La droite meilleure amie du monopole public et des charges sur les entreprises

Visiblement, le rétablissement de la compétitivité des entreprises n’est pas l’objectif des Républicains, et leur visée politique se limite à un immense immobilisme, au nom d’un âge d’or gaulliste totalement fantasmé.

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La droite meilleure amie du monopole public et des charges sur les entreprises

Publié le 23 novembre 2018
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Par Éric Verhaeghe.

Au Sénat, les Républicains, soutenus par Bruno Retailleau à l’Assemblée Nationale, se sont livrés à une large démonstration d’hostilité à la fiscalisation de la Sécurité sociale. Cette politique est pourtant la seule qui permette de diminuer le fardeau que les entreprises françaises portent en matière de cotisations sociales. Rappelons que le différentiel avec les entreprises allemandes est d’environ du simple au double. Plus généralement, les Républicains souhaitent un statu quo du monopole public en matière de protection sociale, à rebours des propositions de François Fillon durant les élections présidentielles.

On se souvient de la polémique que François Fillon avait suscitée en son temps en prônant le « recentrage » de l’assurance maladie sur le gros risque… Deux ans plus tard, les Républicains ont définitivement tourné la page de cet épisode, et proposent désormais l’exact contraire de ce qu’ils soutenaient jusqu’ici. Ce revirement complet illustre une façon de faire de la politique qui n’est selon nous pas près de leur porter chance, ni de les ramener durablement au pouvoir.

Bruno Retailleau et ses étranges déclarations

On reviendra par exemple sur les récentes déclarations de l’un des principaux lieutenants de François Fillon en 2017, Bruno Retailleau. Pour la chaîne Sénat, il a affirmé :

Les Français sont attachés à la Sécurité sociale. Les gaullistes, les communistes avaient fondé ce pacte social et national au sortir de la guerre. On est en train de sortir de ce modèle, sans dire aux Français qu’on en sort (…) on voit bien que la part des impôts devient de plus en plus importante, par rapport aux cotisations. (…) Il y a un modèle qui se rapproche du modèle anglo-saxon : on a un filet de sécurité pour les plus pauvres, c’est-à-dire qu’on augmente les minima sociaux. Et les autres se débrouillent. On désindexe les retraites, les prestations familiales. C’est une atteinte au principe d’universalité qui veut que chacun cotise en fonction de ses moyens, de ce qu’il gagne, mais tous reçoivent une prestation équivalente. Ce principe est écorné. On se dirige progressivement vers un modèle à l’anglo-saxonne, qui n’est pas le modèle français.

Cette charge virulente contre les timides réformes engagées par Emmanuel Macron laisse songeur. Retailleau manie ici trois arguments contraires au programme de 2017.

Le premier consiste à vouloir sanctuariser un modèle prétendument inventé en 1945, comme s’il s’agissait d’une relique du général de Gaulle. Or, la Sécurité sociale de 1945 ne prenait guère en charge que 20 % des dépenses de santé à cette époque, contre 75 % environ aujourd’hui. L’invention du reste à charge zéro en optique et en soins dentaires accentue cette tendance. La critique adressée par Retailleau, digne de la CGT, ne repose donc sur aucune donnée raisonnable.

Le deuxième argument consiste à critiquer la fiscalisation de la sécurité sociale. En creux, Bruno Retailleau préfère donc maintenir le système actuel, fondé sur des cotisations largement payées par les entreprises. On sait que cette pression socio-fiscale nuit gravement à la compétitivité des entreprises françaises. Les Républicains avouent ici qu’ils n’ont cure de ce sujet… Instructif !

Le troisième argument consiste à prétendre que le système français connaîtrait une évolution « beveridgienne », c’est-à-dire un glissement vers un système de solidarité, au détriment d’une logique d’assurance. Mais c’est précisément ce qu’il faut faire : réserver le monopole public aux plus pauvres, et laisser les classes moyennes choisir l’assureur qui leur convient le mieux. Les Républicains semblent ici préférer le maintien d’un monopole public.

Les Républicains, meilleurs ennemis de la compétitivité de nos entreprises

Une fois de plus, les Républicains sont donc pris la main dans le sac du monopole public et du déclin français. Visiblement, le rétablissement de la compétitivité des entreprises n’est pas leur sujet, et leur visée politique se limite à un immense immobilisme, au nom d’un âge d’or gaulliste totalement fantasmé.

Rappelons ici que, l’année où De Gaulle a quitté le pouvoir, la protection sociale, assurance chômage comprise, représentait moins de 18 % du PIB. En 2018, elle flirte avec les 34 %. Soutenir que toute mesure en faveur d’un rééquilibrage du système équivaut à une remise en cause de l’héritage du CNR est un argument qu’on attend dans la bouche des syndicalistes contestataires.

Venant des Républicains, cette ligne laisse pantois…

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  •  » l’année où De Gaulle a quitté le pouvoir, la protection sociale, assurance chômage comprise, représentait moins de 18% du PIB. En 2018, elle flirte avec les 34%. »

    La faute a qui?
    QUI a rendu la sécurité sociale universelle , qui a installé les minimums retraites , l’AME ,
    Avant de fiscaliser la sécurité sociale , il va falloir déterminer qui va payer et pourquoi..
    D’accord avec une augmentation générale de TVA , mais
    il conviendra de délimiter le périmètre des prestations et l’assiette fiscale , car il serait incohérent de vouloir encore une fois faire avec l’argent des autres

  • Il faut bien comprendre qu un politicien (LR ou non) a pour but premier d etre elu et reelu. Apres si vous savez qu une partie majeure de l electorat LR est composé de retraités vous comprenez mieux leur position : il s agit de taxer les actifs (jeunes et entreprises) afin de fournir des soins gratuits a leur electorat (eh oui, quand vous etes vieux vous consommez plus de soins medicaux et ceux ci coute plus cher). Autrement dit du simple clientelisme comme sait si bien le faire l ex vice president des LR (Gaudin dont on voit le brillant resultat a Marseille)

    Pour finir, je signale a l auteur que si Fillon avait en effet propose lors de la primaire de limiter le champs de la securite sociale au gros risque, il etait rapidement revenu la dessus quand il a vu l effet sur son electorat potentiel

    • Oui, enfin personne n’a demandé à l’électorat si il était prêt à payer beaucoup moins et en échange de se charger lui-même des petits risques. Pourtant, vu la structure de coût de l’assurance du petit risque, il ne devrait pas être difficile de convaincre qu’on a avantage à payer 200 € de moins de cotisation annuelle pour dépenser soi-même en moyenne 100€ de petits risques.

  • Eric Verhaeghe souligne une évidence: « les républicains, meilleurs ennemis de la compétitivité de nos entreprises ».
    Cela signifie que l’après Macronie ne laissera pas augurer un changement notable de la politique de ce pays qui a pour conséquence de persister dans les prélèvements sur les revenus du travail et du capital. La conséquence en sera un achèvement de la désindustrialisation et le renforcement de la paupérisation de la France….
    Triste perspective!

  • Cette droite est vraiment consternante de bêtise, même la concentration sur le gros risque de Fillon n’était qu’un pis-aller en comparaison de ce qui se prépare ici.
    Dans ce pays n’y aurait-il que Macron, que l’on qualifie pourtant volontiers ici de socialiste, qui aurait compris comment faire pour se débarrasser de ces pieuvres que sont la sécu et la retraite par répartition ?

    • Macron est socialiste, car il étatise à tout va. Quand on adhère au parti socialiste c’est que l’on est socialiste! Pas chez vous?

      • Mais si bien sûr, comme son nom l’indique ! C’est ce qui le différencie des Républicains, pour lesquels le nom du parti ne l’indique pas.

  • La droite la plus stupide du monde. Encore et toujours inféodée à la parasitocratie, condamnée à reprendre à son compte les idées de la gauche, à se confire dans la bien-pensance de gauche, à s’accrocher à ses petits privilèges et à invoquer les mânes d’un chef fondateur qui les écraserait de son mépris.

  • Et oui, on peut dire que la droite se décrédibilise toute seule en étant plus à gauche que le gouvernement. Mais au fait, y a-t-il eu un jour une droite en France?

  • CHIRAC a fait inscrire le Principe de Précaution dans la constitution….!
    FILLON dans son livre « FAIRE » avait prévu de séparer la Basse et la Haute Normandie puisqu’il voulait revenir sur la fusion des Régions faite par HOLLANDE. Des Adjoints de WAUQUIEZ souhaitaient une augmentation du SMIC de 20 %. Malgré des bévues c’est encore MACRON qui est le meilleur pour le moment. Dommage que SARKOZY a été éliminé aux Primaires.

    • Sarkozy a eut 5 ans pour montrer ce qu il pouvait faire. On va etre gentil et dire qu il n a pas montré des capacités hors du commun 🙁

      Donc quel est l interet d avoir au pouvoir un type qui a deja echoué ?
      c est vrai qu au moins comme ca on est pas decu….

    • Macron n’est pas le meilleur puisqu’il mène droit à la catastrophe. Dès que les taux vont remonter vous allez en baver! Vous oubliez comme tous les français que c’est l’économie qui crée les richesses, et quand il n’y a pas de croissance il n’y a pas de prospérité!

      • c’est pire que çà en france on fait de la croissance keynésienne:
        on importe des pauvres , on solvabilise leur consommation par des prélèvements, et çà crée de la croissance par la consommation
        faut pas etre grand clerc pour comprendre les limites de la manip

    • Séparer la basse et la haute Normandie n’a peut-être pas de sens. Mettre ensemble l’Alsace et la Champagne en a encore moins, il n’y a aucune histoire commune – à la limite avec la Franche-Comté, ancienne terre d’Empire rattachée aussi au domaine royal sous Louis XIV, ça serait plus cohérent.
      Mettre ensemble une terre rhénane avec une terre séquanienne, en espérant que la 2e va prendre la première dans son orbite, c’est au mieux optimiste (et au pire d’une bêtise crasse, mais on va accorder le bénéfice du doute à ceux qui ont mis ça en place… ou pas – l’opinion des alsaciens est faite sur le sujet)

      • Je ne suis pas sûr qu’il soit préférable de renouer avec les limites des Provinces d’Ancien Régime, constituées de bric et de broc en fonction des conquêtes, des mariages,… plutôt que se baser sur la logique économique.

        • Logique économique ? Bien qu’ayant vécu en Normandie je ne m’estime pas compétent pour parler de cette province – bien qu’il me semble qu’elle a formé un ensemble à peu près homogène dès l’invasion des hommes du Nord.
          Concernant l’Alsace, je connais beaucoup mieux. En terme de logique économique, c’est un pays Rhénan qui n’a rien à faire économiquement ni avec la Champagne, ni même avec la Lorraine – les axes de communication principaux sont le Rhin, et la vallée de la Saône via la trouée de Belfort.
          Quant à l’antagonisme avec les lorrains, il prend ses sources d’événements historiques majeurs (et largement inexistants dans l’Histoire de France, vu qu’à cette époque ces terres étaient dans le Saint Empire Romain Germanique), il ne s’agit pas simplement des chicaneries habituelles entre voisins.

      • Fusionner administrativement la Haute et la Basse-Normandie, quand on n’est pas capable de construire plus d’un pont tous les 25 ans sur la Seine, ou de faire Caen-Le Havre direct en train, ça n’a pas de sens. Et Saint-Lô se sent plus d’affinités avec Rennes qu’avec Rouen ou Dieppe, quand bien même le train entre les deux est aussi la galère…
        Vu les gentils politiciens normands du genre Le Maire, Philippe, Fabius ou Morin, on comprendrait aussi que ça fusionne avec l’ex Royaume Normand de Sicile (capitales : Naples, Catane, Palerme).

  • La ligne Fillon, qui avait de vagues relents de libéralisme, a été enterrée le soir du premier tour. Il ne faut pas oublier que Fillon était sorti par surprise de la primaire, porté par les militants et sympathisants (en bref, tous ceux qui voulaient bien donner 2€ pour pouvoir voter), il n’était pas le choix de l’appareil du parti. Pas étonnant dès lors qu’il ait été oublié dès que ça a été électoralement possible.
    Par contre, là où les instances dirigeantes du parti font une grossière erreur, c’est que cette « ligne Fillon » avait été choisie par la base. En choisissant d’ignorer la base, ils se coupent de ce qui pourrait faire leur succès futur. Au risque de nourrir… les populismes.

    • Entièrement d’accord avec toi anagrys
      Il faut se rappeler la vague très dynamique des primaires de la droite ayant porté Fillon… ce n’était pas pour le charisme de chef, mais bien pour la teneur de son discours.
      Avec des leaders de droite actuels de cette envergure, on a presque plus besoin de la gauche pour couler

  • Ca laisse surtout « pends-toi ! »

  • « La droite meilleure amie du monopole public et des charges sur les entreprises » après les socialistes quand même!
    Il va falloir un jour que ce parti sorte de ses contradictions…

    • personne ne fait le parallèle entre hulot , et les écrits de l’apocalypse
      de st jean qui a assis les fondements de l’église, a rome?

  • J’ai bien peur que nous soyons pris dans un système , dont nous ne pourrons jamais sortir. Nous sommes comme l’ex URSS, il faudra attendre la chute finale pour que cela change. Et ce n’est pas encore pour demain.

    • Hulot me fait penser à Savonarole… et dieu merci, les Florentins de la renaissance ont sauvé leur économie et ont brulé le précheur fanatique et ses visions d’apocalypse avec. Le vrai humanisme n’est pas compatible avec la foi.

  • En France les LR sont un parti socialiste et le PS un parti communiste…

  • Les commentaires sont fermés.

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