspectées « de possible anomalie. Et finalement la vigilance du banquier se nourrissait moins de la crainte d’une perte de clientèle que de la soudaine exigence d’honorer l’engagement contractuel consistant à fournir une certaine quantité de métal contre tel bout de papier.
          Aussi, n’est-il pas vain de » miser » sur la concurrence si les « boucles de réactions restent trop étendues. Peut-on vraiment apprécié la qualité des engagements pris par la somme des banques ? Ou, La distance entre Francfort et Athènes peut-elle être réduite…

  • Un rappel : https://www.contrepoints.org/2011/09/08/44835-denationaliser-la-monnaie
    Cavaignac : largement d’accord avec vous, sinon qu’il n’est pas nécessaire de contraindre chaque banque à gérer sa propre monnaie, mais seulement de les y autoriser; et de mettre fin au principe du « payeur en dernier ressort » et du « too big to fail » en laissant les banques supporter les conséquences de leurs erreurs.

  • donc il ne faut pas tomber dans ces nouveaux PICs (Pièges à C..s)

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