Guerre contre le cash : abolir pour asservir

Le Financial Times veut le pouvoir absolu pour les États et les banques centrales.

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Argent - Pièces de monnaie - Euro (domaine public)

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Guerre contre le cash : abolir pour asservir

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 11 septembre 2015
- A +

Par Sébastien Maurice.

Argent - Pièces de monnaie - Euro (domaine public)

Dans un article paru anonymement et intitulé « Pour en finir avec une autre relique barbare » le Financial Times cherche à faire croire que les problèmes économiques actuellement rencontrés seraient la conséquence de la thésaurisation d’argent liquide par les ménages. Le quotidien britannique emploie le même vocabulaire de mépris que pour l’or, qui représentait – avant l’abandon du gold standard en 1971 – le dernier rempart contre les politiques inflationnistes sans limites des banques centrales.

Pour stimuler l’économie, le journal suggère qu’il faudrait forcer les ménages à dépenser plutôt que d’épargner en donnant aux banques centrales le pouvoir d’imposer des taux d’intérêt négatifs. Bien entendu une telle politique est impossible si les citoyens conservent la liberté de convertir leur épargne bancaire en argent liquide. Cela ne ferait donc que renforcer la thésaurisation comme le montre l’expérience suisse, plongeant l’économie dans une spirale déflationniste.

La solution selon le Financial Times ? Supprimer purement et simplement l’alternative de l’argent liquide.

Au-delà des problèmes économiques que provoquerait une telle politique, donner le pouvoir aux banques centrales de prélever un « taux d’intérêt » négatif sur l’épargne des citoyens, c’est en réalité pour la première fois de l’histoire leur donner un pouvoir de taxation. Seulement, les banques centrales ne sont pas dirigées par des représentants du peuple élus démocratiquement. Elles sont actuellement entre les mains de technocrates et bénéficient d’une totale indépendance vis-à-vis du parlement.

Ce projet contredit donc les principes fondamentaux de nos démocraties. En effet, toute taxation des citoyens n’est légitime que si le gouvernement est représentatif de la volonté populaire. C’est le vieux slogan des révolutionnaire américains de 1776 « pas d’impôt sans représentation » (no taxation without representation), plus tard repris par les suffragettes.

Cette indépendance des banques centrales – certains diraient opacité – va jusqu’à rendre impossible un audit du bilan de la Fed par le congrès américain. Il en va de même en Europe avec la BCE, l’équivalent de la Fed.

En Europe la situation est peut-être encore plus grave, puisque les dirigeants de l’UE ont voté la mise en place dès janvier 2016 du mécanisme de bail in, qui permet aux banques privées de se servir dans votre épargne en cas de difficultés nécessitant une recapitalisation. Et convertir ces dépôts en espèces est un des derniers remparts qu’il nous restait pour nous protéger…


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  • aujourd’hui on utilise encore le cash massivement et cela se fait naturellement en euros. si on supprime le cash, ce sera uniquement le cash euros, rien ne nous empêchera de faire nos transaction en dollars…
    Maintenant, admettons que le cash disparaissent totalement, qu’est ce qui nous empêcherait de basculer massivement sur des monnaies non-fiduciaires? comme le bitcoin. L’effet sur les banques centrales seraient encore pire que le cash.
    pour moi abolir le cash, c’est abolir dans le même temps la barrière psychologique qui nous empêche actuellement de nous affranchir des monnaies fiduciaires.

    • Malheureusement, je pense qu’une majorité suivrait. Ça râlerait un peu, puis ça se calmerait vite. Mais il est sûr que je ferais partie des gens dont vous parlez, oui.

  • Cela ne serait possible que si tous les pays font disparaitre le cash, car beaucoup sont demandeurs de devises! Certaines populations de pays étrangers ne possèdent même pas de compte en banque et ne connaissent que le cash !
    De plus , même si les banques prélèvent des intérêts négatifs pour vous obliger à tout dépenser , disons , à une date définie , vous n’aurez donc plus rien à cette date là , comment ferez-vous , si votre compte est vide , pour acheter une nouvelle machine à laver ou réparer votre voiture ( si elles tombent subitement en panne ) si on vous a obligé à tout dépenser pour telle date ?
    Cela engendrera inévitablement des troubles sociaux .
    Heureusement , notre meilleur allié reste la malhonnêteté des politiques : comment feront-ils pour passer leurs valises s’il n’y a plus de cash?

    • S’ils appliquent des intérêts négatifs sur ce qu’ils reste sur votre compte , dans ce cas ils devraient me rémunérer mon découvert !
      Plus sérieusement , comment vont faire les milliers de pauvres , de RSA , les chômeurs, de surendettés , de SDF , qui , de part leur situation ou du fait de leurs très faibles ressources , n’ont pas droit au chéquier ni à une carte de débit pour faire leurs achats ( ils n’ont qu’une carte de retrait au plafond très bas , les banques leur refusent des cartes de débit pour les achats )
      De plus , ( c’est triste à dire mais c’est une réalité ) , si le cash disparait ce seront des émeutes partout dans les banlieues car toute la relative paix sociale découle du fait des trafics ( drogue , armes, etc ) bien évidemment en liquide !

      • Entièrement d’accord.
        Ce sont des gens qui sont nourris directement à la mamelle de l’état via sa banque centrale.
        La bouche pleine, ils ne pensent qu’à eux.
        Les émeutes ? Des crève-la-faim ? Pas leur problème.
        Vu le conflit d’intérêt, on devrait parler de corruption.

  • Le Financial Times , non seulement ne vaut rien, mais n’est plus qu’un canard pour vauriens.

    « il faudrait forcer les ménages à dépenser » : et la peine de mort pour ceux qui n’obéissent pas?

    Et les sans-abris, comment feront-ils? On organise la soupe populaire dans toutes les villes?

    Les propos de ce canard sont anti-démocratiques et parfaitement totalitaires.

  • Reste à savoir comment la population réagirait à ce projet collectiviste qui n’est rien d’autre qu’une monnaie fondante. Rapidement, le besoin de liquidité serait plus fort que la volonté politique de spoliation et n’importe quel bien ferait fonction de monnaie de substitution, la population délaissant la monnaie monopole officielle. Conséquence indésirable, comment payer les impôts si on ne possède plus la monnaie officielle ? Payer l’impôt deviendrait matériellement impossible.

    Non, décidément, ils peuvent tenter toutes les expériences totalitaires monétaires ou budgétaires possibles pour gagner du temps de survie, les politiciens devront tôt ou tard réduire les dépenses publiques, donc leur pouvoir. Mêmes s’ils ne l’admettent pas encore, leurs Etats obèses sont déjà condamnés.

    • Mais s’ils peuvent, ils n’hésiteront pas à faire tomber toute la société civile, avant.

    • J’ai un nom pour cette monnaie fondante : « Fondante comme neige au soleil », ou « neige » pour faire court.
      En France ce sera le « Hollande » ou le « PS ». Au niveau du FMI, ce sera le « Keynes ».

      Sans blague, sans monnaie nous serions dans « le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley.

  • Plus de cash, plus de corruption.. ce serait étonnant que les politocards se résolvent à cette alternative.

    • Plus de cash, plus de corruption? C’te blague, vous rigolez?

      L’univers marche avec des règles immuables qu’on ne peut transgresser. La vitesse de la lumière ne peut être dépassée, les corps s’attirent entre eux par la gravité et les gouvernements sont corrompus, société sans cash ou pas.

    • Pas besoin de cash, quand un bon pourcentage de la corruption se paye en service. On construit une piscine, on obtient le marché en echange, on refait l’appartement du gamin, on obtient un job au neveu en echange, on envoit une caisse de champagne, etc…
      Je serais curieux de savoir quel pourcentage de corruption repose sur des espèces… Probablement assez peu pour que les politiciens gardent leurs privileges en interdisant le cash…

  • Quand le cash sera abolit il suffira qu’un pirate informatique, qu’un terroriste mette le système informatique à terre pour que l’on ne puisse plus acheter de quoi s’alimenter, dans un avenir sans cash nous allons certainement un jour ou l’autre mourir de faim.

  • Les commentaires sont fermés.

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